Mon manifeste d'amour au peuple 2/3
 




Mon manifeste d'amour au peuple 3/3


I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








Accès direct à l'ensemble des articles منفذ مباشر إلى مجموع المقالات
(Voir ci-bas انظر بالأسفل)
Site optimisé pour Chrome

lundi 9 août 2021

Coup et contrecoup du peuple 4

Feuille de route pour le contrecoup du peuple

 

 


La supposée révolution tunisienne, plutôt un coup du peuple, a tenu dix ans sans remplir les impératifs lui ayant ôté le qualificatif de coup d'État, à savoir l’éradication de l'essentiel de ce qui faisait la dictature : sa législation scélérate, et par conséquent les réflexes autoritaires qu'elle génère forcément. D'où le contrecoup du peuple du 25 juillet 2021 et l’immense espoir populaire que se réalisent enfin les promesses trahies de 2011.

Ce serait même l'impératif catégorique de ce que vient de vivre le pays au nom de la primauté  de l’État de droit, car on ne peut en parler dans un pays soumis à des lois contraires à une constitution restée lettre morte en termes de droits et de libertés citoyens.

Quelle feuille de route donc permettrait de réaliser cet État de droit et les promesses non tenues de la dite révolution du jasmin ? Ce ne serait que la mise en œuvre de ce qui a été le credo du président de la République durant sa campagne électorale lui valant une légitimité populaire qui a profité à son contrecoup, en faisant — théoriquement encore — une assomption de la révolution tunisienne putative.

Honorer une maturité éveillée à la dignité

Si ce qui s'est passé en Tunisie en 2011 n’a été qu’une orchestration de la part du capitalisme sauvage, nouvel impérialisme de nos temps postmodernes, sur fond d'effervescence populaire incessante, sociale et politique, il a surtout traduit politiquement un rejet populaire patent de la dictature. Car le moteur principal dudit coup d’État en puissance a été la volonté populaire réelle et évidente de liberté, sa faim de ses droits légitimes devant signer fatalement la fin de la dictature, nulle dictature ne pouvant survivre à l'éveil à la dignité.

Avec l'autisme des élites au pouvoir aux exigences avérées du peuple dont la jeunesse est toujours brimée par les scélérates lois de la dictature et les droits citoyens les plus basiques méconnus, la priorité des priorités est d’en tenir compte.

Et d'abord de prendre acte de la maturité d'un peuple éveillé à sa dignité qui est dans ses droits et libertés. Ce qui suppose déjà d'arrêter de recourir à ce sport national qu'est la langue de bois usée jusqu'à la corde, dépourvue surtout de tout sens pour des masses plus que jamais sensible à la vérité. Il importe désormais de parler enfin vrai et éthiquement. Ce qui doit impliquer de reconnaître que l'islam, supposé modéré, ne l'a été qu'à la surface pour tromper un Occident guère aveugle, mais complice, car un tel islam est faux, étant aussi sauvage que son soutien capitaliste.

Au vrai, l'islam politique en Tunisie, depuis 2011, n’a cessé de simuler et dissimuler, instrumentalisant les supposés démocrates, dans le pays et hors du pays, se servant dans leurs rangs de prête-noms et même de ces complices que je qualifie de salafistes profanes.

L'atout des islamistes tunisiens fut d'avoir disposé du soutien occidental, américain surtout, cherchant à faire de la Tunisie une arrière-boutique du néo-libéralisme dépourvu ou voulant se dépourvoir d'éthique. Leur complicité avérée dans les ambitions occidentales au Proche Orient n’est plus un secret pour personne. N'ont-ils pas encouragé, ne serait-ce qu'en paroles, les jeunes Tunisiens à aller faire le coup de feu en Syrie, ce qui explique leur nombre élevé ? Par ailleurs, quelle attitude nos islamistes au pouvoir ont-ils eue dans la chute de Kadhafi ? Ne doit-on pas faire toute la lumière sur de telles zones d'ombres dans l'intérêt bien compris de la patrie ?

Or, la situation dans le monde a changé depuis l'arrivée aux commandes d'Ennahdha. Une donne nouvelle est désormais effective et le soutien occidental dans son alliance capitalislamiste sauvage n'est plus le même, l'islam politique — cet islam actuellement sans foi ni loi ­­— devenant encombrant. Et cette nouvelle donne des relations internationales a eu assurément son rôle à jouer dans l'occurrence du contrecoup du 25 juillet. Aussi est-ce l'heure de vérité pour l'islam politique, surtout en Tunisie ! Car l'islam est politique par essence, mais au sens étymologique du vocable.

Par conséquent, s'agissant de l'islam tunisien, soit il évolue vers plus de libertés en tout, surtout dans la vie privée des gens, soit il disparaîtra fatalement de la scène publique. Et une telle évolution suppose et impose la nécessaire réforme législative, particulièrement au niveau des sujets sensibles de nature à permettre l'impérative réforme des mentalités encore sclérosées, chez les élites surtout bien en décalage avec la mentalité populaire.

Réforme législative et mentale impérative

On ne doit pas se leurrer : l'islam politique a dominé et domine la Tunisie depuis 2011 ; n'est–il pas la référence majeure de l'artisan du contrecoup du peuple, le président de la République qui ne cache même pas ses références plutôt intégristes sur certains aspects polémiques de la tradition d'islam ?

Aussi, il est capital que ce véritable an 1 de la révolution virtuelle tunisienne soit bien l'heure de vérité pour la foi d'islam enfin interprété en foi culturelle humaniste et non en religion obscurantiste. Avant cela, la réforme législative d'envergure qui se fait attendre doit être mise à l'œuvre afin de conformer les lois en vigueur aux acquis de la constitution, les droits et les libertés citoyens en premier. Ce qui permettra le toilettage des mentalités des blocages idéologiques et religieux ayant fait leur temps.

Toutefois, cela ne saurait réussir si l'on prétend faire fi de la fibre spirituelle bien vive dans le pays. C’est elle qui porte ou a porté pas mal de nos compatriotes vers le parti islamiste et ensuite, par cruelle déception, sur le président Saïed. Or, ce n’est pas d’un islam politique dogmatique que voulait et veut le peuple, mais d’un islam politique éthique, une démocratie musulmane, l’islam au sens culturel et non seulement cultuel. En un mot d'un islam policé et non policier.

L'islam politique en Tunisie a donc bien sa place sur la scène publique, mais en tant que mode exemplaire de gouvernance, particulièrement éthique. C'est ce que permet une saine lecture de cette foi qui est en Tunisie laïque au sens de chose du plus grand nombre. Elle l'est aussi au sens de séparation absolue du domaine du culte, qui ne relève que de la vie intime du fidèle dans une relation directe avec Dieu, et du domaine public où la religion n'a nul droit de cité. Ainsi, et ainsi seulement, l'islam réussira en Tunisie, devenant enfin cette démocratie islamique que mérite son peuple mûr au meilleur et rompu déjà dans sa vie de tous les jours à l'esprit de contradiction.

Comment y arriver ? En osant la réforme mentale impérative dont on n'a pas arrêté de parler depuis la révolution. Car c'est au niveau mental qu'il importe d'agir en urgence en vue de débloquer la situation et venir à bout de tels fléaux en agissant sur leurs causes. Cela donnera assise aux autres plans de nature purement économique, financière et sociale, car nulle réforme technique ne réussira si elle n’est pas articulée sur des ressorts mentaux favorables.

Au-delà du discours habituel sur le chômage, le terrorisme, la corruption et tutti quanti, aucun plan ne sauvera la Tunisie s'il ne tient compte de sa dépendance inévitable de son environnement et de la sclérose dogmatique, religieuse surtout, des mentalités de ses élites. Sinon, on ne fera que s'agiter au lieu d'agir et cela se résoudra au mieux à appliquer un cautère sur une jambe de bois. Voici, selon l’antique recette, un plan de sauvetage en hexapharmakos :                                                                

1.  Les lois liberticides de la dictature tu aboliras, à commencer par celles qui attentent à la liberté de la vie privée des gens, aussi bien par des lois que des textes administratifs, les circulaires illégales.

2. La liberté de circulation pour les citoyens tunisiens tu réclameras par la transformation du visa touristique en visa biométrique de circulation, respectueux du droit international, de la souveraineté nationale, mais aussi des réquisits sécuritaires.

3. L'égalité successorale entre les sexes tu établiras au nom et de la constitution et de l'islam qui interdit l'inégalité, le texte qu'on cite en prétexte devant être interprété en invitation à finir le processus d'élévation du statut de la femme en islam, car elle y est voulue la parfaite égale de l'homme.

4.   L'adhésion de la Tunisie à l'Union européenne tu demanderas, car seule l'articulation de la Tunisie à un système de droit pourra autoriser la naissance sur sa terre d'un État de droit et transformer sa dépendance actuelle de l'Europe, bien réelle mais informelle, en une dépendance formelle, avec tous les avantages auxquels a droit un État membre de l'UE.

5.  Israël tu reconnaîtras dans un appel solennel au retour à la légalité internationale de 1947 en vue de l'établissement de la paix en Palestine, la situation actuelle étant la source de tous les maux du monde arabe et de la plupart de ceux du monde et elle ne profite qu'à Israël. Toute guerre, juste ou injuste, a fatalement une fin, et la paix des braves doit être la quête des plus justes. Or, l'islam est bien justice !

6. Le jihad mineur tu déclareras obsolète, car il n'y a plus de licite en islam depuis la fondation de son État que le jihad akbar, l'effort sur soi. Tout autre jihad n'est que du banditisme ou bien pis du terrorisme, le fidèle qui veut prendre les armes ne devant le faire que dans le cadre des lois de sa patrie et selon la pratique de la conscription.

 

Tribune publiée sur Réalités Magazine

 n° 1858 du 12 au 18/8/2021, pp. 22-23