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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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vendredi 29 avril 2016

Salafisme profane 6

Il n'y a pas d'homosexualité  arabe...!


On a souvent entendu cette affirmation chez les homophobes contestée par les homophiles; or, ces derniers ont tort et les premiers ont raison. Faut-il toutefois préciser que s'il n'y a pas d'homosexualité en terre arabe, c'est que le sexe y est total.
Il y a donc une homosensualité ou encore mieux une érosensualité, c'est-à-dire du sexe axé bien plus sur la sensualité que sur la sexualité.
Homosensualité et érosensualité arabes  
En effet, le sexe arabe est total, au sens qu'on n'y distingue pas entre les genres. On peut ainsi, sans état d'âme, avoir tout autant légitimement un rapport intime avec le sexe opposé comme on peut l'avoir avec le même sexe. Pour autant, on ne se sentira ni hétérosexuel ni homosexuel, selon les catégorisations classiques d'origine occidentale.
C'est d'ailleurs ce qui existe dans la nature où c'est ce qu'on qualifie de bisexualité qui est la règle. Pour cela, la lutte anti-homophobie au nom du droit à l'homosexualité ne marche et ne marchera pas en Tunisie, ni au Maghreb ni en terre arabe et/ou d'islam.
Cela heurte une constante anthropologique bien avant le référent religieux : l'Arabe ne se sent pas homosexuel, mais il est fier d'être sensuel, que cela soit en termes d'homosensualité ou de ce que j'appelle érosensualité, nonobstant le sexe, pour ne pas catégoriser ni stigmatiser.
Il faut rappeler, à ce niveau, que les catégorisations distinguant homo, bi et hétéro n'ont pas existé de tout temps; elles sont le produit de la modernité occidentale.
Le terme contesté d'homosexualité n'est apparu qu'au siècle 17; avant, on ne stigmatisait nullement, les rapports entre mêmes sexes étant courants et admis. Ce fut tout autant le cas en Grèce (on parle d'amour grec) qu'en islam qui n'a jamais été homophobe, contrairement au judaïsme et à la pastorale chrétienne avant que la démocratie n'y triomphe abandonnant les prescriptions bibliques. 
Ainsi, s'agissant de la France, ce n'est qu'en 1982 que l'homophobie y a été abolie; mais, entre-temps, le colonisateur a introduit l'homophobie au Maghreb. Aussi, en Tunisie, l'article 230 du Code pénal est-il bel et bien un article colonial !
Abolir l'homophobie en appelant au respect de l'islam
C'est pourquoi je critique sévèrement les militants anti-homophobie dans leur stratégie déconnectée des réalités en se refusant à parler de ce qui peut servir leur cause; en cela ils servent moins la cause que leur idéologie laïciste et islamophobe. En tout cas, c'est ainsi qu'ils sont perçus par la population. Ce qui dessert leur combat.
On comprend donc pourquoi Shams et les autres associations ne veulent pas dire que l'article 230 est le produit de la morale chrétienne et de la colonisation et qu'il viole l'islam en plus de la Constitution. Or, outre le fait que l'islam n'a jamais été homophobe, le rappeler, c'est désamorcer les critiques des religieux qui assimilent le combat contre l'homophobie à une agression contre leur foi.
En n'usant pas d'une telle arme fatale et en se focalisant sur une catégorie qui n'existe qu'en Occident, celle de l'homosexualité, les associations gay stigmatisent à tort les Tunisiens, cherchant à inventer de toutes pièces une réalité à l'occidentale inconnue en Tunisie, l'homosensualité étant diffuse dans la société sans être de l'homosexualité.
Pour cela, j'ai dit* que ce sont ces militants qui ne veulent pas de l'abolition de l'article 230. En effet, leur souci est de faire état de leur laïcisme islamophobe et non d'obtenir l'abolition d'un article qui, si un projet de loi consensuel entrait à l'Assemblée, serait aboli.
Car un engagement** existe de la part des islamistes et le projet en mesure d'être voté existe aussi, il a même fait ici l'objet d'un appel ici***; or, on n'en a cure; on s'applique à l'ignorer par islamophobie ! Nos militants font ainsi montre de salafisme profane !
Une stratégie dictée en douce par les homophobes
Bien pis, les militants anti-homophobie ne se rendent pas compte qu'ils sont les complices objectifs des plus intégristes des homophobes religieux puisqu'ils servent leur stratégie ! Celle-ci consiste à maintenir les lois en l'état sans y toucher, prétextant pouvoir le faire par le droit en saisissant, le moment venu, la cour constitutionnelle quand elle aura été créée.
Or, c'est bien ce que souhaitent les intégristes religieux, car la cour constitutionnelle n'aura que le choix, tant qu'on n'aura pas démontré que l'islam n'est pas homophobe, de dire que l'article 230 est constitutionnel, puisque la Constitution elle-même renvoie à l'islam et au respect de ses valeurs.
Nonobstant, on fait mine de ne pas voir l'impasse dans laquelle on s'engage et on continue à  mettre l'accent sur l'homosexualité, usant d'une stratégie erronée, contreproductive et même injuste et néfaste à l'égard des victimes d'homophobie.
En effet, elle excite les homophobes qui se sentent agressés en se raidissant contre ce qu'ils estiment être une attaque laïciste de la part d'occidentophiles. D'où la campagne contre les gays enregistrée dans certains commerces.  
Les militants gays doivent donc réviser instamment leur stratégie et comprendre que si, en Occident, la religion ne fait plus partie de la vie publique, elle en est l'épicentre en terre arabe islamique; c'est la constitution qui y réfère. 
Comment donc prétendre abolir une homophobie qu'on considère légitimée et légalisée par la religion? De plus, les associations ne se rendent pas compte qu'il y a bien moins d'homophobes musulmans qu'il n'y a d'homophobes non religieux. Ils oublient aussi, Shams en premier dont le nom réfère au soufi Shams Tabriz, que l'islam soufi n'a jamais été homophobe; or, l'islam populaire est soufi !
L'islam soufi est laïque !
Ce à quoi on a assisté d'abracadabrant dans les commerces affichant une homophobie qu'il ne faut pas exagérer, car elle demeure limitée, plutôt folklorique donc, est la réponse populaire à la stratégie inepte des associations voulant de force inventer ce qui n'existe pas.
Qu'elles parlent du droit au sexe des Arabes, quel qu'il soit, et qu'elles rappellent que c'est un droit garanti par l'islam ! Elles verront alors qu'elles auront une meilleure écoute et finiront par abolir l'article 230 du Code pénal. Peut-être même dès cette année. Le souhaitent-elles vraiment ?
Au vrai, elles ne le veulent pas dans leur laïcisme néfaste. Ne cherchent-elles pas plutôt à abolir la référence à l'islam dans la Constitution ? Aussi, elles se trompent de combat et se montrent injustes avec les innocents qui n'ont jamais plus souffert que depuis qu'on a médiatisé une cause juste en utilisant un argumentaire inadapté, s'adressant aux minorités occidentalisées.   
Or, ni l'état civil ni le droit ne signifient violation de la religion, car l'état civil veut dire cantonnement de la religion dans le domaine privé et le droit impose constitutionnellement le respect des valeurs de l'islam. De plus, l'islam correctement interprété, l'islam soufi donc, est déjà laïque.
Aussi, si on veut obtenir l'abolition de l'homophobie, il faut oser dire que l'islam n'est pas homophobe; ce qui été prouvé, pourtant ! Des livres en parlent, vendus librement en Tunisie. Mais les militants ne veulent en tenir compte.
Certains même parmi les plus sincères démocrates se laissent aller à inventer des distinctions se voulant subtiles, quand elles ne sont qu'ineptes. Elles le font pour ne pas aller contre le conformisme logique et les thèses intégristes religieuses et oser donc dire que l'homosensualité ou homosexualité n'est pas prohibée en islam. Certains cherchent ainsi à distinguer bien à tort entre homosexualité et sodomie, allant jusqu'à affirmer, tout comme les pires salafistes religieux, que celle-ci est bel et bien un péché.
N'est-ce pas une banqueroute des valeurs quand même nos brillants esprits se daéchisent de la sorte, n'osant voir les choses telles qu'elles sont ! 


Publié sur Al Huffington Post