Comment en finir avec les scènes de chasse de l’homosexuel?
On se rappelle du film allemand de Peter Fleischmann Scènes de chasse en Bavière, tiré de la pièce de théâtre éponyme de Martin Sperr, sorti dans les années soixante. Ce film qui a eu du succès relate à quel point de banalité peuvent verser les sentiments criminels s’ils ne sont pas contrés à temps et de manière efficace.
Or, nous assistons en Tunisie, à l’égard des homosexuels, à une dérive pareille à celle que dénonce le film sans que l’on ose la contrer ni sérieusement ni efficacement.
On continue à criminaliser l’homosexualité
Ce qui est en cause en matière d’homosexualité est une atmosphère mentale qui est faite de mensonges et de confusion mentale. D’où la criminalisation de cette nature qu’on n’ose pas encore abroger.
Le mensonge est celui de continuer à laisser croire que l’homosexualité soit d’abord une perversion et ensuite une violation des bonnes moeurs et surtout de la religion.
Pourtant, il a été bien démontré que ni l’une ni l’autre désinformation n’est vraie. Car d’abord, être homosexuel n’est pas uniquement être porté sur le sexe; c’est une identité qui n’est pas choisie, exactement pareille au fait d’avoir une couleur de peau ou des yeux. Pour cela, il serait judicieux de déconnecter le terme de la sexualité en le débaptisant homosexualité ou érosensualité comme je l’ai proposé.(1)
Ensuite, il a été bien démontré que l’islam n’a jamais été homophobe(2) contrairement à la fausse croyance généralisée, issue de la tradition judéo-chrétienne qui est à l’origine de la loi homophobe qui est une survivance coloniale. (3)
On refuse de présenter autrement l’homosexualité
Si on peut comprendre que les homophobes n'osent rien pour permettre la sortie de la désinformation actuelle, il est incompréhensible que les militants contre l'homophobie ne fassent rien qui soit efficace, parlant aux masses, répondant à une telle désinformation.
Il est aberrant, ainsi, de ne pas user des arguments précités, les seuls de nature à permettre de sortir de la nuit homophobe. Si les militants ne le font pas, c’est du fait d’une stratégie se voulant laïciste, alors qu’elle n’es aucune chance de donner fruit en Tunisie où c’est la Constitution qui impose de référer à la religion.
D’ailleurs, on l’a vu avec l’inégalité successorale, cette supposée impasse, qui est en train d’être dépassée en ayant osé enfin dire (ce qui a été prouvé aussi) que l’islam ne l’impose pas. Qui ne veut donc pas de l’abolition de l’homophobie, en dernière analyse? (4)
Car la situation est plus aisée en matière d’abolition de l’homophobie, puisqu'il n’est aucune prescription en la matière, contrairement aux successions. Alors, qui peut le plus, peut le moins !
On ne peut donc ne pas oser user de l’argument imparable qui est de dire enfin que l’islam n’a jamais été homophobe si on milite vraiment pour l’abolition de l’homophobie et non seulement pour ce que j’ai dénoncé être du business, s'improvisant alors complice objectif des homophobes (5), seule explication logique pour une telle impéritie.
On refuse la seule arme efficace contre l’homophobie
Bien mieux ! On dispose en Tunisie d’une autre opportunité dont on ne veut pas user et qui est l’engagement du chef du parti islamiste à abolir l’homophobie si un projet de loi en ce sens arrivait à entrer au parlement.
Certes, un tel engagement est resté informel, n’ayant été fait qu’auprès des soutiens occidentaux de M. Ghannouchi (6); mais il a été confirmé par son plus proche conseiller, M. Zitoun, récemment encore.(7)
De plus, un texte qui a toutes les chances d’aboutir existe, c’est le projet de loi que j’ai proposé, ci-après rappelé. Pourquoi donc ne pas en faire le cheval de bataille pour débarrasser notre pays de cette honte des temps obscurs ? Pourquoi continuer à se taire sur la scélératesse de l’article 230 au lieu de remuer ciel et terre pour obtenir son abolition? Avec un tel texte, on ne peut plus prétexter le désintérêt public. Les militants auront même la majorité de la société derrière eux, car elle n’a jamais été homophobe n’était la loi, le sexe populaire étant bisexuel. (8)
Car le problème actuel est cette confusion dans la tête des gens qui prennent la militance contre l’homophobie pour une attaque contre l’islam. Il suffit donc de démontrer que c’est plutôt servir le vrai islam que d’abolir l’homophobie pour sortir d’une telle impasse, l’islam étant, à la base, une justice; or l'homosensuel est innocent des turpitudes qu'on lui reproche, ne faisant que vivre ainsi que le lui a voulu son créateur. Un message céleste a même été recueilli à ce sujet pour qui croit à la survivance des âmes.(9)
Aussi, si on veut donc en finir avec cette honte de l’article 230 et ce qui y est lié comme le test anal et de virginité, on ne peut plus ne pas proposer et défendre le texte ci-après. La société civile doit aussi, à cette occasion et dans l’attente de l’adoption de la loi, exiger du gouvernement de prendre la mesure conservatoire de l’interdiction du test anal; ce qui est affaire de circulaire. Elle doit aussi demander que l'on donne des instructions pour ne plus faire la chasse aux homos ou de donner suite aux erreurs de police si elles continuent à les harceler injustement.
C'est en présentant ce projet de loi au parlement et en le défendant agressivement dans les médians qu'on réussira à débarrasser dès cette rentrée la Tunisie de l'homophobie d'un autre âge indigne du pays, de son peuple et de leurs valeurs ancestrales de tolérance et de justice. (10)
PROJET DE LOI
Abolition de l'homophobie
Attendu que l’homophobie est contraire aux droits de l'Homme et au vivre-ensemble paisible, à la base de la démocratie,
Attendu que l’orientation sexuelle relève de la vie privée que respectent et l’État de droit tunisien et l’islam,
Attendu que l’article 230 du Code pénal viole la religion musulmane qui n’est pas homophobe étant respectueuse de la vie privée de ses fidèles qu’elle protège ;
L’ARP décide :
Article unique
La vie privée étant respectée et protégée en Tunisie, l’article 230 est aboli.
مشروع قانون في إبطال تجريم المثلية
فصل وحيد
حيث أن كراهة المثلية مخالفة لحقوق الإنسان في حياة مجتمعية آمنة، وهي أساس الديمقراطية؛
وحيث أن التوجه الجنسي للبشر من حياتهم الخصوصية التي تضمن حريتها دولة القانون والإسلام؛
وحيث أن الفصل 230 من القانون الجنائي يخرق الإسلام وينتهك تسامحه، إذ لا كراهة فيه للمثلية لاحترامه لحرمة الحياة الخاصة للمؤمن وضمانه التام لها؛
فإن مجلس نواب الشعب يقرر ما يلي :
نظرا لأن الحياة الخصوصية محترمة ومضمونة دستوريا بالجمهورية التونسية، لذا، أُبطل الفصل 230 من القانون الجنائى.
(9)
(10)