Message spirituel du martyr Ihsane Jarfi ou quand le ciel commande l'abolition de l'homophobie en islam
On a pas mal parlé de l'ignominie de l'homophobie en Tunisie et en terre d'islam, une tare qui entache la législation nationale se prétendant morale, en conformité avec la religion alors que c'est une violation caractérisée de l'islam, outre d'être en contradiction avec la constitution et le droit international. Sans parler de l'éthique, des valeurs humaines universelles et des droits de l'Homme.
On a aussi rappelé la démonstration faite que l'islam n'est point homophobe comme il n'est plus permis d'en douter, puisque le fin mot en la matière a déjà été dit et bien dit de la manière la plus convaincante. (1). D'ailleurs, même la justice pénale de certains pays arabes et musulmans, comme au Liban, osent enfin dire le vrai sur cette honteuse injustice indigne des pays se voulant civilisés. (2)
Et voici un ouvrage qui est publié ces jours à Bruxelles et Paris ajoutant un pavé supplémentaire dans la mare des homophobes. Il s'agit d'un véritable hymne à l'amour en islam et à la tolérance dans le monde, appelant à oser cet acte éthique majeur consistant à abolir l'homophobie importée par les lois coloniales de source judéo-chrétiennes en terre d'islam. (3)
Ainsi le ciel commande-t-il aux musulmans, par l'esprit d'un témoin martyr de l'innocence, (4) de se conformer à la volonté de Dieu et à son Sceau de la révélation aux humains qu'est le Coran, qui est justice, d'abord et avant tout !
Un message spirituel réclamant justice
Il s'agit du message spirituel de l'esprit du jeune belgo-marocain Ihsane Jarfi dont l'atroce drame a défrayé la chronique en 2012. (5)
Il a été reçu par psychographie, cette écriture automatique rendue célèbre par les surréalistes, mais qui est bien connue chez les médiums et les spiritualistes ainsi qu'en islam où la communication entre les esprits vivants comme morts est une vérité attestée. On a même rapporté l'exécution par le premier calife d'un testament post mortem transmis par rêve. Ibn Qayim al Jawziya en parle dans son livre consacré à l'âme. (6)
Le livre est un appel pressant et poignant d'une âme en peine au nom de sa foi islamique réclamant justice. En effet, Ihsane Jarfi a reçu justice en Belgique, sa patrie d'adoption, pour le drame qu'il y a vécu, ses agresseurs ayant été condamnées en 2014 à la peine que méritait leur abominable forfait.
Toutefois, son pays d'origine, le Maroc, continue — tout comme la Tunisie et l'Algérie, notamment, mais aussi tous les pays d'islam — à criminaliser l'homosexualité appelée par l'auteur du message, tout comme celui qui le réceptionne (votre serviteur), homosensualité. (7)
Le livre comporte d'ailleurs deux lettres adressées au roi du Maroc l'exhortant à conformer ses lois à l'islam véritable en abolissant sa législation homophobe en son royaume. L'esprit d'Ihsane estime, effectivement, que la perpétuation d'une telle injustice faite à des gens qui n'ont pas choisi la nature placée en eux par Dieu est une terrible injstice que l'islam ne peut accepter ni autoriser.
Un appel à un retour au vrai islam
Ihsane jarfi dit se reconnaître dans ses compatriotes harcelés injustement dans son pays qu'il aime mais dans lequel il n'a plus mis les pieds de peur de s'y retrouver en prison.
Le livre rappelle bien ce qui ne fait plus de doute, à savoir que l'homophobie, si elle a existé dans la Bible, n'a nulle existence dans le Coran où il n'est question dans les versets concernant les gens de Loth que de récits rappelant ce qui a existé dans le judaïsme et le christianisme avant la réforme de ces religions à la faveur de la démocratie au lendemain de la Renaissance à laquelle la civilisation de l'islam n'a pas peu contribué.
Or, si contrairement à la Bible, il n'y a effectivement aucune prescription dans le Coran en matière de ce sexe minoritaire qui est parfaitement naturel, il en va de même dans la Sunna authentique puisque les deux plus crédibles recensions des dits du prophète ne comportent aucun hadith en l'objet.
De fait, tout ce qu'on a dit et fait au nom de l'islam et ce qu'on s'applique encore à faire ne l'a été que du fait de la tradition judéo-chrétienne perpétuée par les lois coloniales. C'est le cas de l'article 489 du Code pénal marocain, l'article 230 en Tunisie et les articles 333 338 en Algérie, tous des textes datant de la colonisation.
Certes, de tels textes ne mettent pas à mort, comme on le fait dans certains pays se prétendant musulmans, mais ils ne violent pas moins l'islam qui ne peut se montrer injuste à l'égard des innocents.
Car les gays — qui en douterait de nos jours, sauf des fous ou des malades ? —ne sont nullement responsables du type de sexe mis en eux par Dieu et qui n'est nullement ni une tare ni une maladie. C'est une particularité parfaitement naturelle et dont il faut consacrer la légitimité, notamment dans les sociétés arabes où le sexe est total, étant en quelque sort bisexuel. (8)
Aussi urge-t-il de finir par lever cette injustice des législations maghrébines au nom de l'islam lui-même; sinon, il n'y aura pas issue d'agir autrement que comme les injsutes qui tuent les gays au nom de l'islam. C'est soit l'innocence soit la culpabilité et donc la liberté ou la mort ! On doit se déterminer enfin de quel islam on relève.
Un hymne à l'humanité et à l'amour
Le livre détaille les méfaits de cette législation scélérate dans son pays d'origine. Comment elle a empêché le jeune Jarfi d'y entrer dès qu'il a atteint la puberté, son père ayant eu peur pour lui du fait de son apparence quelque peu efféminée et ce malgré sa parfaite piété, ayant été élevé dans un milieu respectueux de l'islma vrai, l'ilsam soufi.
Son témoignage est surtout un hymne à l'humanité, à l'amour et à la parfaite moralité. Le martyr Ihsane était, en effet, durant sa courte vie un croyant pratiquant et modèle. Cela a été attesté de la manière la plus évidente par tous ceux qui l'ont connu de près; tous l'apprciaient quand ils ne l'aimaient.
Son père en a d'ailleurs témoigné par un ouvrage tout aussi poignant publié l'année suivant le martyre de son fils chéri, et qui l'était d'autant plus qu'il était son ainé : Ihsane Jarfi. Le Couloir du deuil. Ce fut, en quelque sorte, de sa part son travail du deuil. (9)
Le livre du fils est, au demeurant, un salut chaleureux à ce père modèle tout autant qu'un appel à tous les parents musulmans de faire comme lui en appuyant la légitime revendication de leurs enfants gays, homosensules donc, à avoir le droit de vivre selon leur nature, cette particularité parfaitement honorable mise en eux par leur créateur. (10)
Il faut arrêter de criminaliser l'homosensuaité qui n'est que comme la couleur des yeux ou de la peau, faisant partie de l'identité de l'être qu'on ne se choisit pas. L'anormal est donc celui qui la refuse et non celui qui l'accepte ou en relève.
Bien mieux, comme le dit M. Hassan Jarfi dans le Couloir du deuil, l'homosensuel, du fait de cette capacité d'aimer en lui son semblable, est le parfait être équilibré absolument nécessaire en ces temps de haine où il nous faut réapprendre à aimer l'autre différent qui n'est que notre propre image. Or, l'islam est amour ! Depuis quand donc aimer y est-il devenu un crime?
Espérons que ce témoignage venu du ciel amènera les homophobes, surtout parmi les musulmans sincères, à réaliser leur injustice à l'égard de l'innocence et à réexaminer enfin leur conscience pour oser enfin pratiquer l'islam selon et son esprit et sa lettre véritable, c'est-à-dire en tant que justice.
Cela se fera en commençant par la rendre à ceux qu'on persécute comme s'ils étaient des terroristes, et même encore plus sévérement, alors que leur seul tort est d'aimer et de savoir aimer en un monde où l'on ne sait plus que haïr.
Rendre justice aujourd'hui aux gays, c'est admettre le différent absolu; donc mériter et de l'islam et de la démocratie ! À quand donc l'abolition des articles de la honte? Un projet de loi a été proposé, à cette fin, en Tunisie, (11) comme au Maroc (12) et en Algérie, (13); qu'on les propose !
Il urge de finir la sale guerre de l'homophobie (14) et rendre enfin justice à l'islam et à ses fidèles brimés au nom d'une fausse lecture de cette foi éminemment humaniste. Sinon, qu'on se dévoile enfin être anti-islamique. Car l'homophobe n'est pas musulman, il viole la lettre et l'esprit de l'islam; il est daéchien !
NOTES
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
(9)
(10)
(11)
(12)
(13)
(14)
Publié sur Al Huffington Post