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mardi 15 novembre 2022

Sommet de Djerba

Pour la visa francophone de circulation ! 2/5* 



* Extraits de l'introduction de mon essai, sans les notes. 

  À noter que la table de l'essai est reproduite à la fin de l'article 1.






INTRODUCTION


Dans la condition des humains, la solidarité magnifie la quintessence de l'esprit grégaire, concrétisant l'essentiel de l'esprit de la meute animale en ne se résolvant pas seulement à l'accompagnement des premiers pas dans la vie, mais aussi, normalement, ce qui y fait le parallèle en fin de vie. Je dis normalement, car les contingences de l’existence ont évolué, ne cadrant plus avec les principes des sociétés traditionnelles, l'impératif de solidarité cédant le pas devant les nécessités individualistes de la vie de nos jours, multipliant les échappatoires à la solidarité traditionnelle par artefacts et leurres.

Cela touche tous les domaines de la vie des sociétés, individus, États, organisations y compris. Ainsi est-ce le cas de cette Tunisie, pays hôte du sommet du cinquantenaire de la francophonie qui partage avec le mouvement une même date de naissance : le 20 mars, 1956 pour l'une, 1970 pour l'autre. Or, le plus âgé des deux accueille sur sa terre la plus jeune y fêtant son cinquantenaire. Pourquoi se limiter donc à y reproduire les convenances diplomatiques habituelles chez l'un et l'autre ? Pourquoi ne pas en faire une nouvelle date historique aussi bien pour le pays hôte que pour l'organisation qu'il a contribué à fonder ? Malgré son aura, celle-ci ne peut se stabiliser sur l’un des deux tempos rythmant son évolution : l’hymne en puissance du renouveau de son esprit et de ses pratiques et le requiem en sourdine de ses idéaux de plus en plus audibles avec l'avortement de la solidarité francophone manifestée par l'absence, à ce jour, de la libre circulation humaine en son propre espace.

Nous pensons que bien plus que les années passées, le 20 mars 2021 a été une date symbolique, aussi bien sur le plan national tunisien qu’international francophone du fait de la qualité de membre fondateur de la Tunisie. Ce n’est assurément point du fait des slogans et symboles enjolivant les discours officiels convenus habituels, mais de ce qu'emporte cette date - à la veille du sommet du cinquantenaire - en charge émotionnelle et retombées logiques, restées en puissance les unes et les autres. En effet sont restées purement virtuelles, au mieux pures incantations de sorties politiciennes, aussi bien l’indépendance de la Tunisie que la solidarité au sein de cette communauté d’une langue en partage.

Ce qui illustre à quelle aberration se résolvent les festivités qui ont célébré, encore une fois cette année, en Tunisie comme en Francophonie, une date symbolisant la mauvaise gouvernance en acte. D'autant qu’elle aurait bien pu avoir un autre sort que celui consistant à entonner en hymne homérique ce qui ne serait qu’un requiem de l’État de droit, d'un côté, et du partage de valeurs communes de solidarité internationale, de l’autre. Aussi, à la veille de son sommet du cinquantenaire, la Tunisie qui l'accueille et la Francophone qui le célèbre n'ont plus que le choix d'entonner soit le requiem de leurs idéaux sacrifiés, soit l'hymne d'une renaissance les revitalisant. Ce n'est qu'à cela que se résume la gageure des temps à venir due par les responsables actuels de ce pays fondateur et hôte des festivités du mouvement désormais en âge de sagesse, gage de ce qu'ils doivent aux futures générations. Soit un monde un peu moins conflictuel et mieux solidaire en une totale complémentarité égalitaire et un vivre-ensemble serein et paisible, mettant enfin en concrète exécution le plus récent appel francophone en ce sens.


20 mars en Tunisie : leurre de l’État de droit

Il est bien aberrant qu’à l'orée de l’âge vermeil, la Tunisie soit encore présentée en État jeune, s’essayant au mieux à la transition démocratique. Même si un tel discours rythmant les célébrations du 20 mars a délaissé un peu cette date pour se choisir une plus récente, celle de la supposée révolution de 2011. Or, ni l’indépendance du pays ni sa révolution ne sont à ce jour réelles, puisque l’État se trouve non seulement dans une situation évidente de dépendance à l’égard des puissances de l’étranger, dont l’ancien colonisateur, mais aussi à l’égard d’un système d‘asservissement du peuple avec les lois scélérates ne datant pas uniquement des années de dictature, remontant au protectorat également.

On a beau adopter une nouvelle Constitution d'avant-garde, ses acquis en termes de droits et de libertés sont restés lettre morte, et ce texte supposé le plus élevé dans l’ordonnancement juridique interne est maintenu inappliqué par de simples lois qu’il a pourtant abolies. Aussi est-on dans un État hypothétiquement indépendant, illusoirement État de droit, au mieux un État de similidroit. Comme avant, il est soumis aux forces commandant l’orientation de ses finances et de son économie, cercles de lobbying dans le pays et hors du pays, agissant au service des profiteurs d’avant l’indépendance. Et les masses populaires sont restées asservies, absolument rien n’ayant changé dans leur quotidien fait toujours de répression continue et de soumission obligée.

Certes, les jongleurs de la politique politicienne ont toujours su user de tous les artifices pour magnifier une imaginaire image de marque du pays. Hier, en parangon d’une modernité trouvant ses lettres de noblesse occidentales dans la symbolique francophone en tant que langue de progrès et communauté de valeurs communes. Mais ce ne fut qu’un leurre, amenant une jonglerie politicarde opposée, valorisant de nos jours les valeurs antinomiques d'un enracinement plus idéologique que réel dans un quant-à-soi illusoire de valeurs indigènes.

Or, plus que jamais, le monde politique, culturel, et surtout économique est interdépendant ; n'y prime comme juste politique que la recherche de l'équilibre instable entre une dépendance fatale et une indépendance impossible. C'est le rapport gagnant-gagnant des concessions mutuelles au service d’une politique éthique renouant avec sa vertu d'être au service du plus large intérêt populaire concrètement envisagé par des actions directement attachées à la vie quotidienne dans le cadre d’un vivre-ensemble paisible.


20 mars en Francophonie : leurre de la communauté solidaire

La Tunisie qui a été un des hérauts de la Francophonie est aujourd'hui à la traîne, récalcitrante à valoriser cette part lumineuse du legs de Bourguiba autour de la langue française, son génie et sa riche diversité célébrée aussi en ce 20 mars, étant née en ce jour de 1970 à Niamey. Il est vrai, même du temps du Combattant suprême, la Tunisie n’a pas su tirer un réel profit de son attachement à l’esprit français et ce qu’il emporte en retombées, n’ayant rien tenté pour contrer la dérive de cette communauté de valeurs loin de son esprit solidaire d’origine.

Ratant son indépendance sur le plan national, la Tunisie l’a ratée aussi sur ce plan international multilatéral en ne titrant pas assez profit de ce qu’aurait pu être la langue en partage qu’est le français en termes concrets, comme d’obtenir que bénéficient ses citoyens d’un visa francophone de circulation. Assurément, cela aurait évité au français en Tunisie de péricliter au point d’être réduit de nos jours non seulement à une peau de chagrin, mais à bien pis, ce vocable vilipendé par certains comme ayant le travers d’être celui de l’ancien colonisateur.

Pourtant, la Francophonie que fédère l’OIF se limite, en son anniversaire, à célébrer le passé, ne se souciant nullement ni du présent ni de l’avenir. Certes, depuis 1970, la communauté francophone a fait du chemin, passant de 21 États à 88, et s’est engagée plus que jamais dans divers domaines avec des moyens et des initiatives conséquents tous azimuts. Néanmoins, pour la jeunesse, au lieu de reconnaître son droit à circuler librement dans l’aire des locuteurs comme elle du français, elle se limite aux jeux du cirque, organisant ses amusements tous les quatre ans. N’est-elle plus porteuse de valeurs que ludiques, elle qui se veut toujours un dynamique vecteur de la diversité ?

Pour que celle-ci soit véritablement fructueuse, cela commence par le droit à circuler librement. C’est bien la capacité à une libre circulation qui donne un sens à la pluralité des langues et des cultures dans la communauté, valorisant l’éducation et l’enseignement supérieur, favorisant le développement économique et sa durabilité, encourageant les jeunes, hommes et femmes, à l’entrepreneuriat, tout en veillant à leur égalité. Ce qui revient aussi à favoriser la paix, la démocratie et le respect des droits de l’Homme.

Célébrant sa journée internationale avec ses 300 millions de locutrices et locuteurs du français, la Francophonie multilatérale multiculturelle ne saurait continuer à ignorer ce qui renforcerait le rayonnement de la francophonie sur les 5 continents où elle est présente et dans le monde où le français est aujourd’hui la 5e langue la plus parlée. C'est d'une mesure phare incontournable qu'il s'agit : l’instauration du visa francophone de libre circulation humaine. Seul, il la sortira du ronron idéologique et bureaucratique dans lequel elle se retrouve présentement. Ainsi ne sera-t-elle plus seulement moderne, mais postmoderne, en phase avec l'esprit du moment ainsi qu'avec ses fondamentaux du glorieux temps des origines !


Foin de leurres !

La Francophonie s’enorgueillit d’ériger bientôt une cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts dont on se rappelle l’importance dans l’implantation du français dans l’Hexagone. En même temps, elle se désintéresse du recul du français dans le monde, particulièrement en Tunisie, membre fondateur éminent. Certes, la Tunisie a été choisie comme siège de son bureau régional pour l’Afrique du Nord, mais il est à ce jour inactif faute du peu d’empressement officiel de la Tunisie d’aujourd’hui pour cette langue à tort assimilée de plus en plus aux turpitudes du protectorat.

Il faut dire que les autorités tunisiennes ne peuvent ignorer les menées hostiles au français dans le pays ; mais que fait la Francophonie pour les aider non pas à renouer avec l’alignement idéologique du passé sur le français, mais à reconnaître à cette langue la place qu’elle a dans nombre de coeurs tunisiens et qu'elle mérite en langue de savoir et de progrès, idiome par excellence des humanités et de l’humanisme ?

Au lieu de se limiter à célébrer une langue dont des milliers de locuteurs meurent ou perdent leur liberté à vouloir circuler librement en son aire, l'OIF ne devrait-elle pas porter le deuil tant qu'elle n'a pas instauré le visa francophone de circulation. Jusqu'à quand être dans le déni ? Car il ne s'agit pas d'une idée nouvelle ou d'une lubie ! L’appel à ce visa avait été proposé et réclamé par nombre de voix autorisées, dont celle de l’Alliance francophone internationale fondée en 1990 par Pierre Messmer, Maurice Druon, Stéphane Hessel et Jean Th. Guion.

En effet, militant dans le cadre de l’esprit d’origine du mouvement, l’Alliance croit en une Francophonie des hommes et des peuples et estime que ledit visa serait le meilleur acte pour une refondation salutaire de l’OIF. Car après quelques espoirs vite déçus avec le départ de Michaëlle Jean et l’arrivée de Louise Mushikiwabo, la Francophonie s’est remisée dans le placard des accessoires des États qui la composent. Serait-ce une soumission de survie selon les règles de la loi sociologique que cela impose tous les sacrifices, y compris d’adopter tout le contraire de ses valeurs propres, en l’occurrence les valeurs francophones ? Toutefois, il est une autre loi sociologique enseignant que seules les valeurs essentielles résilientes sauvent si l’on y a recours au moment opportun.

Et voici venir une autre célébration, celle du cinquantenaire à Djerba, en Tunisie. La Francophonie saura-t-elle se sauver en sauvant ses valeurs essentielles, sauvegardant son esprit et son originalité ? Cela impose qu’elle renoue avec sa valeur cardinale de solidarité, optant pour la libre circulation humaine dans l'aire francophone avec l'accès équitable à ce droit humain moyennant le visa biométrique francophone de circulation ! Car les marchandises ne valent pas mieux que les humains ! Qu’elle ose donc adopter cette idée qui, certes, dérange, ayant été systématiquement combattue lorsqu’elle a été proposée par l’Alliance francophone il y a plus de 25 ans, et finir par être mal remplacée par les fameux accords de Schengen.

Rappelons que la libre circulation dans le monde était la règle jusqu’au début des années 70 et que le visa ne devait être qu'une mesure provisoire ; s'il s’est éternisé, c'est par démission et complicité politiciennes collectives, créant le clandestin, alors que la clandestinité était officielle, le fait même des acteurs économiques d’une Europe en pleine reconstruction. Aussi, dire que la clandestinité rime avec crise est trompeur, puisqu’elle a favorisé la prospérité européenne. Et aujourd’hui, avec le visa francophone de circulation, elle est de nature à jouer le même rôle dans le futur tout en mettant fin aux drames humains qu’il est ignoble de continuer à ignorer. Or, au moment où celle des marchandises et des services est encouragée, la libre circulation humaine ne saurait qu'être fatale ; et pas seulement moralement !

La Tunisie, qui a intérêt à articuler l'État de droit qu'elle s'applique à instaurer à un système juridique qui fonctionne et qu'elle connaît bien, pourrait mieux y réussir grâce au levier francophone. Aussi devrait-elle aider à la promotion de l'idée dudit visa en y appelant solennellement pour le sommet se tenant sur ses terres connues pour être d’ouverture, de solidarité et d’amitié à tout venant. Ne serait-ce qu'en rappelant qu'outre ses immenses vertus, dont notamment le respect des valeurs humanistes et de solidarité, un tel visa présente l'atout capital aux yeux des politiques de nos jours, celui d’être parfaitement conforme aux réquisits sécuritaires.


Essai en vente sur le site de l'éditeur,

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et à la librairie Kitab à Tunis, entre autres