Lettre ouverte à Mme karafi, présidente de l'association des magistrats : Pourquoi ce silence sur l'injustice de l'article 230 Code pénal?
Madame la Présidente,
Je vous connais femme de cœur, non seulement passionnée de justice, mais aussi de justesse.
C'est ainsi que je vous juge encore depuis notre rencontre pour un article vous présentant où j'ai salué l'indépendance d'esprit et votre passion pour les causes justes.(1)
Votre silence qui dure à ce jour m'a fort étonné à propos de l'injustice flagrante frappant un jeune étudiant innocent qui est en prison depuis près de deux mois, privé de ses cours.
Pourtant, ce jeune bien sous tous rapports n'a porté la main sur personne et n'a agressé personne, ayant même été violé dans son intimité et condamné pour une nature placée en lui par Dieu.
Or, malgré mes exhortations,(2) votre association, tout comme le syndicat des magistrats, garde un silence non seulement coupable, mais honteux.
Il est vrai que c'est aussi le cas du barreau qui a fait l'objet d'un appel similaire au vôtre. (3) Mais vous ne le contesterez pas, un tel silence est encore plus grave venant d'une magistrature défendant son indépendance et prétendant prononcer le droit au nom du peuple.
Coupable d'innocence !
Comment se taire quand un enfant de ce peuple, qui aurait pu être le vôtre, est injustement brimé ? Juste coupable d'innocence, il attend toujours en prison, du fait de l'encombrement des tribunaux, d'être fixé sur son sort en appel avec l'espoir que la justice de son pays, si elle n'est pas une injustice, le libère enfin.
Pourquoi les juges qui le harcèlent n'ont pas accepté les demandes répétées de son avocate pour une libération conditionnelle amplement méritée, d'autant plus que son conseil a présenté toutes les garanties nécessaires pour que cet étudiant, parfaitement honorable en tout, reste à la disposition de la justice tout en se consacrant à ses études ainsi interrompues ?
On a vu récemment les magistrats, lors de leur colloque scientifique de rentrée judiciaire, critiquer sévèrement et à juste titre la nouvelle loi de lutte contre le terrorisme. (4)
Ils ont surtout pointé ses nombreuses violations de la Constitution, des normes internationales en matière de droits de l'Homme et son injustice à l'égard des prévenus de terrorisme devant avoir un traitement juste et un procès équitable.
Pourquoi ne pas voir une attention similaire pour les victimes innocentes du honteux article 230 du Code pénal, une pure survivance du protectorat ?
En effet, les plus récentes et sérieuses études ont démontré d'une manière définitive que cet article est non seulement contraire à la Constitution et aux valeurs humaines dont se réclame votre association, mais qu'il viole aussi et surtout la lettre et l'esprit de l'islam.
Mon essai en arabe et en français, par exemple, a été communiqué à la présidente d'honneur de l'association, Madame Kennou; pourquoi continuer donc à attribuer à l'islam une homophobie qui lui est étrangère.
Il est désormais avéré que l'homophobie n'st qu'une résilience de la tradition judéo-chrétienne au sein du fiqh musulman qui a repris en la matière l'anathème de la Bible que n'a pas reproduit l'islam ni dans le Coran ni dans la Sunna authentique, Boukhari et Mouslem ne contenant aucun hadith y relatif.
Je sais que vous aimez lire votre homonyme, l'imam Chihab Eddine Karafi, auteur du célèbre Eddhakhira. N'exhortait-il pas à toujours apprendre afin d'être juste de voix et de voie, disant que les gens de grande valeur se doivent autant que faire se peut s'informer en matière de savoir scientifique pour tenir compte de ses nouveaux acquis ?
Contester la volonte divine dans ses créatures ?
Les sciences aujourd'hui, tant humaines que religieuses, ont prouvé que le sexe dans la nature ne distingue nullement entre les catégorisations culturelles du masculin et du féminin. Elles ont surtout démontré qu'il est parfaitement naturel chez une minorité, de par la nature placée par Dieu en elle, de n'avoir de rapports qu'avec des gens de même sexe. C'est Dieu qui a voulu de telles personnes ainsi et pas autrement.
Pourquoi alors nos juges continuent-ils, en contestant ainsi la volonté divine, à brimer des innocents et à les mettre en prison alors que dans le même temps ils relâchent des prévenus soupçonnés de violences et de malversations ? Pourquoi font-ils bénéficier celles-ci de la présomption d'innocence et non celles-là, alors que leur innocence est bien plus évidente ?
De quel crime est donc coupable Marwane aujourd'hui encore privé de ses cours et maintenu à tort incarcéré depuis bientôt deux mois ?
Madame la Présidente,
Je compte sur votre sens de la justice et de l'équité afin de prendre au plus vite position, au nom de l'association ou en votre nom propre, sur le honteux article 230 du Code pénal.
J'espère vivement aussi vous voir appeler vos pairs à ne plus l'appliquer étant en violation de la Constitution. N'avez-vous pas, lors du colloque précité, dit et affirmé le plus fermement votre intention de ne pas appliquer la loi antiterroriste dans ses mesures violant la Constitution et les conventions internationales ? Or, l'article 230 est dans la même situation et il mérite de votre part la même attitude.
J'espère aussi que vous agirez activement pour que soit levée au plus tôt l'injustice frappant l'innocent Marwane, car Dieu ne pardonnera pas le silence des justes quand ils sont en devoir de dire le vrai.
Et vous en êtes ! Alors, appelez vos confrères à ne plus contester ainsi qu'ils le font la volonté de Dieu qui a fait Marwane et d'autres ainsi qu'ils le sont, et ce de par sa seule volonté. Que sont donc les juges pour contester la volonté divine dans ses créatures ?
Mon vif souhait est aussi de voir entendre prendre position sur le test anal et que vous condamnerez le plus fermement cette pratique moyenâgeuse comme a eu le courage de le faire la présidente d'honneur de l'association.
J'attends, comme tous les vrais démocrates et les humanistes, votre position et celle de l'AMT, Madame Raoudha Karafi, afin de sauver l'honneur de la magistrature tunisienne !
Ai-je raison de garder toute ma confiance en votre son sens du juste et de l'éthique ? C'est votre réponse à la présente qui le montrera.
Notes :
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Publié sur Al Huffington Post