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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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dimanche 5 février 2023

De fin à faim d’histoire 8

Retrouvailles avec 
l'esprit originel de l'islam 


 La pensée du Soudanais, martyr du dogmatisme du régime politique de son pays, Mohamed Mahmoud Taha (auquel nous avons consacré le hadith mensuel du premier vendredi de ce mois) s'inscrit dans le cadre de l'effort incessant des chercheurs musulmans à renouer avec leur foi selon son esprit d'origine. Son livre majeur, que nous avons présenté et auquel on a donné accès avec un lien pointant vers le texte de sa quatrième version, rejoint ce que nous estimons nécessaire pour que l'islam retrouve sa vocation culturelle de ce que nous nommons fair-pray, la foi policée qu'il était et non ce pur culte policier qu'il est devenu à force de travestissement et de caricature.
Nous avons vu que ce penseur du Soudan musulman estime l'islam porteur de deux messages : le premier est celui que la tradition connaît, soit le Coran des 124 sourates mecquoises et médinoises ; mais il est un second message que notre penseur réduit aux seule sourates révélées à La Mecque. Pour lui, contrairement à la doxa officielle, ce ne sont pas les sourates de Médine qui priment, au point qu'elles ont abrogé les sourates révélées à La Mecque, mais ce sont bien ces dernières qui constituent désormais l'islam, les sourates de Médine ayant, d'après lui, cessé d'avoir de l'effet aussitôt achevée la révélation à la mort du prophète, son messager. Ce qui l'amène à affirmer la primauté en islam de toutes les valeurs et libertés dont nous ne cessons de parler, telle l'égalité parfaite entre hommes et femmes, notamment pour les parts d'héritage, la fin du jihad armé et l'importance de la piété du cœur par rapport à la piété formelle qui la réduit à une simple mécanique gestuelle propice à pas mal d'hypocrisie. 
Nous ne sommes pas loin de cette pensée, même si nous ne la partageons pas totalement et dans certains détails de son raisonnement se voulant radical. Comme Mohamed Mahmoud Taha, nous pensons, en effet, que l'islam est mal perçu, trahi même dans son message originel. Il est assurément le message divin ultime et il est de nature duelle, à la fois une foi et une politique au sens étymologique des deux termes. Or, ce qui relève de la foi ne doit pas être assimilé à la politique et ce qui est du domaine de la politique, cette gouvernance de la cité terrestre, ne peut relever de la foi qui est une relation exclusive entre Allah et le fidèle pour son présente et son devenir exclusivement spirituel. 
Si cette vision a amené penseur du Soudan à distinguer un second message de l'islam rendant obsolète le premier, elle est de nature à heurter les esprits de nombre de musulmans, y compris les plus ouverts d'esprit, qui admettent la nécessité impérative de rénover leur foi. C'est qu'il n'est pas simple ni anodin de déclarer sans valeur désormais ce qui constitue pourtant la foi d'islam chez la quasi-totalité des musulmans. Une telle attitude se voulant révolutionnaire relève plus de la destruction que de la construction, car se devant de se faire avec tant le respect de ceux qui se sentent obligés de s'accrocher à l'islam tel qu'il leur a été légué que le respect dû à l'esprit même de l'islam qui est un tout. Ce qui ne veut pas dire que l'on doive impérativement accepter le legs du passé sans droit d'inventaire. Mais avec la lucidité de valoriser l'effort passé des exégètes tout en rappelant qu'il n'est qu'une œuvre humaine n'échappant ni à sa nature imparfaite ni à l'obsolescence avec le passage du temps. Ce qui emporte le respect nécessaire de toutes les sensibilités en islam tout autant et surtout que ses valeurs intrinsèques et ses visées, celles de la foi d'islam. Or, en tant que parole divine, le Coran recèle une sagesse qui dépasse la raison humaine qui ne saurait jamais prétendre la comprendre définitivement, son entendement limité ne pouvant, au mieux que s'en approcher. Ce qui se doit d'être fait sans cesse grâce au progrès que réalise la raison humaine dans sa condition qui est une ascension continue de l'état imparfait à celui du plus parfait possible à l'image du Dieu qui est le seul parfait en tout. 
Aussi, il est juste et légitime de soutenir que le Coran de Médine est différent de celui révélé à La Mecque, qui est l'essence spirituelle de cette religion venue en tant que foi révolutionnaire. Il n'est toutefois pas juste de prétendre une quelconque contradiction ou opposition entre les versets et sourates coraniques, étant donné qu'il n'est question, d'une part, que d'évolution en conformité avec ses visées et d'autre part d'évolution de la compréhension de la sagesse de Dieu par les progrès de l'esprit humain. C'est donc bien de l'interprétation des visées de l'islam qu'il s'agit que de ses préceptes ; et si l'interprétation, même devenue canonique, est désormais obsolète, c'est qu'elle est une opinion humaine ; or, nulle opinion ne saurait être éternelle. Outre le fait que l'effort humain demeure imparfait, la vérité scientifique même reste relative au sens que sa validité peut être remise en cause. D'ailleurs, l'islam a la prétention d'être rationnel et scientifique. On ne peut donc faire nouvelles idoles à adorer des préceptes de l'islam alors qu'il est venu abolir toutes les idoles, matérielles comme morales. 
Certes, réclamer le retour à l'islam de la Mecque est pertinent au vu de sa veine humaniste et spiritualiste ; je l'appelle d'ailleurs la foi première. Cela ne doit nullement amener à rejeter l'islam de Médine, mais pluôt la doxa qui en a été tirée et qui s'est imposée comme droit musulman. C'est qu'elle n'est qu'une appréhension humaine de l'islam et qui a été le pur produit de l'esprit d'un temps, la cogitation réussie des exégètes de ce temps, mais ne correspondait pas nécessairement à la sagesse divine qui est toujours à questionner pour, au mieux, s'en rapprocher. La vérité n'est-elle pas un horizon vers lequel se tourner, ce que j'orthographie ainsi : vers-ité ?