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dimanche 16 juillet 2023

Libre penser, essence du libéralisme 7

Défis de Jabeur, pour une nouvelle Ons ? 

La pire défaite dans sa carrière, comme elle le dit, ne doit en aucune manière diminuer ni la talent ni le parcours fabuleux jusqu’ici d'Ons Jabeur qui est digne déjà de tous les honneurs. Toutefois l’on ne doit pas, comme le font d’aucuns, céder à un trait bien présent dans la culture arabe musulmane se suffisant du peu alors qu’on mérite nettement mieux, ce dont on est si capable et parfaitement à la portée de Jabeur. 

Nos épreuves étant nos leçons, les pires n’étant même que le marchepied idéal pour de glorieuses victoires, Ons Jabeur méditera longtemps, sans nul doute, cette nouvelle épreuve en pensant moins à ce qui relève du passé que de meilleur demain à faire naître désormais. 

Sinon, à penser au passé, que cela soit le parcours d’autres illustres championnes ayant eu sa mésaventure d’échouer par trois fois, sinon plus, avant d’accéder au Graal de la consécration mondiale, telles Chris Evert Lloyd et Kim Clijsters, pour ne citer que ces stars du tennis féminin. 

Assurément, cela relève surtout du travail psychologique ou physique (ce qui est essentiel ici, étant de l'école de l'imaginaire et de l'inconscient jungien), même si le matériel peut commander le spirituel, autant que celui-ci commande forcément l'autre. Or, Ons Jabeur en est consciente, elle qui bénéficie, dans son entourage, de l’assistance d’une thérapeute. 


Comprendre Jabeur 

À notre humble avis, c’est en elle-même, non auprès de n’importe qui d’autre, que notre championne aura la réponse qui fera enfin office du déclic encore introuvable mais tant attendu pour l’épiphanie d’une destinée hors nome, la sienne propre, et aussi celle ayant une dimension nationale, culturelle également, se diffractant dans tout le monde arabe musulman. Ce qui contribuera à y faire bouger les choses figées depuis des siècles en termes tant du statut de la femme que des droits et des libertés de ses congénères en une culture encore assoupie au meilleur - bien connu auparavant, pourtant - avec lequel elle tarde à renouer. Ce qui est parfaitement possible pour peu qu'Arabes et musulmanes y croient assez afin de le vouloir et s’y atteler sans hésitation ni dogmatisme ou illusion fanatique.

C'est pour cela qu'avant la nouvelle finale perdue j’ai appelé celle qu’on avait déjà qualifiée de ministre du bonheur tunisien Ons Tunisie, disant qu’en cas de victoire, elle serait appelée à assumer le rôle de chef de gouvernement dudit bonheur, une nouvelle gouvernance dans son pays en vue d'être en phase avec les attentes de ses concitoyens pour une dignité méritée. Ce qui manque encore cruellement à un peuple toujours martyrisé faute de droits réels et de libertés légitimes que les lois scélérates de la dictature et de la colonisation interdisent. 

Pour être parfaitement positive, comme elle se dit vouloir l'être, c'est en ces termes que Ons Jabeur devrait cogiter, elle qui a fait le choix de rester fidèle non seulement à son pays, mais aussi aux habitudes et traditions qui y sont en honneur, mêmes celles dont elle pouvait et devait se libérer en femme libre et libérée des carcans obsolètes.

À ce niveau,  au niveau de l'inconscient, l'attention devrait en premier être portée sur l'apparence puisque, même par temps caniculaire, elle continue de faire le choix (ou le non-choix) de ne pas heurter le regard des pudibonds parmi les siens, évitant de dénuder ses épaules, par exemple, et ce, ni plus ni moins que ses adversaires. C'est certes un détail, mais qui compte en vue d'être parfaitement à l’aise sur les courts. Aussi, dans le chaudron de Wimbledon, est-elle parue plutôt guindée, pas assez détendue en tout cas, manifestement gênée par sa vêture ; d’où probablement sa prestation moyenne sinon médiocre, nettement en dessous de ce qu’elle pouvait offrir et qu’on pouvait - qu'elle se devait - légitimement attendre d’elle à pareil rendez-vous avec l’histoire.

Ce qui a de bien plus grandes retombées, bien évidemment, au niveau psychologique lorsqu'on sait que Jabeur porte sur ses épaules, consciemment et inconsciemment, tout le poids des vicissitudes politiques et culturelles d'un pays et d'une culture dont les masses souffrent, espérant trouver du réconfort à travers son exemple, à l'exception sans conteste de la minorité, confirmant la règle, de tous les intégristes par trop gênés déjà par ses exploits, sans parler de son apparence, malgré les limites qu'elle veille à prendre pour ne pas trop les choquer. D'aucuns, dans la négativité, ne sont-ils pas allés jusqu'à souhaiter sa défaite ?  



Une Ons métamorphosée ? 

Ce qui précède n'est qu'une illustration de ce qui ne manque pas de faire problème dans la tête de notre championne, la perturbant quelque peu, assez quand même pour ne plus être elle-même : la talentueuse championne qu'elle est !  

Pourtant, par principe ou habitude, Ons se veut hors des joutes polémiques faisant florès en Tunisie, s'en tenant à l'écart, exclusivement concentrée sur sa carrière. Ce qui n’aurait pas été critiquable si cet intérêt pour la carrière n’était pas déjà oblitéré par son attachement revendiqué à sa patrie, sa culture et que ces dernières sont en bien piteux états aujourd'hui. L'attitude de neutralité de Ons est à saluer, certes, impliquant ses choix, parfaitement respectables, d'être entourée des siens, son mari préparateur physique et son entraîner de toujours. 

Or, on sait en sport de haut niveau ce qu’une carrière réussie impose en sacrifices quand on y atteint un palier n’ouvrant droit à un autre au-dessus qu’en changeant de staff, d’habitudes. Ce que ne fait pas Ons qui préfère demeurer dans sa zone de confort, refusant la moindre innovation en la matière. D’où une part de responsabilité de sa part dans ses déboires actuels.

Il n'empêche que, comme tous les sportifs, elle sait pertinemment le prix à payer si l'équipe à laquelle on s'attache tant qu'elle gagne, et qui est de la changer en cas de perte, de résultats en dessous de ce qui est espéré, afin d'amorcer une dynamique de réussite. 

En effet, les athlètes de haut niveau n'hésitent point aux sacrifices douloureux, souvent de compétences chères et avérées autour d'eux, en vue de relancer leur carrière avec un souffle nouveau, un regard différent sur eux de la part de qui viendrait de l'extérieur de son cercle habituel, en mesure d'apporter le petit plus manquant encore en exploits parfaitement réalisables, sinon impératifs.

Outre de changer d'apparence sur le terrain pour libérer son corps de ce qui lui pèse aujourd'hui, particulièrement en termes culturels, c'est le challenge cruel à relever par Ons Jabeur. Une remise en question des choix faits à ce jour est à faire, d'autant plus qu'ils se sont avérés, pour ceux du moins dictés par une vision culturelle, plutôt pernicieuse ou, pour le moins, non dénuée d'inconvénients sans justification logique objectivement, n'étant qu'une option idéologique, au mieux, contestable qui plus est. Or, ses choix actuels ne semblaient  pas être ceux d'Ons adolescente quand elle remportait déjà son premier titre junior de grand chelem à Roland Garros, en 2011. 

Il s'agit bien d'une révolution sur soi à faire qui pourrait - devrait même - l'amener à consolider sa stature de femme libre, osant rompre avec sa neutralité actuelle affichée et revendiquée, l'amenant par exemple à évoquer le statut de plus en plus dégradé de la femme tunisienne et arabe qu'elle incarne nolens volens. 

Ainsi s'investirait-elle à aider à son évolution, car il y a urgence, la condition féminine en Tunisie étant en train de régresser continuellement, au point même de voir remis en question les acquis de Bourguiba. 

Voilà des défis que devrait relever Ons Tunisie, Jabeur métamorphosée tant pour elle-même que pour sa patrie, ses coreligionnaires, ceux parmi eux, la majorité, rêvant d'une gloire méritée à travers elle. Les ayant compris et acceptés, nouvelle Ons devenue, mentalement et ipso facto physiquement, Ons Jabeur de Tunisie sera en mesure, sans nul doute, de mieux marquer l'histoire. 

Ce ne sera pas seulement par sa carrière, mais aussi et surtout par son exemple, sa geste et ses idées émancipatrices en faveur de ses congénères. Et c'est inévitable pour cette femme intelligente et volontaire au vu du niveau déjà atteint et des défis qu'il lui impose, tant personnels que culturels.