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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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lundi 24 juillet 2023

Soffisme : Néosoufisme, stoïcisme i-slamique 8

Douter de sa préservation par Dieu... 

... est le vrai sacrilège du Coran!


Il est, pour le moins, affligeant de la part des musulmans, chaque fois que les ennemis de l'islam cherchent bassement à les provoquer, d'aller dans leur sens. Ainsi ne font-ils qu'alimenter, au-delà de toute raison, au mépris même de leur foi correctement interprétée, une telle stratégie de dénigrement. Car, ils ne font que s'improviser complices de qui prétend que l'islam est synonyme d'obscurantisme au lieu de démontrer qu'il a été - et reste pour ses authentiques fidèles - une foi de Lumières. 
C'est même révoltant pour qui la comprend correctement, hors de l'exégèse dépassée et obsolète héritée des siècles de retard et de fermeture dogmatique. En effet, l'exégèse encore en cours s'était substituée à celle lumineuse qu'avait produite la civilisation universelle de l'islam avant sa décadence. Et cette dernière tient pour beaucoup à la mise au ban par les pouvoirs en place sur ses terres de la liberté de pensée, d'expression et d'action, à la base du principe cardinal incontournable de l'ijtihad, libre et libérée interprétation concurrentielle tant des choses de la foi, et de la vie de même, l'islam étant dual, tant pour la cité de Dieu que celle des humains. 

Sacré islamique dénaturé 
Un tel effort de cogitation salutaire est banni alors qu'il emporte la préservation d'une foi qui se doit de rester ce qu'elle a été à sa révélation : une révolution mentale dans un environnement d'ignorance généralisée, y compris de cette docte ignorance qui n'est qu'une scientificité faussée. C'est que l'ijtihad - gloire intellectuelle de cette religion où il n'est nulle église ni magistère sacerdotal - a été mis à l'index à l'orée de la décadence politique puis sociale et culturelle des pays musulmans une fois soumis à l'impérialisme.
Effectivement, pareil système de veille axiologique, déjà en avance sur celui que la technologie la plus sophistiquée allait institutionnaliser, a été rejeté par les diverses cliques arrivant au pouvoir, instrumentalisant la religion en idéologie au service à ses intérêts politiciens immédiats. Ce qui a condamné l'islam à devenir et demeurer ce qu'il n'était pas : dogme figé, rituel dépassé ; une supposée foi musulmane qui n'avait plus rien à voir l'islam d'origine, cette foi de droits et de libertés. 
D'où la reproduction en islam du fameux opium du peuple identifié pour les religions précédentes, judaïque et chrétienne, alors que l'on pouvait en estimer cette religion préservée, ne serait-ce que par l'exclusion du de porte-parole autoproclamé d'Allah et de la technique d'interprétation continue de ses préceptes au vu de ses visées humanistes. 
De fait, si une sorte d'invagination du sens a eu lieu, c'est que cela a été estimé le mieux à faire et ce qui eut un quelconque intérêt dans l'entreprise impérative de préservation de la foi par-devers l'adversité. Tout s'es passé alors comme en biologie, ce repliement salutaire d’une cavité sur elle-même, tel un doigt de gant retourné. 
Or, depuis l'émancipation des terres d'islam, du moins formellement, de joug colonial, un tel repliement n'a plus de raison, le ratio intérêt/inconvénients s'étant inversé. De fait, ce doigt replié sur lui-même, celle exégèse repliée sur elle même, gardée intacte comme une momie vénérée, est devenu le doigt qu'on met dans l'œil et qu'on y maintient, refusant de voir la réalité de sa foi, les pires dommages qu'on lui occasionne. 
Il en va ainsi de ce récurrent sacrilège supposé fait à l'islam, tantôt attentant à la personne de son prophète, tantôt - comme récemment - à la sacralité du Coran. C'est l'occasion pour l'expression à qui mieux mieux de réactions épidermiques bien plus humaines, trop humaines, que purement morales, n'ayant rien de l'éthique islamique. Car, d'abord, l'islam commande toujours d'éviter la colère, ire diabolique contraire à la magnanimité du fidèle dont le devoir d'exemple est impératif constamment, un exemple de fortitude avant tout. Ensuite, et cela a été démontré*, le sacré en islam est surtout moral, non matériel. 
Croire donc que la personne du prophète, hors sa mission sacrée, diffère de celle de l'humain a la condition modeste, c'est faire violence à son message, lui manquer de respect, même. C'est qu'on le divinise d'une certaine manière, singeant ce que les dogmatiques chrétiens ont osé pour le Christ. De plus, l'on dénature le respect dû à ce prophète humain et qui est, en premier, un respect de fidèle nullement dogmatique, étant libre de sa pensée et de ses convictions, condition sine qua non pour sa totale soumission à son créateur et à nulle autre créature. 
Conséquemment, assimiler au blasphème - comme on le fait habituellement (et encore récemment en Égypte) - la moindre critique faite à l'image idyllique de son prophète ne revient - et on le vérifie à chaque tentative de provocation antimusulmane – qu'à susciter des réactions bien plus graves que les turpitudes dénoncées. Car cela donne libre cours aux diableries initiées par la prétendue attaque, atteignant de la sorte son objectif initial. Et, bien évidemment, c'est celui de jeter l'opprobre sur cette foi d'islam qui fut une modernité avant la lettre, ayant précédé celle d'un Occident judéo-chrétien qui, lors de l'âge d'or de l'islam, était encore en plein obscurantisme moyenâgeux. 

Vrai et faux sacrilège en islam 
C'est bien ce dont on se rend compte avec la nouvelle cabale qu'alimentent, sans s'en rendre compte, les musulmans eux-mêmes au lieu de ne point y prêter attention. En bon islam, ce qui ne saurait relever que de la folie se doit d'être ignoré, le comportement sage et digne ne devant en aucun cas donner lieu à s'y aligner. Car le musulman a ce devoir d'exemplarité à toujours honorer, et qui est d'être à jamais capable d'Allah. 
Or, Dieu - ce dont nul vrai musulman n'en doute ni ne doit se permettre d'en douter, sinon juste méthodologiquement - garantit à ses fidèles la préservation de leur Livre sacré de la moindre altération ou souillure en étant le gardien. N'est-ce pas ce qu'il énonce clairement au sceau (ma traduction pour verset) 9 du rang (ma terminologie pour sourate) 15 AlHijr : « C'est Nous, en revanche, qui faisons descendre le Rappel (le Coran), aussi bien que Nous en assurons la garde »**? 
Agir comme on le fait actuellement en se laissant aller à véhémentement condamner non seulement l'acte, fût-il d'un demeuré, mais aussi les autorités du pays où cela a eu lieu, c'est bien loin de se porter au secours du Coran, de la foi d'islam. Ce n'est qu'être le complice objectif de qui y trouvera immanquablement l'argument tangible de ce qui motive ledit acte : l'arriération prétendue de cette foi. Or, elle ne l'est point, même si ses adeptes et supposés défenseurs, en ces temps de confusion axiologique extrême, administrent la preuve qu'ils le sont par leur comportement qui viole immanquablement les principes les plus fondamentaux de leur foi.
Le plus grave est qu'une telle ignorance se double d'un flagrant manque de respect et de confiance en Allah qui ne leur demande nullement de se comporter de la sorte, éclaboussant d'indignité une foi qu'il leur assure pourtant protéger, la gardant hors de la moindre atteinte des humains qu'il a créés imparfaits par nature. 
Or, le fidèle d'islam, grâce à sa foi justement si elle est bien comprise, est apte à limiter en lui les imperfections de sa condition humaine initiale en veillant sans cesse à se parfaire le plus possible. L'occasion de le faire lui est donnée durant son existence terrestre, autant d'épreuves à réussir, la plus éprouvante étant justement ce genre de moment où le risque de confusion axiologique est extrême en touchant au sacré où, plus que toute autre matière, la retenue et la maîtrise de soi sont commandées. 
C'est cela le grand jihad, seul vrai licite aujourd'hui ! Pourtant, on l'oublie allègrement, se laissant aller au petit, anachronique, et qui n'est que la résilience, en islam, de la notion judéo-chrétienne de guerre sainte, pourtant amendée dans le cadre de son message de rectification de la foi commune d'Abraham. Aussi voit-on les musulmans défigurer la notion du martyre qui n'est - d'abord et à l'origine – que l'administration de la preuve, imposant donc de se maintenir en vie, non de se faire tuer, reproduisant ainsi le geste du premier kamikaze religieux le héros biblique Samson. 
Voilà comment les musulmans de nos jours continuent à faire du tort à leur foi, la maintenant dans l'obscurantisme dans lequel elle se retrouve hélas ! Ce fut bien après avoir interdit l'exégèse du Coran et renié l'interprétation concurrentielle de ses prescriptions. Pourtant, c'est ce qui a fait la civilisation arabe musulmane, notamment en conformant l'exégèse sacrée aux visées humanistes et œcuméniques d'une foi des Lumières spirituelles qui a tant apporté aux Lumières séculières d'Occident. 

Cette tribune a été reprise actualisée sur ce blog
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* Cf. mon ouvrage bilingue français/arabe : Le sacré en islam. Thèse pour le renouvellement du Lien indéfectible, essai bilingue français/arabe, L'Harmattan, 2022. 
** La traduction donnée ici est de Jacques Berque qui substitue, avec raison, le terme Rappel à celui de Coran, les deux étant synonymes en l'occurrence dans le texte.