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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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jeudi 20 juillet 2023

Soffisme : Néosoufisme, stoïcisme i-slamique 7

Gros mot à Carthage : 
Crime, délit et dictature


Que n'a-t-on dit sur ce qui ne relève au final que de l'anecdote : un mot jugé déplacé sur la scène du théâtre de Carthage, un gros mot sexuel en l'occurrence, mais qui n'est pas moins issu du riche répertoire populaire tunisien en la matière. 

Aussi estimons-nous que le crime n'est pas de l'entendre sur une scène culturelle, c'est plutôt d'ignorer la réalité de notre société. Que sert-il donc de pousser des cris d'orfraie à le moindre écho sur une scène, la plus prestigieuse fût-elle, qui n'est autre que la résonance de la rue, l'effet d'une cause incrustée chez le populo ? 

Être utile, n'est-ce pas d'agir sur la cause ? Mais alors, comment faire disparaître de tels mots émaillant le moindre des propos des grands et des petits dans nos rues ? Ira-t-on jusqu'à mettre un policier derrière chaque citoyen pour surveiller ses paroles ? Verra-t-on bientôt une police des moeurs comme dans les dictatures théocratiques ? La cause n'est-elle pas plutôt le produit d'une atmosphère légale liberticide, notamment en matière de ce sexe qui est, d'abord et avant tout, l'énergie vitale, la libido au sens psychanalytique ? Aussi, le mal-être sexuel, patent dans notre culture, est-il alors diffracté dans tous les interstices de la réalité sociale ! 

Emporté par l'émotion de l'indignation, le président de la République a qualifié l'incident de crime, rappelant qu'il est punissable par la loi. Certes, la loi le punit, mais comme délit en tant que violation de la sacro-sainte règle de bonnes moeurs. 

Or, cette loi appartient à la législation répressive et liberticide de la dictature qui usait de toutes les ficelles pour brimer le peuple, censurer sa parole libre, le réduire à l'esclavage ; et le président Saïed n'arrête de calmer sa volonté de rendre sa souveraineté à ce peuple asservi ! 

N'est-ce pas en reconnaissant tous ses droits, toutes ses libertés, y compris à l'impertinence, au gros mot, notamment dans le milieu culturel et de la création ? Ce qui fut bien le cas du faux scandale dont on se fait des gorges chaudes, d'aucuns appelant même à mettre en taule l'artiste, d'autres à limoger la direction du festival. D'autres, prompts à citer des exemples de l'étranger, en font appel à la stature du général de Gaulle, un militaire, ayant sanctionné des artistes pour mauvais goût, oubliant l'anachronisme de la référence relevant d'un temps antédiluvien. 

Veut-on faire régresser la Tunisie au-delà des obscurités de la dictature, encore en vigueur avec ses lois, la plongeant dans les ténèbres d'une conception intégriste et rétrograde de sa foi qui est à la base, une religion de droits et de libertés ? N'honore-t-elle pas le fidèle en reconnaissant sa dignité, à savoir d'être libre, même dans l'excès, tant qu'il ne se soumet qu'à son créateur qui le valorise justement pour une telle grandeur d'âme? 

Car, entendons-nous bien, il ne s'agit point de se détacher des valeurs de notre foi et des traditions de sa culture, et qui furent une modernité avant la modernité occidentale ! Et notre pays n'a nulle leçon à recevoir de personne, surtout pas de supposés développés du temps présent, sacrifiant l'éthique à la pire matérialité. 

Non ! Ce dont il s'agit ici c'est juste de ne pas aller dans le sens de pareille attitude de dénigrement dogmatique en continuant à nous tromper dans l'interprétation de notre foi et de la brillante culture universelle à laquelle elle a donné naissance. Car alors, on les réduit à un obscurantisme ignorant les moindres libertés basiques du fidèle, occultant du coup à quel degré la religion d'islam et la culture arabe furent riches en des mots et expressions encore plus osés que ceux qui nous offusquent certains aujourd'hui. Ainsi, les plus sûres traditions prophétiques rapportent bien des termes dans la bouche du prophète et de ses Compagnons, désormais sanctionnés. 

De fait, notre religion fut la moins pudibonde ses Écritures monothéistes, la plus libérale même en termes de moeurs. C'est juste son interprétation qui a suivi le déclin économique et culturel dans lequel ses terres ont sombré, induisant une sorte d'invagination de sens des préceptes religieux, un rétrécissement axiologique sur l'essentiel, en vue de sauver cette foi menacée de disparaître. Or, ce tant est heureusement passé, et c'est à des retrouvailles avec l'exégèse qui a fait l'âge d'or de l'islam qu'il importe de retrouver, renouant avec la foi révolutionnaire qui fut, du temps de son apparition, une religion de Lumières en un temps d'extrême noirceur. Car alors que l'Occident était plongé dans son sombre Moyen-Âge, les terres d'islam était la Modernité de l'époque. Ne l'oublions jamais !

ANNOTATIONS :

Sur l'incident :

Et sur un incident similaire :
https://tunisienouvellerepublique.blogspot.com/2017/07/derive-des-valeurs-5_16.html#more

Sur la problématique récurrente des bonnes moeurs :
http://tunisienouvellerepublique.blogspot.fr/2012/07/une-politique-comprehensive-4.html#more