Contrer la dérive des jeunes vers le terrorisme (2/2) : Les libérer de leurs contraintes
Les mesures évoquées dans la première partie ne sont qu’une palette minimale de ce qui doit être fait en toute urgence pour agir positivement sur l’imaginaire de nos jeunes, y faire repousser l’espoir qui a déserté leurs têtes.
C’est non seulement un devoir politique, c’est aussi une exigence morale et éthique.
Loi authentique de l’islam
Qu'on ne vienne surtout pas nous dire que cela ne serait pas possible du fait que la société tunisienne est islamique, puisque c'est justement au nom d'une lecture correcte et authentique de l'islam que l’appel est lancé ici, l'islam étant une foi de tolérance et de liberté et non une ostentation hypocrite.
Ainsi, s'agissant de l'alcool, notre foi ne prohibe que l'ivresse. Pour l'homosensualité (homosexualité), elle ne prohibe nullement un tel type de sexe, normal dans la nature. Pour les rapports hors mariage, cela ne l'a été que pour une visée précise, qui était celle de protéger la lignée à une époque où l'on n'avait point les moyens pour le faire et qui existent aujourd'hui. Or, il est un principe imparable du droit musulman s'imposant à tous, à savoir que l'on n'interdit que lorsque tout autre moyen fait défaut pour éviter le mal.
Dois-je rappeler encore une fois ici que les lois actuelles prétendument islamiques retenues dans notre arsenal juridique ne reproduisent qu'une lecture judéo-chrétienne de l'islam, aussi bien celle des jurisconsultes musulmans qui l'intériorisaient que celle découlant de la morale du colonisateur ? Toutes ces lois datent d'ailleurs du temps du protectorat; aussi, les abolir, c'est affirmer enfin l'indépendance de notre Tunisie et relever de l'islam authentique, non judéo-chrétien !
On palabre ainsi sur le voile intégral, cette figure de carnaval que d'aucuns rattachent aux droits et libertés; ce qui ne serait vrai qu'en acceptant son pendant qui est la nudité intégrale. Et il serait temps d'oser la reconnaissance de la nudité dans notre pays, comme dans des endroits réservés, des plages nudistes, par exemple. Imagine-t-on le beau coup de fouet que cela donnera à notre tourisme sinistré? Voilà une vraie mesure salutaire sur tous les plans !
Car la nudité n'a rien de pornographique; elle serait même une excellente arme contre le terrorisme intégriste ! Surtout que l'islam vrai n'en fait nullement un péché. Rappelons juste ci pour ceux qui ne connaissent plus leur religion que le premier pèlerinage de l'islam a eu lieu avec des pèlerins, femmes et hommes, nus, la nudité n’étant devenue un péché que par une lecture judéo-chrétienne de notre foi libertaire.
Notre lecture de l'islam doit donc se défaire de nos réflexes conditionnés qui ignorent la prise en compte des visées de la Loi religieuse; c'est devenu encore plus périlleux qu'avant avec les turpitudes que Daech nous donne à voir.
Or, si l'on ne commence pas par l'abolition de telles lois qui facilitent le rejet de l'autre, redonnant ainsi à notre jeunesse l'espoir perdu de vivre normalement, on ne fera que préparer le terrain à la colonisation des mentalités de nos compatriotes par le cancer de Daech, car la loi sociologique de l'imitation jouera alors à plein.
Loi de la relativité
La bataille aujourd’hui est bien plus contre le terrorisme mental que matériel ; et ce genre d’initiatives aideront à le contrer.
D'aucuns, pour contrer le terrorisme, s'interrogent sur l'intérêt des libertés reconnues de pratiquer l'amour, s'adonner au sexe, boire de l'alcool à sa guise en veillant juste à ne pas s'enivrer ou avoir des relations hors mariages et même de se prostituer.
Disons-leur qu'outre d'être véridique dans la lecture de notre belle foi humaniste, on contribuera ainsi, en agissant sur l'inconscient, au renforcement des droits et des libertés dans notre pays et à la consolidation de l'acceptation de l'autre pour un vivre-ensemble qui doit être serein et paisible, condition sine qua non pour de la démocratie.
On ne peut plus vivre, en effet, avec son prochain en le sommant d'être à notre image, conforme à notre idéologie ou notre foi; il est impératif de le reconnaître et le respecter tel qu'il est, la loi de l'altérité et surtout de la relativité l'imposant; car il pourrait se révéler bien plus pieux et encore digne que nous.
Un tel relativisme impose aussi à nos politiciens d’arrêter d'user de mensonges et de jonglerie politique pour servir enfin la cause de la démocratie en Tunisie. Cela pourrait être manifesté par un acte solennel d'abolition au moins des lois scélérates évoquées ici.
Finissons, pour honorer la loi de l’altérité devant être l’impératif catégorique dans notre pays, avec deux citations à ne jamais oublier. D'abord, ce que disait Walter Benjamin dans ses Thèses sur la philosophie de l’histoire : « Il n’est aucun document de culture qui ne soit aussi document de barbarie. »
Tout dépend donc de notre lecture d'un tel document, en l'occurrence le Coran, dont certains, par leur action, et d'autres, par leur silence, font une pure barbarie quand il est un chef-d'oeuvre de tolérance et d'humanisme.
La seconde citation est celle de Maxime Rodinson : « Il n’est pas de peuple qui soit toujours et partout innocent... Les délires des uns sont souvent conditionnés par les erreurs ou les crimes passés des autres. »
Or, ce sont nos délires actuels et nos erreurs en tolérant une législation tyrannicide qui conditionnent les turpitudes dont souffre le monde arabe et qui font le lit pour d'autres encore plus abominables.
http://www.huffpostmaghreb.com/farhat-othman/contrer-la-derive-des-jeu_1_b_7246908.html