La vraie problématique
de la clandestinité
Au-delà de la polémique vaine sur la question des clandestins, en Tunisie ou en Europe et les propos des uns et des autres détournant l'attention de l'essentiel, une parole de vérité s'impose en ce dossier fort délicat où la question principale devant retenir l'attention est celle de l'infraction au droit fondamental de l'humain à bouger dans la dignité, un droit fondamental des humains.
Ce qui déjà distingue la question des clandestins en Tunisie et celle des Tunisiens clandestins en Europe. En effet, il n'y a aucune comparaison à faire entre les difficultés rencontrées par les étrangers pour venir en Tunisie et celles, de plus en plus insurmontables, pour les Tunisiens à se déplacer vers l'Europe.
De plus, la Tunisie, du moins jusqu'ici, n'a pas de politique orchestrée de refoulement des étrangers, ce qui n'est pas le cas pour l'Europe qui subventionne même grassement la coopération en la matière des autorités étrangères, dont tunisiennes, au contrôle des tentatives d'émigration, coopération absolument indispensable à la mise en œuvre de la politique migratoire de l'Europe. Or, cette politique, exclusivement axée sur l'aspect sécuritaire, est régulièrement dénoncée par les organisations de défense de droits humains pour ses excès sans vrais motifs.
Assurément, parmi ces excès figure la pratique désormais devenue incontournable de la prise des empreintes digitales des ressortissants tunisiens par des autorités étrangères sur le sol tunisien, un flagrant défi au droit international et à la souveraineté du pays. Ce qui ne se fait même pas en compensation à une livre circulation dont le respect des réquisits sécuritaires serait justement le prélèvement des empreintes digitales.
Or, justement, c'est ce qui est de nature à constituer l'arme fatale contre la clandestinité avec le respect, dans le même temps, tant du droit des humains à circuler librement, que des réquisits sécuritaires. Et c'est ce que garantirait le visa actuel, avec la levée des empreintes digitales, mais en contrepartie d'une délivrance dudit visa gratuitement pour une durée minimale d'un an et avec entrées multiples de moins de trois mois. Car de quoi s'agit-il avec la problématique de la clandestinité sinon la hantise de l'installation durable à la faveur d'une entrée supposée provisoire ? D'autant que c'est le visa actuel, avec la fermeture des frontières, qui perpétue cette clandestinité en l'alimentant par le maintien obligé du clandestin une fois qu'il aura réussi à entrer en Europe du fait justement de la fermeture des frontières. Car si cette dernière n'empêche jamais que des clandestins réussissent à entrer en Europe, elle les encourage à s'y maintenir et ne plus les quitter.
Pourtant, il a été démontré que le clandestin n'entre pas nécessairement pour se maintenir en Europe ! Certes les motivations sont différentes, mais il a été prouvé aussi que le fait de garantir la possibilité de pouvoir circuler avec un visa garantissant la libre circulation en n'excluant que le maintien au-delà e trois moins, soit donc le séjour durable, est de nature à faire tarir les clandestins quitte à ce qu'ils circulent plus souvent. Ce qui sera une bénédiction pour les compagnies de transport et donc pour l'économie. Sans parler de la fatale éradication du crime organisé faisant commerce de la situation actuelle.
Cela certes incombe en premier aux autorités européennes qui imposent d'autant plus facilement leur politique migratoire insensée, immorale et criminogène que les autorités du Sud ne la contestent pas ou juste pour la forme et pour augmenter les quotas du visa actuel, dont le caractère illégal et indigne ne sont plus à prouver, et qu'ils rechignent à dénoncer.
Ce que, pour ma part, je l'ai bien fait au moment où j'étais Conseiller social de l'ambassade de Tunisie en France en charge des droits de l'Homme de 1992 à 1995 ! En effet, c'est bien grâce à moi, faisant clairement le lien entre libre circulation, visa et expulsion en proposant au projet d'accord de réadmission des clandestins tunisiens proposé par la France un contre-projet qui a permis de geler les démarches françaises en l'objet avec de revenir à la charge plus tard et signer les accords dont parlait le président de la République en 2008 et 2011; mais je n'étais plus à l'ambassade ni au ministère des Affaires étrangères puisqu'on a réussi à me punir en me rayant du corps diplomatique pour avoir ainsi défendu crânement la dignité de nos compatriotes expatriés.
Le faire aujourd'hui, et je n'arrête de le redire et le rappeler, c'est bien d'appeler, en menaçant de cesser toute coopération avec les autorités européennes, à substituer au visa actuel un visa de circulation ainsi qu'évoqué ci-dessus. C'st la seule manière d'être crédible en matière de clandestinité en ayant le courage de tenir une parole de vérité osant ainsi donner réalité et con