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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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dimanche 4 juin 2023

Soffisme : Néosoufisme, stoïcisme i-slamique 4

Qu'est-ce que l'i-slam, 

foi des Lumières ?


Si la dénomination soufisme s'est imposée pour cette lecture la plus correcte de la foi d'islam en tant qu'humanisme œcuménique, les écarts constatés au cours de l'histoire au sein même du soufisme par rapport à son essence imposent de distinguer cette dernière de ses dérives soufies actuelles. Ce qui m'amène à proposer des retrouvailles avec l'origine la plus probable de dénomination et qui serait celle de Soffisme. Renvoyant aux gens de la Soffa, le soffisme traduit mieux la philosophie des soufis en tant qu'adeptes d'une foi apaisée et paisible, de droits et de libertés, celle que traduit l'épithète Sérénité صفاء auquel étaient davantage attachés les premiers soufis que celui de la laine. D'ailleurs, les tenues de laines si elles étaient le propre des pauvres en islam, ce qu'étaient les premiers soufis, étaient loin de faire soufi n'importe quel porteur. Comme l'adage bien connu que l'habit ne fait pas le moine, la laine ne fait point soufi, adepte de cette foi des Lumières que je qualifie de fair-pray. Mais qu'est-ce que cet islam des Lumières ? Voici sa définition, paraphrasant Kant dans sa célèbre réponse à la question "Qu'est-ce que les Lumières ?"

Qu'est-ce que l'islam des Lumières ? La sortie du musulman de sa Minorité, dont il est lui-même responsable. Minorité, c'est-à-dire incapacité de se servir de son entendement de sa foi sans la direction du legs des jurisconsultes, minorité dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans un déficit de l'entendement, mais dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la direction de l'exégèse de ses ancêtres. هـــمّــــة الاجــــتهـــاد (ardeur résolue à l'effort d'interprétation) : avoir le courage de se servir de son propre entendement. Voilà la devise de l'islam des Lumières ou i-slam selon ma graphie ! 

La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un grand nombre de musulmans, après que leur religion les a affranchis depuis longtemps d'une soumission aux idoles (dont celles des ancêtres paganistes supposés avisés) restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs, en idoles morales. Il est si aisé d'être mineur, de ne se soumettre pas qu'à Allah, n'ayant pourtant de fidèles que des majeurs dotés de libre arbitre ! Certes, quand on a un Livre qui tient lieu de conscience, un bréviaire éthique qui décide pour soi de son hygiène de vie, on est tenté de ne pas se donner la peine soi-même de cogiter sur son bien, moral et matériel. On est tenté de se laisser aller à ne pas penser quitte à payer pour cette paresse ou ce luxe ; d'autres se chargeront bien volontiers de ce travail jugé ennuyeux ou rébarbatif. Pourtant, ce qui est jugé tel, ou pénible ou impossible, est une condition de l'authenticité de sa foi et de sa rectitude par sa religion même. Car ne se soumettant qu'à son créateur en une religion n'ayant ni instauré clergé ni prévu d'intermédiaire entre lui et ses fidèles, c'est très dangereux dans l'acte de croire, le faisant passer d'une foi scientifique en une croyance dogmatique, d'une culture œcuménique à un culte spécifique. Ce qui viole la vocation de cette foi qui est le sceau des Écritures saintes. D'où la nécessité de ne pas tenir pour négligeable ou dangereux le pas en avant vers la majorité ; ce à quoi s'emploient à le leur faire penser fort bien ceux qui se veulent exercer sur eux la haute direction normative et morale. 

Cette innovation en islam d'une telle cléricature a permis à des directeurs de conscience – dont la pensée n'engage que leur propre personne et est imparfaite étant humaine – de rendre bien sot le commun des fidèles réduits à du bétail en ayant pris soigneusement garde que les paisibles croyants ne se donnent jamais la permission d'oser faire le moindre effort d'interprétation de leur foi alors qu'elle les y invite ! Leurs imams autoproclamés gardiens farouches d'une foi libertaire leur refusent d'oser envisager le moindre pas hors du parc où ils les veulent enfermés en prétextant un danger qui les menace si elles osent s'aventurer seules en dehors sans leur propre guidance, substituée à la seule comptant en islam, celle de Dieu. Or, ce danger est un prétexte pour les empêcher de penser par elles-mêmes et après d'éventuelles premières chutes d'apprendre à marcher au lieu d'avoir l'appréhension et la frayeur qui les détourne d'en faire ou refaire l'essai. 

Il est donc difficile pour chaque musulman séparément de sortir de la minorité, qui est presque devenue pour lui nature. Il s'y est si bien complu, et il est pour le moment réellement incapable de se servir de son propre entendement parce qu'on ne l'a jamais laissé en faire de nouveau l'essai depuis le déclin des riches heus de la civilisation de sa foi. Institutions et formules, jurisprudence et droit canonique, ces ustensiles mécaniques d'un usgae de la raison, ou plutôt d'un mauvais usage des préceptes religieux au vu de leurs visées. Voilà les grelots que l'on a attachés aux pieds d'une minorité qui persiste à honorer sa foi en étant libre à l'interpréter selon son esprit. Quiconque même les rejetterait ne pourrait faire qu'un saut mal assuré par dessus les fossés les plus étroits, parce qu'il n'est pas habitué ni autorisé à remuer ses jambes, et ses méninges surtout, en liberté. Aussi sont-ils peu nombreux ceux qui sont arrivés, par le propre travail de leur esprit, à s'arracher à la minorité et à pouvoir marcher d'un pas assuré et oser penser librement. 

Mais que le public de l'islam s'éclaire lui-même rentre davantage dans le domaine du possible ; c'est même pour peu qu'on lui en laisse la liberté, à peu près inévitable. Car c'est le sens de l'histoire qui le veut, la foi d'islam se devant muer du culte qu'elle est devenue en la culture qu'elle fut, de telles retrouvailles avec la Révélation première. Et c'est l'islam des Lumières, islam postmoderne, l'i-slam !