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mardi 21 avril 2015

Une transfiguration poléthique 4

Quand le gouvernement encourage la toxicomanie (1/2) 



Aussi étonnant que cela puisse paraître, le gouvernement voudrait encourager la toxicomanie dans ce pays qu’il n’agirait pas autrement ! C’est le sens de la réforme annoncée de la législation sur le cannabis, une loi scélérate d’ancien régime qui condense les travers de la dictature déchue : répressive et immorale tout en se prétendant morale et éducative.

Une fausse réforme

L’attitude que nous retrouvons chez les initiateurs de cette fausse réforme est de se réclamer de l’éthique et de la raison en les violant avec un texte minimaliste ne servant que les trafiquants. Car le fléau de la toxicomanie ne vient pas de la consommation, mais de ceux qui l’encouragent, les réseaux maffieux.

Or, la réforme ne fait rien de concret ni d’efficace contre de tels réseaux. Elle continue à se concentrer sur les victimes, maintenant la répression des consommateurs qui méritent plutôt d’être aidés et non d’être encouragés à consommer. 

Il a été prouvé que cela n’est possible que dans le cadre d’une loi compréhensive qui libéralise la consommation tout en l’encadrant et encourage surtout l’action des associations d’aide aux toxicomanes.
 
Que propose-t-on au juste ? De ne plus réprimer une première consommation. Pourquoi donc n’agit-on pas plutôt en amont en sévissant contre les réseaux d’offre à la consommation ? Le gouvernement en continuant à criminaliser la consommation des drogues douces ne viole-t-il pas la promesse électorale du président?

Sauf à pratiquer un double langage dont nous ne pouvons le soupçonner, M. Essebsi s’était clairement engagé à la dépénalisation de la consommation. C’est d’ailleurs l’orientation la plus sage préconisée par les plus sensées des institutions, l’ONU y comprise.

C’est donc encourager la toxicomanie que de ne pas décriminaliser la consommation, toute consommation du cannabis pour ne se préoccuper que des réseaux de contrebande, les seuls coupables en la matière, tous les consommateurs n’étant que leurs victimes.

La vérité à rappeler sur le cannabis

Le cannabis fait l'objet d'une criminalisation absurde. Il a été prouvé qu’il n’est pas plus dangereux que la cigarette, outre de multiples bienfaits thérapeutiques. Ce sont de purs intérêts mercantiles qui ont imposé sa pénalisation.

Le cannabis  ou chanvre indien était connu et utilisé par l'homme depuis la nuit des temps. Les civilisations asiatique et pharaonique l'utilisaient pour ses vertus médicinales.

On le retrouve dans le monde gréco-romain, utilisé aussi bien pour se soigner que pour les tâches quotidiennes, puisqu'on tirait de la plante d'excellentes cordes à la robustesse légendaires, notamment en mer sur les bateaux en plus de la voilure des barques; et la plante servait aussi à la confection de vêtements.

En Arabie, le chanvre était importé et utilisé dans l'industrie du papier. Sa culture fut bien développée chez les Arabes qui en ont assuré l'extension dans le monde méditerranéen avec l'arrivée de l'islam en Afrique et en Europe.

Il ne serait d’ailleurs pas faux de dire que la civilisation arabo-islamique doit au chanvre son extraordinaire extension puisqu'il était à la base du papier, support des sciences et du savoir arabo-islamiques.

Il est vrai aussi que le monde musulman s'est distingué par l'existence d'une secte qui usa assez tôt de cette drogue à des fins criminelles, les fameux Assassins du chiite dissident Hassan Ibn Assabbah. Il fit du nid d'aigle d'Alamut, au nord-ouest de l'Iran actuel, une base de son activité intégriste zélote encouragée par l’impérialisme et les dictatures étouffant les libertés des Arabes du temps de l’apogée de  leur civilisation.

C’est depuis cette date que le chanvre fut appelé Haschich et a  été interdit en terre d'islam ; ce fut en Égypte, en 1378, donnant lieu aux premières persécutions des consommateurs.

Pour l’époque moderne, c’est aux États que la pénalisation commença en réaction des puritains à l'échec retentissant de la politique prohibitionniste en matière d'alcool en vigueur dans le pays de 1919 à 1933.

Le chanvre, une plante à ne pas diaboliser

Car le cannabis avait une popularité certaine comme succédané à l’alcool, et on commença à établir un lien mythique entre la consommation de cannabis et la criminalité.  

On mit donc l'accent sur les ravages en termes de santé de l'usage de ce que l'on commença à appeler marijuana, omettant de noter que c'est l'usage exagéré, tout comme c'est le cas pour l'alcool ou les cigarettes, qui devait être stigmatisé et non l'usage modéré ou à but thérapeutique.

De fait, derrière pareille campagne, il y avait non seulement des intérêts puritains, mais aussi des secteurs industriels de plus en plus inquiets de la menace que les usages multiples du chanvre entraînaient sur leur activité propre, comme ceux des industriels du coton, de la chimie, du pétrole, du nylon et du bois ou les forestiers et les magnats de la presse.

Pour toutes ces industries, le chanvre constituait une menace sérieuse. En tant que produit naturel et peu coûteux, il contrecarrait les intérêts de l'industrie textile avec ses fibres, naturelles comme le jute, ou synthétiques, tel le nylon.

Il concurrençait surtout l'industrie forestière et celle du papier, axées sur l'usage intensif du bois au risque de déboiser la planète et lui faire courir les plus graves dangers environnementaux.

Le chanvre ne doit pas être diabolisé du fait des méfaits des trafiquants et des réseaux maffieux ; il a été et redevient un symbole contestataire.

Il l’a été surtout chez les artistes américains, notamment du jazz, qui plaidèrent de la meilleure façon la cause du cannabis dans les années cinquante. Et il redevient cette marque d'une contre-culture, celle de la contestation de l'ordre établi et de la dictature morale des institutions. En effet, notre jeunesse en use pour manifester sn rejet des ses élites cacochymes qui sont déconnectées des réalités du pays.

Il faut donc se rendre à l’évidence incontournable qu’en tant que symbole contestataire, le chanvre est aujourd'hui, dans notre société comme dans le monde entier, au cœur de la révolte de la jeunesse contre un monde politique figé sur des institutions dépassées et des lois vermoulues ne servant point l'intérêt de leurs sociétés éprises de plus de libertés.

La bataille de la dépénalisation du cannabis, pour une première consommation comme pour une consommation invétérée, est à la base du combat pour la démocratie et de la lutte pour les valeurs de libertés dans un État de droit dont on ne peut plus faire l’économie.



Publié sur Al Huffington Post
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http://www.huffpostmaghreb.com/farhat-othman/quand-le-gouvernement-enc_b_7107290.html