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mercredi 16 novembre 2022

Sommet de Djerba

Pour la visa francophone de circulation ! 3/5* 



* Extraits de la conclusion de mon essai, sans les notes. 

  À noter que la table de l'essai est reproduite à la fin de l'article 1.









CONCLUSION


Comme on l'a dit pour l'Europe dans l'introduction, il est difficile sinon impossible de dissocier la francophonie des rapports des pays francophones avec la France. Aussi, dans le sillage de notre appel pour une autre Francophone, penchons-nous sur les rapports avec la France de l'hôte du sommet du cinquantenaire, en appelant à un nouveau départ, une nouvelle donne.

Alors que les États-Unis réduisent leur aide à la Tunisie, l'Union européenne entend l'augmenter ; mais c'est la France, forte de ses relations historiques avec le pays, qui doit chercher à y jouer le beau rôle. Et c'est dans ses cordes.

La visite de travail en Tunisie du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères les 12 et 13 avril 2017, premier déplacement en dehors de l'Europe depuis sa nomination, avait laissé deviner un nouveau départ entre les deux pays. M. Jean- Yves Le Drian annonça ainsi la création et la mise en place, durant 2017 en Tunisie, du Haut Conseil de Coopération franco-tunisien en présence des deux chefs d'État tunisien et français.


Refonder les rapports tuniso-français

Au-delà de réaffirmer l'importance accrue que la France accorde au développement de ses relations avec la Tunisie, ce Haut Conseil avait pour ambition de confirmer la réussite de l'expérience démocratique tunisienne, et ce par des mesures concrètes et originales. Ce qui, assurément, ne fera que consolider encore plus la coopération franco-tunisienne dans tous les domaines, et pas seulement ceux connus et convenus, tel celui de la lutte contre le crime terroriste.

Il est vrai, le terrorisme est une réalité incontournable au vu des défis actuels ; mais c'est un phénomène systémique, se nourrissant d'un terreau composite fait de lois injustes et de comportements erronés, de pratiques antiques et de politiques dépassées. Ce qui lui donne une assise cérébrale nourrissant ce que je qualifie de terrorisme mental qui est à l'origine du terrorisme physique.

Aussi, des réformes autant courageuses que novatrices s'imposent, devant toucher l'arsenal juridique, national comme bilatéral, dans le domaine social et culturel, en plus des leviers aussi bien politiques qu'économiques, afin d'aménager la plateforme idoine de nature à ne permettre aucune prise à ce qui est susceptible de nourrir le terrorisme, et d'abord dans les têtes. Car il a été démontré dans les faits que le sentiment de rejet, patent de plus en plus dans les rangs des jeunes, est souvent à la source d'un passage à l'acte qui est moins belliqueux qu'il ne relève d'un quasi-dépit affectif.

Or, une Méditerranée humainement solidaire l'annihilerait. Partant, la nouvelle donne méditerranéenne, à partir des rapports franco-tunisiens - que cela le soit dans un cadre exclusivement européen ou francophone, et encore mieux mixe - est fortement souhaitable, d’autant qu’elle est parfaitement possible, que la solidité des relations bilatérales d'amitié et de coopération est souverainement de nature à autoriser, sinon à imposer.


Au-delà des mesures connues et convenues

Si la France se dit désormais ouverte à toutes les initiatives susceptibles de développer davantage les relations bilatérales, cela ne doit plus se limiter - malgré leur importance - aux sempiternelles mesures classiques économiques et financières ou à la dimension sécuritaire nécessaire. Elles se doivent de cibler les aspects sociaux et se traduire par des décisions à haute teneur symbolique en matière de plus grande articulation au système de droit français et européen. Assurément s'y prête idéalement l'aménagement de l'espace de démocratie méditerranéenne auquel on appelle, soit dans le cadre francophone soit, à défaut de l'être tout de suite, dans le cadre européen.

Face aux menaces terroristes, l'enjeu sécuritaire et économique est certes à relever en premier en renforçant la coopération actuelle en matière d'échange de renseignements et de formation des forces de sécurité tunisiennes. Cela ne doit cependant nullement être exclusif des autres enjeux intimement liés ; l'enjeu économique d'abord, avec une économie tunisienne à l'arrêt ou presque et un tourisme à l'agonie alors qu'il est la principale rentrée de devises du pays. Et surtout la politique migratoire actuelle, talon d'Achille des rapports euro-méditerranéens, qui est tout aussi stratégique, devant donc être revue, et ne plus tarder à réaliser son aggiornamento inévitable du fait des nouvelles réalités du monde. Or, les solutions fiables existent, tel notre visa biométrique de circulation, suprêmement adapté aux réquisits sécuritaires.

Bien évidemment, c'est l'une des questions relevant des compétences européennes, mais le poids de la France, surtout en tandem avec l'Allemagne (autre partenaire privilégié de la Tunisie), n'est pas négligeable. Aussi, une sensibilité inédite sur la question initiée dans l'Hexagone est de nature à faire bouger les choses sur le plan européen, d'autant plus que la France possède cet atout non négligeable qu'est le mouvement francophone pour peu qu'il se décide à se doter de la dimension que nous qualifions de poléthique et à laquelle il ne saurait plus échapper. Il trouvera alors, dans le rôle historique en Francophonie de la Tunisie, plus qu'un prétexte pour privilégier le recours en premier avec elle à la mise en place de ce qui serait l'amorce de l'espace francophone de démocratie.

Ce qui, bien plus qu'un salut mérité de la transition démocratique dans le pays, la supportera de la meilleure façon pour une vraie démocratisation, donc articulée sur un État de droit effectif et aussi une société de droits et de libertés avérés et non plus l’actuel État de similidroit en un semblant de démocratie, une daimoncratie.


Une Tunisie incontournable en Méditerranée

Ce à quoi nous appelons est encore plus que possible au moment où l'Europe est convaincue enfin de la nécessité d'aider la Tunisie, semblant résolue à le faire au nom même de sa propre

prospérité et de la sécurité en Méditerranée. Pour cela, la stabilité de la Tunisie est impérative, non pas juste en sous-démocratie, mais bel et bien en un État de droit aux standards internationaux.

Dans l'attente d'un fatal engagement solennel de la Commission européenne pour traiter la Tunisie en véritable partenaire stratégique de l'Europe, donc en membre putatif, le parlement européen a paru se mobiliser pour un plan de sauvetage impliquant, à défaut de l'effacement de la dette, sa conversion en investissements. On a ainsi annoncé la programmation de fonds importants pour les pays de la rive sud de la Méditerranée, avec la Tunisie à leur tête, se traduisant par des investissements directs et le financement de la dette publique dans le cadre de cette ambition particulière entendant, par des actions sociales et culturelles, la réussite du modèle tunisien de société.

Même si cela demeure largement insuffisant, il n'est pas moins significatif d'une prise de conscience de la nécessité de sortie rapide des sentiers battus actuels. Et c'est d'autant bienvenu qu'il coïncidait alors avec le choix stratégique opposé de l'administration américaine réduisant son aide à la Tunisie dans le budget de 2018. Car une telle conscience des réalités tunisiennes complexes reste à éclipses, se distinguant par des annonces ambitieuses n'échappant pas aussitôt à l'effet de soufflet, retombant aussitôt. On l'a vu avec la résolution du parlement européen faisant un lien plus que justifié entre aides exceptionnelles à la Tunisie, parlant même de nouveau plan Marshall, et le toilettage de sa législation liberticide, particulièrement en matière de libertés privées. C'est bien une aubaine pour la France liée à la Tunisie par une histoire riche et qui ne doit plus se suffire des slogans creux, ne trompant plus personne. Les rapports intriqués entre les deux cultures et les deux sociétés, au-delà de l'économie et de la finance, sont susceptibles de permettre la réinvention, sinon du monde, du moins d’une Méditerranée à la mesure des ambitions de paix et de prospérité de part et d'autre.

Les réalités inédites du nouveau monde en gestation supposent et imposent le courage d'avoir une vision audacieuse des impératifs bilatéraux, qui est d'abord d'ordre éthique. La Méditerranée ne saurait demeurer en l'état actuel de mer schizophrène, scindée artificiellement en deux univers opposés ; elle est obligée de réunir intimement ses deux rives en un seul espace démocratique, noyau d'une aire future de civilisation entre le Nord et le Sud, l'Occident et l'Orient. Qui mieux que la France - pour le premier - et la Tunisie - pour le second - sauraient assumer ce rôle de précurseur en vue d'un tel fatal sens de l'histoire en cette phase délicate de l'histoire d'un ancien monde qui s'écroule et un nouveau se mettant en place, mais trop lentement, ce qui favorise les excès en tous genres ?

Ces vérités et réalités rappelées, nous nous permettons de terminer l’ouvrage en reprenant le propos de Bernard Cerquiglini ouvrant son avant-propos d’un livre sur la pensée francophone des pères fondateurs sous la direction de Papa Alioune Ndao. Paru en 2008, à la veille du 12e sommet de la Francophonie à Québec, au Canada, il note ce que nous voudrions bien étendre au nôtre : « Au moment où les acteurs de la Francophonie s’alarment d’une moindre pratique de la langue française dans le monde, cet ouvrage arrive opportunément. »

Essai en vente sur le site de l'éditeur,

chez Amazon

et à la librairie Kitab à Tunis, entre autres