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mercredi 22 février 2017

Radicalité anthroposoufique 7

Visite de Merkel en Tunisie : Et si Béji Caïd Essebsi évoquait l'adhésion à l'U.E. ?




Avec la visite de la chancelière Merkel en Tunisie, en ce début de mars, une occasion s'offre au Président de la République, vu le poids de la chancelière en Europe, pour une initiative diplomatique, la seule de nature à sortir le pays du marasme actuel où il végète.

Ce serait alors initier une nouvelle donne qu'impose le monde ayant changé, mais aussi l'âge de BCE, au crépuscule de la vie, qui est à la fois la fin et le point du jour. De ce fait, une nouvelle vie commencerait pour la Tunisie, ce qui ferait la gloire de son président.

Assurément, avec une telle initiative, le président tunisien ferait partie des légendes des siècles, un autre Bourguiba ou un Castro tunisien. Ce dernier, véritable monstre sacré et qui a su effacer ses échecs par des actions éminemment symboliques, avait d'ailleurs l'âge du président tunisien quand il a quitté la vie à 90 ans. Ne doit-on pas tout oser à un tel âge où l'on  a tout à gagner à agir pour innover?  

Faire partie des légendes des siècles

Le talent politique d'Essebsi est déjà immense, et il est de nature à lui permettre de dominer encore plus la vie politique en Tunisie en forçant le destin de son pays par des initiatives spectaculaires, de celles dont on ose rarement parler alors que la logique les impose.

C'est en sortant la Tunisie de son inertie mortifère actuelle que le Président de la République offrira le cadeau qu'attendait de lui son peuple pour son anniversaire fêté le 29 novembre dernier. En effet, en conformité avec l'esprit de notre époque postmoderne inversant les sens, dont la destination des cadeaux, c'est celui qu'on fête, surtout s'il est parmi les plus illustres, qui offre désormais le meilleur des présents à qui il aime, qui le chérit.

Assurément, faire partie des légendes des siècles et/ou des monstres sacrés de la politique suppose qu'on réussisse à sortir du ruisseau mondialisé de la politicaillerie où se complaisent les politiciens, osant une révolution mentale.

En Tunisie, on connaît l'œuvre de Bourguiba qui a fondé un pays moderne sans toutefois parachever la consolidation de ses fondations. Aussi est-il aujourd'hui fragile, en passe même de se détruire si l'on ne consolide pas urgemment ses assises chancelantes attaquées de l'intérieur comme de l'extérieur, empêchant ce petit pays de se transformer en un véritable État de droit, une sorte de Suisse du monde arabe musulman.

Qu’attend donc BCE pour que demain, dans l’histoire mondiale encore plus que de la seule Tunisie, cette triade de lettres soit synonyme de réussite de la révolution tunisienne, une exception dont certains cherchent à faire douter pour en avorter les fatales implications ?

Nécessité d'une révolution mentale

On l'a dit, cela ne se fera que par une révolution mentale, un changement radical devant être inscrit dans la législation actuellement en vigueur héritée de la dictature et du protectorat.

Or, si la mentalité populaire a bien évolué, quoiqu'en douce, à l'ombre des lois scélérates de la dictature toujours en vigueur, celle des élites gouvernantes est restée figée, au prétexte justement d'un mythique conservatisme social.

Pourtant, la postmodernité — qui est l'âge des foules en effervescence — commande la levée des interdits d'antan, notamment dans le domaine de la vie privée, ainsi que l'acceptation des uns et des autres, tous différents qu'ils puissent être, parfaitement égaux dans un vivre-ensemble paisible et serein. 

Outre la réforme législative impérative des lois liberticides, cela suppose que la classe politique cesse d'employer la langue de bois pour une autre pratique bien plus éthique, cette poléthique à laquelle j'appelle.

On ne peut plus combattre les défis auxquels fait face la Tunisie sans user d'armes appropriées où l'éthique doit être centrale. Cela suppose, par exemple, de commencer par renforcer l'autorité de l'État en ne permettant plus qu'on mette en doute sa parole, ce qui suppose de commencer par donner l'exemple en mettant en œuvre les droits et libertés constitutionnels.

Cela implique, de même, de ne plus tolérer le dévergondage de l'esprit syndical ni celui de l'action politique devant retrouver leurs lettres de noblesse, et ce en interdisant d'en faire un pur spectacle d'opéra bouffe.

Penser globalement et agir localement

Plus que jamais, il importe de transcender les calculs politiciens au nom de l'éthique et du salut supérieur de la patrie. Cela ne serait possible que si l'on a le courage de tenir compte du réel tout en tendant vers l'idéal, ce qui implique, en un monde définitivement globalisé, de ne pas se limiter à vouloir agir localement, puisqu'il est inévitable de penser globalement.

Il n'est que trop évident que sans une impérative articulation à un système de droit ayant fait ses preuves, l’État de droit naissant en Tunisie ne verra jamais le jour. Il restera, au mieux, imparfait, incapable de heurter les intérêts immenses dont la force vient de leur connexion avec l'étranger en cette mondialisation effrénée et effrontée.

Trop fort, le néolibéralisme mondialisé empêchera tout effort sérieux de contrecarrer sa mainmise sur le pays voulu en un simple marché où ne comptent que les affaires. Surtout qu'il a pris la précaution de s'allier à un islam intégriste n’ayant rien à renier du capitalisme sauvage dominateur.

C’est à un capitalislamisme sauvage qu'est confrontée la Tunisie et elle ne saurait résister à sa loi d'airain du profit avec les armes obsolètes du dogmatisme qui est d'autant plus éculé qu'il se fait moralisateur, s'abreuvant dans une religiosité dont la morale est frelatée.

Inéluctabilité de l'adhésion à l'U.E.

On ne peut tenir tête à un tel monstre froid sans sortir du ronron logomachique du politiquement correct et du conformisme logique, tentant ce que commandent à la Tunisie la mondialisation, son positionnement géostratégique et son inévitable intrication dans le système libéral occidental.

Cela ne doit pas se faire à la manière actuelle en s'accrochant au mythe de la souveraineté nationale qui n'a de sens que dans le cadre de cette action au local, située dans l'orientation globale et inclusive tenant compte de la région et de la sphère dont on relève.

Cela impose à la Tunisie, dépendant déjà informellement de l'Europe, d'oser acter une demande officielle d'adhésion à l’UE, seule issue de secours du pays de sa crise et d’un futur pouvant être encore plus sombre.

Nul avenir radieux pour la Tunisie n'est envisageable sans son enracinement dans sa méditerranéité et son imbrication dans le système libéral occidental; c'est une inéluctabilité. Sa dépendance de l'Europe étant actuellement informelle, elle ne fera  que satisfaire à une évidence en la formalisant.

Ce qui ne doit plus se faire, ainsi qu'on s'y applique encore, en tant que sous-démocratie et faux partenaire, même pompeusement nommé stratégique. La seule dignité dont la Tunisie doit se satisfaire est celle de l’adhésion à l’Union en qualité de membre en bonne et due forme. Cette inéluctabilité est commandée tant par son intérêt immédiat que celui de l'Europe, de la Méditerranée et du monde.

Faut-il rappeler que l’UE assurait déjà aux diplomates tunisiens du temps de Ben Ali que la Tunisie avait droit à tout de la part de l’Europe sauf à l’adhésion ? Comment peut-on se satisfaire de la même chose, de bien moins, au vrai, après ce qui s’est passé d’historique dans le pays ?

La Tunisie à la place de la Turquie

Il n’y a que l’adhésion à l’Union européenne qui sauvera la Tunisie, autorisant la révolution mentale s’imposant aux élites européennes et tunisiennes en ces temps cruels de faim vorace des masses en termes de droits et de libertés. C'est cela le sens de la bascule du monde ancien fini vers un autre naissant, un paradigme nouveau où la seule valeur qui compte est la solidarité en un univers d’humanité, ce que je qualifie de mondianité.

Ce sera assurément le droit de Monsieur le Président — ne serait-ce que du fait de son âge, mais aussi de son talent et de son expérience politique et diplomatique —, de dire au plus tôt à l’Europe : vous voyez la dérive autoritaire de la Turquie, soutenez donc les promesses démocratiques de la Tunisie plus éligible à l’adhésion; la Tunisie doit prendre la place de la Turquie dans l'Union !

Il n’y a plus de frontière géographique aujourd’hui, il n’y a qu’une fausse frontière mentale qu’il faut dépasser en Méditerranée pour en faire ce lac de paix rêvé par les justes, agissant à la renaissance de la mer commune.

De plus, l'islam turc ne peut plus prétendre incarner ce qui pourrait bien être, en Tunisie, la Démocratie islamique de demain. Les islamistes turcs ont bel et bien démontré  avoir lamentablement échoué, n'ayant pu ou voulu se débarrasser du péché mignon de l'islam politique, cette idiosyncrasie autoritaire, antihumaniste. En Tunisie, sans changer de nature, ils y sont prêts; faut-il les y forcer dans le cadre de l'État de droit européen !

Désormais, seul l'islam maghrébin, notamment tunisien, marqué par une veine soufie encore vivace dans les masses, peut revitaliser cette foi de l'intérieur. Aussi, faire entrer la Tunisie dans l’Union, c'est consolider l'islam de paix en Tunisie et ailleurs dans le monde. Ce n'est, de la sorte, que donner raison à Hegel qui faisait déjà relever l’Afrique du Nord de l’Europe.

Ainsi, l'actuel locataire de Carthage inscrira-t-il les trois lettres de son nom dans l’histoire de la Tunisie, de la Méditerranée et du monde entier. BCE serait alors l'incipit de l'histoire postmoderne d'une Tunisie Nouvelle République, coeur battant de la Méditerranée et des mondes arabe et musulman, sauvant de ses affres un islam mal compris, instrumentalisé à semer la haine et la mort alors que c'est une foi de paix.
    

Publié sur Al Huffington Post