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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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lundi 29 août 2016

Agiacteur d'idées 2

Pour une nouvelle politique en Tunisie




Le gouvernement Chahed  qui a pris officiellement le pouvoir hier est-il celui d'un nouveau départ politique en Tunisie ? C'est autant avec la langue de bois d'antan que de l'inertie qu'il devait rompre. S'il a apparemment réussi l'épreuve de la parole vraie, il lui reste à relever le défi de la rupture avec l'immobilisme.
Les manifestations de cette inertie, synonyme d'un passé qui ne veut s'éclipser, sont patentes, bien incrustées dans l'action évidente comme occulte de certains acteurs politiques, tout aussi internes qu'externes. Ce sera à ce niveau que se fera la preuve d'un possible nouveau départ de la politique en Tunisie.
Il est vrai, M. Chahed et son gouvernement, qui ne manque pas de compétences et de patriotes, a besoin de temps ; ce qui compte est donc la volonté ; mais existe-t-elle ? Si elle est patente de sa part, l'est-elle assez et bien forte pour contrer les forces de résistance ? Tout autant politiques qu'idéologiques, nationales comme internationales, elles freinent et freineront tout effort salutaire ne cadrant pas avec leurs intérêts.
Et ces derniers sont d'autant plus rédhibitoires qu'ils s'articulent, pour le moins, sur des habitudes bien incrustées baignant dans une totale confusion mentale empêchant le moindre changement. Sans parler du travail des forces actives sur la scène publique, pratiquant la politique à la manière antique, simulant et dissimulant, quand ce n'est pas pur sabotage et travail de sape de tout effort sérieux pour le redressement national.
Nous en donnerons des exemples d'apparence anodine qui, pourtant, condamnent à l'échec toute politique en Tunisie qui oserait être inventive, bousculant les mentalités figées, sortant des entiers battus et rebattus malgré une apparente rationalité. Car celle-ci n'est plus nécessairement cartésienne, n'étant plus que du scientisme, un cartésisme obsolète n'ayant cours qu'auprès de ceux qui se suffisent de slogans creux chez les tenants de l'ordre ancien d'un monde bien mort pour qui sait observer.  
En finir avec la confusion mentale
Rappelons que ce sont souvent les détails supposés insignifiants qui donnent l'indication précieuse sur la réalité des choses échappant à l'attention centrée sur le convenu et le réel insignifiant des apparences toujours trompeuses. C'est dans de tels détails de la vie quotidienne et de la politique politicienne que se démasque le double langage. Or, il fait plus que jamais force dans ce pays à la faveur de la confusion mentale dans laquelle baigne la classe dirigeante, laïque comme religieuse.
Ainsi, alors qu'on parle d'honorer la femme et d'élever son statut, le protocole présidentiel continue de lui imposer un voile pour prêter serment sur le Coran bien qu'il n'existe en la matière aucune obligation cultuelle en islam vrai. Ce que fait l'étiquette à Carthage, ainsi qu'on l'a encore vérifié lors de la prestation de serment du gouvernement Chahed, est représentatif d'une formalité qui viole l'islam, honorant une pratique faussée, issue de la tradition judéo-chrétienne. Car le voile est bien une obligation rituelle dans la Bible !  
Autre illustration d'une telle confusion mentale, ce projet de loi — certes datant du gouvernement sortant, mais ayant encore des chances de passer, puisque son initiatrice fait partie du nouveau gouvernement — sur l'interdiction des violences faites aux femmes. C'est un projet honteux, négligeant la première et réelle violence faite à la femme : l'inégalité successorale, une violence légale qu'on veut justifier par la religion qui a, bien au contraire, élevé le statut de la femme. L'islam serait-il inégalitaire et violent, par hasard ? Qu'est-ce qui nous distinguerait, dans ce cas, de Daech?
Voilà une première illustration du blocage mental auquel doit s'attaquer le gouvernement Chahed s'il entend réussir, être dans le vrai. La seconde est bien plus concrète et on l'a déjà eue lors des débats de la part des opposants se disant patriotes. On l'a notée aussi après le vote, venant même de ceux qui avaient pourtant dit soutenir le nouveau gouvernement : le parti islamiste et la centrale syndicale, plus particulièrement.    
Sortir des sentiers battus de la bien-pensance
Cet exemple est relatif à ce qui a été porté au crédit de M. Chahed qui a eu le mérite d'avoir évoqué pour une fois et avec grande franchise les maux du pays lors de son discours au parlement ; mais ne s'est-il pas tenu au seuil de l'analyse, n'échappant pas à la contradiction ? Ainsi, quand il dit devoir recourir à l'austérité et au licenciement de fonctionnaires si on ne fait rien en cette année : 2016 n'est-il pas déjà terminé ? Alors, austérité ou non ?
Déjà, lors des débats, on a aussitôt vu le chef du gouvernement recadrer son propre propos ; mais la Centrale syndicale y est allée ensuite de son laïus populiste, mettant en garde contre tout recours à l'austérité. Quelle portée donner donc à une telle franchise ? Ne continue-t-on pas, comme ce fut le cas avec les prédécesseurs de M. Chahed, mais aussi chez nos élites, à cogiter dans une bulle au lieu de tenir compte du réel du peuple et aller au creux des apparences en l'évoquant enfin ?
Pour réussir, qu'on le veuille ou non, il nous faut mettre les points sur les i, dire les choses telles qu'elles sont. Il nous faut nous situer hors des sentiers battus et du conformisme logique qui menace toujours quand on n'ose pas ou plus se remettre en question, tenir comte — sans y céder ni les nier — des contraintes qu'imposent fatalement à la Tunisie les milieux internationaux, politiques, financiers et commerciaux.
Qui  osera enfin dire, sans se contenter de dénonciation stérile ni d'acceptation servile, que dans notre monde globalisé les vrais décideurs du sort de notre petit pays veulent juste qu'il soit un marché où il fera bon vendre et acheter sans trop se soucier de la paupérisation croissante du peuple ? Qui reconnaîtra qu'il s'agit d'une stratégie occidentale imposée à la Tunisie, amenant immanquablement à verser dans la religiosité, au grand bonheur des politiciens qui mélangent spiritualité et capitalisme sauvage pour servir leurs intérêts terrestres, se faisant les meilleurs alliés du capitalisme mondial et de ses néolibéraux qui sont juste soucieux de plus de lucre, de vénalité ?  
Lors de la présentation de son gouvernement à l'Assemblée, qu'a tenu donc M. Chahed comme discours sinon des paroles creuses, avec de fausses solutions chères à la bien-pensance économique et politique, celle qui relève de sentiers battus et rebattus, et qui n'auront forcément aucun résultat sur la situation du pays ? Il est resté dans le constat stérile, n'osant pas aller au creux des apparences en s'attaquant aux causes véritables. Certes, cela est plaisant, tout comme l'est le discours classique frontalement opposé qu'on a entendu à l'Assemblée chez ces gens se disant révolutionnaires et qui mélangent action et agitation !
Cela ne satisfait plus le peuple en cet âge qui est celui des foules. Désormais, il n'est plus suffisant de dire la vérité tout en en faisant fausseté. Il importe de parler vrai en montrant le chemin pour s'y conformer avec des solutions concrètes et réalisables tout en s'y engagent.
Or, nulle solution n'a des chances de réussir en Tunisie si elle ne tient compte de son environnement néoconservateur mondial avec ses réquisits capitalistes, ainsi que la carte religieuse qu'on y joue, une religiosité contraire à l'islam tunisien, hédoniste et libertaire. Il est fatal que cela advienne sur cette terre, tôt ou tard !
La politique intelligente est de savoir faire de cette fatalité moins un libre arbitre qu'une chance permettant de se situer au diapason de l'essence de notre pays et de son peuple. Et on ne le sait que trop : c'est de dignité qu'il s'agit. Or, la dignité est d'abord la liberté avant même le travail ; ce qui se traduit par des droits concrètement vécus et légalement protégés.
Quitte à irriter les tenants de la pensée unique de nos nouveaux bien-pensants et le conformisme logique du mainstream politico-idéologique, le politicien qui veut réussir doit, non seulement tenir un langage de vérité, honorant l’impératif catégorique de dire le vrai, mais aussi agir vrai.
J'en donne ci-après une illustration bien loin de la cogitation de rêveur ou d'illuminé, traduisant plutôt ce que pense dans son silence éloquent notre peuple zawali au milieu duquel je vis et dont je connais par le menu la réalité actuelle et quotidienne.
Son quotidien, chaque jour plus dégradé, est bien le terreau de la réalité qui éclaire sur les causes de nos problèmes actuels qu'on a tendance à négliger pour ne parler, bien inutilement, que des effets. Et c'est la meilleure façon de tromper et de se tromper, se suffisant des apparences fallacieuses. Il n'est que temps de redonner sa voix au peuple ! Le plan livré ci-après relève de cette pensée populaire qui n’a que rarement droit au chapitre, car on ne veut pas ou plus l’écouter.
Le défi réel est d'aller au-delà des apparences
Avant cela, disons deux mots de ce qu'on nous rétorque souvent relativement à de telles idées salutaires, d'une part, et sur ce qui manque le plus en Tunisie actuellement.
D'abord, à propos des manifestations dénoncées de la confusion mentale précitée, on me dit que les défis que la Tunisie est appelée à relever sont autrement plus graves. Et je réponds : nos maux ne prennent-ils pas tous naissance dans ce genre de supposée insignifiance, source de blocage de nos mentalités, d'absence de confiance et de refus de l'altérité, fondement de toute démocratie ? 
Bien évidemment, personne ne doute que la Tunisie a d'énormes challenges  à réussir: économiques, sociaux et politiques ; et ils s'imposent au gouvernement Chahed d'autant mieux qu'il est issu de l'initiative du président de la République dite de dernière chance.
Or, n'a-t-on pas vu de larges pans de l'opposition politique dénoncer lors des débats l'inféodation au système libéral du régime, taxant M. Chahed d'être l'homme des Américains ? Pourtant, ce gouvernement est censé être celui de l'union nationale ? Où est-elle donc, puisqu'elle n'est déjà pas perceptible autour d'objectifs précis visant le vivre-ensemble démocratique de tous les Tunisiens malgré leurs différences ?
Encore mieux ! Que font, aujourd'hui, ceux qui sont supposés avoir apporté leur soutien à M. Chahed ? On les voit jouer leur propre musique populiste, comme ce fut le cas de M. Ghannouchi à Gafsa et à la Kasbah ou encore celui de l'UGTT prompte à défendre ses plates-bandes, défaisant à l'avance ce que n'a fait qu'esquisser le nouveau chef de gouvernement parlant d'austérité. Comment gouverner avec un tel terrain miné qui devait être balisé pour agir, sortir de l'inertie mortelle ayant fait la crise que vit la Tunisie, mais dont certains milieux — ne nous leurrons pas ! — en profitent bel et bien.
La seule parade est de tenir un discours de vérité, rappelant à qui en douterait encore que la Tunisie fait partie d'un système mondialisé, qu'elle n'est au mieux qu'un abacule dans une mosaïque globalisée.
Au-delà de la fausse idée commune d'hétérogénéité, une mosaïque est un ensemble décoratif bien structuré où les petits fragments qui le composent sont liés par un lien qui en fait une homogénéité. Et une mosaïque est — tant sur le plan interne qu'externe — un système qui impose ses lois au pays et qui, sauf d'avoir la lucidité de comprendre le mécanisme de ses lois et leur esprit, violentera la Tunisie, son peuple en premier, à l'exception d'une minorité de privilégiés.
C'est donc ignorer les aspirations du peuple tunisien et ce à quoi il peut légitimement prétendre qui amène à soumettre le pays sans nulle défense des intérêts légitimes du peuple aux diktats inévitables de l'étranger.
Dans un monde devenu un immeuble planétaire, on ne peut plus raisonner comme avant, le monde d'antan étant bien mort, cet univers de l'arrogance des pays du Nord, profitant de l'inégalité des rapports internationaux à la faveur de la soumission voulue ou acceptée des pays du Sud dont fait partie la Tunisie. Cependant, y résister ne consiste pas à jouer au révolutionnaire de pacotille, en quoi se résout l'attitude de nos gauchistes, ni à une authenticité supposée et qui n'est que frelatée, ainsi que le font nos religieux et leurs clones supposés modernistes qui ne sont que des salafistes profanes.
Ce qu'il faut, c'est du courage qui est d'aller à l'idéal en tenant compte du réel, ainsi que défini par Jaurès ; et ce réel est l'imbrication des intérêts du monde. Aussi, demeurer au niveau des concepts éculés de la souveraineté nationale, d'une politique économique indépendante et du plan purement national de redressement du pays, c'est demeurer à la surface des apparences, n'appliquant au mieux qu'un cautère sur une jambe de bois.
Il nous faut oser aller au creux de telles apparences, au-delà de l'utopie s'il le faut ! Le peuple de Tunisie le vaut bien, son pays ayant l'étoffe d'une véritable exception. D'autant plus que cela a déjà failli réussir du temps de Bourguiba, n'était sa mégalomanie. Il n'empêche que la part belle de son héritage a permis que le terrain fût balisé ; il suffit de le déblayer pour que la Tunisie soit re-belle ! C'est ainsi que renaîtra la confiance entre le peuple et ses gouvernants.
Le noeud de la crise est le manque de confiance
Mon second mot est relatif à ce qui manque le plus à la Tunisie pour donner pleine mesure de son génie : la confiance. Pour la retrouver, il nous faut oser parler autrement au peuple et à nos partenaires en nous adonnant à une politique de notre temps, postmoderne donc.
La postmodernité — et la Tunisie l'est depuis son fameux coup du peuple — n'est pas une étape après la modernité ; elle est plutôt une sorte de rétrogradation de la modernité, n'étant qu'une synergie des acquis des temps modernes et de ce qui a été négligé de l'archaïque en son sens étymologique d'essentiel et premier. C'est cela la postmodernité tunisienne !
Pour sortir de sa crise, notre pays se doit de dénouer le noeud gordien de cette crise qui ne se situe ni en Tunisie ni dans une politique classique se satisfaisant de slogans. En l'absence de confiance du peuple dans ses dirigeants, qui de vraiment sérieux peut honnêtement croire que M. Chahed résoudra la précarité sociale, la productivité quasiment nulle, l'inflation galopante, la glissade du dinar, le chômage, et j'en passe, avec une pure politique nationale ? Surtout que des pans entiers de la classe politique et des institutions nationales pensent moins au bien public qu'à leurs intérêts idéologiques ? 
Le problème de la Tunisie, cette crise à la fois économique, sociale et morale, n'est que l'effet apparent dont les causes sont inapparentes, se situant au niveau de l'imaginaire populaire et de l'inconscient collectif; ce sont ces derniers qui sont le coeur de notre crise. Si le pays est au bord du gouffre, c'est justement par manque de confiance entre nos dirigeants, parlant comme ceux des pays développés sans en avoir les moyens, et les dirigés qui n'en croient mot. La réalité de tous les jours, de l'actuel et du quotidien dont il ne faut jamais se couper, y compris dans ses supposées insignifiances, donne raison à ces derniers.
Ainsi est-il impératif d'arrêter de parler pour ne rien dire, juste pour jouer à qui sait en agitant des concepts vidés de sens ; or, même l'ignorance est désormais docte ! Il faut donc oser lever enfin les freins se nichant dans nos têtes, dont surtout celles qui se présentent comme bien faites. C'est une telle levée qui contribuera à faire renaître la confiance, base de toute relance réussie, y compris dans une économie saine.
Il est vrai, la confiance n'a jamais existé entre le peuple et ses dirigeants ; mais ceux du passé avaient la force ; or, aujourd'hui, on ne peut plus y recourir ; cela ne servira guère à rien. Oser des mesures radicales allant au plus profond de notre mental sclérosé par des décennies de mauvaise politique est l'impératif catégorique du moment. C'est ce que je qualifie de poléthique, une politique faisant la part belle à l'éthique, redonnant ses lettres de noblesse à la politique.  
C'est ce qui mettra, de plus, devant leurs responsabilités les uns et les autres, surtout ceux qui font capital de tout, allant dans le sens de ce qu'on veut imposer à notre pays : n'être que ce marché du capitalisme mondial — et bien pis, un souk ! — où tout se vend et s'achète.
À la tête de ces piètres politiciens, il y a bien évidemment le parti islamiste, imposé à la Tunisie par le jeu géostratégique auquel on ne saurait échapper, un parti dont une large part des membres ne veut arrêter le commerce fait de la religion ; un commerce de bas de gamme qui plus est !
Mesures pour dénouer le noeud gordien de la crise
Disons-le tout de go : en un mot comme en cent, il y a une mésentente flagrante sur la façon de voir les choses, y compris en termes de stratégie avec laquelle M. Chahed doit urgemment rompre s'il veut réussir.
Les problèmes du pays ne s'appellent qu'en apparence : instabilité sociale, terrorisme, baisse de la productivité, inflation, dévaluation du dinar, chômage, contrebande, marché parallèle, évasion fiscale, endettement, investissement en berne, saletés, pénurie d'eau, et j'en oublie.
Ce qui fait que le pays est au bord de la faillite, c'est qu'on s'évertue à se surfer sur ces apparences trompeuses, ces sentiers battus de la langue de bois. Rappeler de telles questions et d'autres de même acabit, c'est demeurer dans le simple constat ; et bien pis, le constat de l'extérieur. C'est rester à la surface des phénomènes, négligeant les causes, les vraies, se nichant en leur creux ; or, c'est ce creux qui compte.
Voici ce que je n'arrête et n'arrêterai de préconiser de bien adapté à la situation du pays, nullement observé à partir de la lorgnette positiviste déformante au nom d'un fallacieux principe de réalité réducteur. C'est le fruit d'analyse de terrain au plus près de notre peuple zawali dans son quotidien miséreux, tenant compte du réel populaire, celui qui n'est pas nécessairement apparent aux yeux, n'existant pas moins, étant incrusté au plus profond de l'inconscient collectif et de l'imaginaire populaire.
Il appelle ce que j'ai nommé, par provocation, une politique arc-en-ciel, par référence à l'une des mesures proposées, parmi les plus audacieuses et les plus porteuses en termes d'assainissement de la mentalité tunisienne sclérosée, non pas tant du peuple, qui est loin d'être conservateur, que de ses élites. Car le Tunisien est libertaire dans l'âme.
Ce qui suit devrait être mis en application sans plus tarder, du moins les trois premiers points des deux volets à la fois, les autres pouvant l'être ultérieurement. Ce qu'il faut, c'est donner d'ores et déjà la bonne orientation afin de lever l'ambiguïté qui arrange certains, notamment les intégristes, salafistes religieux et profanes, et qui ne peut plus être tolérée.
Ainsi, le ministre déjà contesté des Affaires religieux démontrera-t-il que l'islam politique peut être révolutionnaire et non rétrograde et contredire l'action projetée par certains députés de lui retirer leur confiance ainsi qu'on en parle désormais !
Il est à noter que ce train de mesures constitue un package qu'il importe de réaliser comme un tout. Il s'agit d'initiatives aussi nécessaires qu'impératives et urgentes les unes et les autres, bien que classées par ordre de possible réalisation immédiate. C'est qu'il tient compte de la physionomie actuelle de la classe politique où le conservatisme est bien diffus dans la tête des élites de toutes tendances, en totale contradiction donc avec la société qui est bien plus ouverte à de telles mesures dans sa quasi-majorité ainsi que je l'ai vérifié et le vérifie régulièrement.

Plan national

               1. Réaliser de suite la réforme de la législation successorale en instaurant l'égalité entre les sexes ; ce que n'interdit nullement l'islam correctement interprété ainsi que l'a fait Bourguiba pour la femme.
                  2. Dépénaliser la consommation du cannabis comme le recommandent les instances internationales les plus sérieuses en tant que seul moyen efficace contre la toxicomanie et les organisations maffieuses tout en rendant à la jeunesse sa liberté.
          3. Décider la liberté du commerce d'alcool, l'islam la garantissant et n'interdisant que l'ivresse. Les textes actuels sont donc à abroger, car illégaux, traduisant une mentalité coloniale en rupture avec la réalité du pays.
             4. Abolir l'article 230 du Code pénal, assise d'une homophobie anti-islamique, reliquat du protectorat ; ce serait d'autant plus impératif qu'il a été démontré que l'islam n'est pas homophobe. De plus M. Ghannouchi s'est engagé dans ce sens et le drame d'Orlando nous y oblige.
                  5. Criminaliser le jihad mineur désormais obsolète, l'islam n'admettant plus que le jihad majeur.
                  6. Supprimer le ministère des Affaires religieuses et réunir ses services avec ceux du ministère de la Culture afin de mettre l'accent sur la dimension culturelle de l'islam, bien plus importante que sa dimension cultuelle. C'est aussi rappeler que le culte relève de la vie privée, seule la culture de l'islam, humaniste et tolérante, pouvant investir l'espace public. Et c'est ce qu'impose la notion constitutionnelle d'État civil.
        
Plan international

                  1. Dans le cadre des négociations ALECA, exiger la libre circulation humaine comme pendant logique et éthique au libre-échange. Pour commencer, cela serait sous visa biométrique de circulation à délivrer gratuitement et pour une période minimale d'un an à tout ressortissant tunisien qui en fait la demande. Ainsi, ALECA deviendrait-il ALECCA.
                  2. Demander l'annulation de la dette du pays qui plombe tout effort sérieux pour sortir l'économie tunisienne de sa situation catastrophique. Dans l'immédiat, un moratoire doit être exigé.

                  3. Déposer la candidature de la Tunisie à l'Union européenne. En un monde globalisé et eu égard à la dépendance structurelle de la Tunisie vis-à-vis de l'Europe, une telle adhésion est fatale.
             4. Appeler à un espace de démocratie méditerranéenne avec l'Europe supposant la libre circulation humaine précitée, mais aussi la diffusion culturelle par l'action de la Tunisie en vue de la promotion d'une lecture correcte de l'islam de paix, de droits et de libertés.
                        5. Inviter la France, en parallèle et/ou en cas de réticence européenne, à la création d'un espace de démocratie francophone aboutissant pareillement au libre mouvement sous visa de circulation entre pays francophones. Et c'est la meilleure façon de promouvoir le français qui périclite dans notre pays.
                  6. Appeler à la reconnaissance d'Israël dans le cadre d'une aire de civilisation Orient-Occident qui aura pour but de promouvoir un islam humaniste, paisible et tolérant afin de réaliser la paix en Méditerranée, y compris et surtout en Palestine, sur la base de la légalité internationale du partage et la nécessaire solidarité humaine. 


Publié sur Al Huffington Post