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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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mercredi 19 novembre 2014

Ordo amoris, une tunisianité 3

Les vraies idées de l'islam politique


Madame S. Ghannouchi commente la nouvelle donne politique en Tunisie en dénonçant une erreur, mais en commettant une plus grosse (cf. Les idées fausses de l'Islam politique).
L'erreur dénoncée avec raison est le commentaire occidental voyant dans les élections législatives en Tunisie une défaite des islamistes et la victoire des séculiers.
Faux séculiers et vrais islamistes
Car, d'abord, il n'y a pas de vrais séculiers en Tunisie; nombre parmi eux reproduisent les tabous supposés islamiques, comme leurs attitudes face aux lois scélérates homophobes et d'exclusion de l'égalité absolue des sexes devant l'héritage, ou encore la loi honteuse sur les stupéfiants, instrumentant la morale pour réprimer la jeunesse, son juste désir de vivre librement sa vie.
Ensuite, il n'y a pas eu de défaite islamiste puisque le parti Ennahdha reste incontournable sur l'échiquier politique; et c'est tant mieux pour contrecarrer les démons de l'autorité de l'État et de son prestige amenant les supposés séculiers à céder aux tentations de restauration de l'ancien ordre.
Ainsi, Mme Ghannouchi ne fait qu'user du vrai pour tisser encore et toujours du faux.
Le vrai est que l'islam est une composante essentielle de la société tunisienne et arabe; il ne peut être occulté, constituant son identité. S'agissant de notre tunisianité, elle prend toutefois source dans un islam spécifique, aux racines soufies. humaniste, ouvert à l'altérité et hédoniste, l'islam tunisien n'est point intégriste; et cela correspond à la mentalité tunisienne.
C'est dans la méconnaissance de cette dimension que se situe le faux dans le discours convenu de Mme Ghannouchi, fait de stéréotypes et de mensonges.
L'islam politique authentique
Ainsi, quand elle parle d'islam tolérant, accepte-t-elle qu'en Tunisie l'homophobie soit déclarée hors la loi étant contraire à l'esprit de l'islam ? Accepte-t-elle que la femme ait la même part successorale que l'homme ?
De ces questions essentielles prises en symboles, nos supposés islamistes modérés n'entendent point parler, se contentant de nous seriner que l'islam est tolérant et ouvert à l'altérité — ce qui est vrai — sans en tirer les conséquences qui s'imposent.
Or, depuis l'accession au pouvoir d'Ennahdha, que j'avais jugée positive pour le pays, je n'ai pas arrêté de l'appeler à faire sa propre révolution sur son dogmatisme intrinsèque. Il aura fallu trois ans de drames pour que le parti islamiste accepte de bouger un peu afin de s'essayer à la démocratie.
Encore ne le fait-il que sous la contrainte des événements, encouragé par la pusillanimité de ses partenaires supposés modernistes et qui ne sont pas moins des dogmatiques profanes.
L'islam ne peut être modéré; il est fondamentalement révolutionnaire. Il est d'abord et avant tout une révolution mentale. Or, la révolution commande aujourd'hui d'interpréter notre foi selon ses visées et non plus son texte. Ainsi, l'islam restera de son temps; non plus moderne, la modernité étant morte, mais postmoderne !
Pas de sous-démocratie en Tunisie !
Certes, parler comme le fait Mme Ghannouchi, cela convient à un Occident qui reste travaillé par un esprit judéo-chrétien islamophobe, ne voulant pour la Tunisie qu'une forme mineure de démocratie, une sous-démocratie symbolisée par cette honteuse encre électorale qui n'est qu'un stigmate, la marque de fer rouge qu'on appliquait aux criminels.
Si le parti Ennahdha est sincère dans sa volonté de se démocratiser, se transformer en une sorte de démocratie islamique à la manière des démocraties chrétiennes, il doit revenir à l'esprit révolutionnaire de l'islam, agir pour rompre avec l'ordre ancien, ses lois liberticides, en commençant par appeler à abolir celles qui sont les plus symboliques, faisant les plus grands dégâts dans l'inconscient, à savoir les lois d'exclusion et de rejet de l'altérité.
Pour être crédible, qu'il déclare, comme je l'ai démontré, que l'islam n'est ni homophobe ni contre l'apostasie ! Qu'il appelle à l'abolition de la peine de mort et au retrait du sacré du domaine public pour le réintroduire dans la sphère privée où le cantonne l'islam authentique !
C'est une inéluctabilité historique et s'il veut marquer son temps, Ennahdha doit forcer sa nature pour assumer son destin, arrêter de louvoyer au nom du contexte et des circonstances sociopolitiques ou des conditions régionales. Certes, cela est complexe, mais on le complexifie davantage à se retenir d'aller au bout de la logique de l'islam.
Elle suppose que l'islam politique peut et doit réussir en Tunisie, l'assise psychosociale y étant propice. Toutefois, cela ne se fera qu'avec une foi libertaire, soufie dans l'âme, démocratique et humaniste, fondamentalement ouverte à l'altérité et au relativisme.
C'est ce qu'on appelle polythéisme des valeurs qui est admis en islam comme pendant de l'unicité divine, magnifiée par le pluralisme en toutes choses, mettant en exergue son absoluité. Et l'unicité de Dieu tire force de cet atout incomparable qu'est celui de l'exclusivité du rapport entre le Seigneur et sa créature.
L'exemple paroxystique par excellence
Terminons avec une question qui serait révélatrice de l'hypocrisie qui règne encore dans les rangs de nos supposés islamistes modérés; je l'adresse à Madame Ghannouchi et à son père, et j'attends une réponse franche :
Ennahdha est-elle pour l'établissement de relations diplomatiques avec Israël en preuve évidente de sa rupture réelle avec sa logomachie ancienne et une évolution démocratique avérée ?
En effet, je milite, pour des relations paisibles avec tout le monde, y compris et surtout Israël, car c'est le premier pas à faire pour espérer un retour à la légalité internationale en Palestine dont la situation de non-droit nourrit les turpitudes des uns et des autres, alimentant les horreurs de notre temps.
Alors, outre l'abolition des lois d'exclusion et de discrimination — toutes les exclusions et toutes les discriminations sans exception —, Ennahdha appellera-t-il le futur gouvernement tunisien à normaliser ses rapports avec Israël ? Seule une réponse positive attestera de sa sincérité quand le parti parle de conversion à la démocratie !
Ce n'est qu'avec de tels exemples à l'éminente teneur symbolique que l'islam politique réussira en Tunisie et dans le monde. Pour cela, il faut du courage et de l'honnêteté; être juste de voie et de voix.
Publié sur Al Huffington Post
Le site a fermé, le lien fonctionnel était :
http://www.huffpostmaghreb.com/farhat-othman/les-vraies-idees-de-lisla_b_6184090.html