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mercredi 17 février 2016

Diplomatie poléthique 6

La Tunisie dans l'Union européenne : comment y arriver?



Dans le cadre des négociations actuelles pour un strict libre-échange que l'Union européenne tient à instaurer au plus vite, l'un des arguments majeurs utilisés semble être de faire miroiter aux Tunisiens le statut de pays membre de l'Union à octroyer à une Tunisie qui aurait accepté ce que l'Union lui propose.*

Fatalité de l'intégration du Maghreb à L'Europe

C'est ce que l'UE a déjà fait avec le Maroc qui négocie aussi un accord ALECA similaire. Or, tout autant que la Tunisie, et même plus, le Maroc a droit à entrer à l'UE du fait de la présence déjà de l'Europe  sur ses terres avec les présides de Ceuta et Melilla. Aussi, ou l'on se débarrasse de cette anachronique survivance du passé colonial ou l'on considère le Maroc comme partie intégrante de l'Europe.

Pareillement au Maroc, la Tunisie est structurellement intégrée à l'Europe; or, cet état informel, ne profitant déjà  réellement qu'à la partie européenne, verrait ses aspects nuisibles aggravés par l'accord actuellement négocié.

Hegel, l'un des penseurs les plus en vue d'Europe le notait déjà : le Maghreb fait plus partie de l'Europe que de l'Afrique. Cette vérité est d'autant plus évidente aujourd'hui que la démocratie y prend racine avec l'exception Tunisie.

On l'a dit déjà, l'Aleca ne saurait demeurer cantonné au seul commerce, car on ne peut raisonnablement mieux traiter les marchandises que leurs créateurs, les humains.** Aussi l'accord doit-il être étendu à la libre circulation des ressortissants du Maroc et de la Tunisie, surtout à la Tunisie qui a initié une transition démocratique qui en fait une exception dans le monde arabe.

Fatalité de la libre circulation en méditerranée

Les Tunisiens ont aussi fait preuve de maturité politique en réussissant par trois fois des élections politiques somme toute assez conformes aux standards internationaux. Et ils peuvent prétendre à un traitement qui ne serait pas tant de faveur que de justice et de justesse.

Car de quoi s'agit-il en appelant au libre mouvement humain? De  transformer le visa actuel de tourisme en visa biométrique de circulation qu'on délivre gratuitement et pour une période minimale d'un an renouvelable d'office. C'est à la fois conforme aux réquisits sécuritaires qu'au droit international et à la souveraineté tunisienne, étant donné que le relevé des empreintes digitales par des autorités étrangères est illégal selon les canons du droit international.   

Qu'est-ce qui retient donc l'Europe de réaliser cette bascule qui aura des retombées immenses et sur la psychologie des Tunisiens et sur l'économie de part et d'autre, encourageant les déplacements humains et donnant lieu à des projets économiques à cheval entre les deux continents ?

Certainement pas des raisons de sécurité, ni la gratuité du visa, ni surtout le fallacieux prétexte de l'immigration clandestine, car elle n'existera plus. En effet,  il a été prouvé que l'immigré clandestin est le produit de la fermeture des frontières qui, si elles n'ont jamais dissuadé les gens de tenter de les franchir et d’y réussir au prix de drames terribles faisant de notre méditerranée un "holocauste moderne", elles dissuadent ceux qui entrent en Europe d'en sortir.

Par ailleurs, la communauté tunisienne en Europe est assez réduite et sans grands problèmes ce qui encourage à tenter avec elle, en expérience grandeur nature, l'ouverture des frontières qui est fatale tout autant que l'adhésion de la Tunisie à l'Union.    

C'est ce à quoi doit s'employer l'Union au lieu de rester figée sur son tropisme commercial, refusant l'avancée institutionnelle de l'intégration du Maghreb. Même si elle commence à en parler, elle n'en fait encore qu'un argument de négociation où l'on n’hésite pas à mentir pour emporter la mise. Aussi faut-il du concret et la transformation de suite du visa  actuel en visa biométrique de circulation sera cette preuve de la bonne foi européenne.

Un espace de démocratie méditerranéenne

Cela pourrait et devrait se faire dans le cadre de l'instauration d'un espace de démocratie méditerranéenne dont la Tunisie sera le premier jalon. Pour cela, on se doit d'étendre les négociations commerciales actuelles aux aspects essentiels ignorés, dont  la circulation humaine par la transformation de l'Aleca en Alecca : Accord de libre-échange et circulation complet et approfondi, et l'implication du ministère des Affaires étrangères  du côté tunisien aux négociations en cours.***

Il est clair que de telles transformations radicales autoriseront de faire, aux rapports de l'Europe avec le Maghreb, le saut qualitatif qui leur manque, agissant sur le plan de l'imaginaire et de l'inconscient collectif à l'arrimage du Maghreb à l'UE par une modification qui serait alors plus aisée de sa législation nationale.

Dans cette perspective, en effet, conformer les lois tunisiennes au droit européen ne sera plus un diktat au service unique de l'Europe, mobilisant contre lui non seulement la société civile, mais aussi  nombre de milieux économiques dénonçant les menaces que comporte l'accord pour l'agriculture maghrébine, les services, les petites et moyennes entreprises ainsi qu'à l'accès aux médicaments génériques.

Et le collectif tunisien d'ONG qui réunit aussi des activistes internationaux ne pourrait plus contester, ainsi qu'il l'a fait dans son communiqué du 12 février, l'effet positif annoncé sur l'économie tunisienne de cet accord. Car il sera déjà, et pour le moins, positif sur le plan de la circulation humaine. Ce qui n'est pas une mince affaire.

Aussi, avec Alecca, et non Aleca, bien mieux que ne l'assurait   Martin Schulz, président du Parlement européen, "l'ouverture du marché tunisien" servirait tout autant à "attirer les investissements étrangers" qu'à ouvrir l'Europe devant les Tunisiens, nos investisseurs informels, la tête de nos jeunes regorgeant de microprojets novateurs qui avortent aujourd'hui faute de liberté de circulation. 





Publié sur Al Huffington Post