Ghannouchi doit se prononcer contre l'homophobie
Ghannouchi qui avait déjà déclaré aux médias internationaux ne pas être opposé à l'abolition de l'article 230 du Code pénal, base juridique de l'homophobie en Tunisie, doit sortir de son silence coupable, car il risque de devenir une complicité objective avec certains fous des médias, faisant du tort à l'islam et aux musulmans.
Une question d'honneur politique et religieux
En effet, Madame Amel Grami a fait l'objet d'agressions verbales et même physiques après ses déclarations médiatiques rappelant la vérité sur l'homosexualité en islam, venant confirmer de nombreux, essais, études et articles emportant preuve irréfutable que l'islam n'a jamais été homophobe comme le croient les marchands de la religion intégristes.
Ce dangereux dérapage a été relevé surtout après une attitude haineuse, qu'on pourrait assimiler à un appel au meurtre, venant d'un animateur de télévision, sur une chaîne étrangère.
Aussi, il y a nécessité impérieuse de se désolidariser de tels propos pour le média où travaille ce violateur de l'esprit tolérant de l'islam, ses paroles tombant sous le coup de la loi et de la morale islamique.
Mais, il y a nécessité encore plus impérieuse pour le chef du parti islamiste de condamner aussi une telle sortie haineux. En effet, son devoir même, pour le moins moral, est de calmer ses troupes les plus excitées ou ces faux musulmans qui se réclament de la religion dont son parti dit représenter les valeurs.
Sauf de risquer donc à perdre son honneur, M. Ghannouchi doit dire tout haut et bien fort que l'islam n'a jamais été homophobe, ce que tout le monde sait mais tait. Deux livres défendant cette thèse, preuves irréfutables à l'appui, sont même librement vendus en Tunisie et dans le monde arabe.
Mais, bien mieux, s'il veut vraiment le bien pour l'islam et pour ce pays, M. Ghannouchi devrait inviter ses députés à proposer à l'Assemblée des élus du peuple et en toute urgence le projet de loi d'abolition qui leur a été proposé par la société civile depuis mai dernier et dont nous rappelons la teneur ci-après.
C'est ainsi et ainsi seulement que M. Ghannouchi prouvera se foi démocratique, car l'homosexuel est aujourd'hui, en terre d'islam, la figure emblématique du différent absolu. Or, qu'est-ce que la démocratie sinon l'acceptation du différent pour un vivre-ensemble paisible ?
Une Tunisie enfin libérée de l'homophobie
Il est temps donc de déclarer l'année 2016, qui est l'an VI du Coup du peuple, année de la libération de la Tunisie de l'horreur l'homophobe ! Car cette tare est non seulement contraire aux dispositions civiles de la Constitution, mais aussi au référent islamique qu'elle viole éhontément.
Honorer aujourd'hui l'islam que défigurent ses ennemis de l'extérieur et surtout de l'intérieur à l'instar de Daech, du wahhabisme et du chiisme, c'est affirmer bien haut qu'il n'a jamais été homophobe.
Outre que cela a été démontré et bien démontré, il ne fait plus de doute aujourd'hui que la supposée interdiction de l'homosexualité en islam est d'origine biblique, le Coran ne comportant aucune prescription en la matière. D'ailleurs, ni Boukhari ni Mouslem, les deux seules recensions absolument véridiques en matière de tradition prophétique, ne comportent aucun dire en l'objet.
Bien mieux, nombre de sommités islamiques, comme Abou Hanifa, Ibn Hazm et même Chafaii dans l'une de ses deux opinions en l'objet, attestent qu'on ne peut rien soutenir de crédible pour prouver une prétendue homophobie de l'islam que la tradition judéo-chrétienne y a importée.
Doit-on rappeler le nombre considérable de traditions homoérotiques dans la culture arabe islamique qui a honoré les mœurs de tolérance qu'on trouvait en Grèce antique et dans toutes les sociétés préjudaïques, et qui n'étaient pas que des poètes avec le plus célèbre parmi eux était Abou Nouas ? Citons juste ici le juge des juges abbasside Yahya Ibn Akhtham.
Il faut dire qu'en islam, comme d'ailleurs en Tunisie aujourd'hui, il s'agit moins de sexe en cette affaire que d'amour et de sentiments; c'est surtout de la sensualité, et au pire de l'érotisme. Aussi vaut)il mieux désormais parler d'homosensualité et encore mieux érosensualité, pour être véridique, plus proche de la réalité sociologique.
Que M. Ghannouchi assume donc son devoir de pièce maîtresse du jeu politique actuel en Tunisie en permettant à notre pays de sortir de la tare homophobe qui n'est qu'une survivance de la morale du colonisateur, la France ayant eu un texte datant de Vichy, similaire à notre article 230, et qu'elle n'a abolie qu'en 1982 !
Il cessera alors de louvoyer et donnera une preuve indéniable, car douloureux pour les siens, de sa mutation démocratique. Sinon, il sera d'office responsable pour tout mal qui arriverait aux militants contre l'homophobie de la part d'irresponsables islamistes trompés par une désinformation criminelle sur laquelle on ne peut fermer honteusement des yeux forcément complices.
Alors, M. Ghannouchi, si vous êtes sincères, osez demander à vos députés de proposer à l'ARP le projet de loi consensuel suivant qui sortira la Tunisie du Moyen Âge politique où elle végète du fait de l'impéritie de sa classe politique !
PROJET DE LOI
Abolition de l'homophobie
Attendu que l’homophobie est contraire aux droits de l'Homme et au vivre-ensemble paisible, à la base de la démocratie,
Attendu que l’orientation sexuelle relève de la vie privée que respectent et l’État de droit tunisien et l’islam,
Attendu que l’article 230 du Code pénal viole la religion musulmane qui n’est pas homophobe étant respectueuse de la vie privée de ses fidèles qu’elle protège ;
L’ARP décide :
Article unique
La vie privée étant respectée et protégée en Tunisie, l’article 230 est aboli.
Publié sur Kapitalis