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dimanche 12 octobre 2014

Repenser le monde 3

De la future Tunisie politique

  
En Occident, il est désormais d'usage en science politique de distinguer entre démocratie d'élevage et sauvage, ce qui recouvrirait la distinction classique de démocratie formelle, minimale et démocratie réelle, maximale.
C'est le premier type qu'on expérimente en Tunisie. Je laisse aux lecteurs le soin d'entrevoir tout ce que suppose l'élevage en politique. Je dirais juste ici que la Tunisie se dirige vers un rééquilibrage de la scène politique, le balancier passant d'un bord à l'autre dans un partage de pouvoir sophistiqué grâce aux bons soins de l'ami indéfectible d'Amérique, le tonton bien-aimé de nos politiques les plus en vue.

Une démocratie d'élevage

À l'examen des différents scénarii des fées penchées sur le berceau de la petite Tunisie, véritable laboratoire politique, il ressort que le scénario le plus probable serait d’avoir :
         — à Carthage, l’ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi en vue de rehausser le prestige terni d'une fonction présidentielle, lui permettant de retrouver une certaine dignité;
         — à l'assemblée, une subtile répartition de voix assez représentative de la pluralité politique du pays, mais ne permettant de gouverner qu’à une alliance entre le parti islamiste, obligé de continuer sa mutation démocratique, et les forces où trône le parti du futur président.
         Une alliance ayant l'allure d'un consensus, pondérée par la présence de compétences indépendantes sous la houlette de l'actuel chef de gouvernement dont on ne saurait se passer dans l'immédiat, le travail entamé devant être achevé au vu des engagements pris et des garanties obtenues.
         De l’avis de nombre d'observateurs influents de notre scène politique, ce scénario bien ficelé aurait le plus de chances de réussir parmi tant d'autres. Il y va non seulement de la réussite de l'expérience démocratique de la Tunisie, mais aussi des intérêts occidentaux et des lobbies actifs dans le pays
         Pour les puristes, ce ne serait qu’une démocratie au rabais; mais l'état actuel du pays la justifierait, sinon l'imposerait en une Tunisie en transition, menacée à l'intérieur comme à l'extérieur, n'ayant point de salut en dehors d'une union sacrée en communion avec ses plus sûrs soutiens occidentaux qui y jouent leurs intérêts vitaux.
         On ne pourrait brusquer une évolution fatale; une démocratie sauvage ne peut encore être envisagée en Tunisie, du moins avec sa classe politique actuelle et après les années qui viennent de passer. Celles-ci auraient pu permettre une réelle innovation, mais elles se sont soldées par un cuisant échec, la radicalité n’ayant pu être bénéfique, versant dans le manichéisme.

Innover en démocratie

Cela n'empêche pas d'innover en une telle sous-démocratie en apportant la dose de sauvagerie nécessaire pour relativiser la pensée conformiste afin de le revivifier.
Voici ce que je suggère aux futurs responsables du pays pour ne pas verser dans l'élevage le plus total. Des mesures, proposées aux candidats aux élections, notamment la présidentielle, tendant à révolutionner les mentalités. On aimerait bien qu'ils se déterminent par rapport à ces questions essentielles pour le futur de la démocratie en Tunisie afin de ne pas s'y contenter longtemps de sous-démocratie.
Les mentalités doivent d'abord changer pour que le pays change et consolide son évolution vers le pluralisme. En cela, il serait erroné de prétexter un conservatisme de la société quand c'est la classe politique qui l'est, le statu-quoi garantit ses privilèges acquis.
Or, qu'est-ce que la politique sinon une innovation permanente; surtout que le peuple la vit au jour le jour depuis son Coup du peuple ?

Engagements proposés aux candidats

Six engagements, trois sur le plan interne et trois sur le plan externe, dont la valeur est tout autant symbolique qu'effective, avec des effets énormes non seulement  sur les réalités nationales et internationales, mais aussi et surtout sur l’imaginaire, clef du conscient.
       Plan international :
         1­)  Oser reconnaître que le monde a changé et que ce qui bloque sa transformation en cours pour aller dans le bon sens est sans conteste le conflit palestinien. Il n'est aucune autre alternative que la reconnaissance de l'État d'Israël dans le cadre du partage de 1947. Le futur gouvernement doit s'y atteler; reconnaître Israël devant être une priorité de sa diplomatie appelant au retour à la légalité internationale incontournable.
         2) Une priorité aussi importante de cette diplomatie doit être d'agir pour la transformation de la Méditerranée en lac de paix; on ne doit plus y mourir !, À terme, cela nécessite l'adhésion à l'Union européenne de la Tunisie et du Maroc qui en est partie de fait avec les présides de Ceuta et Melilla. Posant officiellement sa candidature à l'U.E., la Tunisie doit, dans l'immédiat, demander la libre circulation pour ses ressortissants sous visa biométrique de circulation. Elle conditionnera la poursuite de sa coopération actuelle à la politique migratoire européenne à la satisfaction de cette exigence commandée par la légalité internationale, l'éthique et le bon sens.

       Plan national :

         1) Oser abolir les lois liberticides et immorales supposées se baser sur l'islam pour s'immiscer dans la vie des gens; car elles sont anti-islamiques, l'islam protégeant la sacralité de la vie privée. Toutes les dispositions juridiques violant les libertés privatives et discriminants les moeurs au nom de l'islam doivent être abolies, la morale islamique étant plus libérale et bien moins bigote qu'on le croit.
        2/ Concrétiser l'État civil consacré par la nouvelle Constitution en dégageant l'État de tout aspect religieux ne devant plus être pas de son ressort, mais de celui des associations cultuelles, l'État ne gardant qu’un rôle de modération à travers le Mufti. Il ne doit plus y avoir de ministère du Culte, la loi ne devant pas se colorer de critères religieux. En effet, si l'islam est aussi bien une religion qu'un code de vie, c'est justement qu'il sépare la religion, affaire du croyant dans son rapport exclusif avec son Dieu et la vie civile qui ne relève que du regard des hommes dans le cadre de leurs lois indépendamment de la religion. Celle-ci, d’ailleurs, est moins le cadre rigide qu’elle est devenue qu'un modèle évoluant avec l'esprit du temps en vertu de ses visées, seules éternelles. 


Publié sur Al Huffington Post 
Le site a fermé, le lien fonctionnel était :
http://www.huffpostmaghreb.com/farhat-othman/de-la-future-tunisie-poli_1_b_5986388.html?utm_hp_ref=maghreb