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dimanche 1 novembre 2015

Amor Fati, pilotage providentiel 2

Hamlet en Tunisie




Il y a quelque chose de pourri en République de Tunisie

Cette célèbre réplique de Hamlet, reformulée pour notre pays, peut être reprise sans trop se tromper au vu de ce qui s'y passe d'inadmissible. Le récit historique de Saxo Grammaticus ayant donné le drame de Shakespeare, le plus célèbre de son oeuvre théâtrale, se vit désormais au concret sous nos yeux.

On apprend qu'une réunion du bureau exécutif du premier parti au pouvoir a été annulée ce dimanche sous la pression de bandits arborant gourdins et armes blanches, brisant une partie vitrée de l'entrée de la salle de réunion. De tels voyous, de simples exécutants, n'ont fait qu'appliquer les ordres de ceux qui les ont envoyés,  bien plus voyous, rappelant la maffia de la dictature.

Comme dans le drame, le spectre de la révolution est ainsi apparu à Hammamet, apprenant à ses sincères enfants qu'elle a péri assassinée par les élites au pouvoir.  Doit-on alors attendre que la folie, qui a déjà été inoculée à une certaine frange de notre jeunesse, gagne tout le pays pour réagir, dire le vrai, rendre justice à la révolution assassinée ?

On ne se suffit plus d'embrigader les jeunes, les poussant de gré ou de force dans le terrorisme, mais on pratique au grand jour un terrorisme mental fait de rejet d'autrui, d'exclusion et d'anathème, usant d'une fausse lecture d'une foi qui n'a jamais été aussi caricaturée qu'aujourd'hui.

On arrive ainsi à faire revivre le pays un triste épisode de son histoire, voyant des incompétences ruiner le pays, comme de mettre sur le marché, au nom d'un dogme perverti, les possessions du peuple, dilapidant ses biens pour satisfaire le capital mondial.

On voit une police plus soucieuse de surveiller les moeurs paisibles que les menées haineuses, se servir de lois scélérates toujours en vigueur lui assurant l'impunité, pour harceler les innocents citoyens et les brimer en restreignant leurs libertés sacrées.

Et au lieu d'abolir de telles lois liberticides de la dictature et du protectorat, on voit les députés continuer à servir leurs propres intérêts avec l'argent d'un peuple pauvre, arrivant difficilement à joindre les deux bouts. Et de supposées élites délitées, coupées des réalités du pays, se soucier comme d'une guigne de leur devoir éthique, n'ayant au mieux en vue que leur pernicieux dogmatisme.

Ce vers quoi va la Tunisie, c'est de perdre la raison et, comme Ophélie, se noyer dans les dettes scélérates perdant le semblant de souveraineté qu'elle a encore; est-ce que les rares sensés parmi les censés patriotes sont prêts d'accepter ?

Comme dans le drame, le duel entre les deux gourous actuels de la politique ne fera que du mal au pays, car l'épée empoisonnée de celui qui parle au nom d'un islam dont il fait une lecture daéchienne finira par achever celui qui se prétend héritier de l'esprit de Bourguiba, un esprit galvaudé sinon foulé au pays.

Une urgente politique arc-en-ciel

Il est bien temps que de tels vrais patriotes, s'il en reste, agissent afin que s'arrête la mascarade actuelle devenue tragédie et qu'on cherche sincèrement à sauver le pays en grave danger imminent.

La seule façon de le faire de suite et sans trop de dommages pour le parti majoritaire est de déplacer la bataille sur le plan législatif, se ressoudant pour un temps et s'il le faut juste de façade, pour proposer et défendre des projets de loi de nature à semer la zizanie dans le camp adverse tout en dégageant le pays de l'impasse actuelle.

Par exemple, qu'on ose proposer en un package le remède de cheval suivant dans une politique qu'on nommerait arc-en-ciel, synonyme de retour d'espoir en Tunisie ! À noter que les points évoqués ci-après  ont tous fait ici l'objet de textes publiés et  prêts à l'emploi :

  1.  Déposer officiellement une demande d'adhésion médiate à l'Union européenne et l'instauration immédiate de la libre circulation humaine sous visa biométrique de circulation. Cela aura pour effet de ramener l'espoir dans le coeur des jeunes, les rendant moins sensibles aux sirènes intégristes.
  2. Satisfaire à une promesse de campagne en dépénalisant la consommation du cannabis, option défendue par les experts de l'ONU et de tous les pays avancés. Cela aura pour résultat de débusquer les dogmatiques qui sont les complices des trafiquants, les seuls responsables du fléau de la toxicomanie. Un texte correctif de la fausse réforme actuelle a été proposé.(1)
  3.  Oser abolir le honteux article 230 du Code pénal, cette survivance du protectorat, étant d'inspiration judéo-chrétienne, l'islam n'ayant jamais prohibé les rapports entre des gens d'un même sexe. Rompre avec une jurisprudence dépassée influencée par la Bible, c'est respecter et l'islam et la Constitution ainsi que les standards humanistes internationaux. Un projet de texte de loi a été communiqué aux députés et aux autorités du pays.(2)
  4. Déclarer l'égalité successorale entre les sexes. Un texte facile à mettre en oeuvre est tout prêt pour les honnêtes consciences, car il est respectueux de l'islam tout autant que des réquisits humanitaires. Un projet de texte a été également proposé en la matière.(3) 
  5.  Abroger les textes attentatoires aux libertés privées et aux moeurs, car la police se doit de défendre la vie privée et non la bafouer. Ainsi, les restrictions à la consommation d'alcool doivent être abolies, l'islam n'ayant jamais interdit que l'ivresse. Un appel existe aussi en l'objet dans le cadre d'une invitation à toiletter notre droit de ses obsolescences.(4)

Oser l'éthique en politique

Voilà une façon simple, intelligente et rapide pour sortir renforcé de la tragi-comédie actuelle, étant aussi en mesure de permettre de se refaire une nouvelle santé, confirmant le propos du philosophe que ce qui ne nous tue pas nous renforce.

Pour ce faire, faut-il avoir non seulement assez de courage pour oser aller contre le dogmatisme ambiant mortifère, mais surtout une lucidité à toute épreuve et le savoir-faire politique d'un charisme manquant cruellement en ces temps de poltronnerie généralisée et des turpitudes qui se parent des atours de la morale.

Le drame shakespearien étant par excellence celui de l'accession à la conscience et à la liberté, il n' y a pas de fatalité en cette Tunisie de Hamlet à l'inertie ou à la médiocrité; il n'y a que celle que commande la providence, notre pays étant désormais en pilotage providentiel. C'est la fatalité de l'éthique en politique qui sera une poléthique ou elle ne sera plus.

Plus que jamais, le monologue d'Hamlet : To be or not to be  (Être ou ne pas être…) — probablement le plus célèbre de la littérature anglaise — est bien la seule question se posant en Tunisie aujourd'hui. Or, Hamlet finit par avoir gain de cause, accomplissant sa vengeance, tout en y laissant sa vie. Est-ce une telle fin que veulent nous politiques ? 

Comme le dit Sartre, la situation catastrophique actuelle "laisse entrevoir cependant ce que sera une éthique qui prendra ses responsabilités en face d'une réalisation humaine en situation". Alors, il est bien temps de dire adieu à la politique et aux politiciens à l'antique ! 
Les caciques de la politique à l'antique, laïcs comme religieux, sont déconsidérés; allez, ouste, du balai !

Ce qui se passe dans le pays est la preuve du délitement fatal de nos élites actuelles. Il est donc temps qu'apparaisse un chef charismatique intègre, faisant de la politique une poléthique ! Ce sera l'intégrité contre l'intégrisme religieux et profane.

NOTES : 

(1)

(2)

(3)

(4)



Publié sur Al Huffington Post