L'islam n'est pas homophobe, l'homosensualité y est légitime !
PARTIE 1
En ce moment historique où l'on bascule dans l'horreur daéchienne, il est utile de rappeler la vérité sur le statut de l'homosensualité (terme que je propose pour l'homosexualité) en islam.
En effet, contrairement aux législations homophobes des pays arabes et musulmans qui se prétendent inspirées par la religion islamique, l'islam ne prohibe nullemnt la pratique homosensuelle.
Bien mieux, selon certains jurisconsultes des plus honorables, il la prévoit au paradis pour les pieux à travers la présence des adolescnents et des éphèbes, comme on le précisera dans le corps de ctte étude synthétique qui a fait l'objet d'essais publiés en arabe et en français.[1]
En effet, contrairement aux législations homophobes des pays arabes et musulmans qui se prétendent inspirées par la religion islamique, l'islam ne prohibe nullemnt la pratique homosensuelle.
Bien mieux, selon certains jurisconsultes des plus honorables, il la prévoit au paradis pour les pieux à travers la présence des adolescnents et des éphèbes, comme on le précisera dans le corps de ctte étude synthétique qui a fait l'objet d'essais publiés en arabe et en français.[1]
Aussi, disons tout de suite que la législation nationale réprimant les rapports "homosexuels" doit être au plus vite abrogée et ce au nom même de la foi islamique, car on continue à brimer des innocnets au nom de l'islam qui est innocent de pareille injustice.
L’article 230 du code pénal qui déclare que la sodomie est passible de trois ans d’emprisonnement doit donc être abrogé étant contraire à la loi islamique dont il prétend s'inspirer.
L’article 230 du code pénal qui déclare que la sodomie est passible de trois ans d’emprisonnement doit donc être abrogé étant contraire à la loi islamique dont il prétend s'inspirer.
Il faut noter qu'au Maroc aussi une revendication similaire est effective. En effet, la société civile y est très active pour abtenir l'abolition de l'article 489 du code pénal marocain punissantt tout acte sexuel entre deux personnes de même sexe d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison. Là aussi, il s'agit d'une double injustice, punissant d'abord des innocents qui ne font que se conformer à leur nature, et se faisant au nom de l'islam qui en est bien innocent.
Tous les docteurs de la loi honnêtes le diront. Et nous le démontrerons ci-après, preuves à l'appui et d'une manière synthétiques en renvoynat aux études en la matière pour davantage de détails.
1/ L'homosensualité dans la tradition arabe et tunisienne
Quand on scrute nos traditions arabes et nos habitudes tunisiennes, on ne manque pas de relever cette éminente marque d'indulgente tolérance qui les caractérise et ce tant en matière de vie terrestre que de religion. Cela peut même aller jusqu'à amener à contredire ce qui peut paraître non susceptibles d'interprétation ou d'originalité dans les affaires légales.
L'Arabe, dans son attachement si grand à sa liberté de toucher à tout, n'a point honte du sexe, tout type de sexe; cela est aussi vrai pour la nudité. Ainsi, le pèlerinage se faisait volontiers nu, les hommes tout autant que les femmes; cela dura même pendant la première année suivant l'entrée du prophète à La Mecque.[2]
Il n'est nulle fausse pudeur en religion, l'islam ayant détaillé certaines questions que les religions n'évoquent pas habituellement; et ce du fait que l'islam est une foi et une politique pour la vie terrestre. Or, le sexe fait partie de la vie avec ses déclinaisons variées. Refuser cela aujourd'hui, reviendrait à faire de notre religion un simple culte, parfaitement comparable au judaïsme et au christianisme.[3]
L'homosexualité (ou homosensualité, terme neutre que je propose donc) était connue chez les Grecs; c'est ce qu'on qualifia d'amour grec. Or, il y avait assez d'affinités entre les traditions arabes et grecques; ce qui permit aux Arabes musulmans d'éprouver la plus grande admiration pour ce qui leur a paru comparable à leur façon de penser et leur philosophie de la vie. Ce fut notamment le cas sous le calife M'amoun lors de la période des traductions à grande échelle, et qui permit aux Arabes la découverte de la pensée grecque.
L'homosexualité était répandue chez les Arabes et n'avait pas la même image que la nôtre aujourd'hui, c'est-à-dire telle que définie par la morale judéo-chrétienne. Celle-ci catégorisait l'être humain selon son penchant sexuel et répartissait les hommes d'après leur sexualité; or, le plaisir sexuel chez l'Arabe n'avait pas de limites, y compris pour cause du type de sexe.
Pour contrer le puritanisme judéo-chrétien inconnu au départ des moeurs arabes, on assista à pas mal de tentatives audacieuses de la part des hommes de lettres et du savoir,[4] poètes, mais non seulement;[5] puisqu'on comptait un certain nombre de hauts dignitaires religieux[6] dont certains osaient même déclamer ouvertement leur amour homosensuel.[7] Toutefois, la mentalité étrangère aux traditions arabes finit par s'infiltrer dans les sociétés musulmanes et l'emporter sur l'indulgence de principe en la matière de l'islam. C'est probablement ce qui ouvrit la porte à une pratique devenue parmi les principales règles admises dans les sociétés arabes musulmanes, une règle qui a toujours cours à ce jour, consistant dans la dissimulation. Il est de règle, en effet, de conseiller de tout faire et en toute liberté, mais en catimini.
Cela n'était pas limité à une époque précise, car en l'absence de texte coranique exprès, il n'y avait pas de questions ou d'affaire relatives à l'homosexualité, d'autant que la chose était vécue dans la discrétion à l'exception de certaines périodes de luxe et de luxure de notre histoire arabe, comme du temps de notre éminent jurisconsulte Ibn Hazm l'Andalou[8] ou plus particulièrement du temps abbasside[9] qui représente l'apogée de la civilisation islamique. En pareils temps, la situation était identique à ce que l'on voit aujourd'hui en Occident, l'homosexualité faisant même l'objet d'éloges et la relation avec un éphèbe était considérée comme une part importante et essentielle de la complétude d'une jouissance.[10]
Il ne reste pas moins que la dissimulation est demeurée parmi les plus importantes règles morales en islam qui nécessite fondamentalement l'intention sincère et la pureté de la conscience avant toute autre manifestation afin de ne pas risquer de verser dans la pure hypocrisie.
Ainsi avons-nous vu le calife Omar, malgré tout ce qui le caractérisait d'intransigeance en matière des moeurs, ne pas appliquer la peine prévue pour la consommation d'alcool quand les coupables excipèrent pour se défendre d'un argument qui le convainquit. Ils soutinrent, en effet, qu'il ne s'agissait que de délation, leurs accusateurs ayant sciemment violé leur intimité pour faire le constat de la consommation d'alcool.[11] Omar leur donna raison jugeant l'acte des accusateurs un péché encore plus grave que celui de la consommation d'alcool.
En Tunisie, la situation était identique en matière de libertés individuelles dans tous les domaines. S'agissant des rapports intimes entre des partenaires d'un même sexe, est-il nécessaire de rappeler les témoignages nombreux sur leur existence de la part de chercheurs étrangers au pays, occidentaux notamment. Ces derniers s'étonnaient fortement, d'ailleurs, de pareilles moeurs, ne manquant pas de s'en montrer dégoûtés, tout comme nous l'enregistrons aujourd'hui chez nos intégristes dans le jugement qu'ils émettent sur la situation en Occident. Il faut dire que celle-ci, à l'époque, n'était pas aussi marquée par l'esprit libre et libertaire qu'elle l'est devenue.
Le Tunisien n'a pas besoin de revenir aux témoignages étrangers pour le renseigner sur l'existence de telles moeurs puisqu'il sait pertinemment que le principe, en son pays et dans sa société, reste la libre action en matière de ses affaires personnelles tant que cela ne dépasse pas le cadre strict du camouflage et de la dissimulation. Précisons, à ce propos, que cela ne l'est pas nécessairement par souci d'appréhension et de crainte, relevant bien plutôt d'un type de discrétion érigé en comportement volontiers retenu par tact et sagacité.
L'homosexualité féminine est, par ailleurs, fort connue; l'ouvrage du juge tunisien Chihab EdDine Ahmed Tifachi نزهة الألباب فيما لا يوجد في كتاب a sans doute épuisé la question, consacrant une grande partie au saphisme. Outre l'exhaustivité du livre, signalons qu'il n'hésite pas à évoquer les vertus de pareille pratique chez ses adeptes.[12]
Pareilles moeurs sont loin d'être spécifiques au pays tunisien comme on peut s'en rendre compte en lisant le voyageur andalou Léon l'Africain, de son véritable nom Hassan Ibn Mohamed Al Wazzan de Fes et de Grenade. Dans sa description de l'Afrique et ses spécificités majeures, il ne manque pas de discourir sur les traditions sexuelles connues à Fes, dont l'homosexualité masculine et féminine.
Concernant l'Algérie, il est possible de signaler cet autre type de sexualité qui démontre à quel point le lien était étroit dans la mentalité des Occidentaux de cette époque révolue entre la débauche, la licence et une sexualité libérée au point d'être frivole, d 'une part, et leur vision de l'Arabe, du Turc ou de l'Iranien musulman, d'autre part. Nous en trouvons nombre d'illustrations en prenant connaissance de certains documents consignant des traditions sociales de ces pays, dont l'Algérie au dix-septième siècle, du temps des corsaires. Parmi eux figurent des mémoires de captifs européens et de récits nombreux de voyageurs.[13]
Pour revenir à notre terre de Tunisie, nous noterons que la vision libérée en matière de sexe n'y est pas nouvelle, ce pays étant connu depuis la nuit des temps par la liberté et le raffinement de ses habitants dans les choses de la vie. Il n'est ainsi pas difficile à l'amateur d'histoire ancienne de citer en l'objet ce qui se disait sur l'esprit libertaire dans le domaine des valeurs des enfants du pays et l'émancipation de leurs moeurs depuis toujours, et ce du temps de Carthage.
2/ Origine de la condamnation morale de l'homosexualité
Le problème aujourd'hui vient d'une confusion dans la concordance à trouver entre une vision religieuse fausse de la sexualité, plus spécifiquement d'un type de cette sexualité, et des composantes de la personnalité, notamment la masculinité dans une société devenue fort machiste.
Actuellement, cette confusion réside dans la nécessité de revoir nos conceptions premières du sens de la virilité, de ses formes, et de celui de la féminité, ses spécificités, et ce en dehors de la fonction sexuelle des deux et sans avoir à inclure abusivement la religion dans des affaires qu'elle a été la première à libérer des liens des habitudes désuètes.
Si nous arrivons à reconnaître notre prochain tel qu'il est, dans son humanité ainsi qu'elle se décline en lui, l'acceptant dans la manifestation majeure de sa nature humaine, et y croyant effectivement, nous réussirons fatalement à dépasser ce que l'homosensualité ou homosexualité suscite en nous d'appréhensions. Nous serons alors en mesure de réaliser un saut qualitatif en matière de respect d'autrui, quels que soient ses penchants intimes, dans le total respect de son être, sa pensée, ses actions et son comportement.
Assurément — et c'est le plus surprenant en l'objet —, un tel saut est tout à fait possible et ce juste par un retour à notre religion, non seulement en revenant à son esprit, mais même en nous basant sur sa lettre, à cause de l'absence de prohibition expresse de l'homosexualité en islam.
En effet, personne n'ignore que l'homosexualité est expressément prohibée par la Bile dans ses deux Testaments. D'ailleurs, en Occident judéo-chrétien, la morale s'est longtemps basée sur pareille interdiction en considérant l'homosexualité comme le plus vil vice, l'abomination la plus détestable. Elle y était ainsi qu'elle est vue aujourd'hui par ceux de nos salafis qui s'enorgueillissent d'être les tenants de la tradition des anciens, alors qu'ils ne font en la matière que reproduire des traditions et des coutumes étrangères à l'islam.
Lisons ce qui est prévu comme prescriptions expresses en l'objet dans les religions juive et chrétienne. Et d'abord dans l'Ancien Testament :
— Lévitique 18 : 22-28 :
"Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination.* Tu ne coucheras point avec une bête, pour te souiller avec elle. La femme ne s'approchera point d'une bête, pour se prostituer à elle. C'est une confusion.* Ne vous souillez par aucune de ces choses, car c'est par toutes ces choses que se sont souillées les nations que je vais chasser devant vous. * Le pays en a été souillé; je punirai son iniquité, et le pays vomira ses habitants * Vous observerez donc mes lois et mes ordonnances, et vous ne commettrez aucune de ces abominations, ni l'indigène, ni l'étranger qui séjourne au milieu de vous. * Car ce sont là toutes les abominations qu'ont commises les hommes du pays, qui y ont été avant vous; et le pays en a été souillé.* Prenez garde que le pays ne vous vomisse, si vous le souillez, comme il aura vomi les nations qui y étaient avant vous."
— Lévitique 20 : 13 :
"Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux."
Ensuite dans le Nouveau Testament :
— 1 Corinthiens 6 : 9-10 :
"Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront point le Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, * ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n'hériteront le Royaume de Dieu?"
— Romains 1 : 25-32 :
"eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et qui ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen !* C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes : car leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature;* et de même, les hommes, abandonnant l'usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement.* Comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé, pour commettre des choses indignes. * étant remplis de toute espèce d'injustice, de méchanceté, de cupidité, de malice; pleins d'envie, de meurtre, de querelle, de ruse, de malignité;* rapporteurs, médisants, impies, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, dépourvus d'intelligence,* de loyauté, d'affection naturelle, de miséricorde.* Et, bien qu'ils connaissent le jugement de Dieu, déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais ils approuvent ceux qui les font."
— 1 Thimothée 1 : 8-10 :
"Nous n'ignorons pas que la Loi est bonne, pourvu qu'on en fasse un usage légitime,* sachant bien que la Loi n'est pas faite pour le juste, mais pour les méchants et les rebelles, les impies et les pécheurs, les irréligieux et les profanes, les parricides, les meurtriers,* les impudiques, les infâmes, les voleurs d'hommes, les menteurs, les parjures, et tout ce qui est contraire à la saine doctrine".
3/ L'homosexualité dans le Coran
Contrairement à la Bible, les versets du Coran ne comportent pas de prescription expresse en matière d'homosexualité, car ils relèvent de l'ordre du récit; or, la différence est bien établie entre ce qui est descriptif et ce qui est normatif.
Bien évidemment, nous ne mettons pas en doute que les récits coraniques emportent sermon en vue de donner une leçon, d'avertir ou d'inciter à l'exemple; toutefois, nous pensons indubitable que le champ du prêche diffère selon les sociétés et leur éternelle évolution. En illustration, nous prendrons l'exemple de l'esclavage en général et plus particulièrement des êtres humains asservis par la possession en tant que propriété privée, en toute légalité ملك اليمين. Il est certain que le Coran est riche en exhortations en la matière, qui sont valables pour un temps où l'asservissement était indépassable. Or, voilà le temps qui évolue ! Doit-on donc délaisser ce qui concerne le sujet en leçons et exemples qui ont été bien utiles en un temps désormais révolu, ou continuerait-on de s'en prévaloir du seul fait de leur présence dans le Coran? Il en va de même pour ce que rapporte le Coran comme récit relatif aux gens de Loth.
Si l'homosexualité était bien la plus élevée des turpitudes ainsi que l'ont perçue les jurisconsultes musulmans, ne pourrait-on se demander légitimement s'il était raisonnable que Dieu ne lui ait pas réservé une sentence particulière et expresse ainsi qu'il l'a fait pour des questions de moindre gravité ? Comment la compter parmi les péchés capitaux sans qu'il y ait eu une résolution explicite la concernant ?[14]
De fait, la raison de l'absence de prescription en matière d'homosexualité tient à la sagesse de l'islam et à la scientificité de ses prescriptions tout autant qu'à leur validité pour tout temps et tout lieu. Le Coran ne donne pas de verdict en l'objet, laissant la porte ouverte aux évolutions scientifiques qui allaient advenir après la période de la révélation et de la prophétie. Et elles sont venues effectivement attester que l'homosexualité est une disposition innée chez certaines personnes, étant constitutive de leur nature propre ainsi que voulue par Dieu pour eux; qui pourrait donc contester la volonté de Dieu telle qu'elle s'est manifestée dans ses créatures ou chez quelques-unes d'elles?
Afin de confirmer la véracité de ce que nous avançons, reproduisons les références coraniques en la matière :[15]
— Al 'Araf (7) 80-84 :
Souvenez-vous de Loth ! Il dit à son peuple : « Vous livrez-vous à cette abomination que nul, parmi les mondes, n'a commise avant vous ?* Vous vous approchez des hommes de préférence aux femmes pour assouvir vos passions. Vous êtes un peuple pervers. »* La seule réponse de son peuple fut de dire : « Chassez-les de votre cité; ce sont des gens qui affectent la pureté ».* Nous l'avons sauvé, lui est sa famille, à l'exception de sa femme : elle se trouvait parmi ceux qui étaient restés en arrière.* Nous avons fait pleuvoir sur eux une pluie... Vois quelle a été la fin des criminels !
— Houd (11) 77-83 :
Lorsque nos envoyés arrivèrent auprès de Loth, celui-ci s'en affligea; car son bras était trop faible pour le protéger. Il dit : « Voici un jour redoutable ! »* Son peuple vint à lui; ces gens se précipitèrent vers lui, — ils avaient auparavant commis de mauvaises actions — et il leur dit : « Ô mon peuple ! Voici mes filles ! Elles sont plus pures pour vous ! Craignez Dieu et ne m'outragez pas dans mes hôtes. N'y aurait-il pas parmi vous un seul homme juste ? »* Ils dirent : « Tu sais parfaitement que nous n'avons aucun droit sur tes filles, et tu sais ce que nous voulons ».* Il dit : « Si seulement je pouvais m'opposer à vous par la force ou bien, si je trouvais un appui solide !... »* Nos envoyés dirent : « Ô Loth ! Nous sommes les messagers de ton Seigneur; ces gens ne parviendront pas jusqu'à toi. Pars avec ta famille, à la fin de la nuit. Que nul d'entre vous ne regarde en arrière. — Ta femme, cependant, se retournera et sera atteinte par ce qui frappera les autres — Cela se produira certainement à l'aube; l'aube n'est-elle pas proche ? »* Lorsque vint notre Ordre, nous avons renversé la cité de fond en comble. Nous avons fait pleuvoir sur elle, en masse, des pierres d'argile* marquées d'une empreinte par ton Seigneur. — Une chose pareille n'est pas loin des injustes —
— Al Hijr (15) 57-77 :
Il dit encore : « Ô vous, les envoyés ! Quelle est donc votre mission ? »* Ils dirent : « Nous sommes envoyés à un peuple criminel,* mais non pas à la famille de Loth que nous allons sauver entièrement* à l'exception de sa femme ». — Nous avions décrété qu'elle serait au nombre de ceux qui resteraient en arrière —* Quand les envoyés vinrent auprès de la famille de Loth,* celui-ci dit : « Vous êtes des inconnus ! »* Ils dirent : « Non... Nous sommes venus chez toi en apportant ce dont ils doutent;* nous sommes venus à toi avec la Vérité; nous sommes véridiques !* Pars de nuit avec ta famille; suis-la et que nul d'entre vous ne se retourne. Allez là où on vous l'ordonne ».* Nous en avons décrété ainsi, pour le sauver, parce que, le matin suivant, ces gens-là devaient être anéantis, jusqu'au dernier.* Les gens de la ville vinrent, en quête de nouvelles.* Loth leur dit : « ceux-ci sont mes hôtes; ne me déshonorez pas.* Craignez Dieu et ne me couvrez pas de honte ! »* Ils dirent : « Ne t'avons-nous pas interdit de t'occuper des mondes ? »* Il dit : « Voici mes filles ! Si vous les voulez ! »* Oui, par ta vie ! Ces hommes s'aveuglaient dans leur ivresse.* Le Cri les saisit à l'aube* Nous avons renversé cette cité de fond en comble et nous avons fait pleuvoir des pierres d'argile sur ses habitants.* — Voilà vraiment des Signes pour ceux qui les observent —* Elle se trouvait sur un chemin connu de tous.* — Il y a vraiment là un signe pour les croyants ! —
— Les Prophètes (21) 74 :
Nous avons donné à Loth la Sagesse et la Science. Nous l'avons sauvé de la cité qui se livrait aux turpitudes. Ces gens-là étaient mauvais et pervers.
— La Loi ou Al Fourqan (25) 40 :
Ils sont allés vers la cité sur laquelle est tombée une pluie fatale. Ne la voient-ils pas ? Mais ils n'espèrent pas une résurrection.
— Les Poètes (26) 160-175 :
Le peuple de Loth traita les prophètes de menteurs,* lorsque leur frère Loth disait : « Ne craindrez-vous pas Dieu ?* Je suis pour vous un Prophète digne de foi.* Craignez Dieu et obéissez-moi.* Je ne vous demande pas de salaire, mon salaire n'incombe qu'au Seigneur des mondes.* Vous approcherez-vous des mâles de l'univers* et délaisserez-vous vos épouses, créées pour vous par votre Seigneur ? — Vous êtes un peuple transgresseur » —* Ils dirent : « Si tu ne cesses pas, ô Loth ! Tu seras au nombre des expulsés ».* Il dit : « Je déteste votre façon d'agir.* Mon Seigneur ! Préserve-moi, ainsi que ma famille, contre leurs agissements ».* Nous l'avons sauvé, lui et toute sa famille,* à l'exception d'une vieille restée en arrière;* puis nous avons anéanti tous les autres :* nous avons fait pleuvoir sur eux une pluie : quelle pluie fatale pour ceux qui avaient été avertis !* Il y a vraiment là un Signe, mais la plupart des hommes ne sont pas croyants.* Ton Seigneur est, en vérité, le Tout-Puissant, le Miséricordieux.
— Les Fourmis (27) 54-58 :
Souvenez-vous de Loth. Il dit à son peuple : « Vous livrez-vous à la turpitude, alors que vous voyez clair ?* Vous vous approchez par concupiscence des hommes plutôt que des femmes : vous êtes des ignorants ».* Leur seule réponse fut de dire : « Chassez de votre cité la famille de Loth : voilà des gens qui affectent la pureté ».* Nous l'avons sauvé, lui et sa famille, à l'exception de sa femme. Nous avions décrété que celle-ci serait au nombre de ceux qui resteraient en arrière.* Nous avons fait pleuvoir sur eux une pluie : une pluie fatale à ceux qui avaient été avertis.
— L'Araignée (29) 28-35 :
Nous avons envoyé Loth; il dit à son peuple : « Vous commettez une turpitude que personne, dans l'univers, n'a commise avant vous :* vous vous approchez des hommes, vous coupez les chemins, vous vous livrez, dans vos assemblées, à des actions abominables ». La seule réponse de son peuple fut de dire : « Fais venir sur nous le châtiment de Dieu, si tu es véridique ! »* Il dit : « Mon Seigneur ! Délivre-moi de ce peuple qui sème la corruption ! »* Quand nos envoyés apportèrent la nouvelle à Abraham en disant : « Oui, nous allons anéantir les habitants de cette cité, parce qu'ils sont injustes »,* il dit : « Mais Loth y habite ! » Ils dirent alors : « Nous savons qu'il s'y trouve; nous le sauverons, lui et sa famille, à l'exception de sa femme qui sera parmi ceux qui resteront en arrière ».* Quand nos envoyés arrivèrent chez Loth, celui-ci fut affligé à cause des membres de sa famille que son bras était incapable de protéger. Nos envoyés dirent : « N'aie pas peur, ne t'afflige pas, nous allons te sauver, toi et les tiens, à l'exception de ta femme qui sera parmi ceux qui resteront en arrière.* Nous allons faire tomber du ciel un cataclysme sur les habitants de cette cité parce qu'ils sont pervers ».* Oui, nous avons fait de cette cité un Signe pour un peuple qui comprend.
— Ceux qui sont placés en rangs ou Assafat (37) 133-138 :
Loth était au nombre des envoyés.* Nous l'avons sauvé lui et toute sa famille,* à l'exception d'une vieille restée en arrière.* Nous avons, ensuite, anéanti les autres.* Vous passez sur leurs cendres, le matin* et la nuit. Ne comprenez-vous pas?
— La Lune (54) 33-39 :
Le peuple de Loth a traité les avertissements de mensonges.* Nous avons déchaîné contre eux un ouragan. Nous avons épargné la famille de Loth : nous l'avons sauvée à l'aube :* ce fut une faveur de notre part : voici comment nous récompensons ceux qui sont reconnaissants. * Loth les avait prévenus de notre violence, mais ils avaient discuté ses avertissements.* Ils auraient voulu abuser de ses hôtes, mais nous avons frappé leurs yeux de cécité — Coûtez donc mon châtiment et mes avertissements ! —* et dès l'aube, un tourment était prêt à fondre sur eux.* — Coûtez donc mon châtiment et mes avertissements ! —
Telles sont les références de ceux qui soutiennent que l'homosexualité est interdite. D'aucuns pourraient aussi y ajouter d'autres versets sans rapport avec Loth et son peuple, mais traitant de la chasteté, d'une façon générale, et de l'abstinence sexuelle en dehors des liens légaux, en particulier. Ainsi citent-ils les versets suivants :
— Les Croyants (23) 5-7 :
qui se contentent de leurs rapports* avec leurs épouses et leurs captives — on ne peut donc les blâmer;* tandis que ceux qui convoitent d'autres femmes que celles-là sont transgresseurs —[16]
— Les degrés ou Al Maarij (70) 29-31 :
À l'exception des hommes chastes* qui n'ont de rapports qu'avec leurs épouses et avec leurs captives de guerre; — ils ne sont donc pas blâmables,* tandis que ceux qui en convoitent d'autres sont transgresseurs —[17]
Certains exégètes soutiennent que Dieu entend tout type de rapport sexuel hors du cadre de mariage et des rapports autorisés à ses créatures par l'expression suivante "tandis que ceux qui en convoitent d'autres". Ce faisant, ils ne réalisent pas qu'ils affaiblissent ainsi sans s'en rendre compte la force même de leur argumentation. Objectivement, il est tout à fait possible d'y trouver une autorisation implicite de l'homosexualité masculine ou féminine, et ce dans le cadre des rapports autorisés avec ceux qui nous appartiennent en tant qu'esclaves.[18] Ainsi est-il légitime de se demander si pareils rapports font partie de ce que Dieu a interdit.[19]
Le seul verset qui comporterait, selon certains, une allusion expresse à l'homosexualité, est le suivant :
— Les Femmes (4) 16 :
Si deux d'entre vous commettent une action infâme, sévissez contre eux, à moins qu'ils ne se repentent et ne se corrigent. — Dieu revient sans cesse vers le pécheur repentant; il est miséricordieux; —
Il n'est pas sans intérêt de signaler ici le désaccord régnant chez les exégètes.[20] Mais limitons-nous au plus éminent glossateur du Coran, au plus grand renom, Tabari. Son interprétation du verset est bien arrêtée et sans la moindre ambiguïté. L'illustre savant dit ainsi :
"Abou Jaafar dit : La plus juste des interprétations dans l'explication de l'expression divine « Si deux d'entre vous commettent une action infâme » se trouve dans le propos de qui dit qu'il s'agit ici des vierges non mariés s'ils commettent l'adultère, l'un étant un homme et l'autre une femme. En effet, si Dieu avait voulu spécifier la peine pour les adultères parmi les hommes, ainsi que cela était voulu dans son propos suivant « celles de vos femmes qui ont commis une action infâme » au sujet de la peine visant les adultères femmes, il aurait dit : Ceux d'entre vous qui commettent une action infâme, sévissez contre eux, ou encore : celui d'entre vous qui la commet, ainsi qu'il est dit dans le verset précédent « celles... qui ont commis une action infâme », usant à leur égard du pluriel et non du duel, ne disant pas : les deux de vos femmes qui ont commis une action infâme. C'est qu'ainsi font les Arabes dans le cadre de leurs expressions emportant la promesse ou la menace de quelque chose à faire ou à attendre : ils usent soit du pluriel soit du singulier, mais jamais du duel; ils disent donc : Ceux qui font ceci ont cela et celui qui fait cela a cela; mais jamais : les deux qui font ceci ont cela, sauf dans le cas où l'action est le fait de deux personnes différentes, comme l'adultère qui ne se constitue que par l'action d'un mâle et d'une femelle. Sur cette base, il a été dit que l'usage du duel implique l'agent ou sujet et le complément qui en dépend, précisant le sens et/ou l'action; car il n'a jamais été vu ni connu dans la langue arabe l'usage du duel avec le sens d'une action pouvant être individuellement et séparément réalisée ou dans laquelle les deux protagonistes ne sont pas impliqués tous deux. Cela permet de démontrer l'erreur de l'interprétation de l'expression « Si deux d'entre vous commettent une action infâme » comme désignant deux hommes et la justesse de celle disant qu'il s'agit d'un homme et d'une femme. Aussi, sur cette base, il est évident qu'il ne s'agit pas ici de celles qui ont été évoquées par l'expression « celles... qui ont commis une action infâme », car il s'agit de deux personnes dans un cas et d'une pluralité dans l'autre. Il en ressort que si l'enfermement était la peine prévue par les femmes mariées jusqu'à leur mort avant qu'il ne leur fût trouvé un moyen de salut, étant donné que la sévérité du châtiment est plus grande que le mauvais traitement infligé et qui n'est que de l'admonestation et des remontrances ou de l'insulte et de l'invective, ainsi que le salut qui leur fut offert en termes de lapidation est plus sévère que le salut offert aux vierges qui est la centaine de flagellations et l'exil d'une année."[21]
"Abou Jaafar dit : La plus juste des interprétations dans l'explication de l'expression divine « Si deux d'entre vous commettent une action infâme » se trouve dans le propos de qui dit qu'il s'agit ici des vierges non mariés s'ils commettent l'adultère, l'un étant un homme et l'autre une femme. En effet, si Dieu avait voulu spécifier la peine pour les adultères parmi les hommes, ainsi que cela était voulu dans son propos suivant « celles de vos femmes qui ont commis une action infâme » au sujet de la peine visant les adultères femmes, il aurait dit : Ceux d'entre vous qui commettent une action infâme, sévissez contre eux, ou encore : celui d'entre vous qui la commet, ainsi qu'il est dit dans le verset précédent « celles... qui ont commis une action infâme », usant à leur égard du pluriel et non du duel, ne disant pas : les deux de vos femmes qui ont commis une action infâme. C'est qu'ainsi font les Arabes dans le cadre de leurs expressions emportant la promesse ou la menace de quelque chose à faire ou à attendre : ils usent soit du pluriel soit du singulier, mais jamais du duel; ils disent donc : Ceux qui font ceci ont cela et celui qui fait cela a cela; mais jamais : les deux qui font ceci ont cela, sauf dans le cas où l'action est le fait de deux personnes différentes, comme l'adultère qui ne se constitue que par l'action d'un mâle et d'une femelle. Sur cette base, il a été dit que l'usage du duel implique l'agent ou sujet et le complément qui en dépend, précisant le sens et/ou l'action; car il n'a jamais été vu ni connu dans la langue arabe l'usage du duel avec le sens d'une action pouvant être individuellement et séparément réalisée ou dans laquelle les deux protagonistes ne sont pas impliqués tous deux. Cela permet de démontrer l'erreur de l'interprétation de l'expression « Si deux d'entre vous commettent une action infâme » comme désignant deux hommes et la justesse de celle disant qu'il s'agit d'un homme et d'une femme. Aussi, sur cette base, il est évident qu'il ne s'agit pas ici de celles qui ont été évoquées par l'expression « celles... qui ont commis une action infâme », car il s'agit de deux personnes dans un cas et d'une pluralité dans l'autre. Il en ressort que si l'enfermement était la peine prévue par les femmes mariées jusqu'à leur mort avant qu'il ne leur fût trouvé un moyen de salut, étant donné que la sévérité du châtiment est plus grande que le mauvais traitement infligé et qui n'est que de l'admonestation et des remontrances ou de l'insulte et de l'invective, ainsi que le salut qui leur fut offert en termes de lapidation est plus sévère que le salut offert aux vierges qui est la centaine de flagellations et l'exil d'une année."[21]
Si maintenant nous admettions, à titre de supposition, la validité de la thèse d'attribution de ce verset à l'homosexualité, il serait assurément une preuve évidente de tolérance de l'islam en la matière puisqu'il ne prévoit, pour tout châtiment, que des sévices légers et qui sont bien moins sévères que ce que les légistes ont habituellement prévu comme peine sanctionnant l'homosexualité. De plus, pareil mauvais traitement n'est autorisé qu'en l'absence de repentir ![22]
Pour finir, il est inévitable de signaler que certains jurisconsultes ont interprété certains versets selon leurs propres croyances ou à travers la vision d'ensemble de la question dominant dans la société. Ils y ont vu une allusion tacite à l'homosexualité, faisant ainsi cadrer la compréhension verset avec leurs propres convictions. Contentons-nous ici d'un seul exemple en citant le verset suivant :
— La Lumière (24) : 19
Ceux qui aiment que la turpitude se répande parmi les croyants subiront un châtiment douloureux en ce monde et dans la vie future. — Dieu sait et vous ne savez pas —[23]
il est évident que la turpitude évoquée ici a été assimilée à ce qui était connu et convenu par la société comme relevant des obscénités. Or, comme l'homosexualité était en ce temps rangée parmi les vilenies partout dans le monde, qu'il fût islamique, juif ou chrétien, il n'était pas surprenant d'avoir pareille liaison la faisant relever des turpitudes. Et c'est tout à fait logique du moment qu'on accepte le nécessaire progrès des mentalités avec l'évolution de la société.
Ce qui est surprenant, toutefois, c'est que les docteurs de la loi ne nient nullement l'étroitesse de leur science par rapport à l'immensité de la sagesse divine, puisque le vrai savant est celui qui prend conscience de son ignorance tant et autant qu'il apprend véritablement. Or, malgré cela, ils n'hésitent pas à émettre à l'aveuglette des jugements voulus péremptoires et définitifs en une matière fort sensible où ils sont amenés immanquablement à mettre en péril la vie d'innocentes personnes ou à la compromettre pour le moins, alors qu'elles n'ont eu que le tort de ne pas suivre le mode de vie de la majorité et sa façon de voir les choses. Ce faisant, ils manquent de réaliser que la turpitude vraie au vu du Dieu clément et miséricordieux est, d'abord et avant tout, la moindre manifestation d'aversion et la culture de la haine dans les coeurs.
La turpitude qu'on répand et que vise le verset cité ci-dessus n'est que le fait de semer de tels sentiments entre les gens. Quelle est donc la faute d'une jeune fille ou d'un jeune homme nés avec le penchant vers leur semblable en sexe selon la volonté de leur créateur et sans l'avoir choisi ? Ne pratiquent-ils pas leur sxualité du fait de ce conditionnement initial et naturel plutôt que sur un choix qu'ils n'ont point ? S'ils l'avaient vraiment, choisiraient-ils les problèmes et les risques de se distinguer du commun des mortels ? Et à supposer qu'ils fussent porteurs de cette tare comme d'une maladie, ainsi que le pensent d'aucuns, peut-on sanctionner le malade pour ce dont il n'est point responsable ?
Notre appréhension telle qu'elle est de pareil sujet est indubitablement une terrible façon de nous fourvoyer dans notre religion qui fut révolutionnaire dans le traitement de ce phénomène social. C'est ce qui fit des sociétés islamiques en leur âge d'or un modèle des libertés et de respect de la personne humaine ainsi que l'Occident l'incarne de nos jours. Or, il n'est nullement impossible de faire renaître pareille époque dorée pour peu que l'on sache bien lire notre religion.
4 / L'homosexualité dans la Tradition du Prophète
Assurément, nous n'inventons rien en disant que les dires du prophète ont connu par mal de confusion et d'embrouillement au point d'amener les musulmans à entourer leurs sources d'un maximum d'enquêtes et d'informations pour en assurer l'authenticité tant dans le contenu que dans la chaîne des transmetteurs. Ce fut une véritable oeuvre de titan qui a permis de distinguer la tradition en dits sûrs, bons ou faibles; chacun ayant ses spécifications, les deux premiers types étant à haut degré d'exactitude, absolue dans le dit sûr et d'un degré moindre dans le dit bon, sans que l'authenticité des deux ne soit en cause.[24]
Outre cette classification en types de la Tradition ou Sunna, les premiers musulmans qui la réunirent en recueils veillèrent également à en distinguer six considérés comme les plus authentiques. Puis, parmi ces derniers, ils discernèrent deux qu'ils estimèrent comme étant les plus authentiques de tous; ce sont les recueils authentiques de Boukhari et de Mouslem. Bien mieux, poussant au plus loin l'esprit scientifique d'enquête et l'honnêteté intellectuelle, ils caractérisèrent les hadiths qu'on retrouve dans ces deux Sahihs (Authentiques) en les qualifiant comme faisant l'objet d'accord chez les deux grands compilateurs. À n'en pas douter, cela magnifie à quel point avait atteint l'attachement de nos ancêtres à la véracité de la Tradition comme référence absolue en recherchant sa présence dans leurs deux plus authentiques recueils.
Par conséquent, les musulmans ont considéré comme pratiquement du Coran révélé la tradition authentique qui figure parmi celles retenues par les deux grands compilateurs Boukhari et Mouslem, et se retrouvant simultanément dans les deux recueils; nul doute ne peut donc l'entacher. Par contre, la tradition qui ne fait pas partie des dits recueils ne saurait prétendre au même statut, même si elle peut se retrouver dans l'un des autres recueils ou même dans tous les quatre; sa valeur demeure irrémédiablement moindre.
Quelle est donc la valeur des dires rapportés de notre noble prophète en matière d'homosexualité? À n'en point douter, elle est bien éloignée du type catégorique des dires dont on a parlé, car toutes les traditions citées et se rapportant à notre sujet ne sont présentes ni dans Boukhari ni dans chez Mouslem.
Certes, on en trouve certaines chez l'un des six autres, mais sa véracité reste sujette à caution même si l'on en dit qu'elle est conforme dans sa recension aux conditions exigées par Mouslem et Boukhari. Elle reste, malgré son intérêt, un degré plus bas en valeur que les traditions ayant fait le consensus de nos deux grands compilateurs.
Alors, se pose inévitablement la question suivante : comment se fait-il que ce qu'on a considéré comme la plus grave des turpitudes ne fasse pas l'objet d'au moins une seule des traditions présentes chez les deux plus grands compilateurs ou, pour le moins, dans l'un des deux recueils les plus authentiques? Ne serait-ce pas la preuve de l'incohérence de l'argumentation de ceux qui prétendent l'existence d'une tradition prophétique en la matière ?
De plus, nous savons que la Sunna est en principe venue pour confirmer le Coran et l'expliciter et non pour le contredire; aussi est-il surprenant de ne pas trouver de tradition se rapportant à un sujet que le Coran n'a traité ni d'une manière explicite ni implicite ainsi que nous l'avons vu ? Preillement, est pas étrange de lire chez Ibn Qaym Al Jawziya ce qui suit dans زاد المعاد : " Il n'est pas prouvé que le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, ait décidé quoi que ce soit en matière d'homosexualité, car cela n'était pas connu chez les Arabes et il n'y a a pas eu de cas à lui soumis, paix et salut de Dieu sur lui" ?[25]
J'ai déjà spécifié que la Sunna, tradition du prophète, ne fait que confirmer le Coran, en principe, car c'était ainsi sa fonction du temps de prophète. Après sa mort, on a cependant vu les musulmans, par attachement à leur religion, aller jusqu'à attribuer au prophète ce qu'il n'a jamais dit (même s'il aurait pu le faire), et ce au nom de l'intérêt immédiat de leur foi. Ce faisant, ils ont omis que nul intérêt n'était à attendre pour la religion de la versatilité de la nature humaine et des réactions humaines aux choses de la vie que Dieu a gérées au mieux dans sa sagesse éternelle. De la sorte, on a eu affaire à des jurisconsultes qui inversent l'ordre de préséance, n'hésitant pas à placer la Sunna au-dessus du Coran, bien qu'ils n'ignorassent pas ce qu'elle comportait de dires imparfaits. Ainsi l'imam Awza'i a-t-il soutenu que "la Sunna est juge du Livre et non le Livre juge de la Sunna".[26]
Passons en revue les principaux dires du prophète que citent ceux qui prétendent que l'homosexualité est prohibée en islam afin de préciser qu'il n'existe, parmi cette Tradition ainsi inventoriée, aucun hadith possédant la caractéristique de la parfaite authenticité :
— Un hadith cité par Hakim, d'après Bourayda, que Dieu l'agrée, que le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, a dit : [Jamais un peuple n'a violé la promesse qu'il s'est entre-tué aussitôt; dès que la turpitude s'est déclarée dans un peuple, Dieu le mit à mort; tant qu'un peuple s'est abstenu de l'aumône légale, Dieu le priva de pluie.]
— Un hadith cité par Ibn Maja, d'après Ibn Omar, que Dieu l'agrée, que le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, a dit : [Jamais la turpitude n'apparaît dans un peuple qu'aussitôt il en est maudit; la peste se répandant parmi eux ainsi que les malheurs inconnus de leurs ancêtres connus.]
— Un hadith cité par Albani, d'après Ibn Abbès, que Dieu les agrée, que le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, a dit : [Maudit est celui qui s'adonne à la pratique du peuple de Loth.]
— Un hadith cité par Tirmidhi, d'après Ibn Abbès, que Dieu les agrée, que le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, a dit : [Quiconque vous découvrez s'adonnant à la pratique du peuple de Loth, vous tuerez l'acteur et le sujet, qu'ils soient mariés ou non.]
— Un hadith authentifié par Albani, d'après Ibn Abbès, que Dieu les agrée, le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, a dit : [Quiconque vous découvrez s'adonnant à la pratique du peuple de Loth, vous tuerez l'acteur et le sujet.]
— Un hadith cité par Tirmidhi et Ibn Maja et authentifié par Albani, d'après Jabir, que Dieu l'agrée, que le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, a dit : [Assurément, ce que je crains le plus pour mon peuple est la pratique du peuple de Loth.]
— Un hadith cité par Ahmed et Ibn Maja et authentifié par Albani, d'après Ibn Abbès, que Dieu les agrée, que le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, a dit : [Maudit qui insulte son père; maudit qui insulte sa mère; maudit qui égorge un animal sans citer le nom de Dieu dessus; maudit qui modifie les jalons de la route; malheur à qui aveugle encore plus l'aveugle; malheur à qui copule avec une bête; malheur à qui s'adonne à la pratique du peuple de Loth.]
— Un hadith cité par Tirmidhi, Abou Daoud et Ibn Maja, authentifié par Albani, d'après Ibn Abbès, que Dieu les agrée, que le prophète, paix et salut de Dieu sur lui, a dit : [Quiconque vous découvrez s'adonnant à la pratique du peuple de Loth, vous tuerez l'acteur et le sujet.]
Ainsi que nous le voyons, bien que l'homosexualité soit considérée comme une faute grave, un péché capital parmi les péchés mortels proscrits par Dieu, nous ne trouvons aucun hadith du prophète parmi ceux ayant fait consensus chez les deux grandes références en la matière: on n'en trouve même pas dans l'une seule des deux recensions les plus authentiques. Si pareille absence pouvait ne pas prêter à conséquence en un temps où toute l'humanité, quelle que fût sa religion ou ses affinités, estimait que l'homosexualité était une turpitude, il ne peut en aller de même aujourd'hui au nom des principes mêmes de la religion qui appelle à l'honnêteté et à la justice. Les choses ont évolué depuis ce temps-là, surtout sur le plan de la science, amenant à une compréhension plus juste de ce phénomène, le sortant du strict cadre moral hérité de nos ancêtres.
Désormais, on ne peut plus réduire l'homosexualité à une simple opération de satisfaction d'un besoin sexuel ni à une régression du pur instinct naturel chez l'homme tel que l'aurait créé Dieu; car, justement, c'est bien ainsi qu'il a fait certaines de ses créatures. Aussi, contrarier leur nature telle qu'elle est en eux sans leur volonté, juste du fait de celle de Dieu, c'est violer les lois et les prescriptions divines en inventant l'illicite là où il ne peut point exister. Dans le même temps, c'est se révolter contre le créateur suprême par la contestation de ce qu'il a voulu chez certaines de ses créatures et la contravention de ses interdits en agressant en son nom des innocents.
Disons maintenant un mot sur l'accusation de la pratique de ce que le peuple de Loth pratiquait, lui faisant mériter un châtiment que Dieu ne fit subir à aucun peuple avant eux. Cela ne saurait concerner que ceux qui profiteraient de la nature qui est en eux pour en abuser; comme d'en faire le moyen de s'adonner au sexe inconsidérément, follement, sans la moindre retenue et sans respect de la liberté d'autrui et sa sensibilité. Or, un tel comportement n'est pas spécifique à l'homosexualité, puisqu'il s'étend à toute pratique sexuelle quel que soit son type, s'étendant aussi et bien évidemment à son mode connu, le plus répandu.
Notes :
[1] Pour le renouvellement du Lien indéfectible 2 L'homosexualité en islam Afrique Orient, Casablanca, 2014 في تجديد العروة الوثقى 2 حقيقة اللواط في الإسلام - الدار البيضاء
[2] Les Arabes préislamiques faisaient la circumambulation autour de la Kaaba complètement nus, à l'exception des gens de Qorayach, appelés Homs, ainsi que le rappellent, entre autres, Boukhari et Mouslem.
[3] Assurément, parmi les livres les plus audacieux en la matière figure celui de cheikh Nefzaoui : الروض العاطر في نزهة الخاطر On peut citer aussi l'ouvrage attribué à Siouyti et Abederrahamane Ibn Nasr Chirazi : الايضاح في علم النكاح
[4] Parmi les plus célèbres, on cite le grammairien et lexicographe Abou Obeyda Ma'amar Ibn Al Mouthanna Al Basari auteur de مجاز القرآن qui compte parmi les plus réputées des exégèses du Coran en termes lexicographiques. On rapporte de lui : Que Dieu bénisse Loth et ses partisans/ Aba Obeida dit, par Dieu : amen// tu es sans conteste leur patron/ pubère déjà et bien après la soixantaine.
[5] Assurément, le plus célèbre d'entre eux reste bien évidemment Abou Nouwas; mais on trouve de nombreux autres ayant chanté pareillement les jeunes hommes imberbes sans être nécessairement des homosexuels. En effet, l'homosexualité était devenue à un certain moment de l'histoire islamique comme la mode d'aujourd'hui; aussi la considérait-on à l'époque relever de la finesse d'esprit.
[6] On a ainsi l'exemple du juge suprême au temps de Ma'moun, le jurisconsulte Abou Mohamed Yahia Ibn Aktham de Tamim connu pour son homosexualité selon ce qu'en a dit Dhahbi dans سير أعلام النبلاء et Thaalibi dans الكناية والتعريض أو النهاية في فن الكتابة ِ En cela, on cite le distique d'Abou Nouas le concernant : Je suis le libertin homosexuel n'ayant qu'une foi/Et volontiers j'accumule les péchés//En la foi de cheikh Yahya Ibn Aktham, je crois/Et les adultères je me garde de fréquenter.
[7] Le juge Yahya Ibn Aktham ne se cachait pas et ne pratiquait pas l'allusion dans ses propos; il déclarait clairement qu'il n'y avait pas d'interdit à aimer ce dont Dieu fit ses élus, citant les adolescents du paradis. Nous y consacrerons le § final relatif aux adolescents et éphèbes du paradis.
[8] Son livre طوق الحمامة في الألفة الألاف reste parmi les ouvrages les plus explicites en matière d'amour sous toutes ses coutures et sans allusions.
[9] Siyouti passe en revue dans son histoire des califes ceux qui étaient connus pour leur homosexualité, dont notamment Amine, célèbre pour ses amours avec son favori Kaouthar. Mais que ce soit Mo'tassim ou Wathiq, on n'hésita pas à chanter la beauté masculine selon la coutume de l'époque ou de pratiquer le sexe avec les hommes, en plus des femmes. Le même Siyouti cite l'histoire d'amour de Mo'tassim pour son favori Ajib réputé pour sa beauté. Pour ce qui est de la situation durant la deuxième moitié de l'ère abbasside, on peut se référer à Tawhidi dans الإمتاع والمؤانسة et ce qu'il y rapporte d'anecdotes se rapportant à la pratique du sexe à Bagdad.
[10] La vie est manger/vin et minet// Si tu loupes cela/Dis adieu à la vie. Ces vers résument la tonalité de l'époque. Mais il est utile de noter ici que l'homosexualité n'était pas uniquement synonyme de sexe et de jouissance; elle relevait chez certains d'une conception spirituelle ou d'une philosophie de l'existence, pareillement à ce nous notons de nos jours dans les pays occidentaux.
[11] Assurément, un tel effort d'interprétation s'insère dans le cadre de la facilitation des rigueurs de la foi pour la communauté islamique qu'a apportée son noble prophète. La distinction entre la vie privée et la vie publique en relève; le respect de la sensibilité d'autrui étant primordiale dans le deuxième cas alors que la liberté du croyant n'a nulle limite dans le premier.
[12] Rappelons qu'en matière d'homosexualité masculine, Jahidh fit de même dans son épître sur la rivalité élogieuse entre jeunes filles et éphèbes.
[13] Cf. la bibliographie publiée sur le site du Centre de Recherche sur la Littérature des Voyages (CRLV) de l'université Blaise Pascal de Clermoand-Ferrand sous le thème : Voyageurs et captifs dans le nord de l'Afrique (XVI-XVIII siècles) : http://www.crlv.org/content/le-centre-de-recherche-sur-la-littérature-des-voyages-crlv
[14] Les péchés capitaux enj islam sont à la base (à l'exclusion de ce que certains savants ont ajouté) : l'association d'une divinité avec Dieu, l'homicide et l'adultère.
[15] La traduction est celle de Denise Masson, Gallimard, Collection Folio Classqiue, 2 tomes, 1967.
[16] En note, à propos de sa traduction de l'expression arabe signifiant littéralement "ce que possèdent vos mains droites" par "captives" (ou encore "captives de guerre", cf. la sourate objet de la note suivante), Masson remarque que cela veut dire "vos captives de guerre ou vos esclaves... Ailleurs, ce terme s'applique aux esclaves, en général (IV, 36) ou à des esclaves du sexe masculin (XXIV, 33 et 58)."
[17] Sur l'expression "captives de guerre", voir la note précédente.
[18] Ce que pensent, par exemple, certains jurisconsultes de la tendance Ibadhite.
[19] À ce propos, on lit chez Ibn Hajar AlHaytami dans الزواجر عن اقتراف الكبائر : "La communauté est unanime sur le fait que celui qui pratique avec son esclave ce que faisait le peuple de Loth est considéré comme relevant des pédérastes criminels, débauchés et maudits. Sur lui donc une triple malédiction de Dieu ainsi que celle des anges et de l'ensemble des gens." Il n'y a donc ni prescription ni peine ni accord sur une conception unique, mais juste de l'invective qui ne traduit que la répulsion de son auteur. Pareille répugnance, justifiée par l'acception de pareil acte d'après la mentalité de l'époque, n'en fait pas un péché.
[20] Voir, par exemple, la référence majeure qu'est l'exégèse d'Ibn Kathir, 1/463.
[21] On lit la même chose chez d'ailleurs chez Zamakhchari dans son exégèse تفسير الكشاف , chez Razi dans مفاتيح الغيب ou التفسير الكبير , Baydhaoui dans أنوار التنزيل et Chaoukani dans فتح القدير . On trouve à peu près la même chose dans الجامع لأحكام القرآن de Kortobi.
[22] Voir, par exemple, Zamakhchari dans تفسير الكشاف
[23] On pourrait de même citer le début du verset 33 de la sourate Al 'Araf où d'aucuns voient une prohibition générale de toute turpitude, y compris l'homosexualité : « Dis : Mon Seigneur a seulement interdit : les turpitudes apparentes ou cachées, le péché et la violence injuste. » Ce faisant, ils ne font pas attention à la liaison nécessaire qui s'y trouve entre cette turpitude et le péché et la violence injuste, outre l'association d'autres divinités à Dieu ou de dire contre Dieu ce que l'on ne sait pas, évoqués en fin de verset.
[24] Il n'est pas inutile de rappeler ici le consensus des jurisconsultes sur l'existence d'un certain nombre de dires prophétiques n'emportant pas une totale adhésion de leur exactitude. Cela n'est pas pour étonner puisque les traditions considérées unanimement comme authentiques sont au nombre de six mille au maximum alors que le nombre total des dires consignés est au minimum de six cent mille.
[25] Ibn Qaym Al Jawziya ajoute toutefois concernant le prophète "mais il est prouvé qu'il a dit : "vous tuerez l'acteur et le sujet"; et Abou Bakr, le véridique, que Dieu l'agrée, s'y est appuyé dans un jugement adressé à Khalid Ibn Al Walid après consultation des Compagnons. Parmi eux, Ali était le plus sévère sur la question. Toujours est-il qu'il y a eu consensus des Compagnons sur la mise à mort, même s'ils se sont divisés sur la manière d'une telle mise à mort". Nous verrons jusqu'à quel point est avéré ledit dire du prophète.
[26] Rapporté par Siyoutu dans مفتاح الجنة في الاعتصام بالسنة .
L'islam n'est pas homophobe, l'homosensualité y est légitime !
PARTIE 2
5 / Origine de l'homophobie en islam
Ayant démontré que ni le Coran ni la tradition du prophète dans ses plus authentiques recueils ne traitent de l'homosexualité, il nous est possible de dire qu'il en est de même pour le restant des sources islamiques de confiance malgré une certaine confusion dans laquelle se sont retrouvés les diseurs des traditions. Ainsi trouvons-nous parfois des récits contradictoires, allant jusqu'à placer l'homosexualité au-dessus de l'adultère en gravité alors que que s'il a été possible de considérer celle-là comme une turpitude ce n'était que par analogie avec celui-ci.[1] L'exagération est allée chez d'aucuns jusqu'au parallélisme entre l'homosexualité et l'incroyance. Cela s'est retrouvé chez certains chiites,[2] comme s'il s'était agi de leur part d'une réaction à ce que des sunnites ont prétendu de tolérance en la matière chez eux, allant jusqu'à la licéité, ainsi que cela a pu être soutenu pour quelques groupes ibadhites, par exemple.
Nous nous limiterons ici, bien évidemment, à l'avis de l'islam sunnite qui est celui de la majorité des musulmans, et celui des Tunisiens, plus particulièrement. Nous prendrons en illustration le cas de Chafaï, dont il est attesté avoir dit au sujet de l'homosexualité : "Il n'a été rien authentifié du prophète sur son interdiction ou sa permission." Malgré cela, nous trouvons certains traditionalistes qui, sans mettre en doute ce qui précède, parlent de l'existence de deux récits, prétendant que le même Chafaii a tenu un propos contraire selon un second récit.[3]
Concernant la peine pour homosexualité, Ibn Hajar dit : "Une partie des plus éminents spécialistes de la tradition prophétique — tels que Boukhari, Dhuhli, Bazzar, Nasa'i et Abi Ali de Nishapur — disent qu'il n'est pas possible d'y authentifier quoi que ce soit".
Il ne reste pas moins que l'opinion fausse dominante demeure que l'homosexualité est prohibée aussi bien par le Coran que par la Sunna et l'Ijma'a, ce consensus sapientium ou accord des sages qui démontre la vérité à défaut d'autres preuves. Le consensus chez les Compagnons est la mise à mort de l'auteur; s'ils ont divergé, c'est sur la façon de l'exécuter, se partageant en diverses versions. Ainsi, d'aucuns disent de le lapider; certains autres préconisent de le jeter de la plus élevée des hauteurs de la ville tout et de le lapider par la suite; d'autres exigent qu'il soit brûlé vif.
En plus de ce que nous avons déjà dit concernant l'avis dissident des chafaïtes par exemple, signalons que les hanafites ne parlent de mise à mort qu'en cas de récidive.
Par ailleurs, parmi ce qu'on a rapporté de plus original de la part des rares fuqahas attestant l'inexistence d'une quelconque interdiction dans le Coran et la Sunna de l'homosexualité, figure la présence de cette pratique au paradis. Certains savants ont donc affirmé la licéité de l'homosexualité dans l'au-delà, tout comme pour le vin. Nous avons d'ailleurs déjà référé à quelques-uns de ceux dont c'était l'opinion aux premières heures de l'islam; il est possible d'y ajouter ici l'opinion contemporaine de cheikh Keschk relativement, plus particulièrement, à la question des éphèbes du paradis que nous traiterons ultérieurement.[4]
Le plus important dans l'immédiat est d'insister sur la variété des positions en la matière, un sujet que ceux qui caricaturent leur foi persistent à présenter comme illustration du consensus de la communauté musulmane, sans qu'il en soit allé ainsi ni au passé ni au présent.
La contradiction des attitudes jusqu'à l'incohérence apparaît distinctement dans la peine prévue pour l'homosexualité, mais aussi et surtout dans le moyen de la preuve.
À la manière de la variabilité des textes fondateurs, il y eut une variabilité sur le châtiment tel qu'il aurait été appliqué par notre noble prophète et ses premiers Compagnons. S'agissant des moyens de preuve de l'homosexualité, ils ne reçurent pas le même intérêt malgré la constance de conditions précises ne devant point manquer.
Par ailleurs, du fait de l'absence d'une disposition légale particulière en matière d'une telle turpitude présumée, les légistes se sont retrouvés contraints de recourir à l'adultère afin d'incriminer l'acte d'homosexualité, lui étendant, par syllogisme, la prescription expresse y relative.[5] L'islam n'a donc pas prévu de peine pour l'acte homosexuel; le maximum qu'on puisse dire en la matière est qu'il a laissé sa détermination au législateur qui en est arrivé, en sévérité, à l'autodafé du temps d'Abou Bakr, selon certaines narrations.
Les avis se sont partagés sur la peine, la plupart soutenant que l'auteur de l'acte homosexuel, qu'il soit acteur ou sujet, mérite d'être mis à mort; et ils ont soutenu que c'était là le châtiment légal pour une telle désobéissance sur terre du moment qu'elle est prouvée devant le juge et selon les moyens de preuves légales.[6] Mais le consensus est loin d'être établi pour tous.
S'agissant de la sanction, la mise à mort étant de manière classique, un autodafé ou par tout autre mode,[7] elle n'est appliquée à l'acteur et au sujet devant être tous deux majeurs, doués de raison et de discernement, qu'une fois faite la preuve de l'intromission du sexe (la verge) dans le fondement, en tout ou en partie.[8] En cas de repentir de l'auteur de l'acte homosexuel avant que sa preuve ne soit apportée, il n'encourt aucune sanction, et ce aussi bien en sa qualité d'auteur que de sujet; toutefois, le repentir après l'administration de la preuve ne fait pas tomber la sanction. Enfin, en cas de reconnaissance de l'acte homosexuel suivi de repentir, la décision de pardonner ou non relève du seul regard du juge.
Ce qu'il importe de relever ici, ce sont ces restrictions prévues par les savants pour l'application de la sanction en une époque où la pédérastie était considérée comme la turpitude absolue. Que dire donc aujourd'hui, alors que la science a prouvé que l'homosexualité ne relève pas de l'ordre des turpitudes?
Au demeurant, la procédure légale prévue pour la preuve de l'homosexualité vient renforcer les restrictions précitées à l'application de la sanction. En effet, nous avons bien précisé qu'il n'est d'homosexualité que par l'intromission du pénis dans le derrière, tout le reste n'étant pas qualifié d'homosexualité. Précisons présentement les conditions retenues légalement pour qu'un tel acte d'homosexualité impose la sanction. La preuve de l'homosexualité selon la doctrine savante majoritaire se fait principalement par le moyen de le témoignage de quatre hommes ou par l'aveu,[9] comme c'est le cas dans l'adultère.
Procédons dans notre raisonnement par ce qu'on appelle la démonstration par l'absurde en supposant l'homosexualité la turpitude prétendue. Les jurisconsultes l'ayant ramenée au niveau de l'adultère, on ne doit pas oublier que l'islam s'est montré très strict dans la preuve de l'adultère, imposant des conditions dont l'absence n'est point permise. Outre l'aveu libre et sans rétractation, il s'agit de la nécessaire effectivité de l'intromission (c'est-à-dire, s'agissant de notre sujet, de l'introduction de la verge dans le postérieur) et de la présence de quatre témoins oculaires.
Pour ce qui est de l'homosexualité féminine, il n'y a évidemment pas d'intromission; ce qui fait qu'avec cette condition essentielle manquante, il n'est pas moyen de parler d'adultère.[10] Par ailleurs, il n'y a pas inévitablement pénétration dans un rapport entre hommes puisque l'homosexualité ne se réduit pas fatalement au rapport sexuel. En effet, la science prouve aujourd'hui qu'elle est, avant tout, une question d'inclination ou d'amour du semblable; or l'amour ne se manifeste pas forcément par le désir charnel. Il dépasse la vision simpliste donnant un pur soubassement physique et charnel aux sentiments et aux affects, y compris quand ils ont la noblesse de l'affection, de la tendresse, de la sensibilité et de la sympathie,.
Dans les deux cas, la condition du témoignage est nécessaire, ce qui implique forcément l'une des deux hypothèses suivantes : ou le rapport sexuel a lieu sous les regards, et alors on n'a plus affaire à une relation sexuelle ordinaire; ou les témoins surveillent intentionnellement le comportement privé des gens dans leur intimité.
Il va sans dire que la première hypothèse relève de l'impossible, du moins dans nos sociétés musulmanes; d'ailleurs, quiconque y a recours est sanctionné même dans les sociétés permissives. Quant à la seconde hypothèse, elle est constitutive d'une faute que ne réprime pas seulement l'islam, étant aussi un crime incriminé par les sociétés civiles, à savoir la violation de la vie intime des gens et la divulgation de leurs secrets. Or, l'occurrence d'une telle faute annule aussitôt et ipso facto toute autre faute, ou du moins l'application de la sanction; cela s'étend bien évidemment à l'homosexualité.[11]
Est-il besoin, à ce propos, de rappeler à quel point l'islam a toujours été très pointilleux sur la protection de l'honneur et de la réputation des gens contre tout calomniateur divulguant leurs défauts, colportant leurs vices ? Il sanctionne de trois peines quiconque accuse son prochain d'adultère ou d'homosexualité, puisque celle-ci procède par analogie de du premier, en l'absence de la preuve légale, soit le témoignage de quatre hommes attestant de l'effectivité du rapport adultère ou homosexuel. Ces peines sont : quatre-vingts coups de fouet, la perte de la qualité de témoin et l'acquisition de celle d'impiété.
Comme nous avons bien spécifié que tant l'adultère que l'homosexualité ne se prouvent légalement que par la pénétration, c'est-à-dire la pénétration de la verge dans le sexe féminin ou le postérieur, il n'est donc ni adultère ni homosexualité en l'absence de pareille intromission. Les livres d'histoire racontent bien à quel point le prophète et les Compagnons étaient sourcilleux dans la vérification de l'effectivité de cette condition par le témoignage oculaire ou par l'aveu.[12]
Au final, on est fondé à soutenir qu'il n'est point de crime d'homosexualité en islam, aussi bien au propre qu'au figuré; et dans l'hypothèse impossible de son occurrence, il n'est pas moyen de la punir du fait que la preuve de pareille faute implique la commission d'une faute bien plus grave, à savoir la violation de l'intimité des gens et la transgression de la quiétude de leur vie privée. Ce qui est assimilé par l'islam à une agression, une iniquité et une perversion sur terre. L'éthique islamique n'est-elle pas d'ailleurs dans l'exhortation à la tolérance et à l'indulgence, invitant à baisser les yeux et de passer sur ce qui serait de nature à choquer;[13] ou encore à toujours demander l'autorisation avant de rentrer dans l'intimité d'autrui?
6/ L'homosexualité aujourd'hui dans le monde
Si la croyance dominante de nos jours encore parmi nos croyants est que l'homosexualité est un péché capital, c'est qu'on croit à tort qu'elle l'est ainsi dans le Coran et la Sunna; or, nous venons de démontrer qu'il n'est nulle trace de tel péché dans le Livre de Dieu et la Tradition de son prophète. Aussi, force est de conclure que le consensus sur la question est le pur produit de la doctrine et de l'effort jurisprudentiel des jurisconsultes.
Indubitablement, cet effort fut judicieux à une époque où l'homosexualité était considérée comme un péché pour des raisons bien objectives. Toutefois, comme ces raisons ont été par la suite scientifiquement démenties, les visées de la Loi religieuse commandent donc de produire l'effort en vue de revoir la question de la licéité ou de l'illicéité de l'homosexualité.
Nous considérons qu'il s'agit d'un sujet relevant des affaires privatives dans la vie de l'homme, en plus d'être de ces instincts marquant la nature humaine; aussi il n'est pas possible de le traiter en termes de licéité ou d'illicéité de chose publique étant dans la sphère de la vie privée.
Aussi, pour peu que l'on souhaite être objectif, on ne peut plus aujourd'hui ignorer ce que dit la science en matière d'inclination sexuelle au semblable et admis par la majorité des pays les plus développés scientifiquement. Ma conviction étant que l'islam est une religion de science, cela nous impose donc de nous ouvrir à tout ce qu'exigent la science et l'esprit scientifique, même s'il s'avère contredire nos penchants ou susciter en nous de la répugnance.[14]
Tout ce qui est dans la nature généralement, et plus particulièrement dans la nature humaine, ne correspond pas nécessairement à nos tendances ni ne cadre avec nos convictions. Or, lorsqu'on veille véritablement à l'objectivité, la plus impérative des actions est de tenir compte de l'avis scientifique dominant et de respecter notre prochain dans son adéquation avec ses implications et son droit à cela.
L'opinion savante dominante aujourd'hui, ou du moins ce que certifient nombre de chercheurs dans le domaine sexuel ou du genre, insiste sur la vérité suivante, à savoir que l'être vivant, y compris l'humain, naît avec un instinct d'homothétie sexuelle. Ce qui veut dire que l'homme — et c'est lui qui nous intéresse en premier lieu ici — vient au monde avec des penchants bisexuels comprenant le désir de l'autre, au sexe opposé, mais aussi un désir de l'autre du même sexe. L'évolution vers le type majoritaire d'inclination vers le sexe différent n'est que le résultat de l'initiation, de l'éducation et de la morale dominante dans la société à laquelle on appartient. En effet, sans pareille mise en condition culturelle, il n'est pas impossible — et il est peut-être même certain — que notre rapport avec le sexe reste ainsi qu'il était à la naissance, c'est-à-dire sans distinction d'un sexe précis dans notre relation avec lui en son apparence intime et sexuelle.
Tel était d'ailleurs l'état des sociétés primitives, et je n'emploie pas ici ce terme dans son acception morale, plutôt dans son sens premier, c'est-à-dire celui de sociétés proches de l'instinct ou dont les membres sont restés fidèles à leur instinct. Ce fut, par exemple, la situation de la société grecque; et ce fut également le cas du mode de vue de la société arabe antéislamique.
Indubitablement, l'époque préislamique[15] n'était pas celle de la décadence des moeurs dans sa totalité, car l'islam en a extrait le meilleur, comme le sens de l'honneur ou la grandeur d'âme et la noblesse de coeur. C'est qu'on a bien retrouvé en islam, et qui existait avant sa révélation.[16] La vision islamique équilibrée du sexe n'était que le prolongement de pareille saine disposition naturelle avant qu'elle ne fut viciée par les croyances héritées de la tradition judéo-chrétienne.
Si nous entendons aujourd'hui nous attacher à notre vraie foi, il nous est inévitable de revenir à ce qui fut de sa part et par anticipation[17] une conformité scientifique à l'ordre de la nature des choses en n'incriminant plus ce qui relève de la nature humaine. Cela suppose donc que l'on considère l'homosexualité ou ce que je qualifie d'homosensualité un droit naturel imposé par les droits de l'Homme. Et l'on ne doit pas s'y opposer par une sanction ,qu'elle soit un châtiment ou une admonestation, tant que sa pratique se fait dans le strict cadre personnel, c'est-à-dire dans les limites de ce que l'islam a consacré de l'intimité de l'enceinte de la vie privée.
Nous renchérissons en disant que le vrai musulman aujourd'hui est celui qui osera dire que l'homosensualité ou l'homosexualité relève des actes libres du croyant, lesquels ne sont commandés que par la conscience individuelle, et il n'est en relation à son propos qu'avec son Dieu. Et cette liberté est ainsi dans toutes ses manifestations, que nous la considérions dans la pratique du sexe comme relevant de la nature, du désir ou de la volonté propre.
C'est ainsi et ainsi seulement que nous serons fidèles à l'esprit de notre religion qui est à orientation scientifique et à vocation universelle; nous servirons aussi la morale authentique qu'on n'impose pas par la force, mais qui est le produit de la conviction.
Ceci du point de vue général de la science. S'agissant de celui de la sociologie, il est nécessaire de souligner que la situation est la même, d'autant plus que la vérité scientifique attestée aujourd'hui, particulièrement après les travaux du penseur français Michel Foucault, ne permet plus le moindre doute sur le fait que "la plupart des types de catégories sexuelles les plus pénétrantes ne sont que des produits ou des constructions sociales". Ce qui veut dire que l'homosexualité est le pur produit de la société et que la vision que l'on s'en fait varie avec les sociétés et les cultures dans leur évolution.[18]
7/ Pour une conception juste de l'homosexualité
L'obscénité et la turpitude aujourd'hui sont dans la licence et l'indécence en matière de pratique sexuelle et non dans le sexe en lui-même; car l'islam n'a pas de complexe relatif au sexe comme ce fut le cas dans le judaïsme et le christianisme. L'islam est sans conteste la religion du bon sens naturel; et le sexe est dans la nature, quel qu'il soit; notre religion perçoit le sexe en constituant de la vie humaine, délimitant sa pratique dans le cadre des liens conjugaux pour l'unique raison de la préservation de la lignée et de la descendance.
Aussi, si ces deux motivations ne sont plus en cause, à savoir qu'il n'y a pas de crainte quant à l'extinction de la race humaine par exemple ou la confusion dans la généalogie, la vertu de la pratique du sexe dans la limite de la conjugalité perd son assise rationaliste. Or, l'islam étant absolument rationaliste, le musulman ne peut échapper à l'interrogation de savoir si la prescription en la matière reste en l'état dans sa généralité. Plus précisément, il se demandera si elle ne doit être interprétée en un sens restrictif dont la communauté islamique déterminerait les aspects selon l'effort d'interprétation auquel l'islam appelle comme une activité continue et assidue, manquant d'en faire l'égal de la dévotion cultuelle. Effectivement, il n'est pas de culte véritable en islam s'il n'est rendu par un fidèle connaisseur dans le même temps de sa foi et des choses de la vie.
Par ailleurs, nous nous devons de signaler que malgré ce à quoi on assiste dans les sociétés occidentales, l'homosexualité y demeure en principe ce qu'on nomme en sociologie un tabou au niveau de la moralité de nombre de gens. Cela tient au fait que leur morale plonge ses racines dans la réserve judéo-chrétienne. Ainsi, tout apport de ces États en faveur de la liberté personnelle s'est imposé autoritairement à la croyance religieuse et à sa morale du fait de l'attachement de ces pays à la démocratie. De fait, sans démocratie dans ces États, il n'est point de libération des moeurs ni de reconnaissance de la liberté sexuelle du fait de son opposition avec son éthique religieuse traditionnelle.
C'est pourquoi nous affirmons qu'il n'y a point de contradiction dans nos États islamiques à ce niveau entre la démocratie et de la liberté privée du fait que notre religion est intrinsèquement bien plus libérale que les religions chrétienne et juive en matière sexuelle.[19]
Nous avons d'ailleurs vu que ce qu'on appelle à tort homosexualité ne fait pas l'objet de verset coranique prescriptif ni de texte sûr de la Sunna, dont la véracité ne suscite aucun doute. Et nous nous sommes rendu compte que ceux qui la prennent pour une turpitude malgré tout ont varié dans leurs avis sur la peine qui lui était prévue. S'agissant de sa preuve, on a relevé l'absence de différend, mais avec l'aménagement d'un maximum de précautions suscetiples d'empêcher d'y arriver.
Aussi, je dis que tout cela démontre à quel point de rationalisme a atteint l'islam qui a édicté ses lois selon l'intérêt des humains, en tenant compte du degré d'évolution de leur mentalité. C'est ainsi que nous avons obtenu ce que venons d'étudier alors que l'état de la société était à un certain niveau de son développemet. Il nous est donc impératif d'avoir de la mesure et de la compréhensibilité dans le traitement d'un tel sujet en application de l'esprit de notre religion du moment que les circonstances ont changé et son appréhension de par la science a évolué.
En effet, le texte coranique est d'abord et avant tout la parole et l'esprit de Dieu; on ne peut donc se référer uniquement à la lettre, voulue en conformité avec la conception d'une époque et en congruence avec un esprit humain en constante évolution, tout en rejetant les visées de la loi divine. Or, celles-ci se manifestent dans l'esprit qui inspire cette lettre et l'anime de vie, la faisant susceptible toujours d'évolution et d'assomption des innovations scientifiques indubitables. Et ce sont ces dernières qui représentent les acquis de la raison humaine que Dieu a glorifiée dans nombre de versets de son Livre sacré.
8/ La vraie conception de l'homosexualité en islam
La conception islamique authentique en matière d'homosexualité est le produit d'une vision objective et scientifique de l'islam en tant que foi et code de vie, c'est-à-dire en son texte avec l'esprit de ce texte; ce qui revient à l'appréhender en ce qu'il est : fondateur d'une civilisation humaine universelle.
Car les textes islamiques sont nombreux qui attestent l'esprit de la religion islamique fait de pitié, d'absolution et de pardon. Et la grandeur de la mansuétude est fonction de la gravité de la faute; la rémission étant culminante pour le repentir du péché absolu.
C'est que le péché, quelle que soit son importance, est bien loin de dépasser la grandeur de l'absolution divine; aussi, douter de l'aptitude divine à pardonner toute faute, nonobstant sa gravité, revient pour le croyant à mettre en doute la grandeur même de Dieu; ce qui relativise sa foi pour incohérence et vacuité de spiritualité.
D'ailleurs, la conception du péché en islam n'est pas celle que nous connaissons, héritée de la tradition judéo-chrétienne, mais une notion plus proche de la tradition grecque où le péché est double : conjoncturel, contre lequel on peut et doit lutter, et structurel, avec lequel il faut faire avec. Au premier, corresppond le seul véritable péché reconnu par l'islam, consistant à associer une autre divinité avec Dieu. Le verset 48 de la sourate des femmes est assez éloquent à ce niveau, confirmé par de nombreux hadiths.[20] Au second, correpondent toutes les autres fautes humaines qui sont susceptibles, sans exception, d'être pardonnées. La technique dite كفارة est là pour le prouver.
Ce sont d'ailleurs les soufis — et je ne parle ici que des authentiques, ce qu'Ibn Taymia a qualifié dans ses opinions de soufis de la vérité —[21] qui ont saisi les prmiers l'esprit vrai de l'islam. Aujourd'hui, ils représentent bel et bien le vrai salafisme, ce courant religieux qui puise véritablement à la source de l'islam sans abâtardissement ni détérioration; et le voilà parfaitement adapté aux impératifs de l'époque, sinon en avance sur son temps embourbé dans le matérialisme.
Il faut dire que le soufisme a été véritablement une révolution spirituelle en islam constituant ce qu'on qualifia de jurisprudence discordante dans l'effort d'interprétation.[22] Chez les soufis, il est moins question de sexe que de passion et de communion dans l'amour; il n'y a pas de lettre dans un texte, mais un esprit; et il n'est pas d'apparence, étant rien si elle n'est ésotérique. Ce qui importe donc, ce sont les visées de la religion; et elles tournent toutes autour de l'amour divin et de l'amour des humains les uns pour les autres.
On a d'ailleurs reproché à nombre des soufis ce qu'on appelle homosexualité,[23] et d'aucuns ont regardé d'un mauvais oeil ce qui pouvait arriver de pratiques libertaires publiquement dans certaines zaouïas et chez certaines tariqas ou ordres.[24] Or, cela n'était de leur part qu'en assomption de leur nature telle qu'elle est et ainsi que Dieu les a créés, ne refusant pas ce que leur créateur a placé en sa créature. Au fait, il n'y a point d'excentricité dans le comportement du soufi avec son prochain, quelle que soit sa philosophie dans la vie, tous étant les pauvres de leur créateur, y compris les élus de Dieu, qui sont ses épousées, selon l'expression fameuse de Bistami.
En effet, l'amour et la beauté sont en Dieu et de Dieu; et se passionner pour ce qu'il y a de beau dans ses créatures, mâles et femelles, c'est aimer Dieu lui-même. Quelle belle leçon dans l'amour a donnée le soufisme aux musulmans et que leur majorité a ignoré ! Le temps n'est-il pas venu de se réapproprier une telle richesse islamique sans pareille, qui a été et qui le reste le miroir fidèle à l'éclat resplendissant de l'islam ?
9/ Comme le vin, l'homosensualité existe au paradis !
Pour être complet, terminons en évoquant la question qui a toujours irrité les plus puritains des religieux, celle des adolescents et éphèbes du paradis. Elle constitue, effectivement, la preuve la plus insurpassable sur la conception islamique révolutionnaire du sexe en notre époque. Il n'y est plus possible de parler de pareil sujet sans complexes ou crispations à l'encontre des temps anciens où les musulmans étaient bien moins embarrassés pour disserter sur le sexe tout à fait spontanément comme le leur apprit leur religion.[25] La matière a été épuisée par cheikh Keshk dans son ouvrage : Réflexion d'un musulman sur la question sexuelle.[26]
Il s'agit d'une étude objective où le professeur Keshk analyse la question sexuelle en islam d'un point de vue instinctuel et non comme envisagée par les jurisconsultes selon les exigences de leur époque et l'imaginaire de leur société. Plus particulièrement, il a entendu dans sa réflexion sur la religion islamique s'éloigner radicalement de ce qu'il a appelé la religiosité de profession. Son idée se résume dans le fait que les adolescents du paradis et ses éphèbes y sont prévus pour la jouissance de ceux des musulmans pieux qui ont été abstinents et chastes sur terre. Ce qui renvoie à la conception totale du sexe chez les Arabes ainsi que nous en avons déjà parlé.[27]
La question des adolescents et éphèbes aux bracelets aux bras, à boucles aux oreilles est évoquée dans les versets des trois sourates suivantes :
— Le Mont (52) : 24 :
"Des jeunes gens placés à leur service circuleront parmi eux semblables à des perles cachées."
— Celle qui est inéluctable ou Al Waqui'a (56) : 17-18 :
"Des éphèbes immortels circuleront autour d'eux * portant des cratères, des aiguières et des coupes remplies d'un breuvage limpide."
— L'Homme (76) : 19 :
"Des éphèbes immortels circuleront autour d'eux. Tu les compareras, quand tu les verras, à des perles détachées."
Qui sont donc ces adolescentes et éphèbes? Que font-ils au paradis? Est-ce que leur mission se limite au service seulement sans s'étendre au sexe; autrement dit, et contrairement à ce qui existait en ce temps-là, le rapport sexuel est-il exclu du service domestique au paradis ?
Ceux qui ont procédé par analogie avec les houris pour dire qu'ils sont an service, y compris celui du plaisir sexuel — ainsi que le fit cheikh Keshk, à l'instar d'autres, bien nombreux avant lui —[28] ont fait le parallèle avec la question de la boisson alcoolique qui est licite au paradis, même s'il s'agit d'un vin paradisiaque d'un type particulier, n'ayant rien à voir avec l'alcool ici-bas.[29]
C'est ce que nous trouvons dans nombre d'exégèses de référence; en effet, il n'y a pas de contradiction chez les sommités des exégètes à dire que la mission de ces éphèbes et adolescents relève de ce qu'assurent de leur côté les esclaves servantes et les houris en termes de jouissance du fidèle selon ses désirs. Si ceux-ci portent sur le sexe féminin, les houris y pourvoient; s'ils inclinent vers le masculin, les adolescents et les éphèbes y sont prévus. C'est que le paradis est la complétude du plaisir et de la distinction, et l'islam ne voit pas d'empêchement à ce que l'entièreté du sexe y soit avec ses deux variantes, la féminine habituelle et la masculine; ce faisant, il ne contredit point la nature, telle qu'elle se décline tant chez les humains que dans le reste des créatures.
L'imam Tabari a agréé aussi une telle explication lorsqu'il a comparé la mission des adolescents dans le service de la boisson alcoolique aux fidèles à celle des houris et des vierges célestes. A'qam, dons son exégèse,[30] fut le plus explicite à le suivre en la matière; Tabatabaï va dans le même sens dans son exégèse La mesure dans l'explicitation du Coran.[31]
Le reste des exégèses,[32] y compris contemporaines,[33] n'hésitent pas à dire qu'il s'agit d'esclaves. Assurément, il existe aussi de multiples explications opposées, mais elles sont demeurées de faible valeur et ont été généralement rejetées. Ce sont, par exemple, celles qui ont dit qu'il s'agissait des enfants des musulmans qui les ont précédés au paradis; que ce sont les enfants de musulmans au service d'autres musulmans; ou les enfants des incroyants qui sont morts en bas âge sans péchés ni vertus et qui se retrouvent au service des vertueux du paradis; ou encore des enfants musulmans morts sans avoir eu le temps d'être pieux ou de pécher.
Notes :
[1] Cf., par exemple, ce qui est dit dans الكافي، 5\543، طبعة دار الكتب الإسلامية، سنة 1365 هجرية، 1946 شمسية، طهران|إيران . Le livre est de cheikh Abi Jaafar Mohamed Ibn Yacoub ibn Ishak AlKoulayni, surnommé ثقة الإسلام.
[2] Cf., par exemple, الكافي، 5\544 op. cit.
[3] Nous retrouvons aussi le jugement général chez Ibn Tala'a qui a affirmé dans ses Jugements : "Il n'a pas été authentifié de la part du prophète, paix et salut de Dieu sur lui, qu'il a lapidé ni qu'il a émis un jugement en matière d'homosexualité".
[4] Nous aborderons la question plus loin.
[5] Rappelons que la peine prévue pour l'adultère marié, mâle ou femelle, est la lapidation selon le Coran et la flagellation selon la Sunna, avec la nécessité d'être marié pour la lapidation, mais pas pour le fouet. Ce qu'il faut savoir est que le Coran ne prévoit plus de peine de lapidation qui a été textuellement abrogée. Toutefois, les légistes pensent que la lapidation a été maintenue par le sens, et ce par le consensus des Compagnons. À noter aussi que certains Kharijites ne voient en la matière que la peine du fouet, rejetant la légalité de la lapidation du fait de son abrogation; en effet, ils ne se réfèrent à la Sunna et n'en acceptent que les dires dont l'authenticité est la plus élevée.
[6] Pour ce qui est de l'au-delà, l'auteur du péché est châtié par le feu de l'enfer s'il ne fait pas pénitence. Ce qui est surprenant c'est que les fuqahas acceptent le repentir dans l'au-delà et n'y croient pas sur terre; la créature ne doit-elle pas imiter son créateur dans la miséricorde et l'absolution?
[7] On a dit que le consensus des Compagnons était de mettre à mort l'auteur et le sujet, mais qu'ils se sont divisés sur la manière de la mise à mort.
[8] Et le fait d'être marié ou non pour chacun d'eux et musulman ou non n'emportent aucune conséquence.
[9] Chez les chiites, selon Mohamd Jawad Moghnia dans son livre فقه الإمام جعفر الصادق, cela se fait de la manière suivante : 1. L'aveu de l'acteur ou du sujet quatre fois, à la condition qu'il soit doué de raison, majeur, libre dans son acte; ainsi que c'est le cas dans l'adultère — 2. Le témoignage de quatre hommes justes, le témoignage des femmes, en réunion ou séparément, étant absolument exclu. En cas d'absence de preuve et d'aveu, on ne fait pas prêter le serment à celui qui nie ce qu'on lui reproche — 3. Le savoir du gouvernant lequel, dans le cas d'arrestation en flagrant délit, applique la sanction à l'auteur et au sujet, comme c'est le cas pour les adultères des deux sexes." À noter que les chiites considèrent que "le savoir du gouvernant a plus de force probante que la preuve" ainsi qu'il est rappporté dans الجواهر والمسالك.
[10] C'est peut-être la raison derrière ce qui apparaît être une relative tolérance dans la chronique islamique des juges et jurisconsultes en matière de saphisme. Il est à rappeler, s'agissant d'adultère, que la jouissance de l'homme avec la femme hors pénétration n'implique pas application de la sanction prévue pour l'adultère, et ne nécessite, à l'extrême limite, que l'admonestation et la réprimande prévues pour le fait qui n'est pas l'objet d'une prescription de peine tout en ayant été considéré relever du péché. À noter que la règle en matière d'admonestation et de réprimande est que cela ne doit pas aboutir à la mise à mort. Toutefois, certains fuqahas ont soutenu l'admission de la peine de mort en admonestation dans certains crimes précis et avec des conditions particulières.
[11] Nous avons signalé précédemment le fait attesté par l'histoire concernant le calife Omar qui n'a pas appliqué la sanction prévue pour la consommation d'alcool en raison de la violation par le plaignant de l'intimité des buveurs. Ce fait bien célèbre est abondamment cité dans les livres de jurisprudence avec d'autres cas similaires; la littérature et l'histoire littéraire abondent de cas similaires allant dans le même sens.
[12] On raconte ainsi ce qui arriva à Moughira Ibn Chhoba, Compagnon célèbre, qui fut accusé d'adultère devant le calife Omar. Or, les accusateurs ne purent apporter la preuve de la pénétration bien que le rapport physique avec la femme ne faisait pas de doute. Cela le sauva de la sanction et emporta l'application de la peine pour calomnie à ses accusateurs. Cette affaire et d'autres cas similaires occupent une bonne place dans les principales références de notre héritage culturel arabe.
[13] Dieu dit ainsi dans la sourate La Lumière (24) au verset 30 : "Dis aux croyants : de baisser leurs regards d'être chastes. Ce sera plus pur pour eux. — Dieu est bien informé de ce qu'ils font—" Ainsi, baisser les yeux sur ce que fait autrui est placé au niveau de la chasteté.
[14] Il n'est pas sans intérêt de rappeler ici que l'idée scientifique répandue depuis les travaux de Sigmund Freud est que l'homosexualité fait partie des maladies psychiatriques, puisque ce savant a considéré l'homosexualité comme étant "un arrêt de l'évolution sexuelle". Or, cette conception ne fait plus partie des postulats scientifiques; elle est même totalement rejetée de nos jours. À noter, par ailleurs, que l'Organisation Mondiale de la Santé n'a décidé d'enlever l'homosensualité ou homosexualité de sa liste des maladies psychiques que récemment (en 1990).
[15] Jawad Ali assure ainsi ce qui suit : "L'inversion sexuelle est bien connue chez les préislamiques tout comme dans toutes les nations depuis la nuit des temps; aussi n'est-il pas sensé d'en exclure les préislamiques. On pourrait citer, pour preuve, la prohibition et la mise en garde contre une telle pratique dans le Coran et la Sunna. De l'inversion sexuelle fait partie ce qui en est connu de la relation intime entre deux hommes et leur accouplement ou le rapport sexuel entre deux femmes. On y inclut aussi la sodomie de la femme par l'homme ainsi que c'était le cas chez les gens de La Mecque". Cf . المفصل في تاريخ العرب قبل الإسلام، الجزء الخامس من الطبعة التي ساعدت جامعة بغداد علىنشرها، ص 142.
[16] S'agissant de l'islam, le cheikh Keshk note dans son ouvrage : "Les efféminés existaient et étaient bien connus dans l'antéislam. Ils continuèrent d'exister un moment durant le temps de l'Envoyé de Dieu à Médine. Ils pouvaient entrer chez les femmes et officiaient comme entremetteurs... On n'en parle plus après, durant les temps inauguraux de l'État de l'islam avant qu'ils ne réapparaissent lors de la première dynastie islamique en tant qu'artistes ou chanteurs, ainsi que nous le voyons de nos temps en Occident. Le premier chanteur fut Toways qui était efféminé, portant des bijoux aux bras et un voile brillant tout en jouant du tambourin." Il suffit de revenir aux Cantilènes الأغاني pour découvrir nombre d'anecdotes croustillantes à ce sujet durant diverses périodes islamiques semblables à ce qui était du temps de l'antéislam.
[17] Je qualifie cette modernité avant la lettre par le néologisme de Rétromodernité.
[18] On peut lire, à ce sujet, l'article de John Thorp traduit par Liwa Yaazji : "Construction sociale de l'homosensualité" sur le site Al Awan (Pour une culture rationaliste séculariste des Lumières), du samedi 3 octobre 2009 :
[19] Il suffit, à ce propos, de revenir aux études de Michel Foucault au sujet de la transformation de l'homosexualité dans ces sociétés, du fait de la religion spécialement, d'un phénomène ordinaire en une maladie.
[21] Citons, parmi ses plus illustres représentants, Junayd qui est l'une des références de l'islam sunnite en Tunisie, ainsi que l'a rapporté l'imam Ibn Ashir.
[22] Cf. l'article de AbdAssamad Dayalemi sur le site AlAwan en date du mercredi 30 septembre 2009 intitulé الاجتهاد أمام المثلية الجنسية
[23] On leur a reproché aussi la prétention de certains parmi eux que "les obligations incombent aux gens communs, non points aux élus".
[24] Il est ainsi parmi les walis certains qui n'ont pas hésité à se comporter en femme, comme le saint marocain Ali Ibn Hamdouche.
[25] Les livres d'histoire et de jurisprudence islamiques regorgent d'exemples en ce sens. Nous nous limiterons ici d'évoquer ce qu'on trouve dans "Du verdoyant bocage sur l'utilité de la baise" (sic; c'est bien le titre du livre, aussi choquant que cela puisse être !) du traditionaliste JalelEddine Siyouti : "Ibn Aqil AlHanbali a dit : Une discussion eut lieu entre Abi Ali Ibn Al Walid le Mo'tazilite et Abi Youssef Qazwini au sujet de la licéité des rapports sexuels des éphèbes au paradis; et Ibn AlWalid dit : cela se pourrait parmi la somme des jouissances du paradis, n'étant point cause de corruption" (نواضر الأيك في فوائد النيك، تحقيق طلعت عبد القوي، دار الكتاب العربي، دمشق).
[26] Cf. مكتبة التراث الإسلامي، القاهرة، الطبعة الثالثة، 1992. Le texte du livre est disponible en téléchargement sur internet. Il est intéressant de signaler que l'ouvrage, après avoir fait l'objet de saisie en 1984, a été autorisé et bénéficia de la permission de publication en 1985 à la suite d'une décision favorable d'une commission spéciale de l'Académie de recherches islamiques d'Égypte qui attesta qu'il ne comportait rien de contradictoire avec la religion musulmane ni dans son texte ni dans l'interprétation.
[27] La revue égyptienne Ma liberté a publié en date du 19 avril 1992 en pages 24 et 25 un article sur cheikh Keshk où il est dit que les adolescents du paradis aux boucles d'oreilles et aux bracelets sont pour la jouissance, le musulman n'ayant pas seulement droit au plaisir au paradis avec les houris, mais aussi avec les adolescents dont la beauté fascinante, la sveltesse du corps et la douceur sont source d'excitation pour les bienheureux qui ne commettent pas de péché en s'accouplant à eux au paradis.
[28] Ainsi que nous l'avons mentionné précédemment, dont le juge Yahya Ibn Aktham auquel on attribue ce qui suit : "Dieu a honoré les bienheureux du paradis que circulent autour d'eux des éphèbes, les privilégiant pour le service aux jeunes filles; qu'est-ce qui me priverait donc par anticipation de cette grâce réservée aux bienheureux dignes de la proximité de Dieu?"
[29] Cf. Razi en sa monumentale exégèse Clefs de l'Invisible.
[30] A'qam est un chiite zaydite.
[31] Il s'agit d'une exégèse du chiisme duodécimain.
[32] Par exemple Baydhaoui dans ce qui est l'une des références en matière d'exégèse أنوار التنزيل وأسرار التأويل , Abou Hayan, quant à lui dit dans son exégèse, réputée chez les sunnites, البحر المحيط ou les soufs Ismaaïl Hagui dans روح البيان في تفسير القرآن et Ibn Ajiba dans البحر المديد في تفسير القرآن المجيد.
[33] Comme Aloussi dans روح المعاني ou Cheikh Ibn Achour dans التحرير والتنوير .