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mardi 3 avril 2018

Radicalité humaniste 9

Pourquoi il faut abolir maintenant l'homophobie




C'est maintenant et non demain qu'il faut impérativement abolir l'homophobie en Tunisie et en islam! Après les dernières déclarations de M. Rached Ghannouchi au magazine Jeune Afrique* affirmant que l'homosexualité est un sexe naturel, il n'y a plus aucun empêchement à proposer et voter une loi délivrant la Tunisie et l'islam de cette tare qui viole à la fois le droit et la religion du pays.

On ne doit même pas — surtout pas ! — prétexter la tenue des élections municipales ou la rédaction en cours du futur Code des libertés pour réaliser de suite cette réforme majeure et indispensable de la législation nationale actuelle qui est illégale à ce niveau.

Car une telle réforme urgente est un pas essentiel à faire pour la réalisation du vivre-ensemble paisible en Tunisie et aussi pour la réussite des fatales réformes de l'arsenal législatif encore en place maintenant la Tunisie dans la situation d'un État de non-droit, et au mieux de similidroit.

 En effet, son symbolisme est énorme, étant le sujet tabou par excellence. Aussi, abolir l'homophobie aujourd'hui, c'est œuvrer pour l'État de droit de demain, et ce bien plus que par les élections surtout qu'elles ont lieu au vu d'un scrutin qui ne traduit en rien la volonté populaire et qu'elles sont boycottées par les citoyens.

Un faux tabou et fausse morale

L'homosexualité en Tunisie, ainsi qu'en islam, est bel et bien un faux tabou,** car elle est pratiquée couramment dans notre société, mais en cachette, à l'abri des regards et d'une loi répressive.

C'est que le sexe arabe et aussi amazigh est bisexuel, ne distinguant pas entre homos et hétéros. C'est bien la loi coloniale qui a stigmatisé le sexe gay en application non pas de l'islam, mais de la tradition judéo-chrétienne.

En effet, si la Bible était perçue par les siens comme homophobe avant qu'on ne la réinterprète correctement, l'islam n'a jamais comporté de prescriptions homophobes avant qu'on en fasse une lecture biblique.

Certes, le fiqh actuel condamne l'homosexualité, mais c'est en violation du texte coranique correctement lu et de ses visées. Car le Coran ne comporte aucune prescription en la matière: et il en va de même de Sunna authentique.

En effet, il n'y a aucun hadith sur la question dans les deux recensions majeures : Boukahri et Mouslem. Est-ce croyable pour ce qui a été jugé comme étant la pire turpitude? Ce que citent bien volontiers les homophobes n'est que du faux.

C'est donc une fausse morale que consacre l'article 230 datant de la période du protectorat. Il faut rappeler aussi qu'il est venu criminaliser une pratique répandue dans la société et même célébrée en islam du temps de sa splendeur.

Ainsi les persécutés en Europe, comme nombre d'artistes, venaient-ils vivre leur sexe particulier, condamné chez eux, en Tunisie et au Maghreb, pays qui étaient libéraux en matière de sexe. N'oublions pas que la France et l'Allemagne, par exemple, étaient aussi homophobes que l'est la Tunisie aujourd'hui; et cela a duré jusqu'en 1982 pour la première, date à laquelle on a aboli le dernier vestige homophobe, l’alinéa 3 de l’article 331 du Code pénal, et jusqu'en 1994 pour la seconde, date de l'abolition du paragraphe 175 du Code pénal allemand, équivalents de notre article 230 de notre Code pénal.     

Une excuse fallacieuse

Cet article 230 doit donc connaître enfin le même sort que les lois qui l'ont inspiré en violation de la vraie morale de l'islam.

Après les déclarations du chef du parti islamique, le gouvernement ne doit plus hésiter à proposer un texte salutaire en termes de morale publique et de droit.

En effet, les autorités doivent cesser d'user du faux prétexte du conservatisme social, car la société tunisienne ne l'a jamais été; ce sont ses élites qui le sont et ce juste pour mieux la contrôler, sa jeunesse surtout, au travers de sa pratique sexuelle.

De plus, il est absolument mensonger de prétendre que libérer le sexe gay reviendrait à l'encourager. Car il s'agit d'une nature chez certains placée en eux par leur créateur et ce n'est nullement un choix de vie, ou alors pour l'assumer et non se cacher comme le font nombre de gays. En tout cas, elle ne saurait se propager chez ceux qui ne l'ont pas, soit la majorité qui est, tout au plus, bisexuelle, c'est-à-dire pratiquant son sexe normal (hétéro) sans répugner à toucher à l'autre type de sexe (homo) qui restera minoritaire.    

En Tunisie et au Maghreb, un tel sexe bi est ce que je qualifie d'érosensuel, étant surtout fait de sensualité.*** On voit bien d'ailleurs que malgré les lois homophobes, les rapports entre les jeunes de mêmes sexes sont tellement marqués par une telle sensualité que les Occidentaux les prennent pour de l'homosexualité, alors qu'ils n'en sont pas ou pas nécessairement, le sexe étant absent ou, au mieux, sublimé en sensualité innocente.         

Une arme redoutable

S'il est impératif d'abolir de suite l'homophobie en Tunisie, c'est parce qu'elle est devenue une arme redoutable utilisée aux fins de priver nos jeunes de leur vitalité; car le sexe est au cœur de la libido qui est cette énergie vitale, le moteur de tout en l'humain.

Aussi, sans son droit au sexe, notamment à l'âge où c'est incontournable, quel que soit le type de ce sexe, l'homme est diminué de sa vitalité. Et c'est encore plus grave lorsque viennent se greffer sur la pratique du sexe, somme toute impérative dans la condition humaine, des interdits divers, plus saugrenus les uns que les autres.

Or, c'est bien en libérant le sexe  gay, du fait de sa forte charge symbolique, que l'on démystifiera tous types de sexe, agissant de la sorte à libérer les Tunisiennes et les Tunisiens de ces névroses qui les perturbent et sont toutes liées au sexe et son assimilation au vice. C'est ainsi qu'ils retrouveront leur équilibre psychologique leur faisant actuellement défaut.  

On doit surtout arrêter d'assimiler le sexe en islam à un vice, ce qu'il n'est point en une religion qui honore même l'acte sexuel au paradis et l'a même longtemps fait en son lieu le plus sacré qu'est la Mecque.

En effet, le plaisir de la chair, appelé plaisir du pèlerinage était bien admis du temps du prophète et ne fut interdit que par la suite par ses successeurs. C'est dire à quel point on se trompe et on trompe sur l'islam !

Il est donc temps de réhabiliter cette foi respectueuse de la nature humaine où le sexe est une nécessité, et ce à travers son type le plus actuellement honni injustement au nom de l'islam : le sexe gay. C'est servir l'islam que de rendre justice aux homos en reconnaissant leur droit à vivre leur sexualité librement. Et c'est l'islam qui l'impose, car il est justice et humanisme !

Aussi, si nos politiques entendent sincèrement ériger l'État de droit et la démocratie en Tunisie, ils savent par quoi commencer : non pas les élections municipales, mais la réforme législative**** pour conformer les lois obsolètes et devenues illégales à la Constitution restée lettre morte. 

Et cela passe par l'abolition de l'homophobie en acte à portée symbolique énorme et aux retombées salutaires immenses, en toilettant déjà les mentalités des freins qui y pullulent et qui sont, au nom de la religion, la négation de la démocratie.

Si une telle sincérité existe, que le gouvernement propose donc en projet de loi le texte consensuel***** qu'on lui avait soumis ainsi qu'aux autres autorités du pays, y compris la société civile. Les vrais musulmans, outre les innocents et les générations futures, lui sauront gré d'avoir ainsi mis le pays sur une voie passante pour la démocratie.

NOTES  







Publié sur Huff Post