Appel pour sauver une démocratie voulue mort-née !
La souveraineté d'un peuple est un miroir où les gouvernants qui se
veulent des démocrates doivent se mirer, car ils y voient leur âme et leur
corps, leurs forces et leurs faiblesses; ils s'y voient tout entiers, avec
surtout les inévitables turpitudes dont l'exercice du pouvoir ne manque jamais
de doter ses serviteurs malgré la veille de la conscience. Celle-ci impose même
aux gouvernants véritablement démocrates de s'anéantir en leur peuple afin de
se retrouver eux-mêmes en lui, les deux ne faisant qu'un seul corps, celui d'un
peuple souverain.
Une démocratie naissante qui se meurt
Aujourd'hui, notre démocratie naissante est en grave danger. Le
miroir du peuple a été cassé en mille morceaux par ceux qui ne veulent pas s'y
regarder, y retrouvant leurs vices.
Aujourd'hui, notre démocratie est moribonde; on entend lui donner
le coup de grâce avec un système électoral qui creuse la faille séparant le
peuple de ses dirigeants qui ne sont plus ses serviteurs, mais ses saigneurs
qui se présentent en seigneurs de la politique.
La Tunisie du bas est en péril; elle crie au secours ! Notre pays
ne saurait plus supporter l'autisme qui caractérise la Tunisie du haut, ces
élites concentrées sur leurs intérêts.
Voici donc un appel de la dernière chance aux patriotes qui ne
manquent pas en ce pays. Il urge qu'ils se rebiffent contre le retour d'une
dictature rampante sous forme d'autoritarisme, de conformisme et de démission
face aux exigences populaires.
Le processus en cours mènera aux plus néfastes conséquences
puisqu'on ne peut plus sevrer le peuple d'une liberté retrouvée ni surtout satisfaire
sa faim avec des sornettes qui ne sont, au mieux, que la brioche des
gouvernants ignorants des réalités de leur peuple.
Voici un appel de dernière chance. Pourvu qu'il fasse écho en ce
temps de conformisme et de bienpensance pour l'intérêt du plus grand nombre. Ce
pays a toutes les qualités pour mériter le meilleur; or il est en train de
subir le pire d'une poignée d'irresponsables se voulant responsables, un quarteron
d'assoiffés du pouvoir, à l'ego surdimensionné. Il n'est que temps de se
ressaisir !
Disons donc stop à la dérive autoritaire ! Stop au retour de la
démagogie ! Stop au pouvoir des castes et des intérêts partisans ! Rendons le
pouvoir au peuple en appelant à organiser d'abord des élections municipales et
régionales au scrutin uninominal rationalisé.
Pour un scrutin uninominal rationalisé
Il nous faut avoir
l'honnêteté de reconnaître que le scrutin de liste s'est avéré néfaste pour la
démocratie, ayant fait la preuve de son inadaptation aux réalités de la
Tunisie. Aussi, le reconduire pour les prochaines élections, même avec quelques
amendements, c'est écarter le peuple de l'exercice du pouvoir et bafouer sa
souveraineté.
Il nous faut avoir la
sincérité de dire que le scrutin de liste actuellement retenu est destiné à
assurer la mainmise des grands partis sur la scène politique et sur la destinée
du pays. Or, force nous est de réaliser que les partis ne sont plus les vrais
représentants d'une démocratie directe et participative; celle-ci n'est
désormais incarnée que par les organisations et associations de la société
civile;
Il nous faut donc prendre
conscience que la société civile tunisienne est très active, incarnant
merveilleusement le développement solidaire que la Révolution a voulu pour la
Tunisie;
Aussi doit-on décider
instamment que le scrutin uninominal rationalisé est le mieux approprié pour
que le peuple renoue avec la politique par l'intermédiaire de ses élus. Et
ceux-ci doivent l'être moyennant un contrat de mission dont ils sont
responsables, sous peine de déchéance, de la mise en œuvre au cours de leur
mandat sous le contrôle du peuple par l'intermédiaire de l'Instance
indépendante des élections.
Pour des élections municipales et régionales
Il est de la première
urgence, aujourd'hui, de mettre en place des conseils municipaux et régionaux
élus par le peuple afin de lui permettre de gérer la situation catastrophique
dans les localités et remettre le pays sur pied.
Il est impératif que les
gouverneurs soient élus par le peuple et que les conseils régionaux et locaux aient
des attributions concrètes dans le cadre d'une décentralisation effective
déplaçant la décision concernant les localités et les régions à l'intérieur du
pays.
Aussi, tous les patriotes de
ce pays qui ne se gargarisent pas vainement des slogans creux et des épithètes
sans consistance se doivent de demander instamment aux autorités du pays de :
1. suspendre
immédiatement les travaux actuels en vue de l'adoption d'un scrutin de liste
liberticide,
2. confier à un groupe de spécialiste
la charge d'établir le code électoral en retenant le mode de scrutin uninominal
rationalisé qui doit prévoir :
2.1. un contrat de mission sur lequel s'engage l'élu et qui
est contrôlable, autorisant en cas de violation la déchéance de l'élu en faveur
du premier de ses deux suppléants et ensuite du second avant élection
anticipée,
2.2. l'obligation de l'élu de se présenter avec deux
suppléants, leur ordre important peu, mais avec la présence obligatoire dans le
trio, pour le moins et séparément, d'une femme et d'un jeune.
3. appeler immédiatement
à des assises de la société civile dans chaque gouvernorat et municipalité afin
de convenir des modalités d'organisation d'élections municipales et régionales
avant la fin de l'année.
4. reporter les
élections législatives et la présidentielle prévues après la mise en place des autorités
locales et régionales élues.
5. décider que c'est
parmi les élus locaux et régionaux que seront élus les représentants nationaux
du peuple.
Ainsi agira-t-on efficacement et honnêtement pour que vive notre
Tunisie indépendante et souveraine dans une démocratie enfin assumée où le
peuple sera réconcilié avec la politique en l'exerçant concrètement aux
échelons locaux et régionaux. C'est la seule issue de sortie de l'impasse
actuelle qui n'est qu'une fuite en avant vers le pire. À bon entendeur, salut !
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Publié sur Leaders