L'homosexualité
n'est pas interdite en islam
En illustration de la
religion de l'État civil que nous appelons de nos vœux, nous livrons ici la
lecture authentique de l'islam de la question de l'homosexualité, l'abordant hors
la tradition judéo-chrétienne marquant le droit musulman.
Nous avons démontré qu'il
n'est nulle interdiction de l'homosexualité en islam pur. Ce fut dans un long
article sur internet, disponible sur mon blog, et récemment édité au Maroc,
chez Afrique Orient, dans le cadre d'une série entendant réformer l'exégèse de
notre religion.
Nous l'avons prouvé avec
force arguments scientifiques et religieux, appelant à revenir à une saine
interprétation de l'islam pour en saisir l'essence démocratique et humaniste,
admirablement incarnée par le soufisme des origines.
Une thématique clé
Le choix d'une telle
thématique n'est pas innocent; outre le fait d'oser parler d'un sujet tabou,
soigneusement tu, il pointe l'archétype du rejet d'autrui, la stigmatisation de
l'autre, sexuellement hérétique. Or, l'acceptation du différent est inévitable
en démocratie, condition sine qua non du vivre-ensemble.
C'est aussi un sujet transcendant
les courants politiques, nombre de démocrates ne cachant pas leur homophobie ou
la cachant mal, tandis que certaines tendances supposées traditionalistes osent
y voir la manifestation souveraine d'une vie privée relevant de la liberté tant
qu'elle est dans l'intimité, hors domaine public.
C'est surtout une des
matières où l'on voit la survivance en islam de croyances étrangères ayant une
forte coloration judéo-chrétienne, alors que l'islam a eu, en la matière, une
attitude novatrice, en rupture avec la morale de l'époque.
Le plus aberrant est qu'au
moment où les peuples d'Occident abandonnent les travers liberticides de leur
tradition religieuse à la faveur de la sécularisation des mœurs et de la
démocratie, on la retrouve dans une religion dont les tenants prétendent
vouloir la démocratie.
Le Coran ne prohibe pas l'homosexualité
Dans le Coran, il n'est
nulle prescription condamnant une telle pratique du sexe. Il n'y est question
que de récits relatifs aux gens de Loth; or, un récit ne fait pas loi.
Pourtant, c'est d'eux qu'on a fait matière judicative.
Soutenir que l'esprit des
récits était prohibitif, c'est ne pas expliquer le recours ici à pareil esprit,
mais pas dans d'autres matières où l'on exige un texte. Et on ne répond pas au
motif d'absence d'une disposition explicite pour ce qu'on considère la plus
grave des turpitudes.
Dans le Livre saint, ce qui
fait l'objet d'interdiction, ce sont les rapports hors mariage. Et il n'est
question que de rapports hétérosexuels, sauf à faire une lecture
grammaticalement erronée, dénoncée par les exégètes de renom, comme Tabari.
De plus, la preuve de tels
rapports pour en faire délit est stricte, exigeant une intimité avérée par le
témoignage de l'intromission de témoins oculaires. Ce qui rend l'existence du
délit d'adultère quasi impossible, sinon inexistant, sauf à se faire en public,
le faisant relever d'autre catégorie juridique.
La Sunna ignore l'homosexualité
Il en va de même pour la
Tradition du prophète qui, dans ses deux plus authentiques recueils de Boukhari
et Mouslem, ne rapporte aucun dit en la matière.
Il s'en trouve certes dans
d'autres recueils de moindre importance; mais on sait à quel point la tradition
du prophète a fait l'objet de faux au nom de la bonne cause, la fin justifiant
les moyens.
Si des témoignages sont
rapportés sur le fait que le prophète aurait statué sur la question, d'autres
des plus crédibles soutiennent le contraire. Ce sont eux qui donnent le vrai, le
fiable, en l'absence de hadith authentifié par les deux recensions majeures.
C'est la jurisprudence qui interdit l'homosexualité
Partant de l'adultère, les
jurisconsultes ont inventé la prohibition de l'homosexualité. Par syllogisme,
ils en ont décrété l'interdiction tout en n'hésitant pas — comble de
l'illogisme — d'en faire un délit plus grave.
Ce faisant, les légistes
musulmans n'ont fait qu'introduire en islam une interdiction propre aux
religions antérieures explicites dans l'interdiction de l'acte homosexuel. Ibn
Khaldoun l'a bien démontré, les savants en islam étaient quasiment tous
d'origine non arabe.
Or, même quand on répudie
une foi, on ne reste pas moins marqué par l'atmosphère dans laquelle on a vécu;
et les traits caractéristiques de l'époque étaient à la pruderie des religions précédant
l'islam.
La tradition arabe est libertaire
Pour le sexe comme pour la
nudité, les Arabes n'étaient pas pudibonds, de mœurs libres, sinon libertaires.
Ainsi, le pèlerinage se faisait nu; et le premier de l'ère islamique a respecté
cette tradition. En cela, les Arabes avaient les traits de leur esprit en
harmonie avec une philosophie grecque à l'aura certaine dans leur civilisation
naissante.
Cela a fait la
performativité de la culture arabe en son temps d'efflorescence avant que la
pudibonderie de l'Ancien et du Nouveau Testaments ne vienne altérer la vision
des musulmans de leur foi. Le balancier du progrès changea alors de camp, se
retrouvant dans des sociétés s'ouvrant à des mœurs libérées au moment d'une
fermeture dogmatique en islam. Elle réduisit l'ancienne entièreté de l'être
arabe, l'homme parfait des soufis, à un monstre asexué dans une enclosure
religieuse répudiant l'esprit d'une foi venue en révolution mentale.
Nos législations sont islamiquement illégitimes
Le droit musulman actuel est
donc islamiquement illégitime, d'inspiration judéo-chrétienne. En une Tunisie se voulant démocratique sans
reniement des racines islamiques, il est impératif de conformer le droit
positif à la pureté de l'esprit et de la lettre de l'islam. C'est le cas de
l'interdiction de l'homosexualité. Il en va de même pour l'apostasie, nullement
incriminée, et pour d'autres matières, tel le mythe de la prohibition de la
boisson enivrante, l'islam ne rejetant que l'ivresse.
C'est à une refonte totale du
droit des mœurs que le législateur doit s'atteler urgemment, conformant
l'arsenal actuel de la dictature à la nouvelle constitution et à l'islam
correctement interprété.
En terre tunisienne,
hédoniste par nature, la matière sexuelle ne doit plus être taboue. Car le sexe
est concomitant au progrès humain; comment l'homme serait-il maître dans
l'univers s'il ne se dominait pas ? Une lecture sexuelle du progrès montre
qu'il est inévitable que le sexe se libère en terre d'islam pour connaître le
progrès.
Tribune publiée sur Al Huffington post
Le site a fermé, le lien fonctionnel était :
http://www.huffpostmaghreb.com/../../farhat-othman/lhomosexualite-nest-pas-i_b_5172924.html
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