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lundi 20 août 2018

Courage de la vérité 6

Vérités sur la fête du sacrifice ou la force de l'habitude


  
Depuis Maine de Biran et son mémoire sur l’ «Influence de l’habitude sur la faculté de penser » et Ravaisson et sa célèbre thèse « De l’habitude », il n’est plus possible de douter de l’importance de l’habitude dans nos vies; elle fait même toute la vie, y compris lorsqu'elle se pare de traits idéologiques ou religieux.

C’est ce qu'illustre chez nous et à merveille la fête du Sacrifice ou Aïd-el-Adha, une tradition voulue religieuse quand elle n’est que populaire, devenue même simplement commerciale. Car ayant été mythifiée, l’habitude a rendu sacrée cette fête profane qui n’est religieuse que dans le cadre du pèlerinage. Aussi, célébrer l’aïd aujourd’hui chez nous relève moins de la foi que de l’habitude de croire.

L’aïd, un rite du pèlerinage d’ascendance hébraïque

L’aïd est une fête populaire qui a été érigée progressivement et à tort en un rite majeur de l’islam alors qu’elle ne l’est que dans le cadre du pèlerinage. En effet, du pur point de vue théologique, il n’existe pas de fête autonome d'un sacrifice qui est l’apothéose du hajj, devant donc avoir exclusivement lieu à la Mecque.

De plus, il ne concerne pas, ou rarement moutons et agneaux, comme c’est devenu la coutume, mais bien plutôt du gros bétail, comme bœufs, vaches et chamelles, les fameuses bêtes immolées de la Mecque البدن   
Par ailleurs, Il est bien attesté qu'un tel sacrifice, honoré par l’islam en tant que croyance oecuménique, est une tradition israélite, dérivant de la loi mosaïque. Si l’islam l’honore, c’est en référence à l’universalité de son dogme et non en qualité d'un précepte intrinsèque. Et il n’est surtout pas cette fête indépendante voulue exclusivement musulmane qu’on veut bien croire.

Au demeurant, il est pour le moins étonnant que nos autorités religieuses continuent à se taire sur de tels aspects essentiels qui sont pourtant susceptibles  d'éclairer la foi du musulman; or, en les taisant, elles encourageant indirectement l’évolution de l’intégrisme que nourrit la mauvaise foi d'une minorité savante et l’ignorance de sa foi par la majorité musulmane. 
En effet, cette majorité ignore, par exemple, que le sacrifié est loin d’être forcément Ismaël; que le plus probable est qu’il soit Isaac, le fils légitime d’Abraham. C’est, au reste, ce que pensaient les premiers musulmans, dont nombre d’éminents Compagnons du prophète, dont le calife Omar, et de très nombreux jurisconsultes, tel l’imam Tabari.

Il faut dire que si la Bible indique l’identité du sacrifié, soit Isaac, le Coran se tait sur le sujet. Et si les musulmans contestent aujourd'hui la vérité biblique, c’est qu’ils arguent du fait que Dieu a demandé le sacrifice du premier fils du patriarche, qui est sans conteste Ismaël. Toutefois, ils oublient que ce dernier était fils d’esclave et n’avait donc aucun droit selon la loi sémite. Or, Dieu ne peut avoir demandé que le sacrifice du seul fils ayant tous les droits; et c'était Isaac. 
L’aïd, une tradition populaire devenue fête commerciale

On l’a dit,  le rite du sacrifice à la Mecque concernait rarement ce que les gens sacrifient de nos jours; en effet, on voit rarement sacrifiées les bêtes imposantes qui permettaient d’honorer le pèlerinage. Cela démontre déjà un décalage important entre la tradition que nous célébrons et le rite initial.  
Ce qui éclaire assez la réalité de l’aïd d'aujourd'hui devenu une occasion privilégiée de festoyer à la faveur de l’atmosphère d'un hajj qu'on accomplirait virtuellement ou par la pensée, accompagnant ceux qui le font. Et cela n’a fait que se renforcer avec le temps, profitant du silence entretenu officiellement sur les vérités rappelées ici, pourtant incontestables.
Assurément, c'est une telle démission des autorités qui permet cet état de choses déplorables comme scènes devenues habituelles de bergeries disséminées partout dans nos villes. Cela engage la responsabilité de qui agit pour que rien ne change; en définitive, des marchands du temple de l'islam faisant commerce de ses préceptes pour leurs intérêts idéologiques et politiques.

Ce sont d’abord ces autorités religieuses autoproclamées. Elles sont soucieuses de bétonner leur magistère, d'autant plus qu’elles se sont octroyé un pouvoir auquel elles n'ont pas droit en une religion où il n’existe nulle église ou ordre sacerdotal. Cela vient ensuite des autorités civiles qui ont toujours eu besoin de l’appui des religieux pour les soutenir, instrumentalisant la religion contre ses fins propres pour leur admission officialisée dans les rouages de l’État. 
En plus de cette paire au pouvoir, on voit de plus en plus venir la renforcer de vrais commerçants qui trouvent dans la fête du sacrifice l’occasion en or de faire encore plus d’affaires sur le dos de la foi et de ses fidèles. Car parmi les fidèles ignorants de leur religion, il en existe qui vont jusqu'à s’endetter, sacrifier l'essentiel, pour le mouton de l'aïd, croyant le faire par piété ou pour tenir compte du climat ambiant, cédant à l'atmosphère générale faisant obligation religieuse de l'acte du sacrifice. 
C'est ce qui explique cette effervescence entretenue toute l'année du secteur des ovins, gagnant désormais les grandes surfaces à l'occasion de l’aïd; d'où la prolifération des pratiques dénoncées récemment consistant à engrosser artificiellement les bêtes pour en tirer les plus grands bénéfices. 
Jusqu’à quand cela doit-il durer ? N’a-t-on pas vu où cela a amené l’islam : vers les crimes de Daech? N’est-il pas temps aux responsables politiques et religieux d'oser enfin dire la stricte vérité en la matière ? Ne faut-il pas enfin arrêter de désinformer sur cette fête, comme sur tant d’autres au reste, et qui relèvent moins de l’islam pur, de ses préceptes authentiques, que de la force d'une habitude altérée par les intérêts mesquins ?

De nos jours, avec le temps, la vraie croyance islamique en son pur dogme s’est progressivement dénaturée sans que les fidèles s’en rendent pas compte du fait à la fois d'une habitude de croire mal, entretenue par le silence coupable, étant intéressé, des autorités publiques. Or, religieuses comme civiles, elles se doivent de révéler ou rappeler la réalité de ce qu’on célèbre et sa vérité oubliée ou même occultée par qui en profite, les inévitables marchands du temple de la religion. Car cela mène à la catastrophe pour tous tôt ou tard.

Publié sur Huff Post