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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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dimanche 6 février 2022

Une exception Tunisie en puissance 5


Réussir 
l'heure tunisienne de vérité

 

 

En cette Tunisie que j'ai qualifiée d'Exception (même si cela reste encore en puissance), le moment est historique, actuellement et depuis un temps, regorgeant d'occasions à saisir en autant d'heures de vérité. Or, faute de lucidité, de courage notamment, on en a pas mal dilapidé. Pourtant, les compétences ne manquent pas, et le peuple surtout mérite bien mieux ; les premières sont, au mieux, mises à l'écart et, au pis, ne font que singer une épistémè dépassée ; quant au second, il se laisse aller à son péché mignon d'adaptation à outrance, ce que j'ai nommé phénomène Zelig du personnage cinématographique de W. Allen.

Il n'est pas moins, présentement, en cette heure historique que les circonstances ont générée, un moment de vérité à saisir pour peu que l'on délaisse le dogmatisme stérile et la langue de bois qui n'a jamais fait autant de ravage dans ce pays que ces derniers temps. Comme de parler de souveraineté d'un peuple qu'on ne délivre pas des lois scélérates d'une dictature déchue qu'on ne voue pas moins régulièrement aux gémonies.

Au demeurant, c'est pour ne pas devoir relever de tel cirque de politique d'opéra bouffe que j'ai accepté comme un honneur d'avoir été écarté du corps diplomatique en 1996 et sans voir, à ce jour, une telle injustice levée, bien plus que réparée, n'ayant pas demandé de réparation, contrairement à bien d'autres. En effet, elle n'est qu'une confirmation de mon propre honneur de diplomate de carrière à ne point frayer avec les turpitudes de l'ancien régime, qui - hélas ! - persistent malgré la supposée révolution du jasmin, ce coup du peuple détourné de son cours. Il en fut, du reste, de même du supposé contrecoup du 25 juillet devant en rectifier le cours, mais réduit à un vulgaire coup de force. Certes, son auteur se prévaut de sa sincérité à vouloir le bien du peuple, mais que fait-il de tangible hic et nunc ? Et comment confirmer sa bonne foi sans actes concrets touchant le quotidien de ce peuple de plus en plus asservi, bien plus qu'avant même, et indignement exploité ? Car la crédibilité est le fait de croire et de faire crédit ; or, si cela doit dépendre d’une condition la relativisant, elle n’a plus le caractère absolu. Et rien n’interdit que la valeur, ici géostratégique, varie avec le temps ; aussi, la crédibilité ne supporte nulle  restriction  !

Chaos du monde et de l’islam : De plus le monde a changé ; la Tunisie, son peuple surtout, n'est plus celui qu'on connaissait. Et ce monde est en plein chaos qu'aggrave celui de l'état de la religion en Tunisie qui n'a jamais été autant en contradiction avec ses propres fondamentaux que depuis la crise mondialisée. Pourtant, s'agissant d'islam, les politiciens tunisiens s'en réclamant ont eu, dix ans durant, l'occasion de le sortir de sa décadence actuelle en développant dans le pays une véritable démocratie islamique. Or, s'ils n'ont pas cessé d'afficher cette prétention, ce n'était qu'en leurre afin de mieux vaquer à la gestion de leurs propres intérêts mercantiles, de profiter du pouvoir et d'y demeurer à jamais vaille que vaille. Ce que ne regrettent même pas parmi eux nombre d'islamistes intégristes dont certains sont allés jusqu’à trouver dans les derniers événements d’Afghanistan la preuve de la justesse de leur stratégie de privilégier la lutte armée pour le pouvoir à l’option des rares démocrates islamistes ayant adhéré au jeu politique. Et ils trouvent, en ultime illustration pour cela, la chute de l’islam politique en Tunisie. Or, n'y ont-ils pas favorisé le coup de force du 25 juillet  qui a été qui plus est l’œuvre d'un président ne cachant pas sa lecture traditionaliste de l'islam ? 

S'agissant d’Afghanistan, que n’a-t-on pas dit sur ce pays au peuple martyr, mais dont on ne parle pas, ce qui importe aux observateurs étant ses supposés étudiants (Talibans) d’islam et qui ne le sont point sauf à revenir au sens étymologique, guère plus utilisé du mot, qui signifie intérêt (studium) puisqu’ils ont bien de l’intérêt, mais pas pour les études, plutôt pour la guerre. Si l’on parle de chaos, c’est toujours pour ne s’intéresser qu’à ses faiseurs, jamais à ses victimes : ces peuples souvent, sinon toujours, innocents et dont on usurpe la représentation alors qu'ils n'ont rien à avoir avec ceux qui se jouent de leur destinée comme avec les pions sur un échiquier.

C’est le cas du chaos actuel en Afghanistan qui est tout autant du monde que de l’islam, et pas seulement de la foi du seul pays concerné, étant aussi celui de tous les pays d’islam. Effectivement, ce se passe en Afghanistan n’est ni nouveau ni étonnant, le désordre régnant en maître dans le monde. Ce n’est qu’une manifestation d'une caractéristique majeure d'un univers où d’aucuns valorisent même le chaos pour mieux servir leurs intérêts ; ne disent-ils pas qu’il est créateur ou que tout nouveau monde en est issu ? Ce qui autorise ses saigneurs, supposés seigneurs, à ne pas se soucier des victimes que cela commande ! Et bien qu’on fasse mine de raisonner en termes logiques et scientifiques, on ne cherche point à agir sur la cause dont c’est l’effet, à savoir le désordre régnant dans ce monde de plus en plus amené aux extrêmes. En un mot, cette cause est le manque de véritable solidarité entre les différents États, notamment la minorité concentrant richesses et moyens d’action et la majorité sans moyens malgré les ressources nécessaires pour les avoir. Car elles sont invariablement entre les mains  de minorités au service des puissants États minoritaires où le pouvoir n'échappe pas à l'oligarchie, qu'elle soit politique, économique ou de plus en plus financière.

Pour l'islam, le chaos est entretenu à la fois par ses ennemis de l'extérieur et de l'intérieur, complices objectifs pour le maintenir en son état actuel de déliquescence alors qu'il a tout pour être (ou redevenir) la foi humaniste qu'il a été et qui a permis sa brillante civilisation. Certes, ses intégristes les plus sincères rêvent - à juste titre - de retrouver le lustre de cette modernité avant la lettre (que je qualifie de rétromodernité), mais ils se trompent sur les moyens, développant une fausse compréhension de leur foi réduite à n'être qu'un culte alors qu'elle est d'abord et avant tout une culture œcuménique. Plus que jamais, réussir à renouer avec la splendeur d'islam nécessite d'oser en faire une lecture qui soit plus conforme à son esprit d'origine ; ce qui ne sera ni inédit ni une rupture avec les fondamentaux de l'islam authentique, premier même, que développe le Coran de la Mecque et qu'a incarné à merveille le soufisme original ou soffisme (dérivation des gens de la Soffa) selon mon néologisme plus conforme à la vérité historique.

Maroc, Israël et Tunisie : S'il est donc question du courage d'oser la parole de vérité, cela relèvera bien de l'essence de l'islam en tant que foi humaniste et non ce culte rabougri sur les rites qui en émasculent l'esprit révolutionnaire et qu'on a érigé en Coran bis. Effectivement, ils sont devenus quasiment sacrés alors qu'il ne s'agit que d'effort humain, lequel est imparfait à jamais selon la lettre même du Coran, et soumis à l'exhortation divine - sinon l'obligation - de l'effort continuel, l'ijtihad. Dans cet ordre d'idées, le retour à l'islam vrai, ces retrouvailles avec la parole de vérité musulmane ou islamique (je dis désormais i-slamique), sera l'heure tout aussi tunisienne que musulmane de vérité. À noter que je réserve l'adjectif islamique à la lecture correcte de l'islam ou i-slam tandis que le vocable musulman réfère à la tradition héritée de l'effort des jusriconsultes du passé. Comment donc réussir cette quête de vérité ? En osant amorcer le changement en s'attaquant à tous les tabous constitués par les sujets sensibles, le non-dit et le tu selon cette tradition que je qualifie de parabole du moucharabieh. Assurément, parmi eux, il est ce tabou politicien, faussement idéologisé, qu'on appelle normalisation avec Israël et qui n'est qu'une arme politicienne aux mains des ennemis de l'islam.

Car l'islam est paix et agit par tous moyens à l'instaurer dans le monde. De plus, l'islam n'a pas d'ennemis, surtout pas parmi les gens des Écritures (ou du Livre selon l'expression qui s'est imposée sans être correcte). En effet, l'islam n'est que l'Ultime Testament, ne reniant nullement les deux religions monothéistes l'ayant précédé ; peut-on imaginer la Bible sans ses deux Testaments, ancien et nouveau, malgré leurs différends ? Il en va de même avec l'islam qui, en tant que troisième et ultime révélation, sceau des Écritures, est appelé à faire entrer la totale sérénité dans les rapports avec les juifs et les chrétiens. Ce qui commande, en premier des rapports d'amitié, sinon de complicité ; et ce malgré les injustices et les excès de part et d'autre. Car la vérité ne s'impose pas d'office et les justes agissant à son triomphe ont le devoir d'arpenter un chemin hérissé d'obstacles et d'autant plus nombreux que l'issue est élevée. Que dire quand elle est aussi sublime que la paix religieuse universelle entre monothéistes ?

Aussi, l'islam commande-t-il de réaliser urgemment une vraie paix avec Israël en se fondant sur les rapports plus que privilégiés qui ont marqué son histoire, les musulmans ayant été les meilleurs soutiens de leurs frères juifs quand ces derniers étaient persécutés par leurs autres frères chrértiens devenus ennemis. Cela s'impose surtout en Palestine, cette tragédie que les injustes s'activent à faire durer et qu'il est temps d'y mettre fin. Or, la cadre juridique existe : c'est la législation internationale de l'existence de deux États (ou encore mieux une fédération ou confédération), surtout qu'ils sont sémites tous les deux. C'est l'acte même de naissance d'Israël qui l'impose puisqu'il suppose deux États jumeaux monozygotes ! Cette solution de raison a été ignorée par les uns et les autres au nom de la raison du plus fort, s'gissant d'Isarël, et celle des intérêts politiciens pour les États Arabes autoproclamés représentants d'un peuple réduit à la situation indigne et injuste de réfugié sur sa propre terre. Le refus général arabe de reconnaître Israël a longtemps été la règle au seul profit des différents régimes israéliens ; ce fut une bien machiavélique stratégie ne servant nullement les intérêts du peuple palestinien devant primer, et qui souffre dans les champs de réfugiés.

Depuis peu, on s'est enfin décidé à afficher les rapports soutenus quoique informels entre les dirigeants arabes et israéliens, et un pays maghrébin : le Maroc a même poussé ses liens avec Israël jusqu'à la conclusion de traités de coopération militaire du fait de ses relations exécrables avec son voisin algérien. Ce qui est triste pour la Tunisie restant à la traîne alors qu'elle a été le premier pays arabe à oser proposer d'établir des relations diplomatiques avec l'État juif. C'est avec ce legs lumineux de Bourguiba que la Tunisie se doit aujourd'hui de renouer afin de réveiller une diplomatie léthargique, incapable même de défendre son statut de pays fondateur de la francophonie en proposant, par exemple, d'adopter le visa francophone de circulation lors du sommet du cinquantenaire en vue de revitaliser le mouvement francophone et l'esprit de solidarité en son sein.

Voilà deux premières initiatives symboliques de diplomatie de haute volée de nature à contribuer à sortir la Tunisie de son inertie actuelle, redonnant au peuple, ses jeunes notamment, foi en l'avenir et confiance en leurs dirigeants qui gagneraient du coup l'aura de leaders poléthiques postmodernes, soit des politiciens à la fois visionnaires et dynamiquement enracinés dans une réalité en syntonie avec le sens de l'histoire. Ce dernier est pour une solidarité inclusive dans le cadre d'un humanisme intégral relevant d'un ordre amoureux universel à quêter en un monde d'humanité, une mondianité

Ce sera alors réussir l'heure tunisienne de vérité, d'autant plus qu'on aura cessé d'user de langue de bois pour n'avoir que cette parole de vérité qui ne se vérifie que par des actes concrets. Sur le plan interne, par ailleurs, il est impératif de ne plus hésiter à engager la réforme législative d'envergure, avec particulièrement l'abolition sans plus tarder des lois les plus honteuses de la dictature dont on doit, pour commencer, geler l'application afin de hâter l’adoption des lois devant éventuellement s'y substituer. Et elles doivent être enfin respectueuses des libertés privatives et de la dignité des Tunisiennes et des Tunisiens, toujours aussi brimés comme du temps de la dictature en termes de droits et de libertés, manifestation basique de la démocratie quand elle n'est pas un simple slogan trompeur.