Que la société civile se charge du pouvoir dans
les gouvernorats et les municipalités au nom de la démocratie participative !
À peine née la
démocratie en Tunisie risque d'être étouffée par les combines et les menées
politiciennes des partis, surtouts les grands parmi eux sur la scène politique.
Une entente se dessine même pour une gestion concertée du pays et de ses
intérêts par deux forces du moment avec pour impératif majeur la restauration coûte
que coûte et au plus vite de l'autorité de l'État.
Or, si un tel
projet est louable en théorie et de bonne guerre eu égard à la situation
actuelle de confusion extrême des valeurs, il ne reste pas moins qu'il soit
gros du risque de déposséder le peuple de sa souveraineté reconquise de haute
lutte.
Ces partis ne semblent pas vouloir lâcher le
pouvoir en s'abstenant notamment d'organiser des élections locales et régionales,
alors qu'elles sont les seules de nature aujourd'hui à permettre à la société
de garder sa puissance retrouvée. Aussi, il n'est qu'une seule alternative pour
contrer cette dérive vers une dictature déguisée et faire bouger les choses
dans le bon sens.
Elle consiste à ce que les associations et les
organisations des plus actives de la société civile agissent de concert au
niveau de chaque gouvernorat et de chaque municipalité pour imposer aux
autorités leur droit, en tant qu'acteurs apolitiques et compétents, à exercer
le pouvoir au nom du peuple qu'elles représentent bien mieux que ses occupants
actuels.
La société civile doit donc, sans plus tarder, appeler
à la tenue des assises des acteurs de la vie sociale par gouvernorat afin de se
charger d'élire des représentants qualifiés par municipalité et par gouvernorat,
appelés à entrer en pourparlers avec les autorités en place en vue d'un
transfert rapide de leurs compétences pour ces représentants qualifiés. Ainsi, l'exercice
du pouvoir sera enfin exercé démocratiquement par le peuple par l'intermédiaire
de la société civile qui incarne seule de nos jours la démocratie directe et
participative dont rêvent les Tunisiens.
Les autorités nationales ne doivent pas
s'opposer à une telle démarche citoyenne; elles doivent même la faciliter et
l'encourager, car elle est véritablement de nature à réconcilier avec la
politique un peuple remonté contre ses élites, rejetant désormais ses anciens
représentants. Ces derniers ne font qu'abuser d'une telle qualité et ne doivent
plus ignorer le rejet populaire dont ils font l'objet.
La société civile, avec ses acteurs les plus
actifs, viendra ainsi épauler les compétences nationales placées au
gouvernement, étendant le principe de compétences au service du pays à tous les
échelons du pouvoir en Tunisie, notamment à l'échelle locale et régionale, les
seules qui comptent pour l'édification d'un État démocratique qui ne saurait
demeurer centralisé comme il tient à le rester.
Ce faisant, on ne
veillera pas seulement à la préservation de l'acquis démocratique, mais on
agira activement pour la réinvention de l'idéal démocratique qui est en passe
d'être tué dans l’œuf aujourd'hui par les appétits partisans d'un autre temps.
Publié sur Nawaat