Le Maroc et la Tunisie condamnés pour répression illégale des homosexuels
À la suite de la condamnation, à Fqih Ben Salah, ville située au sud de Rabat de citoyens marocains poursuivis pour homosexualité, l'organisation humanitaire Human Rights Watch a demandé solennellement au Maroc d'arrêter de poursuivre en justice les homosexuels.
Un communiqué publié le 7 juillet dénonce l'arrestation et la condamnation de six hommes condamnés déjà le 12 mai par le tribunal de Première instance de la ville pour homosexualité, prostitution et ivresse publique. En cela, il s'est fondé sur l'article 504 du Code pénal réprimant les crimes contre la moralité et surtout l'article 489 punissant tout acte sexuel entre deux personnes de même sexe.
S'il a été atténué dans sa sévérité par la cour d'appel de la ville par un arrêt du 2 juillet, un tel jugement a été confirmé quant à l'essentiel en reconnaissant la culpabilité des personnes poursuivies.
Dénonçant les faibles avancées du Maroc en matière de droits humains, HWR réclame donc l'abolition des "lois qui établissent une discrimination à l'égard de certaines activités entre adultes consentants pour la seule raison qu'ils sont du même sexe".
L'organisation humanitaire note ainsi que la criminalisation de l’homosexualité constitue une violation de droits humains fondamentaux consacrés par des conventions auxquelles le Maroc est adhérent, comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui interdit les ingérences dans le droit à la protection de la vie privée.
Mais il y a aussi la constitution marocaine nouvelle qui rend caducs les articles précités du Code pénal. C'est le cas aussi en Tunisie du fait de sa constitution également et qu'elle est membre de convention précitée.
Or, l'article 230 de son Code pénal qui punit, comme au Maroc, d'une peine de trois ans de prison les relations homosexuelles est toujours en vigueur bien que légalement sans fondement.
La Tunisie a d'ailleurs eu, en ce sens, des recommandations de la part du Conseil des droits de l'Homme de Genève que les autorités ont refusé en septembre 2013 au motif, selon le ministre des droits de l'Homme de l'époque, qu'elle a "une histoire, des traditions et une religion."
Or, justement, cette histoire, la tradition et la religion qu'invoquent toujours a les autorités, et ce aussi bien en Tunisie qu'au Maroc, militent plutôt en faveur de la dépénalisation de l'homosexualité.
Celle-ci est en effet une pratique qui a toujours existé et tolérée dans la société maghrébine, arabe comme berbère. Elle n'est nullement condamnée en islam comme je l'ai démontré, avec les preuves les plus irréfutables, dans mes deux ouvrages, en arabe et en français, sur l'homosexualité en islam. Enfin, l'interdiction actuelle de l'homosexualité repose moins sur la religion correctement interprétée que sur une extrapolation à partir de la tradition judéo-chrétienne.
Aussi, il est temps, en Tunisie comme au Maroc, de décriminaliser l'homosexualité si l'on veut vraiment se conformer aussi bien à la lettre qu'à l'esprit de l'islam. Et ce sera, dans le même temps, se conformer aux constitutions nouvelles des deux pays et à leurs engagements internationaux des en matière des droits de l'Homme.
Publié sur Webdo