La saleté est aussi dans nos têtes !
On ne parle que de saleté aujourd'hui en Tunisie. Certes, c'est important, la nuisance étant immense et les périls encore plus graves; c'est ainsi que naissent les épidémies !
Et si on voulait ne pas regarder que les apparences, aller au fond des choses ? Cela nous aidera certainement à mieux saisir nos réalités, assainir la situation et éviter surtout que cela revienne régulièrement.
Une saleté morale
Ce n'est pas la première fois qu'on parle de saleté dans nos rues; et ce ne sera assurément pas la dernière fois qu'on parlera de campagne de propreté; car la saleté est d'abord en nous !
De quoi s'agit-il, au vrai ? De ce manque de propreté morale qui nous fait accepter que la saleté soit tolérée dès qu'elle ne concerne pas notre intérieur. Une telle saleté intellectuelle nous fait distinguer le chez-soi de l'environnement social; or, celui-ci est pourtant un chez-nous en grand.
Voilà le problème véritable qu'il nous faut résoudre ! Cette propreté manquant en notre for intérieur nous faisant tolérer que les premiers responsables de la propreté dans nos villes — nos municipalités — ne soient pas à la hauteur de leurs devoirs. Or, un responsable irresponsable doit être démis illico presto de ses fonctions et remplacé par quelqu'un de qualifié. Pourquoi ne le fait-on pas ?
Ainsi, la saleté prend naissance dans nos sphères politiques et nourrit celle de nos rues. Il suffit qu'on arrête dans les palais de la République de fermer les yeux sur nos réalités en plaçant les responsables qu'il faut là où il faut pour retrouver nos rues propres comme avant et même nettement plus.
Une cause politique
La question est donc éminemment politique. En effet, il est des responsables irresponsables qui veulent instrumenter la saleté dans leur combat politicien. Il leur est facile de dire ainsi que sous la dictature les rues étaient plus propres, ou encore que le Tunisien, même si on lui donne ses droits, ne veut pas travailler, ne le faisant que sous la contrainte. Et voilà la dictature réhabilitée !
C'est bien plus qu'irresponsable, c'est faux ! Et il est plus irresponsable de ne pas agir adéquatement pour en finir avec une telle fausseté criante. Cela impose la nécessité de se préoccuper en priorité de nos municipalités où il urge que les administrés choisissent enfin leurs édiles pour être en mesure de leur demander des comptes. À ce moment-là, ils ne pourront plus dire que ce n'est pas de leur responsabilité si le personnel municipal élu n'est pas à la hauteur de ses devoirs.
Il nous faut privilégier des élections municipales avant toute autre élection, car cela permettra de ramener le peuple dans la politique qui est d'abord gestion de la cité. Alors, et alors seulement, tout citoyen sera concerné par l'état de ses villes et à bon droit concerné par de leur propreté.
Aujourd'hui, le fait de ne se soucier que d'élections nationales taillées sur mesure pour les intérêts partisans est une grande démission; elle relève de la saleté politique qui est encore plus grave que la saleté physique de nos rues.