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lundi 1 janvier 2018

Tunisie, mon amour 7

2018 : année des vrais défis pour la Tunisie?



Voilà une année qui s’achève et qui est à oublier bien vite, car l’année nouvelle peut être celle de tous les défis, pour peu que nos élites se décident à oser enfin forcer le destin, donnant au pays et à son peuple la destinée qu'ils méritent.

Car c’est l’année du septième anniversaire du coup du peuple  tunisien, expression qu’on doit substituer à la prétendue révolution qui n’a été que virtuelle et qui tarde à devenir réalité.

Pourtant, il y a bien eu une révolution mentale, mais elle s'est limitée au mental du peuple qui ne peut en profiter pleinement du fait que celui de ses élites reste sclérosé. Témoin en est le maintien en l’état de la législation de la dictature et l’usage de slogans creux sans réalité, comme ceux de démocratie et d’État de droit.

La Tunisie doit croire en son modèle

2018 est une année qui prépare de possibles succès éclatants en 2019, année d’élections législatives et présidentielle. Ce qui se fera en 2018 sera entériné en 2019, confirmant le nouveau visage du pays. Pour peu qu'on veuille y croire et y agir!

Car la Tunisie ne peut continuer à vivre dans sa situation actuelle de similidroit et de langue de bois généralisée. On sait que son sous-développement est d’abord mental, propre à ses élites, certes, mais aussi à celles d’un Nord qui se satisfait du désordre actuel dans le monde, étant synonyme de préservation de ses privilèges.

Or, le monde ancien est fini et un nouveau monde est en gestation imposant de nouveaux concepts pour le comprendre et le gérer. C’est le sens de ce qui se passe en Tunisie où se dessinent les linéaments, non seulement d’une Tunisie nouvelle, mais aussi d’un monde nouveau.

Cela fait l’exception Tunisie à laquelle il faut croire plus que jamais. Il est bien un modèle tunisien que les élites au pouvoir doivent servir. Ce qui suppose déjà d’y croire puis d’y agir. Il leur faut bien réaliser que la force et la faiblesse dans le même temps de la Tunisie est d’être originale.

Certains de nos compatriotes en doutent, se jugeant même un modèle de honte. Ils ont tort. Prenons l’exemple paroxystique de jeunes Tunisiens jihadistes pour illustrer cela. S’ils sont les plus nombreux dans les rangs des terroristes, ce n’est pas à considérer comme une honte, mais la preuve de leur maturité qui les fait refuser de se satisfaire de la condition de minorité qui leur est faite dans leur pays, étant privés de droits et de libertés, même ceux nécessaires pour vivre sainement leur vie. Avant de les juger coupables, jugeons nos lois scélérates qui encouragent leurs turpitudes. Sans parler de ceux qui les ont envoyés là où ils sont !

Que l’année nouvelle serve donc à démontrer aux uns et aux autres, en Tunisie et ailleurs, que si les idées sont la structure de l’existence, elles n’en sont point la substance. Il est bien temps d’apprendre à humaniser nos concepts pour les remplir de chair et de sang; sinon, et c'est fatal, on continuera à dériver vers le fanatisme avec des drames similaires à ceux qui ont jalonné l’année écoulée. Face aux vérités abstraites d'un monde fini, on se doit d’apprendre la multiplicité des vérités humaines. Et cela commence par avoir un minimum d’éthique.

Parabole de l’échiquier

Tout porte donc à croire que la Tunisie est en mesure d'assumer sa destinée d'exception en cette année  2018, la peaufinant pour la consacrer en 2019. Pour ce faire, il nous faut juste arrêter de nous satisfaire de fausses solutions dont le but n'est que de tromper.

Par exemple, de faire croire à l’indépendance de l’Instance des Élections (ISIE) ou à la mission se salubrité publique de l'Instance Vérité et Dignité (IVD). Ou à l’intérêt des municipales en l’absence de mise en oeuvre des droits et libertés consacrées par la Constitution. Qui peut honnêtement croire à l'argument vide de sens de la nécessité du respect de la constitution en la matière quand elle demeure lettre morte dans ce qui fait son essence : les libertés et droits citoyens?

Ceux qui ne veulent rien faire usent, bien évidemment, de maints futiles prétextes, comme de dire que la Tunisie ne peut faire que la politique de ses moyens, n’ayant pas les moyens de sa politique. Ce qui est faux et de pure tromperie. Car, en notre monde postmoderne, ère des foules par excellence, personne ne peut prétendre tout contrôler sans la complicité de ceux qui se prétendent manipulés.

Avec la mondialisation et les nouvelles technologies de l’information, il n’y a plus de pays développés et de pays sous-développés, il n’y a qu’un sous-développement mental qui peut être du Nord comme du Sud. Et c’est à l’aune éthique que le développement se mesure désormais. Et il y a belle lurette que les valeurs occidentales sont violées par les siens, les Lumières y sont éteintes hélas !

Or, tout un chacun peut les rallumer, y compris et surtout les gens du Sud qui ont toujours soif des valeurs que l’Occident ne respecte plus. J’use, volontiers, à ce niveau de la parabole de l’échiquier qui représente le monde avec les pays qui sont ses pièces, de différentes valeurs certes, mais où un pion, s’il joue bien, peut se transformer en rien et même tenir en échec le roi adverse sinon faire mat.

C’est dire que la Tunisie, aujourd’hui simple pion, peut devenir demain une pièce majeure si ses élites cessent de ne pas croire à son modèle qui fait d’elle une exception. Comment est-ce possible?    
  
Poléthique : une politique éthique
 
Kant parlait de  focus imaginarius pour désigner ce foyer des fantasmes, mythes et autres imaginaires constituant les principes de tout être-ensemble. C’est sous forme de mythes qu’apparaissent souvent les idées novatrices, et c’est le fait d’y croire qui les transforme en réalités tangibles. Ce qui va suivre paraîtrait mythique, simples rêveries; pourtant c’est ce qui peut se réaliser en 2018 pour peu que nos élites veuillent bien y croire.

D’abord, se persuader qu’il n'est nulle autre politique qui serve l'État de droit et la démocratie en Tunisie que celle des droits et des libertés, en tous domaines, notamment social et des mœurs, condition absolue pour la santé de toute société.

Aussi, toutes les lois scélérates, se prétendant morales, doivent être abolies d'urgence, n'étant qu'immorales, desservant l'islam et perpétuant la mentalité du protectorat. À défaut, faute de courage politique, ou si l’on prétexte la politique des petits pas — très prisée chez nous —, on doit déclarer rapidement un moratoire à l’application des plus honteuses.

En parallèle avec cette réforme législative d’envergure, qui doit réaliser aussi l'égalité successorale sans plus tarder, la diplomatie est appelée retrouver son génie en osant ce qui est inéluctable : la demande de l’adhésion de la Tunisie à l’UE et, dans l’immédiat, la libre circulation pour les ressortissants tunisiens.

Celle-ci doit se faire en transformant le visa actuel en visa de circulation qui sera à délivrer d’office et gratuitement, pour une période minimale d’un an, à tout Tunisien qui en fait la demande.

Cela doit inaugurer une nouvelle ère en Méditerranée : un espace de démocratie qui suppose aussi que la Tunisie, sans plus tarder, renoue avec le legs de Bourguiba en normalisant ses relations avec Israël.

En effet, malgré la crise suscitée par la décision américaine sur Jérusalem et le texte farfelu appelant à criminaliser la normalisation que le parlement examinera sous peu, c’est ce qu’il faut faire pour servir véritablement la cause de Palestine.

Car ce sera ainsi et pas autrement qu’on rappellera Israël à ses devoirs de respecter la légalité internationale. C’est ainsi donc que le gouvernement doit répondre aux inconscients qui bradent la cause palestinienne en trompant les masses.

Dans le même ordre d’idées, il est temps de normaliser aussi les rapports diplomatiques de la Tunisie avec la Syrie. Que cela plaise ou non, c'est le sens de l'histoire et la diplomatie tunisienne doit renouer avec ses fondamentaux, redevenant éthique.

On l'a dit, c’est l’éthique qui manque le plus en politique. Or, en postmodernité, il n'est plus de place à la politique antique et obsolète qu'on pratique; il est temps qu'elle s'épiphanise en poléthique! Ainsi concrétisera-t-on, au plus tôt, le modèle tunisien en puissance, aidant à refonder la démocratie en crise en une inévitable postdémocartie.

Publié sur Huff Post