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lundi 28 décembre 2015

Poléthique : fortitude et humilitude 1

Il faut dépénaliser le cannabis bien moins nocif que la cigarette !





Dans une interview au journal Le Temps publiée dimanche 27 décembre (1), Madame Saïda Garrach, Conseillère auprès du Président de la République chargée des relations avec la société civile, nous informe que le chef de l'État présidera le 30 décembre un conseil ministériel pour étudier la version finale du projet de loi appelé à remplacer la loi 52 sur les stupéfiants, un projet qui n'est au vrai qu'une réformette. (2)

Une fausse réforme

Nous avons connu Madame Garrach, avocate de profession, comme une militante féministe se distinguant par des positions courageuses sous l'ancien système. Aussi s'étonne-t-on du manifeste changement qui marque ses prises de position depuis qu'elle est à Carthage sur les questions capitales dans la vie des Tunisiens, touchant à leurs droits et libertés, manifestation de leur dignité, à la base de la révolution dont on fête le cinquième anniversaire.

Déjà, lors des honteux procès du moyenâgeux test anal, elle n'a pas dit mot ; et ce fut pareil pour les multiples et répétées violations des droits humains. Si elle rompt aujourd'hui un tel assourdissant  silence, elle ne le fait que pour évoquer la loi 52 sur les drogues douces et nullement pour en parler ainsi que la raison l'aurait commandé.

Ce qu'elle dit n'apporte rien de rassurant sur la prise en compte par nos dirigeants de la tragédie quotidienne dont souffre la jeunesse. Rien, en tout cas, qui ne se distingue de la langue de bois habituelle en la matière. Elle rappelle juste que le président s'est engagé à réformer la scélérate loi, osant dire qu'il le fera dans l'intérêt des jeunes.

Or, avec cette soi-disant réforme, il n'y a nulle dépénalisation de la consommation de cannabis, seule mesure sérieuse en l'objet ! La seule nouveauté est que les consommateurs arrêtés pour une première consommation seront orientés vers une prise en charge en termes de désintoxication plutôt que vers une sanction pénale.

Ainsi, la présidence supposée servir l'intérêt des jeunes n'ose pas reconnaître ce que  commande la raison : dépénaliser totalement la consommation. Car se limiter à chercher des solutions alternatives à une première consommation tout en continuant à brimer les jeunes, c'est se désintéresser royalement de la source du mal qui est bien la criminalisation de ce qui est devenu, dans son extension auprès des jeunes, un phénomène comparable au tabagisme. Aussi, changer la donne pour les primoconsommateurs ne changera en rien la réalité ni son extrême gravité.

Le cannabis est moins nocif que la cigarette

Les plus sérieuses études scientifiques des plus respectables organismes affirment pourtant que le tabac est bien plus nocif pour la santé que le cannabis ; alors, pourquoi ne pas criminaliser la cigarette, si l'on veut être vraiment honnête et juste ?

Il nous faut arrêter de dire n'importe quoi sur le cannabis dont on a démontré qu'il a fait l'objet d'un complot (3) de la part d'hommes d'affaires véreux en voulant au chanvre indien pour leurs intérêts particuliers. Car c'est une plante qui a nombre de vertus et est nettement moins néfaste pour la santé qu'une cigarette, n'ayant même pas d'effets négatifs en cas de prises irrégulières, ne produisant pas nécessairement d'accoutumance contrairement à la dépendance tabagique bien vite arrivée.

Il n'est pas sans intérêt de noter ici que, parlant de la situation catastrophique dans le pays, Madame Garrach déplore que l'on soit face à une situation où la transition démocratique est faussée par quelques hommes d'affaires. Or, c'est exactement ce qui s'est passé avec le cannabis victime d'intérêts affairistes gênés par le chanvre indien et pesant de tout leur poids afin de jeter le discrédit sur ses dérivés, cannabis en premier, dont la consommation n'a jamais fait plus de mal que les méfaits connus et tolérés du tabagisme.

En Tunisie, quand l'usage du cannabis était encore libre, on entendit rarement parler de problèmes particuliers pour cause de sa consommation, contrairement à ceux recensés et dénoncés du fait des cigarettes librement vendues et nullement prohibées malgré leur nocivité avérée.  

Récemment, le comité spécialisé de l'ONU a rendu un rapport éloquent (4) insistant sur la nécessité de dépénaliser totalement la consommation et de concentrer les efforts à lutter contre les trafiquants, seuls criminels en la matière. Pourquoi donc ne pas suivre les conseils avisés de ces voix autorisées, spécialistes onusiens qui plus est, s'ajoutant à ceux dans de nombreux pays ayant osé être justes en cessant de brimer des innocents, doublement victimes : des trafiquants et des forces de l'ordre qui ne se concentrant pas ainsi suffisamment sur la seule lutte efficace en la matière, celle du trafic des stupéfiants.     

Pénaliser la consommation, c'est juste brimer la jeunesse !

Il faut avoir le courage de l'avouer : l'illogique maintien de la criminalisation du cannabis obéit moins à une volonté de salubrité publique qu'à des considérations idéologiques et politiques. Les premières dérivent d'une fausse conception moralisatrice, la religion n'ayant pas à interférer en une matière relevant du comportement privatif. Les secondes manifestent la volonté étatique de garder un moyen efficace pour contrôler la jeunesse, l'émasculer même.

Or, cela ne fera qu'augmenter la faille qui sépare déjà la jeunesse de ses élites, nourrissant une grave absence de confiance allant en grandissant entre le peuple et ses autorités. D'où la désespérance et le nihilisme dans lesquels versent nos jeunes nombreux à être tentés par le terrorisme.

Certes, il n'y a pas nécessairement de rapport direct entre le cannabis et le terroriste, mais c'est l'absence de libertés et les exactions dont fait l'objet la jeunesse avec des lois scélérates qu'on ne veut pas oser abolir — comme cette loi 52 dont on maintient l'esprit — qui nourrissent une défiance dangereuse à l'égard de tout ce qui représente l'État, faisant le terreau du terrorisme qui n'est que le rejet d'un ordre jugé oppressif. Une telle oppression est bien le résultat de lois similaires à celle sur les stupéfiants relevant des obsolescences juridiques avérées à mettre à la poubelle de l'histoire.

Il est bien temps que nos responsables cessent d'être irresponsables, entretenant une telle dynamique suicidaire n'ayant donc pour conséquence que d'aggraver le mal-vivre des jeunes, les amenant à chercher un sens à leur vie sur les chemins de traverse.

À choisir entre un supposé vice que serait celui de fumer un joint, tout en faisant renaître la confiance dans ses autorités, et le maintien de lois vicieuses ouvrant la voie au vice suprême du terrorisme, nos autorités peuvent-elles hésiter un seul instant à faire le bon choix ?

Le seul bon choix aujourd'hui est dans la dépénalisation de la consommation du cannabis, ainsi que l'imposent la justice et une sage gestion d'un phénomène social qui a bien besoin de compréhension pour les victimes que sont les consommateurs, la répression devant être réservée aux vrais coupables que sont les réseaux mafieux du trafic. Il est donc temps que l'État cesse de faire la guerre à la société, (5) encourageant la toxicomanie (6) au lieu de lutter efficacement contre elle !

Seule la dépénalisation totale de la consommation du cannabis y aidera. À cet effet, voici rappelé ci-après le texte proposé au gouvernement pour rectifier son projet de loi très en deçà des attentes : nouveaux préambule et article premier se substituant à ceux de la réforme projetée.
   
Proposition
de préambule et de nouvel article 1er
pour le projet de loi
réformant la législation sur les stupéfiants
    

Préambule (nouveau)

         Attendu que les études les plus fiables, notamment au sein de l'ONU, prouvent que la nocivité du cannabis est bien loin d'être ce qu'on soutient à tort à propos d'une plante aux vertus thérapeutiques avérées et à l'addiction inférieure à celle constatée pour le tabagisme;
         Attendu que de telles instances internationales crédibles et fiables suggèrent comme meilleure parade à une addiction au cannabis, qui est la seule de nature à le rendre nocif, la dépénalisation de la consommation;
         Attendu que la morale islamique correctement interprétée insiste assez sur la liberté du croyant et la nécessité pour lui de faire acte de résistance aux tentations, lesquelles doivent exister afin de permettre une telle épreuve indispensable afin de prouver la foi sincère qu'exige l'islam en toute liberté et loin de la moindre ostentation;

         Le présent projet de loi de réforme de la législation nationale sur les stupéfiants pose le principe de dépénalisation de la consommation du cannabis et des drogues douces comme la clef de voûte de toute action sérieuse et efficace contre le fléau de la drogue dont les ravages sont encouragés par l'interdiction qui la frappe.

         Aussi, seul le trafic, qui est le vrai crime, est à interdire et à réprimer le plus sévèrement.

Article Premier (nouveau)

       La consommation des drogues douces, notamment le cannabis, est dépénalisée sur le territoire tunisien.

     Tout trafic de ces drogues est par contre le plus sévèrement interdit et réprimé selon les modalités fixées par la présente loi.

        Sont aussi encouragées les actions associatives et de la société civile de prévention ainsi que prévu par la présente loi.  
            
   
 
NOTES

(1)

(2)

(3)

(4)

(5)

(6)


Publié sur Al Huffington Post