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vendredi 4 août 2017

Martyrologe tunisien 2

Ce que cache la cravate de Rached Ghannouchi




En osant céder à ses conseils médiatiques, notamment occidentaux, le pressant d’oser la cravate, Rached Ghannouchi a manifestement sauté un pas dans sa stratégie de longue haleine vers le pouvoir. Car c’est bien de Carthage qu’il rêve, comme la plupart de nos politiciens.

Il l’a indirectement fait savoir en osant intimer quasiment l’ordre au chef du gouvernement de ne pas postuler à la magistrature suprême, voulant réduire au rôle de comparse celui qui, de par sa jeunesse, est bien plus en phase que lui avec un pays méritant autre chose que la gérontocratie qui le gouverne tout en étant totalement déconnectée de ses réalités.

Ce qui gêne le chef du parti islamiste, ainsi que son allié supposé être le parti du président, c’est bien la campagne contre la corruption déclenchée par le chef du gouvernement. Car si elle est sincère et si elle réussit à aller jusqu’au bout, elle est de nature à faire très mal aux deux alliés de circonstance, gangrénés par la vénalité et le souci matériel en un pays où la majorité du peuple souffre de pauvreté.

Une fatwa du cheikh

Cette politique anticorruption est à la fois la force et la faiblesse de M. Chahed. Sa force, car c’est ce dont a besoin le pays qu’il peut avoir avec lui, outre tous ceux qui veulent vraiment le bien de la Tunisie parmi les politiciens, comme les vrais patriotes dans l’UGTT, mais aussi et surtout les amis étrangers du pays, en Occident surtout, qui savent bien que leur intérêt est bien dans la réussite du modèle tunisien, cette exception Tunisie en puissance.

Elle est aussi sa faiblesse du fait des risques de terribles dégâts qu’elle ne manquera pas de faire dans les rangs des dits partis, sinon comptant des corrompus, du moins en protégeant, la corruption étant devenue généralisée dans le pays et un tremplin pour faire une carrière politique.

Aussi, comme M. Chahed ne saurait trop s'appuyer sur le parti dont il est censé être issu ni sur son allié islamiste, véritable premier parti au parlement, il a tout intérêt à rassembler autour de lui tous les autres partis qui se reconnaissent dans sa politique. Mais cela ne saurait suffire pour le faire échapper à une bronca parlementaire osant le désavouer.

Son prédécesseur ne l’a-t-il pas déjà mis en garde, lors de la passation des pouvoirs, contre une fatwa du cheikh? Or, la dernière prestation du Ghannouchi cravaté en avait tout l’air : ou Chahed s’efface de la course à la présidentielle de 2019 ou il sera effacé grâce au régime politique soigneusement mis en place par Ennahdha pour contrôler le pays et mener à Carthage son chef qui en rêve comme d'une revanche sur son passé d'avanies.

Oser encore plus

Que peut donc faire Youssef Chahed qui risque de se retrouver tout seul, puisqu’il sait ne pouvoir trop compter sur un président de la République qui ne fait rien qui ne soit agréé par le cheikh? Les deux vieux n'auraient-ils pas, au reste, convenu d’une alternance à Carthage, appelée de leurs voeux par certains Occidentaux se croyant en mesure de manipuler à leur guise le chef islamiste au service de leurs intérêts, même si c'est contre ceux du peuple et des valeurs dont ils se réclament?

Certes, il  y a bien l’UGTT qui semble faire cause commune avec Chahed au point d’oser peser de tout son poids dans le nécessaire rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie, malgré l’opposition des islamistes qui auront trop à perdre pour cause de leur politique passée durant le temps de la troïka.

De fait, c’est sur le plan des rapports avec l’étranger que le salut de Chahed pourrait se situer. Outre la normalisation des rapports avec la Syrie, il doit oser faire de même avec Israël dans le cadre d’une politique courageuse en Méditerranée. Il y arriverait en appelant à un espace de démocratie méditerranéenne, impliquant l’adhésion de la Tunisie à l’UE avec la libre circulation humaine à la clef dans cet espace de paix, augurant d'une aire de civilisation entre l'Orient et l'Occident.

Voilà ce qui sauverait la Tunisie avec la lutte contre la corruption, mais aussi la réalisation rapide de réforme législative impérative devant s’attaquer aux tabous religieux comme l’inégalité successorale et l’homophobie et le reste des obsolescences juridiques telle la dépénalisation du cannabis et l'octroi au peuple de toutes ses libertés en matière privée (mariage de la musulmane avec un non-musulman, liberté sexuelle entre adultes consentants, liberté de consommation et de commerce d’alcool, etc.). 

Or, tout cela est possible, mais ne saurait se faire, du fait de la force d'inertie des islamistes et de leurs alliés, sans l'appui de l'Occident ne devant pas parier sur le mauvais cheval pour un futur paisible en Tunisie et en Méditerranée. Lors d son voyage aux États-Unis, M. Chahed semble y avoir vérifié sa marge de manoeuvre. Il a intérêt à le renforcer avec les mesures précitées dans une politique de véritable panache, ne pouvant donc qu'être osée.
  

Alors la bande d’étoffe que Ghannouchi a fini par passer autour du cou ne lui aura pas servi à grand-chose, car sa cravate véritable restera ce dogmatisme et cette religiosité dont ne veut pas le peuple, puisque cela revient à le maintenir en sous-développement comme avec cette cravate qu'est le cordage qui soutient une ancre; ou encore la cravate en corde de potence pour un peuple qui a envie de vivre et jouir de la vie.   

Publié sur le Huff Post