Mon manifeste d'amour au peuple 2/3
 




Mon manifeste d'amour au peuple 3/3


I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








Accès direct à l'ensemble des articles منفذ مباشر إلى مجموع المقالات
(Voir ci-bas انظر بالأسفل)
Site optimisé pour Chrome

mercredi 24 août 2022

De fin à faim d’histoire 4

Kaïs Saïed viole aussi Kelsen par juridisme

 


 Lors de la présentation, au moment de sa promulgation, de la nouvelle Constitution voulue pour le pays, le président de la République Kaïs Saïed a tenu à se réclamer de Hans Kelsen, référence suprême en matière de pureté de droit chez les juriste

Critiquant à son habitude les détracteurs de sa méthode d’action par trop personnelle, il a notamment fustigé leur méconnaissance du principe kelsénien de hiérarchie des normes, ce qui ferait, à ses dires, se retourner dans sa tombe le théoricien de la théorie pure du droit dite aussi pyramide des normes.

Or, M. Saïed ne semble pas réaliser faire tout aussi violence à la pensée du juriste austro-américain en versant dans ce qui ne serait que pur juridisme, soit un attachement excessif et formel à une règle de droit réduite au slogan creux. Et se cacher derrière le juridisme est le fait de qui entend légitimer un processus vicié ou vicieux, mais qui ne fait que tuer l’esprit pur de l’État de droit.

En effet, ne cessant d’en parler, l’excipant même en impératif catégorique de son action, M. Saïed affirme croire et servir la souveraineté du peuple. Et il ne nie pas qu’elle soit liée à des libertés et droits effectifs, en n’oubliant pas de préciser que sa Constitution les consacre encore mieux et bien plus que la précédente jetée au rebut.

Pourtant, comme pour cette dernière restée lettre morte en la matière, les droits et libertés consacrés par la nouvelle constitution ne peuvent entrer en vigueur tant que les lois inférieures du Code pénal restent en vigueur. Ce qui est un cas flagrant de violation de la théorie de Kelsen où la norme supérieure est tenue en échec par une norme inférieure.

De plus, celle-ci est celle de la dictature et date même dans nombre de ses dispositions du protectorat ; c’est dire son caractère scélérat. Pourtant, on y tient, refusant par juridisme de l’abolir ou, pour le moins, de la geler. On prétend, par exemple, craindre le vide juridique, préférant donc continuer à brimer le peuple que de le risquer. Où est la souveraineté populaire dans tout cela ? 

Outre d’être illégale, illégitime et immorale, une telle attitude risque de relever de la mauvaise foi quand, dans le même temps, on prétend vouloir rompre avec les moeurs de la dictature alors que les lois maintenues en vigueur en condensent le parfait esprit répressif.

On veut bien croire le président de parfaite bonne foi, quoique juste dépassé par son ambition de sauver le peuple de ce qui est à ses yeux encore plus grave. Surtout qu'on sait qu’il a, comme tous les natifs de son signe astrologique, celui des Poissons, le défaut de vouloir être le sauveur de celui ou ceux pour qui il se dévoue. Mais alors, pourquoi persister à parler dans le vide de souveraineté populaire puisqu'on n’est pas en mesure de la fonder concrètement par ce qui lui donnerait réalité ?     

Passe encore la législation en vigueur où M. Saïed, système duquel il relève oblige,  n’a finalement fait que mettre ses pas dans ceux de ses prédécesseurs et suivre leur exemple ; et ce même s’il s’en défend ! Pourquoi, dans l'oeuvre éminemment personnelle qu’est la Constitution voulue augurer une nouvelle ère pour un peuple souverain, ne pas avoir osé donner au peuple le droit de saisine de la Cour constitutionnelle pour l’exception d’inconstitutionnalité réservée aux députés ? Cela n’aurait-il pas été faire justement montre de bonne foi en parlant du peuple qui veut ? Qu’il est loin le slogan pompeux auquel l'on tient de la triste réalité si évidente à nos yeux !

Tribune publiée sur Réalités