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samedi 28 septembre 2024

L'ère des foules et l'âge des justes 6

Adresse à Monsieur le Président de la République : 

Ne promulguez pas une loi de division !


Serait-il naïf, en ce moment grave que vit le pays, aggravé par le vote hier d’une loi qualifiée d’inconstitutionnelle même par des députés participant au vote — des députés qui ne sont pas des adversaires du président de la République, et lui demandant de ne pas la promulguer ? Alors, on veut bien de cette naïveté du phisosophe ne pensant qu'à la félicité de sa communauté et de l'humanité , et surtout visant la vertu par épuisement du vice, y compris en illusions et faux-fuyants !

Son prédécesseur l’a bien fait pour une loi similaire, de celles intervenant en cours du jeu, comme si un arbitre osait modifier à sa guise les règles régissant le match du sport qu’il est censé arbitrer en toute neutralité ! D’ailleurs, l’un des députés indépendants (Bilel Mechri) a même fait entendre la voix du président de la République qui, en 2019, refusait tout amendement de loi électorale avant un scrutin le jugeant « tuant la démocratie » ; rien de moins !

Or, le texte  adopté par 116 voix pour, 12 voix contre et huit abstentions - et ce, rappelons-le, dans une assemblée qui représente peu le peuple, puisque sa défiance était énorme, le taux de participation à la présidentielle du printemps 2023 n’avait été que de  11 % de participation, enregistrant en Tunisie un record mondial d'abstention à une élection majeure – ce texte a besoin d’être promulgué pour entrer en vigueur.

Aussi, si le président est resté fidèle à ce qu’on a fait entendre au parlement, s’il croit toujours, ainsi qu’il n’arrête de le répéter à la démocratie - la vraie et non celles des démons de la politiques, ce que je nomme daimoncratie -, il se doit de ne pas promulguer cette loi avant le scrutin du 6 avril. D'autant qu'il ne sera point le premier à le faire puisqu’il a été précédé en la matière par son prédécesseur dans une situation comparable, du moins sur la forme.

Au vrai, qu’on transfère le contentieux électoral du tribunal administratif à une justice aux ordres jugée plus sûre quant au respect du droit pur, sans immixtion de considérations personnelles, pourquoi pas, au final et en bon droit ? Mais peut-on le faire impunément, sans penser à une mauvaise arrière-pensée, sinon de la roublardise ? Pourquoi le faire à une semaine du vote sinon en accréditant la thèse de ceux qui dénoncent une manoeuvre, le choix du la Cour d’appel n’étant que pour sa soumission, directe ou indirecte, au pouvoir politique, celui de sa tutelle du ministère de la justice ? Sans parler de ce qui serait grave en termes de machiavélisme : chercher à porter atteinte à l'honneur du président de la République en entachant d'irrégularité son élection alors qu'il se pare de toutes les vertus de la sainteté en politqiue, la poléthique !  

Aussi, il ne serait qu’à l'avantage du président de la République - qui n’arrête de se réclamer à juste titre de la souveraineté véritable du peuple, et qui ne doit pas se méfier que de ses ennemis, mais aussi de ceux de son entourage lui voulant du mal ou même sans le savoir -  il ne serait qu'à son avantage de ne pas se suffire de l'initaitive voulue dans son intérêt et celui de la patrie  par ces représentants mal élus malheureusement, une initiative fort mal venue en toute objectivité. Doit-on combattre le mal par un mal encore plus vicieux ? C'est que le taux participation au scrutin législatif était risible et ne permet pas d'en faire de véritables représentants tenant compte de ce que pense réellement la rue. 

Or, elle se dirige vers une abstention monstre malgré la sympathie diffuse pour l’auteur de l’initiative qui devait être salutaire pour le pays le 25 juillet 2021. Car malgré le slogan toujours rappelé que le peuple veut, rien n’a changé dans le pays, ne serait-ce qu’au niveau de la législation de la dictature toujours en vigueur et brimant quotidiennement le peuple ! N’est-ce pas à elle que les députés auraient dû s’attaquer d’urgence ?      

Alors, Monsieur le président, écoutez votre peuple qui croit toujours en vous et en votre volonté d’assainir la situation dans le pays : N’acceptez pas le cadeau empoisonnée d’une loi manifestement du genre des lois jalonnant le parcours de vos prédécesseurs ayant prolongé la mentalité scélérate de la dictature ! Ne promulguez pas cette loi qui entachera votre élection d’un péché originel : celui d’avoir été voulue contre la volonté populaire, contre ce peuple qui, pour vous, veut et doit obtenir satisfaction de ce qu’il veut. Or ce qu’il veut ce sont ses droits et ses libertés au quotidien ! 

Aussi, en juste de voix et de voie, ne pratiquant que la parole de vérité, je me permets cette adresse à Monsieur Kaïs Saïed, président de la République : Monsieur le Président, ne promulguez pas une loi de division de la patrie !