Comme aujourd'hui naissait celui dont
la Tunisie a le plus besoin aujourd'hui !
Le 2 février 1914 naissait aux îles Kerkennah, au large de Sfax, dans le village Abbassia, celui qui allait devenir le patriote par excellence, incarnant l(âme de la Tunisie toujours en quête du meilleur, sa dignité et la liberté de son peuple, mais aussi et d'abord, l'amour comme seule arme pour y arriver. Ce qu'illustra à merveille ce syndicaliste hors pair dont la militance reste résumée par son fameux cri du coeur : Peuple, que je t'aime !
Or, il manque tant en ce temps où l'animosité marque la scène politique tant dans notre pays que dans le monde, où la haine et les turpitudes prennent le pas sur le meilleur en l'humain, les sentiments de solidarité et de fraternité, faisant banqueroute à ce qui serait une vraie science du coeur, une politique éthique que je qualifie de bécopélthique, politique éthique des bisous. Qui donc que lui saurait bien sauver la Tunisie de sa crise existentielle et son drame ontologique, le sort ayant fait d'elle une exception dans le monde pendant un temps avant que les injustes de toutes parts n'en empêchent la parfaite épiphanie ?
Or, comme ce petit pays reste une exception en puissance, certes gisant au tréfonds de son inconscient collectif, mais parfaitement vivace toujours, perceptible à jamais dans l'imaginaire populaire incarnant invariablement la conviction en une Tunisie re-belle, les retrouvailles avec quelqu'un comme celui qui naissait aujourd'hui, avec son esprit, en étant l'incarnation ou la réincarnation restent d'actualité. Aussi, dans cette attente du Messie attendu de Tunisie*, dont je parlais déjà en 2016, et les inéluctables retrouvailles avec Farhat Hached, ce que j'ai qualifié dès 2013 de temps de l’amant du peuple**, rappelons brièvement la biographie de l'amant par excellence du peuple de Tunisie. À noter que j'évoque notre héros dans la nouvelle version de mon opéra bilingue proposée actuellement aux éditeurs.
Farhat est né à Abbassia au foyer de Mohamed Hached et Hania Ben Romdhane dans une famille kerkenienne de pêcheurs. Entré, à six ans, à l'école franco-arabe au village proche de Kellabine ouverte pour la première fois en 1885, il y obtient brillamment son diplôme de fin d'études primaires ce qui lui permit de bénéficier de l'exemption du service militaire obligatoire dans l'armée coloniale. Il n'a toutefois pas pu, pour raisons familiales, poursuivre son cursus secondaire et rejoignit son oncle résidant à Sousse pour aider sa famille.
À la cité oued Kharroub, à Sousse, il intégra comme agent de bureau la Société tunisienne de transports du Sahel alors qu'il avait l'âge de 16 ans. Il y brilla aussi, étant promu assez rapidement secrétaire administratif. Parallèlement, surtout à partir de l'été 1936, il milita au sein de la Confédération Générale du Travail dont il en devint le Secrétaire Général du Syndicat de base à l'âge de 22 ans, puis Secrétaire Général Adjoint de l'Union locale de la Confédération.
Une telle activité syndicale lui valut d'être muté à Sfax par rétorsion l'année suivante, où il réagit en fondant dans cette ville un second syndicat. Ce qui amena son exclusion de la Société en 1938.
En 1940, on le retrouve à la Direction des Travaux publics de Sfax qu'il ne quitta que pour se consacrer au militantisme syndical. Ce qui allait de pair avec la publication d'articles de presse, activité commencée déjà à Sousse. Devenu Secrétaire national à Tunis de la CGT en 1940, il commença à sillonner le pays et à prendre connaissance de la situation réelle des travailleurs dans tout le pays. Ce qui l'amena, le 19 mars 1944, à démissionner de la CGT au nom des intérêts des travailleurs tunisiens pas assez bien défendus. Puis, sept mois plus tard, il en vint à créer un syndicat national indépendant dont le Bureau provisoire, dont il était alors le Secrétaire Général, fut rendu public le 19 novembre 1944. Ce qui ne fut pas créé de rein, puisque le syndicalisme en Tunisie avait vu le jour déjà en 1929 avec l'expérience avortée de Mohamed Ali Hammi puis relancé en 1938 sans grand succès.
Ce fut cette fois oeuvre rationalisée, commençant par unifier les différents syndicats indépendants présents dans le sud du pays puis leur réunion avec ceux du Nord ainsi qu'avec la Fédération Générale des fonctionnaires tunisiens en 1945. Aussi, le 20 janvier 1946, en sa réunion au siège de la Khaldounia, l'Union Générale Tunisienne du Travail vit le jour avec Farhat Hached élu comme Secrétaire général et elle organisa son premier congrès les 20 et 21 janvier 1947. Ayant adhéré à la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) en juillet 1949, l'UGTT en démissionna un an après pour rejoindre la Confédération indépendante des syndicats libres (CISL) l'année suivante.
Cette activité débordante et mûrement réfléchie au service des intérêts des travailleurs et de leurs droits tangibles fit de Farhat Hached l'emblème du patriote qui place la militance syndicale libre et indépendante au-dessus de tout, y compris des parts et autres des organisations nationale. Ce qui ne manqua pas de gêner nombre de ses adversaires et ennemis et amena le pouvoir colonial à attenter à sa vie le 5 décembre 1952 alors qu'il n'avait que 39 ans et tant de services à rendre au pays et à son peuple qu'il aime tant. Aussi son flambeau est-il forcément dans l'attente d'être repris pour éclairer la route de la Tunisie aujourd'hui fort obscurcie....
* 14 janvier 2016 : An VI de la révolution ou le Messie attendu de Tunisie
http://tunisienouvellerepublique.blogspot.com/2016/01/lexception-tunisie-7.html#more
Five Years After The Revolution: Awaiting The Messiah of Tunisia
https://web.facebook.com/fothmann/posts/951733958244179
http://www.huffingtonpost.com/farhat-othman/the-awaited-messiah-of-tu_b_8989242.html
** Révolution, an III : le temps de l’amant du peuple ou retrouvailles avec Farhat Hached
http://tunisienouvellerepublique.blogspot.fr/2013/01/un-enchantement-tunisien-7.html#more
http://nawaat.org/portail/2013/01/07/revolution-an-iii-le-temps-de-lamant-du-peuple-ou-retrouvailles-avec-farhat-hached/