Remaniement du gouvernement Essid ou la morale en politique
Il se dit avec de plus en plus d'insistance que M. Battikh, actuel ministre des Affaires religieuses, fera les frais du prochain remaniement ministériel. Sacrifier ainsi cette figure emblématique de la lutte contre le terrorisme mental représenté par les imams radicaux soutenus par le parti Nahdha apporterait assurément la preuve que la politique dans notre pays est parfaitement immorale.
Désavouerait-on la lutte antiterroriste ?
En effet, quel que soit le prétexte à avancer pour un tel désaveu du travail de M. Battikh, l'éviction de ce dernier du gouvernement ne sera que la victoire du jeu malsain pratiqué par le parti islamiste qui alimente le terrorisme dont souffre le pays.
Or, au vu des périls qui menacent la pérennité de l'État, désavouerait-on la lutte antiterroriste incarnée par M. Battikh ? Car ce qu'on lui reproche, c'est justement une action performante visant le coeur de cible de l'hydre terroriste, ses racines que constituent les discours de certains imams radicaux.
Nul n'ignore que ce qui encourage le lavage de cerveau des kamikazes qui sèment la terreur dans le pays est bien le discours manichéen que cultive cette gent maléfique que combat M. Battikh.
Aussi, il importe non seulement de soutenir les efforts de M. Battik, mais il faut les renforcer et en exiger de pareils de tous les responsables à tous les niveaux.
Le désavouer en ce moment précis de périls en la demeure, c'est faire acte non seulement d'irresponsabilité et d'immoralité politiques, mais aussi de trahison de la patrie qui a le plus besoin de barrer la route à tous les fauteurs de troubles, à commencer par qui cultive le terrorisme mental.
Gare à l'immoralisme politique !
Que l'on envisage de restructurer le gouvernement, en faisant une équipe restreinte, fusionnant certains ministères, pourquoi pas ? On parle ainsi de faire des Affaires religieuses et culturelles un même département. Ce n'est pas si cocasse que d'aucuns veulent le penser, l'islam étant d'abord une culture avant d'être un culte.
Toutefois, à idée originale, une forme originale. Ledit ministère ayant deux volets aussi importants l'un que l'autre pourrait avoir deux têtes, l'une chargée des questions à dominante culturelle et l'autre celle à dominante religieuse.
Un tel bicéphalisme est même nécessaire en une étape préalable en attendant que cette expérience originale puisse donner fruit et que les deux départements unifiés trouvent la symbiose nécessaire pour fonctionner avec une seule tête polyvalente et des rouages parfaitement compatibles entre eux au service d'un islam tolérant de nouvelle génération.
Aussi, si l'idée n'est pas mauvaise, ce serait en faire une fausseté de n'en user que pour servir le complot qui se trame contre le ministre Battikh dont on voudrait se débarrasser par tout prétexte.
Que M. Essid fasse donc montre d'originalité et de capacité à innover, c'est ce que commande la politique et ce qu'on sait de ses talents au service de la patrie. Qu'il ne se laisse toutefois pas aller, par excès de réalisme, à verser dans un immoralisme politique que commanderait une certaine conception de la politique à l'antique.
Une telle façon immorale de gouverner ne cadre plus avec l'esprit du temps qui est à l'éthique à tout crin. Elle est non seulement vouée à l'échec, mais grosse aussi d'indignité pour qui s'y colle. Nous estimons trop M. Essid pour le voir s'abaisser à la pratiquer.