Culture, intellectuels et changement social *
*Avec, à télécharger, le PDF du Nouvel esprit islamique
Recherches sur les Lumières,
la Modernité et la Diversité Culturelle (LMDC), laboratoire de l'Institut
Supérieur des Sciences Humaines de Tunis a organisé samedi 26 avril une journée
d'études sous l'intitulé : Culture et intellectuels dans les contextes de
changement social.
Il s'agissait d'une occasion
privilégiée de prendre le pouls de la recherche en Tunisie en matière
d'approches sociologiques les plus novatrices.
Des thématiques aussi
variées que l'investissement dans les industries culturelles, la sociologie de
l'écrivain tunisien ou la télévision tunisienne dans le contexte
révolutionnaire ont été abordées et discutées.
À cette occasion, j'ai exposé en détail pour la première fois en Tunisie ma
recherche en cours sur une approche
renouvelée de l'islam.
Work in progress mené entre
la France et la Tunisie, il s'agit d'une ambitieuse entreprise
transdisciplinaire en vue de faire passer l'appréhension du fait religieux
islamique du simple culte localisé et caricatural que l'islam est devenu en ce
système culturel universaliste qu'il a été à ses origines, et ce dans le cadre
de la théorisation d'un nouvel esprit islamique.
Se situant dans la lignée
des travaux de référence de Gaston Bachelard avec son Nouvel esprit
scientifique et de Gilbert Durand avec son Nouvel esprit anthropologique, le
Nouvel esprit islamique est une gageure postmoderne, selon la pensée de Michel
Maffesoli, en vue d'une kehre heidegerienne, soit un tournant historial d'un
islam enfin restitué à sa propre essence, en congruence tout à la fois avec son
esprit intrinsèque, son propre imaginaire, et celui de notre temps, le
zeitgeist postmoderne.
Qu'on en juge : la tradition musulmane actuelle est à revoir, car
elle est fortement marquée par la tradition judéo-chrétienne. Deux exemples
sont à ce titre éloquents : la conception du péché en islam et la nature
pragmatique de notre foi.
La recherche, prolongeant par certains aspects l'œuvre du philosophe
Youssef Seddik, débusque l'influence grecque dans la notion du péché en islam.
Celui-ci est conforme à l'esprit grec, rompant totalement avec la conception
retenue par les deux Testaments de la Bible.
En effet, il y a d'un côté le péché, sur lequel on peut agir,
qu'on peut éviter et pour lequel on est puni. Mais il y a aussi la «pollution»
qui est structurelle, avec laquelle on ne peut que composer, car elle est
inévitable dans la nature humaine, tout comme un virus.
Le péché en islam est unique et il porte sur l'association
d'autres divinités à Dieu, seul péché impardonnable. Tout le reste, tout ce
qu'on qualifie habituellement de péché n'est que de la pollution, relevant de
la part d'ombre de l'humain, pouvant donc être pardonné par Dieu. Les diverses
techniques prévues pour réparer toute faute, se faire pardonner, à commencer
par الكفارة , sont éloquentes à ce titre.
La seconde révolution mentale qu'emporte cette recherche concerne
la nature de notre religion qui ne serait pas, contrairement à ce qu'on affirme
et croit à tort, une religion dogmatique à la manière des religions judaïque et
chrétienne, car l'islam est d'abord pragmatique. Cela est capital en ce qu'il permet de réaliser, par exemple,
que l'anathémisation التكفير n'est nullement une pratique de l'islam comme on le pense, y compris parmi les spécialistes de l'islam.
En exclusivité, j'offre ci-après la possibilité de télécharger le
document scientifique de présentation du Nouvel esprit islamique, une recherche en cours qui a l'ambition de bouleverser l'islam de fond en comble. Elle sonnera la fin de l'islam
judéo-chrétien ainsi que je l'annonce en parlant du déclin de l'islam
classique dans sa déclinaison liberticide et sectaire, laissant la place à un i-slam
œcuménique, rationaliste et universaliste, la religion postmoderne par
excellence.