Réussir la réforme éducative des programmes islamiques
Le roi du Maroc a donné instruction au gouvernement pour procéder à une réforme des programmes d'instruction religieuse dans l'enseignement marocain. Cela était attendu avec la multiplication des appels en ce sens de la part de diverses parties, notamment de la société civile, et surtout de la détérioration du niveau général d'instruction ainsi que les mauvaises orientations dominant la matière religieuse enseignée.
Rompre avec une lecture de crise de l'islam
En effet, on continue à donner de l'islam une image fausse, basée sur une lecture surannée, d'un islam de temps de décadence qui ont développé en lui une fibre belliqueuse qui était imposée, comme réflexe d'autodéfense, pour se préserver de l'impérialisme qu'il a longtemps enduré.
Or, une telle lecture de crise n'a plus lieu d'être aujourd'hui au Maroc, un pays souverain, respectueux de ses valeurs et traditions, mais aussi ouvert sur un monde en plein changement. Aussi, la lecture de sa religion ne saurait rester surannée, une lecture obscurantiste violant les fondements mêmes d'une foi essentiellement tolérante et oecuménique.
C'est ce qui n'apparaît pas encore dans les textes enseignés sur le territoire du royaume, en rupture qui plus est avec la fibre soufie de l'islam qui est son essence même, non seulement au Maroc, mais au Maghreb d'une façon générale.
Renouer avec l'islam soufi
Il était temps donc que le roi appelle à une telle réforme pédagogique qui a fait de l'enseignement même au Maroc une fabrique indirecte de terroristes ou cryptoterroristes. Rappelons ici que pas moins de 1500 jeunes Marocains sont dans les rangs des hordes de Daech et que nombre d'autres sont au service des structures clandestines sur le territoire du Royaume, dont au moins deux cents structures ont été démantelées depuis le début de ce siècle.
C'est que le ver est dans le fruit de l'islam, et qui est cette lecture déformée d'une religion qui, si elle n'est pas soufie, ne peut que violer ses fondements d'humanisme et de tolérance. C'est ce qu'on ne retrouve pas encore dans les programmes éducatifs.
La réforme appelée à toiletter l'enseignement marocain dans le cadre d'une vision stratégique s'étendant d'ici 2030 ne saurait réussir que par un retour aux sources de l'islam authentique, une sorte d'enracinement dynamique, une organicité dans ce qui fait l'essence même du peuple et sa marocanité : son soufisme.
Réformer d'abord les lois liberticides
Toutefois, une telle réforme ne saurait se faire toute seule; elle doit s'accompagner d'un effort aussi sérieux et déterminé sur le plan de la réforme juridique, notamment pénale. On sait, en effet, l'importance du droit dans la vie sociale; or, nombre de comportements déviants dans la société sont induits par des lois injustes qui sont supposées inspirées par l'islam quand elles ne font que le violer.
Pour illustration, citons-en les suivantes pour leur aspect hautement symbolique : les textes criminalisant les rapports entre gens de même sexe, interdisant et restreignant la consommation d'alcool, imposant le jeûne public durant ramadan, prohibant les rapports sexuels hors mariage ou consacrant l'inégalité successorale.
Tous ces textes d'une manière ou d'une autre ne relèvent pas du pur islam, mais d'une interprétation de la part de jurisconsultes musulmans dont l'imaginaire et l'inconscient étaient influencés par la tradition judéo-chrétienne infiltrée en islam.
Il n'est en effet, aucun texte dans le Coran ni dans la Sunna authentique, celle de Boukhari et Mouslem, interdisant l'homosexualité. Pareillement pour l'alcool, dont seule la consommation excessive est interdite en islam, donc l'ivresse. S'agissant des autres cas, le respect de la nécessité de prendre en compte les visées de la Loi religieuse impose la liberté du fidèle de jeûner ou non durant ramadan, d'avoir des rapports sexuels hors mariage du moment qu'ils sont entre adultes consentants et d'instaurer l'égalité successorale comme parachèvement de la dynamique égalitaire entre les sexes, dynamique commencée par Dieu en un temps où la femme n'avait aucun droit.
Si telles lois, pour le moins, sont au préalable réformées dans le sens d'une lecture correcte de l'islam, ce qui est notamment plus facile que la réforme éducative, ne nécessitant qu'un texte de loi voté au parlement, cette dernière réforme sera facilitée et réussie. Sinon, elle risque de relever de la technique bien connue consistant à enterrer un sujet sensible dans les palabres à n'en pas finir de commissions incapables de décider sans orientation donnée par des lois claires, sans équivoque.
Publié sur Al Huufington Post Maroc