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dimanche 1 janvier 2023

Un ménologe tunisien 8

La Tunisie en 2023 :
en finir avec le désordre 

politique, juridique et religieux



À l'orée de la nouvelle année 2023, après onze ans de ce qu'on a appelé à tort révolution et qui ne fut, au mieux, qu'un coup du peuple finalement dévoyé de ses finalités, la Tunisie est plus que jamais dans le désordre le plus total, politique, économique et social, certes, mais principalement juridique et religieux. Certes, tout est politique, au sens étymologique du terme ; et il a l'apparence de l'ordre en un régime qui sait, ne serait-ce que de par idiosyncrasie culturelle, soigner les apparences. C'est ce que j'ai appelé l'État de similidroit dans le cadre culturel de la parabole du moucharabieh qui, sociologiquement, se décline en jeu du je. 

Poléthique : Ce qui nous intéresse le plus ici, outre son aspect religieux, est le désordre juridique, le fait politique, la gestion publique en gouvernance saine, étant intrinsèquement lié au donné juridique. En effet, si l'on veut réformer politiquement un pays, relancer son économie, y sauvegarder la paix sociale, il est impératif de commencer par toiletter ses lois, en faire un modèle de justice et d'éthique. C'est ce que je qualifie de mon néologisme poléthique. Or, il n'est nulle éthique politique quand le désordre politicien est articulé déjà sur un désordre bien plus grave, source de toute légitimité et fondement du vivre-ensemble serein, le désordre juridique. Car le droit tunisien en vigueur est un désordre absolu, étant la loi ayant permis d'ériger la dictature supposée chutée et la faire durer à ce jour comme si de rien n'était alors qu'on n'arrête de parler, sans nulle vergogne, de rupture avec l'ordre dictatorial.   

Le droit est désordre : Cela ne doit point surprendre, toutefois, puisque d'éminents juristes déjà, tel Rémy Libchaber, admettent bien cette "réalité juridique profonde (que) le droit est désordre". Ce qui est anormal et inadmissible chez nous, c'est que ce désordre a atteint des degrés excessifs, pathologiques même. Comment ne le serait-il pas quand on prétend ériger un État de droit avec un peuple souverain alors que le premier est toujours l'État du régime de la dictature supposé déchu et le second est toujours asservi par les lois scélérates dudit régime.  

Justesse du droit : Or, le droit est le grand régulateur de la vie sociale. Il a une fonction de construction de la société, une ingénierie sociale "social engineering"; c'est ce qui en fait un idéal à atteindre quand il est revêtu de ses lettres de noblesse, et non plus dévergondé comme c'est le cas chez nous, toujours perverti par les turpitudes de la dictature supposée déchue. R. Ihering dans "La lutte pour le droit" (Der kampf um recht) définit les lois comme "des intérêts légitimes juridiquement protégés". La volonté politique des gouvernants est sous-jacente, mais elle est soumise impérativement à l'intérêt et l'utilité de la société tels qu'il est et non selon la perception des gouvernants, car "l'utilité, non la volonté est le substrat du droit". C'est la justesse du droit. Car le droit est un donné sociologique à découvrir en même temps qu'une œuvre humaine à réaliser, un construit. D'où l'affirmation de Rémy Libchaber que "l'ordre juridique est le discours du droit". Et c'est le talon d'Achille du droit.

Une lutte pour le droit : Le droit est souvent, sinon toujours, le discours de qui a voix au chapitre, discours du gouvernant qu'il soit majorité élue démocratiquement ou fantoche et même chef unique dictateur, puisque la "réalité juridique profonde" est que "le droit est désordre" ainsi que déjà cité de Libchaber. Or, les juristes de bon ton, tel Motulesky, considèrent que "le droit n'atteint sa plénitude qu'en se réalisant". Et il a raison ainsi d'appeler "au seul combat sacré qui existe aujourd'hui : la lutte pour le droit" en ajoutant croire "à la mission et à la force du droit. Nous croyons que le salut du monde est lié à son action... C'est le règne du droit qu'appellent les aspirations humaines". Ce qui, note-t-il avec justesse dans "Mission pratique de la philosophie du droit" comme impératif catégorique s'imposant à tout juriste de bonne foi "d'une part, de vérifier et d'enrichir sans cesse les concepts par l'observation des données de la réalité mouvante, d'adapter, d'autre part, tant le contenu de ces concepts que le mode même de l'interprétation à la finalité éthique et sociale de l'activité ou de l'institution en cause, de contrôler, enfin, les solutions à l'aide de la double 'soupape' de l'intuition préalable et de la confrontation, après coup, avec l'aide de la justice". Terminons avec ce que dit Labbé sur la loi du monde qui "ne doit pas entreprendre de réaliser dans l'homme une perfection morale absolue, mais "prescrit seulement le degré de moralité qu'exige l'intérêt social".      

Religion en foi fair-pray : Cela nous amène, pour des sociétés marquées par la spiritualité comme la nôtre, à dire que le désordre juridique, en plus de ses manifestations politiques, est d'autant plus grave que s'y ajoute un désordre religieux. En effet, pour l'islam en crise, l'impérative réforme religieuse ne peut plus y être ni occultée ni niée ; au reste, la nouvelle constitution qui stipule la mise en œuvre de ses visées le mande et l'ordonne. Autant la respecter à ce niveau au lieu d'en vilipender les aspects défectueux de nature à être rattrapés par une telle réforme d'une religion qui est, qu'on le veuille ou non, au cœur de le vie publique - et même privée - dans le pays. Ce qui est la réalité ignorée ou reniée de l'islam qui est d'abord un fait culturel et non seulement cultuel. Le jour où on l'aura admis on verra que cette religion est bien plutôt policée qu'une croyance policière, instrument d'asservissement des fidèles alors qu'elle en a assuré la dignité en garantissant droits et libertés. C'est le Nouvel Esprit I-slamique (NOESI-S) qu'il est temps de découvrir et d'y agir activement.