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lundi 15 février 2016

Un amour de Tunisie 6

Le kid tunisien et Charlot l'Américain



Dans sa comédie muette Le Kid, qu'il a lui-même écrite, réalisée et produite, Charlie Chaplin nous donne à voir une superbe oeuvre humaine intemporelle, un chef d'oeuvre demeurant inégalé, tellement la description sociale de la misère humaine y est criante de vérité.

Son message reste ainsi d'actualité. Aussi peut-on le transposer à nos réalités internationales d'aujourd'hui, voyant le kid dans notre Tunisie martyrisée et les traits du bonhomme Charlot dans la politique américaine en notre pays.

De la fiction à la vérité humaine

Dans ce qui fut son premier long métrage, sorti en 1921, titré au Québec Le Gosse, le génial cinéaste nous raconte la vie quotidienne d'un vitrier miséreux, Charlot, qui rencontre et adopte, après s'y être attaché, un jeune enfant abandonné par sa mère qui ne pouvait plus le faire vivre. 

Malgré sa misère et ses dures conditions de vie, le vitrier élève le gosse dont il fait le meilleur complice de sa vie de débrouillardise. Ainsi l'enfant casse-t-il les carreaux pour son papa adoptif qui, passant aussitôt sur les lieux, trouve de quoi faire office de son art pour gagner de quoi vivre et faire vivre son enfant.

Plein de drôlerie, le film l'est aussi de moments de tendre amour et d'extrême tendresse, surtout quand les services sociaux cherchent à enlever l'enfant, contre son gré, au vitrier ou que la maman, devenue riche, entend le récupérer.

La vérité humaine est magnifiquement représentée par ce film, ce qui en a fait la plus grande oeuvre de l'ère du muet. Elle est ainsi indexée au National Film Registry pour conservation à la Bibliothèque du Congrès comme culturellement, historiquement et esthétiquement importante.

De la vérité sociale à la vérité sociopolitique

Il est possible de nos jours de transposer la vérité sociale ainsi superbement décrite par ce film à nos réalités sociopolitiques, particulièrement celles que nous vivons présentement en Tunisie. On dira alors qu'avec son Coup du peuple, la Tunisie est comme le kid adopté par un Charlot américain, vitrier du monde, qui sème le désordre pour faire régner le sien propre.

Aujourd'hui, la Tunisie est entretenue par le vitrier qui entend d'elle qu'elle rejoue avec la Libye et surtout l'Algérie ce qui fait sa fortune : l'occasion de faire étalage de son art. Il ne s'agit nullement ici de dénoncer ou de regretter quoi que ce soit de ce qui fait la réalité tragique de notre monde. Il est juste question de dire les choses telles qu'elles sont, crûment. S'il y a une leçon à proposer, aux uns et aux autres, que ce soit au kid tunisien ou au Charlot américain, c'est d'être attentifs aux liens d'affection qui les lient et qui doivent faire l'objet d'un traitement au diapason de leurs plus nobles sentiments.

Pour être un peu plus concret, disons que, contrairement à un mythe bien répandu, le peuple tunisien ne cultive aucune animosité à l'égard du chef de file du monde libre ; il nourrit tout juste une sorte de dépit amoureux du fait que l'objet de son admiration fait montre de peu de justesse à assumer son rôle de chef de file du monde libre, exigeant de lui un minimum de justice.

Ce dépit se nourrit aussi de l'alignement excessif des États-Unis sur Israël et son refus de revenir à la légalité internationale, outre son couple contre nature avec l'Arabie saoudite, l'anti-islam par définition, et aussi le refus de tenir compte de la rupture du dogme d'un monde  fini où l'on continue d'encourager le libéralisme économique et non politique et social.

Le kid tunisien a grandi

Aussi, est-il temps au Charlot américain, s'il veut retrouver l'amour du kid de Tunisie, qu'il quête auprès de ses obligés islamistes et des autorités officielles qui n'en peuvent mais, de repenser aux moments de tendresse qui ont lié les coeurs des peuples d'Amérique et de Tunisie du temps du protectorat et au lendemain de l'indépendance.

il est temps de se rendre à l'évidence que le gosse d'antan, le peuple de Tunisie, est adulte et qu'il est bien mûr, réclamant d'être traité en majeur, avec les droits et les libertés d'hommes libres, aussi bien sur le plan interne qu'international.

L'empreinte du pouvoir yankee américain étant certaine sur nos élites, elle doit se manifester au plus vite par l'encouragement à l'abolition rapide de l'arsenal répressif du droit positif du pays. Il s'agit surtout de celui qui est de nature à créer la révolution mentale attendue, que nos amis américains pourraient imposer à leur allié islamiste en le poussant à présenter et voter les lois y relatives, particulièrement sur les sujets sensibles que l'islam, correctement lu, permet et impose même : égalité successorale, abolition de l'homophobie, dépénalisation de la consommation des drogues douces et libre vente et consommation d'alcool.

Su le plan international, c'est bien évidemment l'adoubement de l'acte majeur qu'est la liberté de mouvement pour le Tunisien auquel sera reconnu le droit de circuler librement sous visa biométrique de circulation délivrable gratuitement et pour une durée minimale d'un an, une formule respectueuse des réquisits sécuritaires, préparatoire au monde de demain de levée inévitable des frontières. Car on ne peut raisonnablement continuer à réclamer la liberté de circulation pour les marchandises sans les étendre à leurs créateurs, les humains; c'est bien le sens inéluctable de l'histoire.
 
Alors, comme pour le magnat de la presse dans Citizen Kane, on verra bien l'importance du passé amoureux ayant lié le kid tunisien et le Charlot américain renaître, et il sera plus que possible, certain même, de renouer avec ce passé, faisant de tout le peuple de Tunisie — et non seulement d'une minorité de ses élites — les meilleurs amis des États-Unis, redevenus champions des libertés quêtées par le pays, cette exception arabe et aussi mondiale.


Publié sur Al Huffington Post