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dimanche 10 juillet 2022

Un ménologe tunisien 2

Ons Jabeur, une excellence Tunisie contrariée

 

 

Nous l'avions déjà relevé, ici par exemple*, la championne nationale de tennis possède d'immenses atouts qui lui permettent de briller encore et encore, d'être numéro 1 du tennis mondial pour le moins. Et nous y avons tenté l'explication de la cause qui a fait que sa carrière fut encore si dépouillée malgré un talent et une originalité de jeu évidents.

On y avait pointé un dysfonctionnement au niveau personnel, une sorte de blocage psychologique, de facture culturelle, nécessitant une véritable révolution dans ses habitudes. Son choix pour l'équilibre instable actuel instauré et dans lequel elle a cru pouvoir s'y complaire a atteint ses limites, préfigurant une autre appréhension mentale des choses, impliquant un mode de pensée et de vie différent. Et ce quitte à rompre avec le confort actuel supposé lui garantir la paix en termes de symboles culturels, mais si désavantageux en termes d'exploits sportifs.

C’était déjà l’heure du choix, de la vérité. Ce que la désillusion du tournoi de Wimbledon, qui aurait pu consacrer les velléités entrevues cette année, vient de confirmer ; à savoir surtout qu'un tel travail est inachevé, ou même reste à faire. C'est bien celui de cesser enfin de se battre contre elle-même pour triompher de ses adversaires sur le pur terrain tennistique où elle se révélerait alors imbattable.

N'étaient ces problèmes extra-sportifs, Ons Jabeur aurait gagné et de haute main un tournoi dont elle était la favorite après la défaite de l'actuelle numéro un mondiale. Il n'en fut rien et la cause était moins le talent, bien modeste de son adversaire, que ses propres problèmes précités. Peut-être aussi cette sorte de démobilisation d'avant-match de croire la partie gagnée d'avance au vu d’un pur examen technique basique du décalage de niveau tennistique intrinsèque des deux protagonistes.

Ce qui n'aurait fait qu'effriter davantage la volonté de gagner, déjà chahutée par les traits culturels auxquels il devient urgent de s'attaquer sérieusement. Du moins, si la championne pense vraiment à une carrière à la mesure de ses immenses potentialités techniques. Ce qui impose de mettre à leur diapason ses réalités psychologiques actuelles, nettement décevantes.

Nous allons en dire un mot en ne s'empêchant pas de comparer notre championne à sa patrie qui est, elle aussi, pourvue de talents et de potentialités immenses. Ne nécessitant, pour l'épiphanie de succès éclatants et de gloire méritée à la mesure de l'exception en puissance de son peuple, rien d'autre sauf le fait que ce dernier soit enfin lui-même. Ce qui signifie se sentir libre, enfin pourvu de ses droits légitimes et ses libertés basiques afin de briller et innover. Ce que ses responsables et ses élites lui refusent encore !

Ons Jabeur est porteuse de valeurs tout à la fois personnelles et culturelles. C’est bien en cela qu’elle est comme la Tunisie ; elle est même la vivante symbolique de cette exception Tunisie contrariée. Car elle est bien un symbole, mais qu’on cantonne dans des valeurs réduites à sa communauté alors qu'elles se doivent d'être universelles. Bien pis ! il ne s’agit que de fausses valeurs, travesties et viciées. Ainsi, Ons Jabeur reste pour beaucoup une femme qui réussit ; mais en tant que femme arabe, musulmane de surcroît, nombre d'esprits rétrogrades, consciemment ou inconsciemment, lui dénient le droit de dépasser certaines limites supposées imposées par sa religion, plus exactement par les habitudes, prétendues morales, incrustées dans sa communauté. Ce que Jabeur ne fait rien, ou pas assez, pour s'en libérer.

En fait, Ons a jusqu'ici entendu concilier l'inconciliable : mener sa carrière de femme sportive de haut niveau tout en tenant compte d'un minimum des obligations culturelles s'imposant à ce qu'attend de la femme qu'elle est la doxa culturelle, surtout religieuse intégriste. Ce qui limite sa marge de manœuvre dans un sport où l'excellence est de briller, innover. Or, l'innovation est fonction de la liberté d'agir.

Et la Tunisie est comme sa championne. Après tout, cette dernière est une enfant de son peuple. Or, le drame du peuple de Tunisie, faisant sa crise, est moins politique ou économique que culturel, avec des lois scélérates et illégales ne s'appliquant pas moins au nom de leur prétendu fondement religieux et légitimité culturelle.

Tel fondement est pur prétexte, une cause illusoire dont la fausseté a été démontrée. Sa raison d'être n'étant que de maintenir sous le boisseau les capacités immenses d'un peuple au génie créateur, et donc forcément perturbateur pour l'ordre établi que ne consolide que la léthargie des masses, l'inertie mortifère d'un peuple sans droits ni libertés, incapable de la sorte de cogiter, d'agir et d'innover.

S'y tenir relève sans conteste de l'ignorance dogmatique de la vraie religion d'islam qui est une foi de droits et de libertés, où la croyante et le croyant sont libres d'être eux-mêmes, ne rendant compte qu'à leur créateur avec lequel ils sont en relation directe, sans nul intermédiaire. Car il n'est nulle église ou clergé en cette foi libertaire par essence, mais pervertie aujourd'hui par une exégèse humaine imparfaite obsolète.

Or, on impose une tradition judéo-chrétienne de soumission à la musulmane d'aujourd'hui. Pourtant, en terre d'islam, aux premières riches heures de sa civilisation, la femme musulmane était déjà libre et libérée, et ce bien avant sa consœur d'Occident. C'est qu'on l’oublie - ou l’occulte volontiers -, continuant d'exiger des femmes musulmanes, dont surtout les sportives, un comportement supposé islamique. Ce qui chahute la gestion purement sportive de la carrière de notre championne nationale.

Ons Jabeur tient compte de l'omerta supposée islamique, consciemment ou inconsciemment. Certes, elle ne va pas jusqu'à porter le supposé voile islamique, et qui n'est que biblique, mais elle veille à ne pas se dénuder trop comme les autres joueuses, y compris par temps de canicule. Ce qui a dû la gêner lors de sa finale, un rien ayant d’immenses conséquences ; que dire de l’inconfort de sa tenue supposée décente - et même à peine - aux yeux des tartufes ?

On l'a vue aussi refuser de prendre un magnum de vin au prétexte que ce serait interdit pas sa religion, ou tenir à féliciter les musulmans, après sa cruelle défaite, de la fête du Sacrifice. Ce qui est être plein de tact, certes, et cela satisfait nombre d'esprits, dogmatiques surtout ; mais n'est-ce pas incongru avec un moment se devant d'être de profonde réflexion à chaud (meilleure réflexion prouvée de captation d'intuitions libératrices, étant libérées du conditionnement mental de rigueur) sur les tenants et les aboutissants de sa défaite du moment. 

La fibre nationaliste de la championne tunisienne est aussi à considérer. Son désir aussi de n'avoir point de soucis avec les autorités de son pays et d'autres de la sphère arabe musulmane. C'est certes à saluer et à respecter. Mais cela ne doit pas occulter les autres aspects pertinents, comme le côté fâcheux, direct et indirect, sur sa carrière. En termes de perturbations psychologiques notamment et d'embrouillement de l'imaginaire et de l'inconscient, c'est le pire conditionnement à l'échec pour un compétiteur, une compétitrice, de haut niveau.

Comme l'échec est la meilleure préparation au succès, que celui, cruel à bien des égards, de Wimbledon soit le tremplin vers les succès futurs ! Pour cela, il importe impérativement pour Ons de se déconditionner négativement. Ce qui suppose aussi de cesser de se satisfaire de demi-mesures, ce que notre culture encourage comme une fatalité, un mektoub à ne pas contester, ne serait-ce que pour faire acte d'humilité.

Pourtant, la vraie humilité, ce que je nomme humilitude, est un mektoub actif, ce travail du négatif hégélien, un palier atteint mais en appelant d'autres, des paliers qu'il est bien écrit qu'ils seront atteints à force de libre, et donc irrésistible, volonté. D'où la nécessité de croire, de ne point douter !    

Car la condition sportive ne se satisfait pas de demi-mesures  ; ce que Jabeur, en sportive accomplie de haut niveau, sait mieux que quiconque. Si l'on comprend donc ses efforts à soigner son image chez les Arabes et islamistes intégristes, on ne peut accepter pour elle, pour sa gloire, de devoir oublier dans la foulée que cela écornera forcément la sienne en tant que pure sportive. Ce qu'elle devrait être. Ce qui revient à être soi-même.

Or, le tennis, chez Ons, est sa raison non seulement de vivre, mais d'être aussi. Ce qui forcément l'amènera à mieux cogiter sur ses choix et savoir qu'il est inéluctable de trancher dans le vif afin de briller encore plus, gagner non pas un, mais plusieurs titres de grand chelem.

Aussi, quand la demi-mesure devient synonyme d'abandon mental de la pleine mesure, il faut savoir être forte, avoir la fortitude de la refuser afin d’avoir droit à la mesure pleine. D'autant qu'on la mérite et qu'on en est capable. Abandonner donc le confort actuel pour l'inconfort consubstantiel à l'excellence est fatalement la manifestation de l'impératif catégorique précité. Ce qui ne sera ni facile ni évident, mais guère impossible pour une Ons Jabeur qui a su protester de l'impossibilité de ses parents d'assister à sa finale faute de visa. Une injustice personnelle, mais aussi touchant tout son peuple, à dénoncer sans nulle hésitation.

On le voit, être championne sportive c'est aussi être leader d'opinion. Ce qui doit imposer pour un sportif qui se respecte - patriote qui plus est, mais vrai patriote comme Ons - d'oser parler de ce qu'on tait habituellement, être la caisse de résonance des récriminations justifiées de ses compatriotes. C'est cela le vrai sport, une hygiène de vie digne !

Résister au conformisme, à la tentation culturelle de se satisfaire du chemin parcouru, est l'impératif catégorique pour Ons Jabeur. Surtout que, même chez ses familiers et plus grands supporteurs, on n'entend que cela, manifestation d'un trait culturel vidé de son sens véritable, réduit à du conformisme logique. Car se satisfaire du convenu, de la demi-mesure n'est jamais synonyme de ne rien faire pour avoir l’originalité de la pleine mesure ; à moins que l'on n'y soit pas psychologiquement prêt  !

C'est bien ainsi et ainsi seulement que son étoile personnelle brillera et que son pays, sa patrie chérie qu’elle incarne au mieux, préservera son salut des errements actuels entretenus par des élites déconnectées des réalités populaires. Aussi, grâce à l’œuvre de ses enfants les plus valeureux, dans le sillage de la carrière de sa championne, brillera de même l’étoile de la Tunisie au firmament des nations. Bonne chance à l’une et à l’autre !

 

Note :

* Ce qui empêche Ons Jabeur de briller encore plus !