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dimanche 13 décembre 2015

Spiritualité vs religiosité 8

Homophobie, cette schizophrénie tunisienne 




Au moment où la Tunisie était distinguée par le prix Nobel, en cette mémorable journée internationale des droits de l'Homme, une autre scène moins reluisante se déroulait, la magistrature nous y rappelait  à une triste réalité : la Tunisie ne mérite pas encore l'honneur qu'on lui rend étant atteinte d'une discordance entre l'apparence qu'elle veut donner et une misère psychologique homophobe !

En effet, non seulement son peuple est encore soumis injustement aux lois scélérates de la dictature et de la colonisation, mais police, juges et politiciens continuent de le brimer en attentant à ses libertés fondamentales pourtant consacrées par la Constitution.

Outre le jugement du moyenâgeux test anal de Sousse mis en délibéré pour le 17 décembre, on a appris qu'une nouvelle décision judiciaire a été rendue sur cette même honteuse base condamnant six jeunes de Rakkada au maximum de la peine prévue par une loi injuste et illégale.

Un nouveau jugement moyenâgeux

C'est l'association Shams, que le gouvernement entend dissoudre, qui a révélé le nouveau jugement de la honte : jeudi 10 décembre, journée mondiale de promotion des droits de l'Homme, le tribunal de Kairouan a condamné six jeunes du foyer de Rakkada à 3 ans de prison ferme chacun pour homosexualité après leur avoir fait subir l'illégal test anal pour prouver leur culpabilité. Laquelle? Des rapports entre mêmes sexes !

Bien plus grave ! Les juges ont condamné aussi l'un des jeunes à 6 mois de prison pour attentat à la pudeur. Comment a-t-il donc attenté à la pudeur ? Juste du fait qu'il a sur son ordinateur des séquences vidéo. Ainsi, on ne viole pas seulement la vie privée et les libertés individuelles, mais on commet aussi une infraction grave pour prouver ce qui n'est même pas une infraction !

Pis ! Le tribunal a aussi décidé une mesure de bannissement de 5 ans de la ville de Kairouan contre les six accusés à l'accomplissement de leur peine. On voit bien à quel niveau s'abaisse notre magistrature qui rend une décision d'injustice moyenâgeuse indigne des acquis de la Tunisie et de son peuple mûr pour un vivre ensemble paisible.

Dans cette affaire, outre l'ignominieux article 230 du Code pénal, la justice injuste a utilisé l'article 226 du même code, tous deux devenus caducs du fait même des droits et des libertés consacrés par la Constitution, car ce qui est constitutif d'infractions à réprimer c'est bien une telle restriction aux libertés individuelles et ces immixtions dans la vie privée des gens.

Aussi le ministère public est-il requis de faire appel de ce jugement et de demander la relaxe immédiate des innocentes victimes de ce nouveau procès moyenâgeux.

Sortir de l'actuelle ignominie

Il est évident que nous nous trouvons dans une situation ubuesque : une constitution avant-gardiste et une législation scélérate. Toutefois, le problème n'est pas seulement l'absence de volonté politique de vouloir mettre en application la Constitution en réformant de fond en comble la législation toujours en vigueur de la dictature, notamment un Code pénal cacochyme, datant du protectorat, donc totalement inadapté aux réalités d'aujourd'hui.   

La question fondamentale est la lecture intégriste de l'islam faite par les autorités, islamistes comme laïcistes. Car la constitution y réfère non seulement par le fameux article 1er, mais également par le préambule qui fait partie intégrante du dispositif.

Aussi, s'agissant d'homophobie, il importe d'abord de démontrer que l'islam n'est pas homophobe pour pouvoir ensuite se réclamer utilement de la Constitution et citer ses textes en matière de droits et libertés privées. Il en va pareillement de l'attentat à la pudeur puisqu'il faut démontrer que l'islam n'est pas aussi pudibond qu'on le présente. Or, dans les deux cas, la preuve a été apportée et la démonstration faite, mais on ne veut pas en user.

Les militants associatifs font même acte d'islamophobie, préférant placer leurs espoirs dans la cour constitutionnelle qui vient d'être créée. En cela, ils ne se nourrissent que d'illusion, car le recours à la cour risque de geler la situation actuelle pour longtemps.  En effet, en l'absence de preuve préalable que l'islam n'est pas homophobe, elle ne pourra que décider la constitutionnalité de l'article 230 du Code pénal. 

Pour une stratégie gagnante

Dans la première affaire de Sousse du test anal de l'étudiant Marwane, la dernière devant aussi y être jugée, on a vu les avocats demander le non-lieu sur la base de l'illégalité du test anal contraire aux libertés et droits constitutionnels. Ils risquent d'être déboutés, car le juge est tenu par la loi et a tout loisir de soutenir que l'article 230 prohibe l'homosexualité que prohibe la constitution, car contraire aux valeurs islamiques.

Tant qu'on estimera que la loi homophobe est censée traduire des valeurs islamiques auxquelles réfère la constitution, on ne peut demander au juge la relaxe. Même avec un juge se voulant révolutionnaire en osant penser que la constitution annule les lois subalternes qui sont devenues caduques au vu des nouveaux droits, il ne peut étendre ce raisonnement au cas de l'espèce puisque l'article fondant l'homophobie se réclame de l'islam censé être homophobe, auquel renvoie la constitution elle-même.

La seule stratégie gagnante en l'espèce est d'oser soutenir que l'islam n'est pas homophobe comme cela a été prouvé. Trois essais au moins le démontrent et ils sont en vente libre en Tunisie. De nombreux articles l'ont aussi fait*, insistant sur la vérité que l'article 30 est une pure survivance coloniale.** Il y a aussi désormais des imams gays.

Par conséquent, il serait judicieux de proposer un texte de loi, comme celui rappelé ci-après communiqué aux députés et aux autorités, et de faire un battage médiatique sur la question en invitant toutes les compétences à se prononcer. On ne manquera alors pas de rappeler au chef islamiste sa propre position pour l'abolition de l'article 230 en le sommant de cesser de tenir un double langage et d'honorer pour une fois sa parole.

C'est ainsi que l'audience du 17 pourrait consacrer le non-lieu demandé augurant d'une suite aussi heureuse pour la nouvelle affaire de Sousse des six de  Rakkada.

À quand donc un sursaut des consciences ? Car le dernier jugement vient jeter l'opprobre sur la classe politique entière, toutes tendances confondues, et à sa tête les lauréats du Nobel, censé être surtout celui de la paix sociale. Aussi, on ne peut continuer à être coupable d'innocence en Tunisie !

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Publié sur Al Huffignton Post