Manifeste de la société civile pour
une démocratie participative en Tunisie
En relation avec
mon article ici* faisant le point sur l’état
grave de dérive vers l’autoritarisme, voici un manifeste que je pense de mon
devoir de proposer à la société civile qui serait avisée d’en faire usage, en
l’état ou sous toute autre forme qu’elle estimerait utile, afin de sauver notre
démocratie naissante bien en péril aujourd’hui. Il y a urgence; que la société
civile bouge; c'est le peuple qui le demande, ce peuple dont je prends le pouls
régulièrement dans notre Tunisie profonde laissée à sa misère insoutenable.
Texte
du manifeste
La société civile tunisienne, représentée par
ses composantes signataires et adhérentes au présent manifeste,
Vu l’état
de pantomime politique auquel est réduite une assemblée du peuple;
Vu que
cette assemblée a été élue pour un an afin de rédiger une constitution entrée
en vigueur;
Vu que la
constitution dont les partis se réclament la paternité n’a consacré les acquis
des nouveaux droits et libertés que grâce au peuple à travers ses associations
et organisations de la société civile;
Vu que
ces acquis demeurent lettre morte faute du gel des lois actuelles héritées du
régime de la dictature;
Vu que
les partis politiques usent et abusent de l’esprit, vidé de tout contenu, d'une
démocratie purement pour servir leurs intérêts égoïstes et accaparer le
pouvoir;
Vu que le
scrutin électoral en passe d’être adopté reconduira la composition politique
actuelle de la scène politique et écartera encore plus du pouvoir le peuple.
Or, la souveraineté du peuple est consacrée par la constitution ainsi que son
droit à s’autogérer à travers des structures locales et régionales élues et
autonomes dans le cadre d’une décentralisation renforcée du pouvoir politique,
économique et social;
Vu que
des élections municipales et régionales emportant élection des gouverneurs par
le peuple, les seules qui puissent garantir l’effectivité des nouveaux acquis
de la constitution en matière de gouvernance, sont écartées en faveur
d’élections législatives et présidentielles sans aucun impact sur la vie réelle
des Tunisiens dans des régions intérieures oubliées par le pouvoir central;
Décide :
Seule la
société civile est aujourd’hui représentative des acquis de la révolution et
incarne la volonté populaire de s’émanciper définitivement de la dictature et
de son esprit rampant sous le prétexte de l’autorité et du prestige de l’État.
Aussi,
elle appelle à des assises de la société civile au niveau de chaque gouvernorat
réunissant tous les acteurs les plus actifs dans les localités afin de décider
au plus vite de la réaction adéquate de la société civile à la comédie
politique que lui jouent les politiciens et les gouvernants actuels de la
Tunisie.
De telles
assises auront pour charge la désignation les représentants qualifiés de la
société civile dans chaque gouvernorat et chaque municipalité, qui seront
habilités à négocier le plus rapidement possible avec les autorités municipales
et les gouverneurs des modalités de l’exercice effectif du pouvoir par les
acteurs de la société civile dans les localités et les régions dans l'attente
de l’organisation des élections municipales et régionales seules aptes à sauver
la démocratie en Tunisie.
À cette fin :
Elle
invite les autorités nationales à faciliter un tel exercice du pouvoir
directement par le peuple comme le stipule la constitution.
Elle
rappelle que seule une démocratie participative est en mesure de couper
définitivement avec les tentatives actuelles de renouer avec l’ancienne
dictature afin de fonder un État de droit authentique en Tunisie.
Elle
assure que seules les organisations de la société civile sont en mesure de
servir cette ambition populaire, les partis politiques ayant démontré depuis
plus de trois ans en être irrémédiablement incapables.
Et que vive la Tunisie, véritablement
démocratique, dans une société autogérée par sa société civile dans le cadre
d’un État libre et souverain, mettant en œuvre une gouvernance politique, économique et sociale basée sur la
plus large décentralisation dans une démocratie véritable qui ne saurait être
que participative.