Triste anniversaire de la révolution
En choisissant une cérémonie sans âme, se limitant aux gestes qui n'ont plus sens aujourd'hui, consistant à décorer certains heureux élus faisant partie de la classe des notables, les nouveaux dirigeants du pays ont fait ce qu'il ne fallait surtout pas faire en ce quatrième anniversaire de la révolution.
Aucun geste concret à destination du peuple et des déclassés, de tous ceux qui ont souffert et souffrent encore, comme les familles des victimes de l'ancien régime. Ainsi, même sans le vouloir, on se comporte en autistes !
Une politique magnétique
Or, la politique ne se fait plus comme on la pratiquait il y a peu, réduite à un opéra-bouffe pour les copains, sinon des coquins. Son exercice se doit d'être transfiguré afin de coller au plus près des attentes du peuple, être en résonance avec ses exigences, y répondre avant même qu'elles ne se manifestent.
Le politique de notre temps doit être en mesure d'entendre avant leurs formulations les soucis populaires tellement son ressenti doit coller à celui de ses concitoyens. Ceux-ci doivent se sentir lui être magnétiquement liés, ce qui le rendrait apte à l'aimantation de leurs aspirations. Ainsi, il sera en mesure de rendre son pouvoir utile, car en symbiose avec son peuple; avoir ce qu'on appelle charisme.
Pour cela, les actes ne doivent plus se suffire de gestes conformistes, conventionnels et convenus, comme ceux d'hier. Des gestes et paroles à haute teneur symbolique sont nécessaires, ayant alors la plus haute valeur ajoutée.
Un mandat qui commence mal
Le quatrième anniversaire a donc été l'occasion d'une pratique politique à l'antique, doublée d'une bévue flagrante à l'égard des familles des martyrs et blessés de la révolution. Ainsi, M. Caïd Essebsi entame-t-il son mandat de la plus mauvaise façon, se voyant même taxer de toiser son peuple, snober ses attentes.
Doit-on continuer de la sorte, ne rien faire rien pour empêcher que s'aggrave l'isolement du peuple de ses dirigeants qu'on a même vus tentés par ce sacrilège consistant à écarter la presse dont la présence au coeur du pouvoir est aujourd'hui obligatoire ?
Car à défaut de celles des masses, la présence des médias est une obligation impérative désormais si l'on entend rompre avec la coupure d'avec le peuple au point de lui coller afin d'avoir son pouls en main, le servir tout simplement.
Nécessité de mesures symboliques
À la veille de la célébration ratée de l'anniversaire de la révolution, j'ai suggéré à la présidence ici même une mesure qui l'aurait assuré d'une sympathie certaine de larges couches de la population tout en lui permettant symboliquement de rassurer sur ses intentions de répondre à leurs attentes.
Que nos erreurs soient nos leçons et que la bourde de ce triste anniversaire soit donc utile ! Que s'ouvrent les yeux de nos dirigeants sur l'impératif catégorique d'oser très vite aller à la rencontre des attentes du peuple. Or, celles-ci sont tout autant en termes de droits que de libertés et d'exigence de dignité que garantiraient des conditions de vie enfin décentes.
Il n'est pas tard pour la présidence ou un groupe de ses parlementaires de songer sérieusement à la proposition ou projet de loi solennelle donnant compétence aux juges afin d'aider à concrétiser au plus vite les acquis de la constitution.
Assurément, cela aidera à calmer le courroux du peuple se demandant, en entamant la cinquième année de sa révolution, si le nouveau pouvoir ne se comporte déjà pas à son égard en oublieux de ses acquis et ses exigences, tergiversant face à la nécessaire abrogation des lois scélérates de la dictature.
Publié sur Al Huffington Post
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http://www.huffpostmaghreb.com/farhat-othman/triste-anniversaire-de-la_b_6473370.html?utm_hp_ref=maghreb
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