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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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dimanche 10 septembre 2023

Dictature mentale 3

Le vrai sacrilège du Coran est de douter de sa préservation par Allah


Les nouvelles venues du Danemark* ne laissent d'alarmer sur le malaise croissant de l'instrumentalisation de l'islam aux fins politiciennes.  Sa législation libérale en matière de libre expression y est en cours de sacrifice suite aux fortes pressions et cris au sacrilège de pays musulmans intégristes dans leur compréhension officielle de la religion. 

Or, agir de la sorte de la part des musulmans n'est en rien au service de leur foi dont ils ne font que continuer d'en violer tant l'esprit que la lettre déjà par trop défigurés. Nombre de tabous** ont y été inventés par une interprétation humaine obsolète, qui impose d'être revue et mise non seulement aux normes civilisationnelles actuelles, mais aussi et surtout en conformité avec le génie même de l'islam d'origine, les visées de sa foi réhabilitée.   

En effet, cet islam-là, pur islam, se présente en Sceau des Écritures saintes, se voulant la quintessence des valeurs humanistes qu'il assure incarner avec une approche rationaliste et scientifique. Aussi, la liberté d'expression ne saurait être réduite en son nom, surtout pas par le recours à un fallacieux prétexte de sacralité du Livre saint. Et ce ne serait-ce que du fait de l'invariant incontestable du dogme islamique que le Coran est préservé par Allah lui-même du moindre Sacrilège. Assurément, c'est en douter qui constitue le sacrilège !    

Par conséquent, chaque fois que des ennemis de leur foi cherchent bassement à les provoquer, il est pour le moins affligeant de la part des musulmans d'aller dans leur sens. C'est qu'ainsi ils ne font qu'alimenter une telle stratégie de dénigrement, et ce au-delà de toute raison, au mépris même de leur foi correctement interprétée. Bien pis ! ils ne font que s'improviser complices de qui prétend que l'islam est synonyme d'obscurantisme, au lieu de démontrer qu'il a été - et reste pour ses authentiques fidèles - une foi des Lumières. 

C'est même révoltant pour qui comprend correctement cette religion hors de l'exégèse dépassée héritée des siècles de retard et de fermeture dogmatique. En effet, l'exégèse encore en cours s'était substituée à celle lumineuse qu'avait produite la civilisation universelle de l'islam avant sa décadence. Or, cette dernière tient pour beaucoup à la mise au ban par les pouvoirs en place de la liberté de pensée, d'expression et d'action au strict service de leurs intérêts politiques et dogmatiques. 

Pourtant, ce qu'ils interdisent a été et est toujours à la base du principe islamique cardinal incontournable qu'est l'ijtihad, libre et libérée interprétation concurrentielle tant des choses de la foi que de la vie au quotidien, l'islam étant dual, pour la cité de Dieu et pour celle des humains, voulue la meilleure qui soit, à l'image de la première.

Sacré islamique dénaturé 

Un tel effort de cogitation salutaire (on l'a vu pour le christianisme et le judaïsme, ainsi sauvés de leurs archaïsmes, similaires - sinon pires - à ceux se maintenant en terre d'islam) est banni alors qu'il emporte la préservation d'une foi qui se doit de rester ce qu'elle a été à sa révélation : une révolution mentale dans un environnement d'ignorance généralisée, y compris de cette docte ignorance qui n'est qu'une scientificité faussée. Cet ijtihad, gloire intellectuelle de cette religion où il n'est nulle église ni magistère sacerdotal, a été mis à l'index à l'orée de la décadence politique puis sociale et culturelle des pays musulmans une fois soumis à l'impérialisme. 

Effectivement, pareil système de veille axiologique, déjà en avance sur celui que la technologie la plus sophistiquée allait institutionnaliser, a été rejeté par les diverses cliques arrivant au pouvoir, se servant de la religion en idéologie au service de leurs intérêts politiciens immédiats. Ce qui a condamné l'islam à devenir et demeurer ce qu'il n'était pas : dogme figé, rituel dépassé, une supposée foi musulmane n'ayant plus rien à voir avec l'islam d'origine comme foi de droits et de libertés. D'où la reproduction en islam du fameux opium du peuple, identifié pour les religions précédentes, judaïque et chrétienne, alors que l'on pouvait en estimer cette religion préservée, ne serait-ce que par l'exclusion de porte-parole autoproclamé d'Allah ainsi que de la technique d'interprétation continue de ses préceptes au vu de ses visées humanistes et se voulant telles.

De fait, si une sorte d'invagination du sens a eu lieu, c'est que cela a été estimé le mieux à faire et eut un quelconque intérêt dans l'entreprise impérative de préservation de la foi par-devers l'adversité. Tout s'était alors passé comme en biologie, ce repliement salutaire d’une cavité agressée sur elle-même, tel un doigt retourné, pliant sous la douleur. Or, depuis l'émancipation des pays d'islam, du moins formellement, du joug colonial, un tel repliement n'avait plus de raison, le ratio intérêt/inconvénients s'étant inversé. De fait, ce doigt replié sur lui-même, cette exégèse invaginée gardée intacte comme une momie vénérée, est devenu le doigt qu'on se met dans l'œil et qu'on y maintient, refusant de voir la réalité de sa foi, les pires dommages qu'on lui occasionne soi-même bien avant ses ennemis.

Il en va ainsi de ce récurrent sacrilège supposé fait à l'islam, tantôt attentant à la personne de son prophète, tantôt - comme présentement - au caractère sacré du Coran. C'est l'occasion pour l'expression à qui mieux mieux de réactions épidermiques plus humaines, trop humaines, que purement morales, n'ayant rien de l'éthique islamique pure. Car, d'abord, l'islam commande toujours d'éviter la colère, ire diabolique, contraire à la magnanimité du fidèle dont le devoir d'exemple est constamment impératif, en exemple de fortitude avant tout. Ensuite, et cela a été démontré, le sacré en islam est surtout moral, non matériel***. 

Croire, par conséquent, que la personne du prophète, hors sa mission sacrée, diffère de celle de l'humain de condition modeste, c'est faire violence à son message, lui manquer de respect sans conteste. C'est qu'on le divinise d'une certaine manière, singeant ce que les chrétiens ont osé pour le Christ. De plus, l'on dénature le respect dû à ce prophète humain, et qui est, en premier, un respect de fidélité nullement dogmatique, étant libre de pensée et de convictions, condition sine qua non pour la totale soumission du musulman à son créateur et à nulle autre créature. 

Conséquemment, interdire la caricature en islam**** et assimiler au blasphème la moindre critique faite à l'image idyllique de son prophète - comme on le fait habituellement (et encore récemment en Égypte) - ne revient qu'à susciter des réactions bien plus graves que les turpitudes dénoncées. On le vérifie d'ailleurs à chaque tentative de provocation anti-musulmane, donnant libre cours aux diableries initiées par la prétendue attaque, atteignant de la sorte autant à son paroxysme qu'à son objectif initial. Bien évidemment, c'est celui de jeter l'opprobre sur cette foi d'islam qui fut une modernité avant la lettre, ayant précédé celle d'un Occident judéo-chrétien qui, lors de l'âge d'or de l'islam, était encore en plein obscurantisme moyenâgeux.

C'est ce à quoi devraient songer les Occidentaux, et les Danois aujourd'hui tentés de répondre à certaines sollicitations musulmanes au nom du respect de la religion. En aucun cas un tel respect ne doit justifier d'être amenés à écorner les droits et les libertés consacrées en démocratie qui se respecte. Et ce même si ces acquis démocratiques ne sont pas encore honorés en terre d'islam ; car c'est en violation de l'esprit même de l'islam, outre de sa lettre et la pratique des débuts de la révélation, avant d'être défigurés en s'institutionnalisant.

Vrai et faux sacrilège en islam

C'est ce dont on se rend compte avec la récente cabale alimentée, sans s'en rendre compte, par les musulmans eux-mêmes au lieu de ne point y prêter attention. Or, en bon islam, ce qui ne saurait relever que de la folie se doit d'être ignoré, le comportement sage et digne ne devant en aucun cas donner lieu à s'y aligner. Et surtout ne pas faire pression sur des gouvernements démocratiques pour rétrécir les libertés de leurs citoyens, les mêmes qu'Allah garantit en islam à ses fidèles. Or, le musulman a un devoir d'exemplarité à toujours honorer, chez lui et ailleurs - sa foi étant universelle -, à savoir d'être à jamais capable de son créateur en suivant son insigne exemple. Et Dieu - ce dont nul musulman authentique n'en doute ni ne doit se permettre d'en douter, sinon juste méthodologiquement - garantit à ses fidèles la préservation de leur Livre sacré de la moindre altération ou souillure en étant le gardien sourcilleux. C'est ce qu'il énonce clairement et solennellement au sceau (ma traduction pour verset) 9 du rang (ma terminologie pour sourate) 15 AlHijr : « C'est Nous, en revanche, qui faisons descendre le Rappel (le Coran), aussi bien que Nous en assurons la garde »*****.  

Agir comme on le fait actuellement, se laissant aller à véhémentement condamner non seulement des actes, fussent-ils de demeurés, mais aussi les autorités de pays où cela a eu lieu au point d'en arriver à les amener à violer les libertés citoyennes chez eux, c'est bien loin de se porter au secours du Coran, de la vraie foi d'islam. Ce n'est qu'être le complice objectif de qui y trouvera immanquablement l'argument tangible de ce qui motive ses actes jugés sacrilèges : l'arriération prétendue de cette foi. 

Or, elle ne l'est point, même si, en ces temps de confusion axiologique extrême, ses adeptes et supposés défenseurs administrent la preuve qu'ils le sont par un comportement qui viole immanquablement les principes les plus fondamentaux de leur foi. Le plus grave est qu'une telle ignorance se double d'un flagrant manque de respect et de confiance en Allah qui ne leur demande nullement de se comporter de la sorte, éclaboussant d'indignité une foi qu'il leur assure pourtant protéger, la gardant hors de la moindre atteinte des humains qu'il a créés imparfaits par nature.

Pourtant, le fidèle d'islam est apte à limiter en lui les imperfections de sa condition humaine initiale grâce à sa foi si elle est bien comprise, et ce en veillant sans cesse à se parfaire le plus possible. L'occasion de le faire lui est donnée durant son existence terrestre, autant d'épreuves à réussir, la plus éprouvante étant justement ce genre de moment où le risque d'erreur est extrême e faire fausseté de la supposée vérité, notamment en touchant au sacré où, plus que toute autre matière, la retenue et la maîtrise de soi sont commandées. 

Au reste, ne serait-ce pas une de ces épreuves que Dieu inflige à ses fidèles avec de tels actes attentant à leur livre saint afin de vérifier leur aptitude à se dominer, et surtout à faire réveiller en eux la conscience endormie quant à leur véritable devoir de protéger véritablement leur foi, ce qui bien loin à se résoudre en un pur respect ou défense de pures formes. C'est la foi du cœur qui compte en premier en islam pur, le fair-pray auquel j'appelle à revenir, la Révélation Première.  

C'est cela le grand jihad, seul vrai licite aujourd'hui. D'autant qu'on ne l'oublie pas moins allègrement, se laissant aller au petit effort anachronique, qui n'est que la résilience en islam de la notion judéo-chrétienne de guerre sainte, pourtant amendée dans le cadre de son message se présentant en rectification de la foi commune d'Abraham. Ainsi voit-on les musulmans défigurer la notion du martyre qui n'est - d'abord et à l'origine – que l'administration de la preuve, imposant donc de se maintenir en vie, non de se faire tuer. Car,  dès lors, on ne fait que reproduire le geste du premier kamikaze religieux que fut le héros biblique Samson ! 

Voilà comment les musulmans de nos jours - et ce depuis l'extinction de leurs riches siècles de civilisation mondiale - continuent à faire du tort à leur foi, la maintenant dans l'obscurantisme dans lequel se complaisent ses fidèles. Cela date de l'acte politique majeur ayant interdit l'exégèse du Coran et renié l'interprétation concurrentielle de ses prescriptions. Or, c'est ce qui a fait la gloire culturelle arabe musulmane, particulièrement en conformant l'exégèse sacrée aux visées humanistes et œcuméniques d'une foi de lumières spirituelles qui a tant apporté aux Lumières séculières d'Occident.   


Tribune déjà publiée sur mon blog, reprise et actualisée ici

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* Lire l'excellent article de William Stehmann sur Contrepoints : Danemark et liberté d’expression : conflit entre valeurs et pressions étrangères.

https://www.contrepoints.org/2023/08/23/462277-danemark-et-liberte-dexpression-conflit-entre-valeurs-et-pressions-etrangeres 

** Cf. ma trilogie parue chez L'Harmattan n 2015 : Ces tabous qui défigurent l'islam T. 1 : L'Alcool, T.2: L'Apostasie et l'Homosexualité, T.3 : La nudité, le sexe et le voile.

https://www.editions-harmattan.fr/livre-ces_tabous_qui_defigurent_l_islam_tome_1_farhat_othman-9782343054049-46089.html     

*** Cf. mon ouvrage bilingue français/arabe : Le sacré en islam. Thèse pour le renouvellement du Lien indéfectible, essai bilingue français/arabe, L'Harmattan, 2022. 

https://www.editions-harmattan.fr/livre-le_sacre_en_islam_these_pour_le_renouvellement_du_lien_indefectible_farhat_othman-9782140208324-72759.html

**** Cf. ma tribune sur Contrepoints : La vérité sur la caricature en islam

http://www.contrepoints.org/2015/01/24/195568-la-verite-sur-la-caricature-en-islam

***** La traduction donnée ici est de Jacques Berque qui substitue, avec raison, le terme Rappel à celui de Coran, les deux étant synonymes dans le texte, en l'occurrence.