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dimanche 21 février 2016

Apostolat postmoderne 1

Appel du jugement de Kairouan : l'homophobie ou l'honneur de la magistrature en procès


Le 25 février a lieu l'appel du honteux jugement des jeunes de Rakkada, à Kairouan, condamnés à de lourdes peines de prison par des juges iniques appliquant mal la loi et bafouant la Constitution.
La première audience de la Cour d'appel de Sousse a permis de rendre en partie justice aux jeunes en laissant en liberté ces victimes innocentes d'une justice qui ne sait plus rendre la justice.
Il importe que l'audience de ce jeudi confirme leur innocence, car ces très jeunes étudiants n'ont rien à se reprocher, sinon de vivre selon leur nature. Que la Cour d'appel ose mettre le holà à une dérive qu'on craint de plus en plus grave dans les milieux judiciaires qui doivent être à la hauteur de leurs obligations légales, mais aussi éthiques, et religieuses.  
L'appel de Sousse doit donc être le procès de l'homophobie en Tunisie; sinon, il sera celui de l'honneur de la magistrature.
Le jugement de Kairouan, une injustice flagrante
Le jugement de Kairouan a été, à n'en pas douter, la manifestation aboutie d'un jugement illégal sur tous les plans.
D'abord, il a violé la Constitution qui a aboli matériellement la base légale homophobe, et les juges de fond auraient dû en prendre acte en s'abstenant de juger et de décider une quelconque culpabilité.
Car la Constitution est la norme juridique supérieure et tous les textes inférieurs ont ipso facto été abrogés dès son entrée en vigueur sans même besoin de textes d'application.
Outre d'être une infraction aux conventions internationales ratifiées par la Tunisie, le jugement de Kairouan est aussi une violation caractérisée de l'intégrité physique des jeunes qui n'ont été considérés coupables que sur la base de tests anaux qu'on leur a fait subir usant de violence morale pour le moins à leur égard.
Enfin, il applique mal le droit interne, combien même il ne peut être appliqué, étant déjà violé de manière flagrante, et ce en recourant à la mesure complémentaire du bannissement qui ne peut être décidée qu'à la condition expresse d'être explicitement prévue par le texte; ce qui n'est pas le cas pour l'article 230 du Code pénal.
Pour toutes ces raisons, la décision homophobe des juges de Kairouan a fait de notre pays, à n'en pas douter, un État de non-droit, une caricature de démocratie.
C'est d'ailleurs, probablement, pour vice de forme que la Cour d'appel va être amenée à décider la censure du jugement. Il reste à espérer qu'elle se contente de le casser sans renvoi, en excipant des illégalités manifestes ci-dessus évoquées. Ainsi sauvera-t-elle l'honneur du droit et de la magistrature en Tunisie !
L'homophobie en Tunisie est une honte absolue
Certes, d'aucuns homophobes, y compris et surtout dans la magistrature, croient de bonne guerre de rétorquer à nos arguments que l'homophobie ne serait pas être concernée par  la Constitution du fait que celle-ci réfère à l'islam et à ses valeurs. Ce qui est un faux argument absolu, puisqu'il a été prouvé que l'islam n'est nullement homophobe.
Il faut aussi leur signaler à ce propos que l'article 230 du Code pénal qu'ils défendent à tort est une survivance dans le droit tunisien de la morale judéo-chrétienne du colonisateur français qui n'a aboli l'homophobie qu'en 1982.
En effet, ni l'islam ni notre société n'ont été homophobes; notre religion a même sacralisé la vie privée. On rappelle abondamment dans les livres d'histoire, de littérature, mais aussi de religion, comment le Calife Omar, malgré ou à cause de sa réputation d'être tatillon dans l'application de la Loi religieuse, a relaxé des consommateurs d'alcool et appliqué la sanction à ceux qui sont venus les dénoncer pour avoir violé leur intimité.
Ne devrait-on pas sanctionner pareillement tous ceux qui ont violé l'intimité des jeunes en allant fouiner dans leur anus, quand le prophète a interdit de fouiller dans les coeurs, allant jusqu'à accepter les hypocrites? Quelle religion applique-t-on donc en Tunisie : l'islam ou la tradition judéo-chrétienne?  
La persistance de l'homophobie est une honte absolue dans un pays se prétendant vouloir ériger un État de droit fondé sur l'éthique, car elle viole et l'un et l'autre !   
Ce que commande l'honneur de la magistrature
Raisonnons maintenant par l'absurde et supposons, en suivant les juges de fond dans leur appréciation viciée, que l'homophobie serait contraire à l'islam. Ne viole-t-on pas alors l'islam en ne mettant pas à mort les homosexuels comme le font certains pays défigurant ainsi l'islam ? 
Car de deux choses l'une : ou l'islam serait homophobe et il faut suivre l'Arabie Saoudite et l'Iran et mettre à mort les homosexuels; ou il ne l'est pas  — ce qu'il n'est pas assurément  — et il ne faut plus être injuste à leur égard, car l'islam est la justice même. Être juste, aujourd'hui, c'est reconnaître que l'homosensualité est une nature chez certains, placée en eux par leur créateur. De quel droit contrarie-t-on la volonté divine ?
La magistrature tunisienne doit saisir l'occasion de la honteuse affaire de Kairouan pour sauver son honneur, et ce non seulement en innocentant les jeunes victimes, mais aussi en décidant leur réhabilitation et en déclarant l'homophobie hors-la-loi, faisant ainsi correctement la lecture des valeurs islamiques évoquées par la Constitution.
Que les juges de la Cour d'appel de Sousse démontrent donc que la magistrature en Tunisie rend la justice en son âme et conscience, appliquant les seules lois justes et s'abstenant de se soumettre aux lois injustes; sinon elle fera preuve d'une injustice caractérisée et ne méritera pas l'indépendance réclamée.
Que les juges de Sousse se posent honnêtement la question suivante : comment peut-on rendre justice quand on viole à la fois la Constitution, la religion et la morale et, qu'en plus, on sanctionne de très jeunes hommes n'ayant rien fait que vivre selon leur nature placée en eux par leur créateur, ne s'étant rendus coupables d'aucun forfait, n'ayant attenté ni à la liberté ni à la sécurité d'autrui?
Rappelons qu'en la matière, les jeunes n'ont même pas été pris en flagrant délit; on a violé leur intimité et leur intégrité physique, attentant à leur honneur et à leur réputation.

On espère donc que la Cour d'appel de Sousse sauvera l'honneur de la magistrature en réhabilitant les innocentes victimes de ses ayatollahs qui défigurent leur métier, la justice et la religion dans ils se réclament.

Publié sur Al Huffington Post