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jeudi 17 novembre 2022

Sommet de Djerba

 Pour la visa francophone de circulation ! 4/5* 

* Extraits de la postface de mon essai, dont la table est reproduite à la fin de l'article 1.



Si la francophonie fête son cinquantenaire, il n'y a pas longtemps, la France et l'Europe ont fêté le centenaire de leur basculement dans la barbarie dans laquelle ils ont entraîné le monde et surtout les locuteurs du français contre leur propre gré. Mais, me permettez-vous de rappeler que même sans l'avoir voulu, leur participation était souvent enthousiaste, généreuse et sans limites ?

Me permettez-vous aussi, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil de la France et la Francophonie une trentaine d’années durant sur un territoire d'Europe, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches en ce temps, apothéose de la destruction et de la haine sous l'empire d'un capitalisme financier avide et rapace ? Vous êtes sortis sains et saufs des terribles guerres de la destruction et de la haine, vous avez conquis les coeurs avec les principes ayant réduit à néant la haine nazie. À la sortie de ces guerres, la seconde surtout, et malgré une crise économique terrible, votre continent est apparu rayonnant dans sa célébration des valeurs humanistes, allant les porter sur d’autres continents dont les enfants sont venus faire couler leur sang pour votre cause en vue de faire triompher les valeurs universelles des droits humains.

Le rayonnement de l’Europe hors de ses frontières a couronné sa vocation incarnée par un grand siècle de travail, de vérité et de liberté malgré les affres de la colonisation. Mais quelle tache de boue sur son nom, j’allais dire sur celui de chaque Européen, que ce qui se passe en Libye, Syrie ou aussi à Gaza, camp de concentration postmoderne où le capitalisme financier avide et rapace se fait de plus apocalypse. Or, même leur francophonie ne leur sert à rien !

Cela ne fait qu'étendre le rayon de cet autre abominable holocauste moderne en Méditerranée ; et les plus justes des pays européens du sud vous accusent enfin d’absence coupable au lendemain d’afflux de nouveaux arrivants du sud de la Méditerranée. Cette Europe absente du malheur de ceux qui furent tant pour son honneur est un soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. C’est fini, l’Europe a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre responsabilité qu’un nazisme mental rampant renaît et prospère en Méditerranée, au Maghreb et au-delà !

Puisque des Européens dignes ont osé fustiger l’insensibilité d’une Europe absente, j’oserai aussi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire en juste de voix et de voie si des voix justes ne le faisaient pas, montrant la voie de justesse et de justice. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre des innocents qui meurent aujourd'hui partout, en Palestine notamment, et depuis longtemps en fond de Méditerranée ou qui expient, dans la plus affreuse des tortures morales, un crime qui n’en est pas un, celui d’avoir osé se révolter contre une condition humainement indigne que vos financiers entretiennent chez eux.

Et c’est à vous, responsables irresponsables d’Europe, mais aussi de la Francophonie, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d’ancien diplomate venant du sud de la Méditerranée et d'Arabe musulman dénonçant les accointances de ceux qui cultivent la haine entre les peuples et les cultures, entretiennent la xénophobie et le racisme au lieu d'agir pour un humanisme intégral, un mode d'humanité, une mondianité ! Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l’ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n’est à vous, les premiers concernés de l’honneur et de l’Europe et de la Francophonie ?


Antisémitismes et holocaustes

La vérité d'abord sur le soi-disant antisémitisme anti-juif qui se nourrit d'un antisémitisme antimusulman. Mais est-il besoin de s'étendre sur ce qui est aussi évident que la lumière d'un soleil estival de midi en notre hémisphère nord ? Une politique néfaste est sans fondement sérieux, sans utilité véritable, oublieuse de la légalité internationale d'un partage guère juste, mais bien plus équitable que la politique de rechange qu'on pratique. Et qui se satisfait du maintien de tout un peuple dans la condition qui était imposée à celui à qui l'on a voulu rendre justice d'une injustice dont le peuple, aujourd'hui injustement traité, est absolument innocent.

La vérité ensuite sur la prétendue politique d’immigration et sur le système visant son contrôle. Une politique néfaste et sans fondement sérieux, sans utilité véritable, c’est la politique migratoire d’Europe, supposée lutter contre la clandestinité alors qu’elle la maintient et la crée. Elle est le symbole de la faillite morale européenne. On ne mesurera le degré abyssal de son inanité que lorsqu’une enquête loyale aura établi nettement ses apories et ses responsabilités dans les drames récurrents en une Méditerranée transformée en charnier. Or, le pays européen leader du mouvement francophone n'ose rien en son espace supposé solidaire pour contrer une telle dérive vers l'innommable.

Pourtant, cette politique d'Europe apparaît en stratégie la plus fumeuse, débordante de mythes, se complaisant aux moyens de science-fiction, des préjugés éculés, des techniques de bouc émissaire, du soupçon de voir derrière tout voyageur un immigrant. C’est cette politique aveugle et autiste qui a fait de la Méditerranée un autre holocauste. C’est elle qui dicte aux États du Sud le diktat d’une coopération axée sur la répression et l’immobilisation des élans de liberté humaine. Et je n’ai pas à tout dire les ressorts incongrus de cette politique et ses fondements illogiques ; qu’on les examine, on trouvera. Je déclare simplement que la politique migratoire de l’Europe représentée par le système Frontex - cette agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures de l'UE - est, dans l’ordre des degrés de responsabilités, la première coupable de l’effroyable catastrophe humaine qui est commise et entretenue en Méditerranée. Et je dis que l'OIF y est complice n'osant rien pour la contrer sur son aire supposée solidaire.

On sait bien, malgré cela, que l’immigration n’existe plus et que s’il y a clandestinité, c’est la fermeture des frontières qui en est la cause. Des études scientifiques ont été menées et elles sont légion, toutes affirment la double erreur manifeste de la politique migratoire européenne. Celle-ci démontre avec quel esprit superficiel on avait étudié la question de la circulation des humains, car un esprit raisonné ne peut que comprendre qu’il ne s’agit ni d’émigration ni d’immigration là où il y a circulation qui est durable tant qu’elle est possible, sans entraves. On a cherché plutôt à en faire une affaire de politique interne, inventant des immigrants à empêcher de venir s’installer en Europe et à en expulser s’ils y arrivaient. Et, sans que je veuille refaire ici une histoire connue en partie, Frontex ne peut empêcher les gens d’entrer dès qu’un premier soupçon tombe sur eux, transformant le simple voyageur en immigrant du fait qu’on l’empêche de circuler librement. À partir de ce moment, c’est cette agence qui a inventé la clandestinité, sa responsabilité devient son fait. Aussi, elle se fait fort de chercher à démontrer une vaine utilité au lieu de reconnaître son échec, l’absurdité de sa mission et la banqueroute de sa stratégie.

...

Ah ! cette politique migratoire d’Europe, elle est un cauchemar pour qui la connaît dans ses détails vrais ! Les pays européens, y compris le premier francophone parmi eux, ferment leurs frontières aux ressortissants des pays du Sud qui ont versé leur sang pour leur liberté et sué à fond pour leur relèvement économique. Surtout, tous pratiquement sont locuteurs du français, et dont on amenait les ascendants par charters même, en des temps pas si lointains où la clandestinité était encouragée.

Et la fermeture des frontières supposée provisoire a duré, comme dans une chronique du XVe siècle, au milieu du non-sens, avec une complication d’expédients farouches ; tout cela basé sur une seule conviction enfantine, cette hantise imbécile d’être envahi par ceux qui ont contribué à la prospérité d'un continent et dont on a dévasté le leur. Or, ce n’était pas seulement une trahison vulgaire, mais aussi la plus impudente des escroqueries, car les fameuses causes de la fermeture des frontières se trouvaient presque toutes sans valeur.

Si j’insiste, c’est que l’oeuf est ici, d’où est sorti un autre crime, l’épouvantable déni de justice dont l’Europe est malade. Je voudrais faire toucher du doigt comment l’erreur stratégique a pu être possible, comment elle est née des machinations des xénophobes, sans parler des racistes ; comment les vrais libéraux et démocrates, mais aussi et surtout les francophones, ont pu s’y laisser prendre, engager peu à peu leur responsabilité dans cette erreur, qu’ils ont cru devoir, plus tard, imposer comme la vérité sainte, une vérité qui ne se discute même pas. Au début, il n’y a donc, de leur part, que de l’incurie et de l’inintelligence. Tout au plus, les sent-on céder aux passions nationales du moment et aux préjugés de l’esprit du temps. Ils ont laissé faire la sottise. Mais n'ont pas cessé de seriner leur illusoire credo solidaire, méditerranéen et francophone notamment.


Tribunal de la conscience

Voici, aujourd'hui, l’Europe et la Francophonie devant le tribunal de la conscience. Le huis clos le plus absolu est exigé sur les méthodes criminelles de l'une pour repousser coûte que coûte les supposés futurs clandestins, et la complicité de l'autre par son inertie. Le territoire européen est menacé d’invasion. La nation est frappée de stupeur, on chuchote des dangers terribles, de ces calamités monstrueuses qui indignent l’Histoire ; et naturellement la nation s’incline, la Francophone aussi. Il n’y a pas de politique meilleure ! L'une applaudira à la répression tous azimuts de la moindre circulation suspecte, l'autre se tait ; l'une voudra que les étrangers restent sur leur continent d’infortune, jadis et encore la proie des puissances du Nord, l'autre fait mine d'amnésie.

...

Ah ! le néant de ce système de protection des frontières extérieures ! Que des drames aient pu être tolérés en Méditerranée pour en sauvegarder la pérennité, c’est un prodige d’iniquité. Je défie les honnêtes gens de trouver la moindre utilité au système Frontex sans que leurs coeurs bondissent d’indignation et crient leur révolte, en pensant à l’expiation démesurée, là-bas, aux points de départ des flux des damnés de la terre où leurs dirigeants continuent à dicter leurs lois au service de l'Europe. Ces gens veulent circuler, crime ; on n’a pu les maintenir sur place, dans leur misère, crime ; ils veulent s’expatrier pour gagner de quoi vivre, crime ; ils sont laborieux, ils ont plein de projets en têtes à réaliser, crime ; ils ne se contentent pas de la misère dans leur pays, crime ; ils voyagent, crime. Et les naïvetés d’argumentation, les formelles assertions dans le vide d'une Europe, d'une Francophonie, toutes deux solidaires !

On nous avait parlé de péril imminent en Europe si l’on ouvrait les frontières : il y est déjà en fin de compte, malgré la fermeture des frontières ou à cause d’elle ; et on voit même que les extrémistes veulent encore plus, transformer l’Europe en camp retranché. On voit aussi des partis gagner des élections sur des mensonges qu’autorise la politique actuelle en matière migratoire. Nous ignorons encore de quoi sera faite leur politique demain, mais il est certain que tous ne se satisfont pas de xénophobie, car le racisme en est la fatale issue ; et il est à remarquer, en outre, que tous ces partis n’appartiennent pas à la droite extrême. C’est un procès de famille, on est là entre soi, et il faut s’en souvenir : la xénophobie a voulu conquérir l’Europe, l’a conquise, et elle veut arriver à sa fatale issue.

Donc, il ne suffisait de faire de l’étranger le bouc émissaire, il fallait aussi y ajouter un mythique péril islamiste artificiellement mis en place. Et, dès lors, comme l’on comprend l’obstination désespérée avec laquelle, pour justifier l’injustifiable, on affirme aujourd’hui la nécessité de renforcer le dispositif répressif actuel malgré la multiplication des drames dont il est la cause directe ; c’est moins devant les victimes qu’il faut s’incliner, mais devant le système répressif obsolète de l’Europe érigé en Bon Dieu invisible et inconnaissable ! Je la nie, l’utilité de cette politique, je la nie de toute ma puissance ! Et la Francophonie devrait le faire aussi si elle se veut fidèle, comme elle le prétend, à ses valeurs fondamentales.

Une politique ridicule, oui, peut-être utile en trompe-l’oeil. Mais une politique servant la défense nationale, qu’on ne saurait délaisser sans que l’Europe fût envahie demain, non, non ! C’est un mensonge ! et cela est d’autant plus odieux et cynique qu’ils mentent impunément sans qu’on puisse les en convaincre. Ils ameutent le peuple, ils se cachent derrière sa légitime émotion, ils ferment les bouches en troublant les coeurs, en pervertissant les esprits. Je ne connais pas de plus grand crime civique.

...

Revenons donc à la fermeture des frontières. Depuis leur bouclage, beaucoup de consciences restent troublées profondément, s’inquiètent, cherchent, finissent par se convaincre de l’inutilité de cette décision qui devait être provisoire. Je ne ferai pas l’historique des doutes, puis de la conviction des dirigeants des pays de l’Europe du sud confrontés les premiers à l’afflux des demandeurs du droit inaliénable de l’Homme à la libre circulation. Et je tairai le malaise des justes parmi les francophones avalant les couleuvres européennes. L’inefficacité de la politique sécuritaire de l’Europe en matière migratoire, son inutilité même ne fait plus de doutes auprès des responsables depuis longtemps ; toutes les études sérieuses avaient abouti à cette constatation. Mais l’émoi était grand, car la reconnaissance de l’obsolescence de cette politique entraînait inévitablement le retour à la libre circulation humaine ; et c’était ce que l’état-major à la tête du système Frontex ne voulait à aucun prix. Sans que la Francophonie régisse, s'indigne, sacrifiant la libre circulation en son sein à l'espace Schengen.


Immigration et xénophobie

Il dut y avoir là une minute psychologique pleine d’angoisse dans les instances européennes lorsque Giusi Nicolini, maire de Lampedusa, a osé dénoncer un holocauste moderne en Méditerranée, estimant la politique migratoire européenne inhumaine, et que l’Union européenne n'a pas tiré les leçons des drames récurrents. Qu’est-ce à dire sinon qu’ils sont le produit d’un nazisme mental rampant qui gagne jusqu’aux consciences libres en Europe sur la base de mythes, dont le plus granguignolesque est celui de cette lubie d’une prétendue Eurabia que ne peut faire germer et à laquelle ne peuvent croire que des cerveaux malades. De fait, il est un Alzheimer politique qui se propage dans le monde ; et il est à dénoncer comme n’étant qu’un vieillissement cérébral problématique qui ne devient maladie que par la médication supposée le guérir. Ce sont les médicaments prescrits pour l’Alzheimer qui en font une maladie, comme ce sont les mesures sécuritaires qui créent la clandestinité et le mythe d’illusoire invasion des flux d’immigrés, réfugiés et persécutés de par un monde dévasté par les seigneurs, saigneurs du jour.

...

Voici longtemps que les chefs d’États européens, que les éminences européennes savent qu’il n’y a plus migration ni immigration, à peine expatriation ; car il n’y a que circulation pour laquelle on meurt sous leurs yeux. Et qu'il n'y a pas agression arabe en Palestine, mais lutte contre une colonisation qui dure en violation d'une légalité internationale bien établie. Il en va de même pour les francophones. Or, on ferme les yeux sur cet effroyable état des choses ! Et ces gens-là dorment, et ils ont des femmes et des enfants qu’ils aiment ! Pourtant, les enfants innocents finissant en mer et sous les décombres à Gaza ne manquent pas ; ailleurs aussi en une Palestine morcelée et profanée ! Nonobstant, c’est une terre sainte pour toutes les parties ; ne devrait-elle pas être une terre de paix pour toutes et tous ?

Il est quand même quelques voix qui s’élèvent faisant leur devoir d’honnêtes hommes. Ils insistent auprès des décideurs au nom de la justice. Ils les supplient même, ils leur disent combien leur attitude est impolitique, devant le terrible orage qui s’amoncelle, qui doit éclater, lorsque le drame actuel sera insupportable. Ils les adjurent par patriotisme de prendre en main la question, de ne pas la laisser s’aggraver, au point de devenir un désastre non seulement européen ou francophone, mais aussi mondial. Non ! Les choses doivent rester en l’état, l’état-major européen ne peut plus désavouer sa politique migratoire criminelle ni son soutien indéfectible à Israël, agressé ou agresseur. Et la Francophone suit.

...

Dès lors, le duel est entre les tenants de la vérité à venir et le mensonge saturé, en voie d’effacement, l’un le visage découvert, l’autre masqué. On les retrouvera prochainement tous deux devant la justice de l’histoire. Au fond, c’est toujours l’état-major européen qui se défend, qui ne veut pas avouer son crime, dont l’abomination grandit d’heure en heure. Israël est en danger, il faut le protéger quand c'est lui qui met en danger tous les peuples de la région qu'il asservit au lieu de leur céder leurs droits reconnus depuis 1947.

Et le beau résultat de cette situation prodigieuse est que l’honnête homme là-dedans, celui qui compose les peuples d’Europe, va être la victime des partis extrémistes, celui qu’on bafouera et qu’on punira. Et celui qui compose l'aire francophone doutera encore plus de la veine solidaire d'un mouvement qui ne le défend pas ou plus, bien que devenu une organisation d'envergure, aux pharamineux moyens. Ô justice, quelle affreuse désespérance serre le coeur ! Il va jusqu’à dire voter extrême par dépit, lui faire endosser des sentiments xénophobes et racistes. Le joli de l’histoire est que ceux qui votent pour les partis extrémistes ne sont pas tous justement extrémistes. Oui ! nous assistons à ce spectacle infâme, des partis perdus de valeurs et de crimes pour lesquels vote une minorité devenue majorité, tandis qu’on s’abstient majoritairement, réprouvant une politique contraire à l’honneur même, faisant d’innocents étrangers les boucs émissaires des problèmes nationaux. Quand une société en est là, elle tombe en décomposition.

Voilà, Mesdames et Messieurs d’Europe, mais aussi de Francophonie - aujourd’hui traîne européenne malgré son pompeux statut -, des drames qu’il s’agit d’arrêter. Si depuis quelque temps, nous pouvions suivre heure par heure la terrible besogne en Méditerranée, hier, nous en suivions le prolongement à Gaza et aujourd'hui au Maghreb, sur les sites du territoire marocain faisant partie de l'Europe, Sebta et Meillia.

J’abrège, car ce n’est ici, en gros, que le résumé de l’histoire dont les brûlantes pages seront un jour écrites tout au long. Car il est temps d’arrêter de conduire une politique scélérate d’où les coquins nationaux sortent transfigurés par l’onction électorale et les honnêtes étrangers salis, quand ils ne sont pas perdus au fond de la Méditerranée. Il est temps que l’Europe convoque sa conscience. Et qu'à défaut, la Francophonie s'y substitue !

Comment a-t-on pu espérer qu’un mur érigé sur les eaux empêcherait ce qu’un mur sur terre ferme n’a pas fait ? Comment peut-on espérer que le massacre aveugle d'innocentes victimes civiles, même s'il est décrit dans la Bible, suffise pour que la paix revienne, durable et juste ? Comment prétendre solidaire une Francophonie balafrée par les frontières où l'on ne circule point en toute liberté ? Où l’on ferme les yeux, à peine pudiquement, sur les drames quotidiens des nouveaux damnés de la terre, francophones nés pour la plupart !


Pour une « poléthique » compréhensive

Je ne parle même pas du choix toujours possible des États. L’idée supérieure de la nécessaire solidarité, qui est dans l’esprit de tout Européen, et encore plus de tout Francophone, ne suffitelle à infirmer leur conception de fermeture à autrui, le voisin qui plus est, le frère de langue ? Qui dit solidarité dit ouverture. Les dirigeants européens ont pris une décision inique en décidant la fermeture de leurs frontières qui, à jamais, pèsera sur leurs économies, qui entachera désormais de suspicion toutes leurs professions de foi axiologique. La première décision d’instaurer le visa a pu être inintelligente, la seconde mettant en place le système Frontex est forcément criminelle. Et les dirigeants francophones, en ne retenant pas l'idée - pourtant ancienne - du visa francophone de circulation, ont scellé l'échec de l'esprit francophone des origines. En ne saisissant pas le sommet du cinquantenaire pour le faire enfin, ils signeront la banqueroute des valeurs de la francophonie historique.

On nous parle des valeurs de l’Europe, on veut que nous l’aimions, la respections. Ah ! certes, oui, l’Europe qui se lèverait à la première menace, qui défendrait la paix en Méditerranée, elle a tous les peuples du Sud avec elle, et ils n’ont pour elle que la tendresse et le respect manifestés lors des guerres mondiales. Mais il ne s’agit pas d’elle, dont nous voulons justement la dignité dans notre besoin d’une Méditerranée paisible, un espace de démocratie. Il s’agit du tout sécuritaire, ce dont on fait le maître de la politique aujourd’hui et demain peut-être. Et baiser dévotement la poignée d'un tel sabre, le dieu, non ! Ni celle de faux francophones en regard des valeurs des pères fondateurs, moins prompts à célébrer la liberté et l'interdépendance solidaire qu'à servilement honorer les politiques les niant.

Je l’ai démontré d’autre part : la politique migratoire était l’affaire de gros intérêts sous couvert de menace sécuritaire. Encore une fois, l’étranger ne peut redevenir innocent sans que tout l’état-major du système Frontex soit coupable. Aussi, par tous les moyens imaginables, par des campagnes de presse, par des communications, par des influences, cherche-t-on à accréditer l’idée que le visa biométrique actuel est non seulement incontournable, mais doit être renforcé. Pourquoi donc ne pas jeter à la mer tous les étrangers en Europe ? Partout, y compris dans l'espace francophone ! La politique de gribouille chez d’aucuns, à l’origine de bien de drames, revient à la mode chez d’autres quand l’histoire bégaie et se répète.

Or, si le système actuel de sécurisation frontalière doit résister, pour un temps, au sens de l’histoire en marche sans bégaiement, il ne peut demeurer ce qu’il est ; il doit se transformer en un visa biométrique de circulation permettant un libre mouvement dans le cadre même des mesures sécuritaires garanties par l’actuel visa. C'est non seulement possible en Europe, mais encore impératif - et bien plus rapidement - en Francophonie.

Quel coup de balai le gouvernement européen devrait donner dans cette jésuitière ! Où sont-ils les responsables vraiment forts d’une sage francophonie, qui oseront tout y refondre et tout y renouveler ? Que de gens je connais qui, devant une guerre possible, tremblent d’angoisse, en sachant de quels périls est menacée la paix en Méditerranée et dans le monde ! Nous le voyons tous les jours. Et quel nid de basses intrigues, de commérages et de dilapidations est devenu cet asile sacré qu’est Frontex où se décide le sort de la Méditerranée !

On s’épouvante devant le jour terrible que vient d’y jeter l’affaire migratoire, ce sacrifice humain de malheureux damnés de la terre ! Ah ! tout ce qui s’est agité là de démence et de sottise, des imaginations folles, des pratiques de basse police, des moeurs d’inquisition et de tyrannie ; le bon plaisir de quelques dogmatiques imposant leur conformisme au monde, lui rentrant dans la gorge son cri de vérité et de justice sous le prétexte menteur et sacrilège de la raison du plus fort, qui est celle du plus fou ! Gaza, mais aussi Ceuta et Melilla ne sont pas loin.

...

Certains ont été pourtant de grands honnêtes politiciens, les politiques d’une vie loyale, ils ont cru que la vérité se suffisait à elle-même, surtout lorsqu’elle leur apparaissait éclatante comme le plein jour. À quoi bon tout bouleverser, puisque bientôt le soleil allait luire ? Et c’est de cette sérénité confiante qui a fait leur silence si cruellement coupable. Je dis que ceci est un crime de plus et que ce crime soulèvera la conscience universelle. Décidément, l’Europe se fait une singulière idée de la justice. Et la Francophonie a le tort de marcher dans ses pas.

Telle est donc la simple vérité, mesdames et messieurs de l’Europe et de la Francophonie, et elle est effroyable, elle restera pour votre Europe et notre francophonie une souillure. Je me doute bien que vous n’avez aucun intérêt en cette affaire, que vous êtes les prisonniers des intérêts des lobbies de votre entourage. Vous n’en avez pas moins un devoir de conscience, auquel vous songerez, et que vous remplirez. Ce n’est pas, d’ailleurs, que je désespère le moins du monde du triomphe. Je le répète avec une certitude plus véhémente : la vérité est en marche et rien ne l’arrêtera.

C’est d’aujourd’hui que l’affaire commence, puisqu'aujourd’hui seulement les positions sont nettes : d’une part, les coupables qui ne veulent pas que la paix s’installe en Méditerranée et dans le monde ; de l’autre, les justiciers qui donneront leur vie pour qu’elle soit faite. Je l’ai dit ailleurs, et je le répète ici : quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. Car la vérité est une graine, l’enterrer c’est bien la faire pousser ! On verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres. En attendant, Gaza hier, les présides espagnols au Maroc présentement en donnent un avant-goût bien amer.


J’accuse…

Mais cette lettre est longue, mesdames et messieurs de l’Europe écervelée, de la Francophonie assoupie, et il est temps de conclure.

J'accuse l'Europe d'être responsable au Proche Orient d'une violation caractérisée du droit international en fermant les yeux sur la nécessité du retour impératif et immédiat au partage de 1947.

J'accuse les Européens d'être complices de l'État juif qui bafoue les principes démocratiques dont il se prévaut en pratiquant une guerre d'extermination du jumeau monozygote de son propre État ; car sans lui, il se condamne lui-même.

J’accuse, plus largement, le système Frontex d’être responsable de l’holocauste moderne en Méditerranée, en inconscience je veux le croire, et de chercher à perpétuer une oeuvre néfaste par des allégations les plus saugrenues et les plus coupables sur sa supposée utilité. Une oeuvre qui alimente la haine et nourrit la guerre des cultures comme on le voit en Palestine.

J’accuse les politiques des pays du Sud de s’être rendus complices, tout au moins par faiblesse politique, d’une des plus grandes iniquités du siècle.

J’accuse les politiques des pays européens d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’inutilité de leur politique migratoire sécuritaire et de les étouffer, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice dans un but de politique interne et pour sauver leur pouvoir compromis par la montée des extrémismes.

...

J’accuse les bureaux de certains partis, au nord et au sud de l’Europe, mais aussi francophones, d’avoir mené une campagne abominable pour égarer l’opinion et couvrir leur impéritie.

J’accuse enfin la conscience de tout politique honnête d’avoir violé le droit et l’éthique en faisant un crime d’un acte humainement digne ; et j’accuse tout intellectuel honorant la pensée d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique de se taire sciemment sur une politique européenne et une inertie francophone coupables.

...

Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur en Méditerranée, un lac de paix. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme.

Qu’on ose donc me contredire sur l’inutilité de la solution que je propose en lieu et place de la fermeture des frontières et consistant en l’instauration d’un visa biométrique de circulation dans le cadre d’un espace de démocratie européenne et/ou francophone !

Qu'on ose aussi revenir, en Palestine à la légalité internationale, la seule juste aujourd'hui, le partage de 1945. Car la paix des braves y est bien possible et elle rayonnera dans tout le bassin méditerranéen.

J’attends.


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