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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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jeudi 23 avril 2015

I-slam poléthique 7

C'est la peine de mort, non sa prohibition, qui est contraire à l'islam




Amnesty International, par la bouche de son directeur exécutif au Maroc, vient de rappeler qu'il "est temps pour le Maroc d'abolir la peine de mort". Exprimant de sévères réserves sur le projet de  réforme du code pénal, il estime qu'il viole la constitution du royaume consacrant le droit à la vie.

Le projet de réforme reste répressif malgré quelques acquis censés camoufler un caractère liberticide. Dans une démarche dite "progressive", il réserve la peine capitale aux "crimes les plus horribles".

Ce maintien se veut conforme à une prescription religieuse; or, même ainsi limité, il viole le texte et l'esprit de l'islam.

La loi du talion est une tradition sémite obsolète

Le premier argument avancé contre l'abolition est que l'islam consacre la loi du talion. Or, il n'a gardé cette loi que comme une survivance des révélations précédentes, devant disparaître grâce à l'évolution de la société et à la faveur des appels insistants et répétés dans le Coran au pardon et à l'effort maximal sur soi, le Jihad Akbar.

La spécificité de l'islam est justement d'avoir renforcé la tendance, déjà initiée par le christianisme, d'universalité de la foi et de clémence et de miséricorde divines éminentes. Il y a rajouté une touche rationaliste ainsi qu'une congruence avec le réel, manifestée par une progressivité, considérée aujourd'hui comme le véritable sens du progressisme.

Ainsi, nombre de lois issues de l'Ancien ou du Nouveau Testament n'ont pas été brutalement abrogées, l'islam préférant indiquer aux croyants la voie vers leur lent et inexorable abandon grâce à la raison dont il appelle de faire usage.

Le musulman est censé être tout d'abord un croyant qui a non seulement la foi, mais aussi une raison pour ne pas agir comme un automate. C'est en cela que la foi islamique est une foi scientifique, la raison y étant sensible, nullement dogmatique.

À titre d'exemple, l'islam n'a pas interdit la servitude, mais en a initié le processus. Il en va de même pour nombre d'autres questions où la progressivité est une rationalité. Par exemple, le nombre d'épouses limité à quatre, tout en conseillant une seule dans une indication de ce que la raison humaine finirait par imposer en application de l'esprit de la religion et de ses visées. Idem pour la part moindre d'héritage pour la femme qui n'en avait point et devant finir par être logiquement égale à celle de l'homme.

L'abolition de la peine de mort est compatible avec l'islam

Sauf à faire une lecture débilitante du Coran, il n'y a pas incompatibilité de l'abolition de la peine de mort avec l'islam. D'abord, l'abolition est aujourd'hui, dans tous les pays civilisés, une marque d'humanité. Or, l'islam est la religion humanitaire par excellence !

Ensuite, si l'islam a retenu le principe de la peine de mort, il l'a fait d'une manière particulièrement restrictive et dans le seul but de préserver la vie humaine. Or, l'abolition de la peine de mort consacre cette finalité.

Sommairement, en islam, il y a trois hypothèses où la peine de mort est prévue textuellement. Dans ces trois cas, il est toujours possible de ne pas y recourir, une issue qui est privilégiée et encouragée.

Le premier est l'homicide volontaire. Or, si l'islam reconnaît à la famille de la victime le droit de tuer en représailles, il lui reconnaît aussitôt le droit absolu de pardonner et l'y invite fortement comme marque supérieure de piété.

Le deuxième est celui de l'auteur d'adultère s'il est marié. Or, les conditions restrictives sont tellement nombreuses que la sanction peut finalement dépendre, pour être appliquée, du seul aveu du coupable.

Rappelons, à ce propos, contrairement à ce que l'on croit, que ce crime n'est constitué que dans le cas bien prouvé de pénétration; en sont exclus tous les rapports sexuels demeurés à la surface.

Le dernier cas est celui du banditisme de grand chemin pour lequel la peine capitale entend protéger la paix civile et la vie des gens. Toutefois, cette sanction concerne des menées avérées de brigands en tant que tels, c'est-à-dire des hors-la-loi qui font de ce banditisme une profession.

L'islam réserve donc la peine de mort à une catégorie précise et à une manière particulière d'exercice de la pratique sanctionnée, puisqu'elle ne s'applique pas à une action ponctuelle ou à quelqu'un qui se serait adonné par accident à de tels actes.

Ces trois motifs à la base de l'application de la peine de mort sont, de plus, tellement encadrés que la mise en œuvre effective de la peine en devient exceptionnelle. Ce fut le cas en un temps où la cruauté et les violences étaient la règle des mœurs publiques. Aussi, aujourd'hui que la mort est un signe de cruauté, comment oser dénaturer l'esprit de l'islam humaniste en prétextant respecter sa lettre ?

Notons ici qu'être abolitionniste ne suppose pas une injustice faite en retour à la victime, puisqu'il n'est pas question de la moindre abstraction de sanction ou de la nécessité de payer pour ses actes, notamment quand ils sont crapuleux.

C'est plutôt en évitant de mettre à mort le coupable, abrégeant sa souffrance morale, que l'on se montre le moins cruel à son égard, la pendaison ou toute autre forme de condamnation capitale ne valant que par le moment d'angoisse, bien éphémère qui précède la mort. La vraie sanction est quand pareille angoisse se fait une éternité, augmentée éventuellement de remords du fait d'une conscience qui s'éveille, que pareil enfer marque toute la vie du coupable.

C'est ici que résident le sens réel de l'abolition de la peine de mort et de sa philosophie humaniste à la fois juste pour la victime et pour le coupable. La première est appelée à dépasser ses passions humaines pour imiter Dieu et savoir pardonner. Le second est de ne pas réchapper à sa conscience, surtout si, dans sa prison, on agit en vue de lui donner la possibilité de faire l'apprentissage de la résipiscence.

Signalons enfin que Dieu n'a mis de conditions strictes à l'application de la peine suprême que pour garantir la justice, l'humaine nature étant imparfaite et ne pouvant éviter l'erreur. Or, l'histoire humaine recèle de nombreux cas d'erreurs judiciaires ayant mis à mort à tort des innocents. Et la moindre injustice en la matière est intolérable pour une religion de la justice comme l'islam.

Publié sur Huffington Post Maroc 
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http://www.huffpostmaghreb.com/farhat-othman/cest-la-peine-de-mort-non-sa-prohibition-qui-est-contraire-a-lislam_b_7122236.html